Opinion
Ca suffit, les images de gosses !
Israël Adam Shamir
Israël
Adam Shamir
Lundi 25 juin 2018
Chaque fois que je
vois un bébé qui pleure sur mon écran,
je sais que quelqu’un est en train
d’essayer de m’embrouiller. Et cela vaut
pour tout ce qui en appelle à mes
instincts basiquement humains, qu’il
s’agisse d’un corps féminin dénudé ou
d’un bébé mort. Au lieu de me
convaincre, ce truc simpliste provoque
chez moi un rejet immédiat. Je sais que
telle voluptueuse anatomie ne va pas
atterrir entre mes mains, même si je
m’envoyais toutes les bouteilles de Coca
du magasin. La vue d’enfants morts ne me
persuadera pas de faire quelque chose
qui va contre le bon sens, car il s’agit
de manipulation. En politique, je veux
un débat socratique, et non pas la
persuasion par l’émotion. Si vous
n’arrivez pas à me faire craquer par des
mots, n’essayez pas de le faire avec des
images. Mais ils essayent et c’est trop
souvent qu’ils obtiennent des résultats. Les mots peuvent
être hautement inflammatoires, mais les
images sont quelque chose d’encore plus
redoutable. Pour envoyer à la mort la
fleur de la jeunesse anglaise dans les
tranchées de Verdun, les images de
brutes germaniques faisant griller des
enfants embrochés sur leurs
baïonnettes ont été activées ; ce sont
des images de commissaires juifs violant
une blonde aryenne qui ont précipité les
gamins allemands sur les bords de la
Volga pour y laisser leur vie
prématurément. Vous ne pouvez pas
justifier les images avec des mots, en
disant que c’est le chemin le plus court
pour éviter des calamités : ne
déclenchez pas de guerre, et les brutes
allemandes devront assouvir leur rage en
se faisant rôtir des cervelas, et le
commissaire juif n’aura qu’à s’abonner à
Playboy pour reluquer des
anatomies aryennes.
On a maintenant
affaire à une campagne sur le thème
« Trump l’éventreur de bébés ». Ça vous
brise le cœur de voir une photo de
petits enfants derrière les barreaux.
Mais il y a une méthode simple,
enfantine, pour éviter la séparation et
l’incarcération : s’abstenir de franchir
le Rio Grande sans visa.
Ceux qui nous en
mettent plein la figure sont malhonnêtes
et ne se soucient aucunement des gosses.
Madeleine Albright a eu cette pensée
célèbre : cela vaut la peine d’en
flinguer un demi-million, d’enfants
irakiens; et Hillary Clinton a lâché les
chiens de l’enfer sur le sol de la Libye
et de la Syrie, abattant et dépouillant
des centaines de milliers d’enfants.
Tous les présidents
US ont embrassé et étreint des
autorités israélienness, qui ont pour
coutume de détenir, de torturer et de
tuer des gosses palestiniens. Nos amis
dans les médias alternatifs - tel
Counterpunch - qui se sont approchés de
ces messieurs dames en brandissant ces
photos d’enfants ont fort peu de
cervelle, ou bien sont franchement
malhonnêtes. A moins qu’ils s’imaginent
que tout est bon pour servir leur cause,
qui est de se débarrasser de Trump.
La merveilleuse
Diana Johnstone a écrit récemment que la
question migratoire divise la gauche
allemande. Certes, le soutien à
l’immigration est suicidaire, à gauche,
mais c’est une question qui divise
l’Occident tout entier. D’un côté, ceux
qui croient en un monde sans frontières,
à la liberté de circulation pour tous.
De l’autre, les gens qui veulent
préserver le monde dans lequel ils
vivent, et qui veillent à garder les
murs bien hauts.
Ce qu’il nous faut,
c’est un peu de sincérité et
d’honnêteté, pour faire face à la
manipulation. Si vous pensez que
l’immigration de masse va nous ramener à
l’âge des ténèbres, dites-le. Si vous
considérez qu’il vaudrait mieux effacer
les frontières et enclencher une
nouvelleVolkswanderung, dites-le,
tout simplement, mais ne nous mettez pas
de photos de bébés sous le nez.
