Surfant sur
l’émotion suscitée par l’incident
Finkielkraut, des élus macronistes
préparent « une résolution ou une
proposition de loi afin que
l’antisionisme – le fait d’être opposé à
la création, l’existence ou l’extension de
l’État d’Israël – soit reconnu comme un
délit ». En mélangeant tout, on permet
le pire. Être « opposé » (comment est-on
opposé à quelque chose qui A EU lieu ?)
à la création d’Israël est une opinion
politique ; être pour ou contre son
existence est un sentiment ; refuser
l’extension d’Israël est une option.
Cette proposition n’a qu’un but : faire
passer l’idée de la légitimité du Grand
Israël comme vérité première et dont la
contestation est justiciable des
tribunaux. C’est très exactement ce dont
rêve Netanyahou et que le lobby sioniste
international tente d’institutionnaliser
partout en Europe.
C’est une
disposition à caractère totalitaire qui
n’étonne pas venant de députés d’un
parti qui vote sans sourciller des lois
ou couvre des agissements attentatoires
aux libertés publiques. On voudrait
renvoyer de nouveau Eric Zemmour devant
les tribunaux qu’on ne s’y prendrait pas
autrement. En effet, comme beaucoup
d’autres Juifs français, il considère la
création d’Israël comme une aberration
de l’Histoire. Blague à part (car ce
n’est pas lui la cible ; son obsession
islamophobe sert parfaitement les vues
du CRIF), c’est une aberration à
laquelle j’adhère pleinement.
Sur la création
d’Israël
Ne pas considérer
la création d’Israël comme légitime est
une OPINION car cela s’appuie sur un
raisonnement logique. Voici le mien et
voici pourquoi je pense que la création
d’Israël est une aberration de
l’Histoire :
faire reposer des revendications
territoriales sur la croyance dans
une promesse divine, autrement dit
une superstition, est une insulte à
l’esprit rationnel, cartésien,
républicain et démocratique, donc
laïque, qui est censé nous guider et
dont les Sionistes se gargarisent…
pour les autres ! Cette référence
est d’autant plus absurde qu’elle
émane de gens qui, pour la plupart,
sont athées ;
cette revendication – et le sionisme
lui-même – sont récusés par la
plupart des théologiens juifs. Ils
considèrent que la création d’Israël
va à l’encontre des enseignements de
la Torah. D’ailleurs, pour eux,
Israël est un état sioniste, non un
état juif ;
s’appuyer sur une présence
hypothétique de ses ancêtres sur un
territoire est irrecevable dans
l’absolu ; ça l’est encore plus
quand il s’agit de populations dont
80% descendent de convertis et n’ont
aucun lien avec le territoire
revendiqué ;
les Sionistes prennent pour
référence la présence en Palestine
des tribus abrahamiques sans
préciser qu’elles étaient venues de
Mésopotamie (Ur) au 2ème millénaire
avant JC. On ne voit pas bien
pourquoi leur descendance serait
plus légitime que celle des
populations qui étaient là avant eux[1].
Autrement dit, rien
ne permet de dire que la création
d’Israël est d’une légitimité telle
qu’il serait interdit de la contester.
Je suis, de ce point de vue,
antisioniste et je considère toute
disposition qui m’obligerait à penser
autrement. comme une forfaiture et une
atteinte à ma liberté d’opinion
Sur l’EXISTENCE
d’Israël.
Israël n’est pas
seulement une abstraction, un concept ;
c’est une réalité de chair et de sang.
Beaucoup d’Israéliens doivent de l’être
à l’Histoire. Fondé par des idéologues
athées russes, ukrainiens, géorgiens,
lituaniens, polonais et allemands, dont
certains très proches des Nazis, mais
aussi palestiniens, Israël a été peuplé
par des gens simples et souvent pauvres
convaincus, séduits ou trompés par un
discours politique qui les dépassait.
Beaucoup, parmi eux, ne demandaient et
beaucoup de leurs descendants ne
demandent qu’à vivre en paix avec leurs
voisins. Si les « Juifs » de la diaspora
ne votaient pas, la Palestine vivrait en
paix depuis quarante ans. Par
conséquent, quoiqu’antisioniste, je
souhaite qu’Israël survive aux folies de
ses dirigeants.
