Analyse
Trump contre l'État profond
Israel Adam Shamir
Israel
Adam Shamir
Mardi 23 juin 2020
On a gagné ! Comme
un homme après une longue maladie se
relève, lentement, d'une démarche
chancelante, et fait ses premiers pas,
ainsi l'humanité se relève de son lit de
malade. Il y a des infirmières, des
médecins, des héritiers et des avocats
qui voudraient garder toujours le
patient au lit, pour avoir le champ
libre, mais le voilà qui se relève,
maître de lui, malgré leurs cris
d'orfraie. Nous voilà exactement au
milieu de l'année 2020. De Noël à la
mi-été, les jours rallongent; de la
mi-été à Noël, les nuits rallongent. Le
jour de la Saint-Jean-Baptiste ajoute un
sens religieux à la signification
cosmique des événements, amplifiée cette
année par l'éclipse solaire. Aux États-Unis,
l'événement central c'est le
rebondissement de Trump. À Tulsa,
Oklahoma, Trump a commencé à regagner le
terrain perdu. La conjoncture ne lui
était pas favorable. Twitter a encore
une fois
trollé Trump, avec sa blague sur les
média mensonges. La Cour suprême a
rejeté deux de ses initiatives,
offrant une protection supplémentaire
aux personnes qui se déclarent LGBT et
aux jeunes immigrants illégaux désormais
intouchables. L'armée a manifesté
son hostilité envers Trump, en
s'excusant pour une séance de photos
avec son commandant en chef. Les
services secrets ont
divulgué le lieu où se trouvait le
président. De plus en plus de
fonctionnaires ont déclaré leur
allégeance au Nouvel Ordre Mondial en
s'agenouillant devant lui plutôt que
devant Dieu.
Ils avaient tenu
leur pari, croyaient-ils: l'homme du
bunker ne comptait plus, son autorité ne
dépassait pas les abords du 1600,
Pennsylvania Ave. Les villes américaines
ne tenaient pas compte de ses ordres ;
la police démissionnait en masse. Les
médias avaient fait un effort surhumain
pour torpiller son rassemblement de
Tulsa. Ils ont fait leurs gros titres
avec des non-événements, du genre
"six membres du personnel ont été testés
positifs au virus". On avait fait peur
aux participants au rassemblement avec
des promesses de violence et
d'infection. Il n'y avait pas une seule
source médiatique favorable à Trump ;
même Fox News a suivi l'agenda dicté par
le New York Times. De plus, le
lieu du rassemblement avait été envahi
par des agents de la Convention
démocrate faisant les innocents.
De fait, Trump a
bien géré la situation. Il a appelé à la
réouverture des écoles ; il a plaisanté
sur la mascarade des tests de dépistage;
il a proclamé que les monuments devaient
être chéris, et non détruits. Certes, il
aurait pu faire mieux. Il aurait pu
déclarer la fausse pandémie
officiellement terminée, au lieu de
distribuer des masques inutiles au
public. (Ceux qui voulaient des masques
ne risquaient pas de venir au
rassemblement). Il aurait pu appeler à
l'arrestation des maires séditieux, au
démantèlement du monopole médiatique, à
une avalanche de taxes sur Twitter, au
pillage de Wall Street au profit du
peuple. Il aurait pu tirer les leçons de
ses propres erreurs. Mais il a quand
même réussi. Il a maintenant le temps de
grandir, d'élargir sa base, de semer la
peur et l'effroi dans le cœur de ses
adversaires, car ces gens-là sont trop
sûrs de leur victoire.
Trump devrait tirer
les leçons de l'affaire Bolton. C'était
une erreur de faire entrer Bolton à la
Maison Blanche. Bolton était un
belliciste et un agent de haut niveau du
lobby israélien, un homme qui s'était
donné comme mission sacrée de faire tout
ce qu'Israël peut vouloir. Ces gens
cachent toujours le poignard dans leur
manche pour vous poignarder dans le dos.
L'Iran et la Corée sont deux grandes
erreurs de la présidence Trump, et elles
portent l'empreinte de Bolton ; mais
toute sa politique étrangère a été une
longue série d'erreurs. Trump aurait dû
écouter ses propres discours, ceux de sa
propre campagne électorale de 2016, et
les suivre à la lettre. Ramener les GI à
la maison ; faire la paix avec tous les
pays du monde. Laisser la Russie et la
Chine, le Venezuela et Cuba, la Corée du
Nord et la Syrie vivre comme bon leur
semble.
