Opinion
Pace, salute è libertà!
Jean-Guy Talamoni
Photo:
D.R.
Mercredi 7 janvier 2015
L'année qui vient
de s'achever aura vu se poursuivre la
démarche de rapprochement entreprise à
l'Assemblée de Corse. Une forte majorité
d'élus est désormais réunie autour d'un
projet de réforme relevant, qu'on
l'appelle ainsi ou autrement, d'un
processus de construction nationale:
officialité de notre langue, protection
de notre patrimoine foncier à travers un
statut de résident, PADDUC orienté vers
un développement identitaire tournant le
dos à la spéculation et privilégiant les
mesures d'ordre social, Agenda 21,
réforme de la fiscalité, nouvelle
architecture institutionnelle, demande
de révision constitutionnelle pour
rendre possible la réforme... Cette
avancée vers davantage de souveraineté
est à présent à l'ordre du jour des
discussions avec Paris, mais force est
de constater que les revendications
nationalistes de toujours sont désormais
celles d'une majorité massive d'élus
insulaires. Les initiatives prises par
Corsica Libera dès 2010 et le dialogue
engagé avec des responsables non
nationalistes ont donc commencé à porter
leurs fruits. Dans les mois qui
viennent, nous poursuivrons nos efforts
dans le même sens, celui d'un compromis
politique, tout en rappelant que notre
objectif à terme demeure l'indépendance
nationale.
En juin dernier,
prenant en compte ce rapprochement des
élus corses, le FLNC a annoncé une
décision historique de nature à
renforcer cette cohésion. Une telle
décision était envisagée depuis un an et
demi, comme l'annonçait fin 2012 un
communiqué de l'organisation
clandestine. Elle a donc été largement
mûrie. Chacun doit se convaincre de sa
force et de sa portée. Il y quelques
jours, lors d'un débat radiodiffusé
entre journalistes, ces derniers
s'étonnaient de l'écho trop mesuré
qu'ils avaient eux-mêmes donné à cette
annonce, au regard de son importance...
La raison en est simple: l'événement ne
relevait pas de l'ordre de l'actualité,
qui constitue leur terrain de
prédilection, mais de l'ordre de
l'histoire. Ses conséquences ne peuvent
même pas être mesurées aujourd'hui avec
exactitude.
Voilà les
conditions dans lesquelles se présente
cette nouvelle année. L'espoir d'un
règlement de la question corse ne pourra
se concrétiser que si notre peuple est
capable de créer le rapport de force
politique nécessaire avec Paris, afin
d'imposer la prise en compte de la
volonté démocratiquement exprimée par
son Assemblée. Déjà, notre jeunesse a
lancé des initiatives en ce sens.
Enfin, il nous faut
évoquer la situation de nos prisonniers
et de nos recherchés. Cette année
encore, les uns et les autres auront
passé cette période de fête éloignés de
leurs famille. Nous rappelons une fois
de plus qu'aucune solution politique ne
pourra être trouvée sans que soit réglée
leur situation.
À tutti, auguremu a pace, a salute, è a
libertà.
(Publié dans
Corse-Matin du 6 janvier)
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