Le Grand Soir
L’admission par l’Iran de son erreur
tragique
sur l’avion de ligne ukrainien nous
rappelle
qui sont les vrais barbares (Medium)
John WIGHT
Dimanche 12 janvier 2020
La reconnaissance par Téhéran de sa
responsabilité dans la destruction du
vol PS752 d’Ukraine International
Airlines, juste après son décollage de
l’aéroport Imam Khomeini de la capitale,
peu de temps après que l’Iran ait lancé
une série de missiles sur deux bases
militaires américaines en Irak en
représailles de l’assassinat du général
Qasem Soleimani, marque un dénouement
extraordinaire à l’un des épisodes les
plus révélateurs et les plus tragiques
de ces derniers temps dans cette région
déjà torturée.
Il est en effet
rare qu’un État engagé dans un conflit
admette un événement aussi tragique que
l’abattage accidentel d’un avion de
ligne et présente des excuses aussi
complètes, sachant parfaitement que
l’événement sera utilisé et retourné
contre lui par ses adversaires à un
moment où il est littéralement dos au
mur, en proie de toutes parts à des
forces hostiles et dont l’économie est
placée sous le carcan des sanctions
après le retrait injuste et unilatéral
de Trump de l’accord nucléaire P5+1 en
2018.
L’Iran n’est pas et
n’a jamais été l’agresseur dans ce
scénario. Il est plutôt la victime de
l’agression de Washington et de ses
alliés dans la région et au-delà. De
plus, le contexte incontestable de cette
horrible tragédie est l’assassinat du
commandant militaire suprême de l’Iran,
le général Qasem Soleimani, un homme
qui, plus que tout autre, a joué un rôle
clé dans la lutte contre Daech et
d’autres groupes salafistes-jihadistes
en Irak et en Syrie, ne laissant aux
Iraniens d’autre choix que de réagir.
Ils l’ont fait de la manière la plus
calibrée, en veillant délibérément à ce
qu’il n’y ait pas de victimes lors de
l’attaque de missiles qu’ils ont
déclenchée en guise de représailles.
Rien de tout cela,
bien sûr, ne fera beaucoup pour
réconforter les proches des 176 civils
innocents qui ont péri dans l’avion de
ligne ukrainien à la suite de cette
attaque. Mais le fait qu’ils connaissent
maintenant la vérité leur permet au
moins de faire leur deuil sans
l’angoisse de devoir assister à la
politisation de leur mort.
Ce qu’il faut
maintenant espérer, c’est que cette
tournure des événements focalise les
esprits des Occidentaux lorsqu’il s’agit
d’apprécier que le statu quo est
insoutenable dans cette région déchirée
par la guerre. La présence continue des
forces américaines dans cette région est
malveillante, car elle alimente non pas
la stabilisation et la sécurité, mais la
déstabilisation et les tensions accrues.
Des efforts sérieux de désescalade et de
diplomatie doivent maintenant occuper
l’espace qui est actuellement dominé par
le bruit des sabres, les menaces et les
pressions et agressions militaires.
Les véritables
ennemis de la paix et de la stabilité ne
sont pas Rouhani ou Khomeini à Téhéran ,
mais Trump et les néocons à Washington.
Lorsqu’il s’agit de questions de guerre
et de paix, la crise de leadership n’est
pas en Iran mais aux Etats-Unis. Pompeo,
Pence et consorts sont des voyous en
costard cravate. Ce sont des
suprémacistes blancs et des
orientalistes pour qui l’Iran et le
peuple iranien se trouvent tout en bas
de l’échelle de la valeur humaine qui
alimente leur vision du monde déformée
et malade.
L’aveu de
responsabilité de l’Iran n’est pas
l’action d’un Etat barbare. C’est
l’action d’un gouvernement qui valorise
le caractère sacré de la vie et qui
accorde une grande importance à la
dignité qui devrait être accordée aux
morts. C’est la différence entre un
peuple cultivé et un peuple élevé dans
la violence génocidaire et le racisme.
N’oublions pas
qu’après que le USS Vincennes a fait
tomber le vol 655 d’Iran Air en 1988,
avec la perte des 290 passagers et
membres d’équipage à bord, non seulement
Washington a refusé de s’excuser, mais
le capitaine du navire, William C.
Rogers, a par la suite reçu la médaille
de la Légion du mérite du pays pour sa
conduite méritoire et ses services
exceptionnels.
En dernière
analyse, le véritable foyer d’extrémisme
dans notre monde actuel est Washington
et non Téhéran.
Fin.
John Wight
Source : »» https://medium.com/@JohnWight1/irans-admission-of-its-tragic-mistake-o...
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