Le combat pour la
mémoire est le combat pour le pouvoir.
Or, la tragédie d'Odessa le 2 mai 2014
reste vivante dans les mémoires. D'où
l'urgence de réécrire l'histoire, de
gommer les évènements, de changer leur
signification. De reprendre le pouvoir.
Il y a 4 ans à Odessa, des habitants de
la ville furent brûlés vifs dans la
Maison des Syndicats, car ils refusaient
que le fascisme ne détruise leur ville.
Ceux qui voulaient sauter par les
fenêtres servaient de cible aux
extrémistes massés autour du bâtiment.
Aujourd'hui, ces mêmes extrémistes
veulent organiser une Marche pour
célébrer leurs héros, ceux qui ont
plongé la ville et la population dans la
peur et le chaos. Ce qu'ils appellent la
première victoire sur le Monde russe.
Aucune réaction internationale. Aucune
condamnation de l'Europe qui s'effondre
doucement sous le poids de ses
compromis. De sa compromission.
(+ 18ans)
Odessa, le 2 mai
2014. Des habitants de la ville
manifestent contre le coup d'Etat à Kiev
(voir
notre texte ici). Ils rencontrent
des groupes armés composés de pro-Maïdan,
de supporteurs de foot venus soi-disant
à l'occasion d'un match et de groupes
extrémistes, particulièrement bien
équipés, formés, encadrés, la police est
mise de côté, rien ne les empêchera. Les
deux manifestations qui devaient se
dérouler parallèlement se
rencontreront.
Ces groupes
repoussent les habitants vers la Maison
de Syndicats, et le massacre commence.
48 morts - officiels. Plus de 250
blessés. Les seules personnes
interpelées ont été des victimes. Pas de
procès. Il est vrai que les
"participants" ne se voient pas comme
des criminels. Selon Demain
Ganoul, leader du Front de la rue,
"Je ne considère pas que les brûlés
là-bas (dans la Maison des Syndicats)
étaient des êtres humains, je ne vois
pas où est le crime".
Côté cour, des
jeunes filles préparant des cocktails
molotov:
Elles sont
tellement mignonnes, innocentes,
photogéniques. Mais de l'autre côté du
tableau, tout s'enchaîne. L'incendie
prend très bien:
Les portes de
sortie de secours ont été bloquées, ceux
qui voulaient sauter étaient l'objet de
tirs ou terminés à coups de pied au sol.
A l'intérieur,
l'enfer s'est matérialisé:
C'est cet évènement
qui est qualifié de première victoire
contre le Monde russe par les
nationalistes ukrainiens. Ceux que
l'Occident ne veut pas voir. La presse
aura d'ailleurs simplement évoqué à
cette occasion un tragique incident, un
incendie. Aucun mot sur les groupes
extrémistes. Le feu aurait pris tout
seul.
Jusqu'à présent,
les nationalistes avaient du mal à faire
célébrer ce jour, les mémoires étaient
encore vives. Il semblerait que le temps
joue en leur faveur. Car enfin ils ont
pu annoncer que désormais, chaque année,
une
Grande marche pacifique contre le
Monde russe aura lieu à Odessa ce
jour-là. Journée qui symbolise la
victoire contre "l'occupant russe" et
certainement aussi la victoire des
valeurs européennes, de ces valeurs des
années 30. Ils ont besoin de légitimer
le massacre, la bestialité.
Hier pour le 1er
mai, ces mêmes nationalistes ont
interrompu le défilé des quelques
habitants venus demander la baisse des
taxes, le paiement des salaires et des
pensions de retraite. Des pro-russes,
sinon comment expliquer qu'ils ne soient
pas satisfaits par la baisse drastique
de leurs conditions de vie? Il est vrai
que les symboliques communistes étaient
présentes, la rage qu'elles provoquent
chez certains jeunes, persuadés que les
Soviétiques (dont l'Ukraine faisait
partie) les ont empêchés de trouver la
démocratie allemande (nazie, mais c'est
un détail de l'histoire, comme de bien
entendu) devrait tirer la sirène
d'alarme sur les conséquences de la
détérioration de l'enseignement.
Aujourd'hui ces
gentils extrémistes pro-européens se
réunissent à
Odessa à 18h pour célébrer le
massacre de 2014. En attendant, dans la
journée, les habitants de la ville
viennent apporter des fleurs en mémoire
de ceux qui furent les victimes de ce
fanatisme. Deux mondes, à nouveau.
Cette tentative de
réhabilitation pourra-t-elle passer? Un
test important pour la ville et pour
l'Ukraine.
Odessa, ne pas
oublier, ne pas pardonner. Pour que cela
ne se répète pas.
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