Au niveau des
personnes, les gens qui veulent des
frontières ouvertes sont ceux qui ont la
certitude que les migrants ne menacent
pas leurs postes ; pour eux, un nouvel
arrivage de Mexicains signifie un
nouveau restaurant mexicain ou un
nouveau travailleur saisonnier dans les
champs, ou une femme de ménage moins
chère que celle qu’ils ont trouvée, et
non pas un compétiteur sur le marché du
travail et du logement. Les gens qui
sont pour la préservation du monde ont
conscience d’être vulnérables, qu’il y a
un risque réel de voir les nouveaux
habitants les mettre au chômage. En
d’autres termes, le premier groupe fait
allégeance aux classes dirigeantes ou à
leurs sycophantes, le deuxième ce sont
les classes travailleuses et les gens
qui éprouvent de la solidarité et de la
compassion envers celles-ci.
Mais pourquoi ne
dites-vous pas que le premier groupe
éprouve de la compassion pour les
réfugiés et les immigrants ? vous
récrierez-vous peut-être. Parce qu’ils
font ce qui est profitable pour les
classes dirigeantes. Ils n’éprouvent
aucune sympathie pour les Palestiniens
souffrants, et nous tenons là la preuve
concluante qu’ils mentent.
Vous vous souvenez
de l’image de ce pauvre petit garçon
syrien noyé puis échoué sur la plage ?
Cette image a fait rentrer un million
d’Afghans, d’Irakiens, de gitans et même
quelques Syriens en Europe. Certes,
c’est terrible, de penser que le père de
l’enfant noyé avait mis en danger la vie
de sa famille sans raison valable. Il
avait vécu quelques années en sécurité
dans la Turquie prospère ; mais il
préférait partir au Canada ; les
Canadiens lui avaient refusé un visa,
alors il avait pris la mer et perdu
toute sa famille en Méditerranée. C’est
affreux, mais pourquoi son drame
personnel devrait-il peser sur une
décision irréfléchie ? Ne prenez donc
pas la mer sur des embarcations qui ne
sont pas faites pour ça ! Il vaut mieux
vivre en Turquie comme 80 millions de
personnes plutôt que périr en mer !
Il y a quelques
jours nous avons vu des Palestiniens,
des hommes, des femmes et des enfants,
abattus par des tireurs d’élite
israéliens parce qu’ils voulaient
quitter leur camp de concentration de
Gaza. Les gens qui adorent l’immigration
ont-ils ouvert la bouche pour les
soutenir en quoi que ce soit ? Non,
parce qu’ils savent que leurs
organisateurs juifs n’approuveraient
pas. Et les juifs n’ont pas été
impressionnés du tout. « Qu’ils crèvent
tous », ont-ils écrit sur leurs réseaux
sociaux. En règle générale, les juifs se
voient défiés au niveau visuel, mais ils
excellent dans le verbe. Cela leur
permet de rester parfaitement
indifférents devant des images, tout en
répandant des photos de gosses pour
impressionner les Gentils.
Les Israéliens sont
divisés, au sujet des migrants
africains: les riches en veulent encore
plus, les travailleurs veulent les
mettre à la porte. Le gouvernement de
Netanyahou est plutôt populiste et
déporte les migrants, tandis que les
marionnettes de Soros veulent bloquer
les déportations. Mais ça n’empêche pas
les riches et les trimeurs, les juifs de
gauche comme les juifs de droite, de
réagir comme un seul homme par
ailleurs ; ils ne veulent pas que les
Palestiniens natifs rôdent partout à
leur guise. Les juifs sont contre les
autochtones par définition ; c’est ce
qui définit leur attitude envers le
trafic humain.