Mais j’y crois de
moins en moins car Israël est l’otage
des ultra-Sionistes juifs ou d’origine
juive, chrétiens ou athées pour qui
c’est l’alibi de leurs propres passions
idéologiques, religieuses ou simplement
racistes. On le voit aux États-Unis où
les Juifs sionistes sont minoritaires
mais ont le soutien des cinquante
millions d’Évangélistes américains qui
croient en la prophétie biblique du
règne du Messie chrétien… après un
intérim des Juifs. Au besoin, au prix
d’une guerre contre l’Iran et de la
destruction du Levant. Ce sont ces mêmes
évangélistes qui ont soutenu la croisade
anti-musulmane de Georges Bush, basée
sur le projet de Grand Israël censé
« rendre » aux Juifs tous leurs
territoires de l’Antiquité, qui a
déclenché le chaos actuel. Le pendant
français de ces ultra-Sionistes
non-juifs existe et s’active beaucoup en
marge de la politique nationale,
notamment sur les réseaux sociaux. Ce
sont des néo-conservateurs venus de la
gauche autant que de la Droite
françaises mais aussi des gens
d’extrême-droite raciste et, même
antisémite, qui se sont, par
islamophobie, découvert une passion pour
Israël. Certains d’entre eux allant même
jusqu’à rêver pour la France d’un état
policier et militarisé à l’exemple
d’Israël, oubliant juste qu’il y
faudrait multiplier nos forces de
sécurité par six. (Lire Facho-sionisme
contre islamo-gauchisme. Des
accointances des Chrétiens avec le
sionisme)
Pour l’heure, ces
gens ont pignon sur rue et sont très
puissants aux États-Unis, ce qui assure
un certain avenir à l’extrême-droite
israélienne. Mais ça ne durera pas. En
effet, les Évangélistes, représentent au
maximum un sixième de la population US.
Avant vingt ans, ils ne seront bientôt
plus aussi influents du fait de
l’augmentation rapide du nombre de
Catholiques latinos et de Noirs. La
politique américaine sera alors beaucoup
moins favorable à Israël. Bref, si les
Sionistes veulent vraiment la survie
d’Israël, ils ont intérêt à en rabattre
sur leurs ambitions. J’espère que c’est
ce qui arrivera mais, en voyant le zèle
mis par Netanyahou, ses amis et ses
soutiens américains et français, à
provoquer une guerre totale au Levant,
je suis pessimiste.
Sur l’EXTENSION
d’Israël.
Je le suis encore
plus aujourd’hui où des députés LREM
veulent criminaliser l’antisionisme y
compris dans ce qu’il a de plus
recevable et digne, la lutte contre le
projet des Sionistes d’EXTENSION
d’Israël. Evidemment, je ne crois pas
qu’ils obtiennent à l’Assemblée
nationale le vote d’une loi mais une
« résolution » suffira à leur bonheur.
Le CRIF, ses satellites, ses affidés ses
clients et ses nombreux relais
médiatiques ne manqueront jamais d’en
jouer pour contrecarrer, voire pour
faire condamner, toute expression
d’opposition à la politique raciste et
d’apartheid d’Israël.
Mais cette
proposition de criminaliser même les
opinions et les options politiques est
peut-être l’abus de trop. J’ai bon
espoir qu’elle ouvre les yeux de
beaucoup de Français qui n’ont pas
encore compris que crier à
l’antisémitisme n’est qu’une stratégie
pour faire passer des choses
insupportables pour l’esprit cartésien,
rationnel, républicain et laïque qui est
la condition de la démocratie.
[1] De nombreux Juifs (dont Shlomo
Sand) considèrent que les Palestiniens
d’aujourd’hui – que les Sionistes
persécutent – sont les descendants des
Juifs restés en Palestine après la
« dispersion ». Pour beaucoup de
théologiens juifs, l’Islam est
contemporain du Judaïsme. Une des thèses
de mon livre en cours d’écriture
« L’Islam par un nul » est que le Coran,
écrit par des Juifs nazoréens (Juifs
considérant Jésus comme le Messie), l’a
été pour rassembler les Judéo-Chrétiens
opposés au dévoiement de leur
religion autour d’un livre inspiré de la
Torah.
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