Russie politics
Syrie: la Russie renforce sa base de
Hmeimim
Karine Bechet-Golovko
Samedi 13 août 2016
Dans la "crise de confiance" qui touche
les relations russo-américaines, ou
plutôt la nécessaire confrontation à la
réalité, au soutien inconditionnel
apportés par les Etats Unis aux rebels
syriens luttant contre le Président
Assad, la Russie répond très simplement:
sa base de Hmeimim en Syrie sera
renforcée et rendue permanente.
L'annonce est tombée le 11 août par le
sénateur russe Frantz Klintsevitch: la
Russie va moderniser sa base, tant sur
le plan militaire que en ce qui concerne
les conditions de vie des hommes. Le
projet de loi est lancé.
"Son statut juridique une fois défini,
Hmeimim sera une base des forces
armées russes, une infrastructure
appropriée y sera construite et nos
militaire pourront y vivre dans des
conditions décentes"
C'est
une base à part entière et non une
structure temporaire que la
Russie entend mettre en place. Cette
idée d'une modernisation des structures
de cette base n'est pas nouvelle, elle
date déjà de 2015. Mais l'idée d'une
possible collaboration avec la coalition
américaine semble avoir freiné le
mouvement.
Les
illusions finissent par tomber et le
contexte rend ce renforcement
inexorable, afin de lutter réellement
contre le terrorisme. Depuis son
intervention en Syrie, la Russie a déjà
effectué plus de 9000 vols de combats,
sans compter les bombardiers envoyés
pour des opérations coup de poing et les
lancements de missiles. L'efficacité de
l'intervention russe en Syrie n'est pas
contestée sérieusement. C'est sa portée
(géo)politique, qui découle justement de
cette efficacité, qui retient plus
l'attention des analystes anglosaxons:
la position de la Russie se renforce
face aux Etats Unis. Et suffisamment
pour faire de l'ombre.
L'on
notera l'article du
New York Times, sorti le 6 août, qui
insiste sur la victoire militaire russe
en Syrie, malgré l'implication de la CIA
et de d'Arabie Saoudite auprès des
rebels pour faire tomber Assad. Non pas
pour lutter contre Daesh. La Russie a
renversé l'équilibre des forces en
présence.
The
rebel offensive was aided by powerful
tank-destroying missiles supplied by
the Central
Intelligence Agency and Saudi Arabia. Intelligence
assessments circulated in Washington
that the Syrian president, Bashar al-Assad,
was losing his grip on
power. Intelligence assessments
circulated in Washington that the Syrian
president, Bashar al-Assad, was losing
his grip on power. But then the Russians
arrived, bludgeoning C.I.A.-backed rebel
forces with an air campaign that has
sent them into retreat. And now rebel
commanders, clinging to besieged
neighborhoods in the divided city of
Aleppo, say their shipments of C.I.A.-provided
antitank missiles are drying up.
Pour
la première fois depuis l'Afganistan,
note le journal, la Russie ose défier
directement les Etats Unis. Cette
victoire militaire a conduit à une
victoire politique: obliger les Etats
Unis, sinon à coopérer réellement, du
moins à tenir compte de la Russie sur
place. Mais Obama et son administration
résistent et continuent à rejeter toute
les tentatives de coopération lancées
par la Russie. Le motif avancé est le
manque de
confiance. De toute manière, il ne
peut y avoir coopération lorsqu'il y a
concurrence des forces, lorsque les buts
et les intérêts divergent.
C'est
pourquoi l'on voit toutes ces
déclarations:
But
even Mr. Obama has expressed wariness
about an enduring deal with Moscow. “I’m
not confident that we can trust the
Russians or Vladimir Putin,” Mr. Obama
said at a news conference on Thursday. “Whenever
you are trying to broker any kind of
deal with an individual like that or a
country like that, you have got to go in
there with some skepticism.”
De son
côté, la Russie aussi parle ouvertement
du manque de volonté de coopération des
américains sur le dossier syrien. En
réaction, la transformation de la base
de Hmeimim. Il est par ailleurs précisé
que, pour ne pas violer les accords
internationaux et ne pas provoquer de
réactions négatives trop fortes, cette
base n'hébergera pas de manière
permanente d'armes nucléaires. Ce qui
donc n'exclue pas leur présence de
manière ... temporaire. Tout comme les
bombardiers. Ce qui ne peut manquer
d'influer fortement sur l'équilibre des
forces dans la région.
A cela
ajoutons le retour de la Turquie qui a
enfin fermé sa frontière. L'armée
syrienne continue à avancer. Elle a
liquidé plus de 60 extrémistes près de
Palmyres dans des combats pendant
que les opposants modérés d'Al-Nusra,
soutenus à
Alep par la communauté
internationale, ont massacré des
familles "d'opposants" qui voulaient
sortir de la ville par les corridors
humanitaires mis en place par la Russie.
L'on compte plus de 40 morts.
Une
pièce majeure vient d'être avancée sur
l'échiquier international, surtout
lorsque l'on met cette décision en
perspective du durcissement du ton face
à l'Ukraine et au renforcement de la
Crimée qui va elle aussi voir ses
capacités militaires renforcées. Il
semblerait que d'une manère générale, la
Russie perde patience face au double jeu
occidental.
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