La migration n’est
pas si différente du trafic négrier de
jadis (le commerce dans lequel les juifs
excellaient). Récemment une
vidéo en provenance de Libye a été
propulsée à destination de l’Europe :
les garde-côtes
frappent des migrants pour les
embarquer de force sur des canots
pneumatiques, et les poussent vers le
large. Ceux qui restent dans les camps
sont vendus aux enchères, les femmes
pour le sexe, les hommes pour le travail
dur. Cette vidéo est arrivée à un moment
très opportun, au moment où la bagarre
pour et contre le nouveau trafic négrier
faisait le tour du monde, depuis les US
jusqu’à l’Italie et l’Allemagne.
La Libye est l’un
des principaux marchés aux esclaves.
Autrefois c’était un pays relativement
prospère, à qui l’on faisait confiance
pour bloquer la route aux migrants
africains en direction de l’Europe. Les
Africains pouvaient trouver du travail
dans la Libye de Kadhafi, et ils en
trouvaient. Mais en 2011, le pays a été
détruit par Obama et Clinton. Depuis
lors, c’est devenu un pays pauvre et en
ruines, avec une guerre civile qui
couve, lentement. La Libye a du pétrole,
mais maintenant bien des Libyens ont
découvert le filon du trafic d’esclaves.
Comme au 17° siècle, les noirs Africains
recommencent à faire la richesse de
certains Arabes et Européens.
Les milices
libyennes se font des millions et des
millions de dollars de cette façon. Ils
prennent de l’argent des deux côtés, aux
Africains qui se précipitent en Europe
au départ de leurs pays ravagés, et aux
Européens qui payent les milices pour
arrêter les réfugiés.
L’homme qui a été
pris dans la vidéo avec un fouet à la
main, le chef d’un gang brutal
d’esclavagistes, est un ancien rebelle
contre le « sanglant dictateur »
Mouammar al-Gaddafi, un ami de la
démocratie et des valeurs européennes,
qui s’appelle Abd-al-Rahmanal-Milad, un
commandant de garde-côtes[1].
Les chaloupes dans lesquelles il expédie
les Africains en Europe, il les achète
avec de l’argent européen. Bruxelles en
paye 200 millions d’euros par an, mais
les esclaves rapportent encore plus. Les
Européens apprécient Milad : il y a
un an, il avait été invité à un cours de
remise à niveau à Rome, où il avait
passé un mois fructueux dans un hôtel
haut de gamme aux frais de l’Union
européenne.
Le rival de Milad,
Al-Dabbashi, envoie, lui, des bateaux la
nuit à partir des plages. Les
compétiteurs retirent leurs moteurs aux
bateaux des concurrents, et livrent les
réfugiés au naufrage au large. Le
roulement est impressionnant :
un million et demi de noirs ont traversé
la Libye sur leur trajet vers l’Europe,
des milliers sont morts en route, mais
le gisement humain ne tarit pas.
D’autres militants libyens, qui avaient
libéré leur patrie du sanguinaire
Kadhafi, opèrent à l’arrière, et
convoient des dizaines de milliers
d’Africains à travers le Sahara jusqu’en
Libye, pour de nouveaux marchés aux
esclaves et pour l’Europe.
Les ONG européennes
remorquent les canots pneumatiques
chargés de migrants envoyés par Milad,
les font monter à leur bord et les
débarquent en Europe, en empochant un
bénéfice tout à fait correct. Ces
« sauveteurs » coopèrent directement
avec Milad et avec d’autres
esclavagistes, ils reçoivent des
instructions précises des
« expéditeurs » sur l’endroit où il faut
aller chercher les raffiots, et se
servent une tranche considérable du
gâteau. Ils perçoivent des subventions
et des dons des Européens au grand cœur,
qui ne comprennent pas qu’ils se font
manipuler par des esclavagistes.
Ce négoce a été
florissant pendant plusieurs années,
sans encombre, jusqu’au jour où les
Italiens en ont eu assez de recevoir des
centaines de milliers d’immigrants
illégaux, et ont choisi les
« populistes », une coalition de la
Ligue du Nord droitiste et du parti
libertaire M5S du Sud de l’Italie, et
ils ont mis fin au trafic. Matteo
Salvini, le ministre de l’Intérieur, a
chassé un bateau avec son chargement
noir des ports italiens, et après
plusieurs jours de discussions,
l’Aquarius a cinglé vers l’Espagne. Si
les Italiens restent fermes et s’y
mettent sérieusement, ils vont en finir
avec l’autre versant du schéma
opérationnel dans le trafic, les bateaux
des « ONG humanitaires » , qui ont rendu
l’ensemble du trafic d’esclaves
possible.
Le gouvernement
espagnol a accepté de recevoir
l’Aquarius, et deux bateaux de plus,
sous pavillon hollandais, que les
Italiens rebelles avaient empêchés de
mouiller dans leurs ports.
L’administration française de Macron
s’est tenue aux côtés de Bruxelles, de
l’Allemagne et de l’Espagne, et a promis
de recevoir les réfugiés de l’Aquarius.
Mais en Allemagne la révolte gronde, et
le ministre de l’Intérieur Horst
Seehofer a donné l’ordre de mettre fin à
l’accueil des migrants illégaux. La
chancelière Merkel n’était pas d’accord.
Elle peut chasser Seehofer, mais alors
c’est sa coalition qui va s’effondrer.
La Hongrie a placé
la bataille contre la migration en tête
de son agenda. La ligne de partage ne se
situe donc pas entre la gauche et la
droite, mais entre ceux qui veulent en
finir avec l’immigration illégale et
ceux qui veulent remplacer la population
européenne qui se voit dépouillée et qui
coûte cher, par des migrants bon marché,
obéissants, sans revendications.
Il y a une
corrélation entre l’attitude envers les
migrations et envers la Russie. Ceux qui
veulent des frontières ouvertes sont
anti-russes, ceux qui sont pour les
autochtones sont plutôt pro-russes. Cela
ne se vérifie pas à 100%, puisque la
Pologne est à la fois anti-russe et
anti-migration, mais en règle générale,
sur les réseaux sociaux, les Russes
soutiennent les forces anti-Soros en
Europe, et ces forces tournent leurs
regards avec espoir vers Moscou,
capitale qui est fermement pro-natifs.
Le gouvernement
russe ne tente pas d’interférer avec les
décideurs européens (et encore moins
américains) dans ce domaine. La Russie
n’est pas particulièrement accueillante
pour les migrants, et malgré
l’engagement russe dans la guerre de
Syrie, le pays a accueilli très peu de
réfugiés syriens voire pas du tout.
L’opposition à Poutine, qu’elle vienne
du Parti communiste ou des nationalistes
de Mr Zhirinovsky, est fermement
anti-migration, tandis que le
gouvernement permet aux ouvriers d’Asie
centrale de venir chercher du travail.
Cependant, depuis que le rouble se
déprécie face au dollar, les vagues
migratoires se tassent car en Russie
comme en Europe et aux US, il s’agit
surtout de migration économique.
La solution est à
chercher dans le traitement de
l’Afrique, de l’Amérique latine et
d’autres pourvoyeurs d’immigration. Il
devrait y avoir une loi qui stipule une
balance positive des paiements, incluant
les transactions financières et le
remboursement de la dette, entre ces
pays et l’Occident prospère. L’argent
devrait affluer en Afrique, et non
depuis l’Afrique, et cela mettra fin au
trafic libyen.
La migration de
masse est un vilain phénomène, qui
encourage le trafic humain et le
commerce des esclaves, faisant exploser
les profits de courtiers malfaisants et
ruinant tant les pays donateurs que
receveurs. Il est bon d’y mettre fin. Et
il n’y pas d’image de bébés hurlants qui
vaille pour interférer dans les
décisions à prendre.
Israel Shamir
can be reached at adam@israelshamir.net
This article was first published at The
Unz Review.
Traduction: Maria Poumier
[1] Le 8 juin, l’ONU a voté des
sanctions contre ce personnage et cinq
autres trafiquants : « parmi ces
sanctions, retenons notamment le gel de
comptes bancaires ainsi que
l’interdiction totale de voyager. »
https://lanouvelletribune.info/2018/06/libye-lonu-frappe-6-trafiquants-de-migrants/
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