Donald, vous aviez
raison quand vous avez promis de mettre
fin à la politique "d'abord on
t'envahit, après on t'invite" ; pourquoi
ne pas avoir tenu cette promesse ? Le 7
décembre 2016, vous aviez promis : "Nous
mettrons fin aux changements de régime
imposés par les US". Pourquoi ne
l'avez-vous pas fait ? Faites-le
maintenant ; vous avez encore quatre
mois devant vous. C'est le moment de
tenir vos promesses. C'est dans le
Talmud : un homme ne sera pas jugé pour
ne pas avoir été un Moïse, mais il sera
jugé pour ne pas avoir été lui-même.
Soyez vous-même, et vous gagnerez.
Laissez tomber les
histoires de racisme ou antiracisme.
C'est un faux programme, comme de
chipoter sur les gays ou les homophobes,
les féministes ou les trans, comme sur
le genre dans les toilettes. Les
personnes dignes de foi n'en ont rien à
faire, de ces âneries. Les noirs non
plus ne s'intéressent pas à
l'antiracisme. Ce sont les White Wokes,
ceux qui se disent Blancs Éveillés, qui
en sont obsédés, et ils suivront tout ce
que les journaux leur diront de faire.
Seattle compte très peu de noirs mais
beaucoup de "Wokes", et c'est pour cette
raison que cette ville est le centre de
la campagne "antiraciste". Même si Trump
allait baiser les baskets des jeunes
noirs, rien n'y ferait. Les noirs ne lui
sont pas hostiles, pas du tout, mais les
personnes qui parlent en leur nom, les
démocrates "éveillés", le sont bel et
bien.
Trump devrait faire
quelque chose, et je ne veux pas dire
simplement riposter sur Twitter. Ce
n'est pas un Hitler, mais est-ce
suffisant ? Le président Trump n'envoie
pas de troupes à la rencontre des
émeutiers, il n'arrête pas les maires
des villes qui lui ont dit de dégager,
il ne dépose pas les généraux qui
s'excusent d'avoir été pris en photos
avec lui, et il ne prend pas de mesures
contre les multinationales qui
soutiennent les émeutiers. Le satiriste
populaire C. J. Hopkins a soutenu dans
sa chronique sur
Unz.com que c'est très intelligent:
Trump refuse de faire son petit Hitler,
et n'a donné à ses adversaires aucune
raison de le destituer afin de s'emparer
du pouvoir, dit-il.
C'est bien vrai, il
ne ferait pas un Hitler très
convaincant. Mais il fera un excellent
Yanoukovitch, le président ukrainien qui
a eu peur d'agir contre la révolution de
couleur instiguée par la dame du
Département d'Etat, Victoria Nuland, et
qui a finalement été forcé de prendre la
fuite vers la ville russe de Rostov...
Les adversaires de
Trump ne font pas le poids. Lisez leurs
titres:
- Le maire de
Seattle a dit au président Donald
Trump de "retourner dans son
bunker".
- Muriel
Bowser, maire de Washington D.C
s'écrie quant à elle: Trump vit
dans mon jardin.
- Un groupe
armé protège une statue confédérée
dans le Kentucky : il faut les
arrêter pour insurrection et
sédition.
- Trump
expose 1100 cadets diplômés de West
Point à une possible infection au
coronavirus afin de pouvoir
"dominer" les médias du week-end.
- C'est un coup
"mortel" : Trump met au rebut les
protections pour les patients
transgenres et celles qui veulent à
se faire avorter.
Mais Trump se
replie et recule. Ils lui ont dit :
"Comment osez-vous organiser un rallye
le 19 juin ? Après tout, c'est un jour
de fête pour les noirs américains, le
jour où Lincoln a libéré les derniers
esclaves. En ce jour si saint, c'est une
impudence de la part de Trump de montrer
son visage en public. Et Trump a battu
en retraite, reportant le rassemblement
au 20 juin, bien qu'il y ait eu
ostensiblement des milliers de gens
prêts à le maintenir pour la date
prévue.
Je ne suis pas un
conservateur, certainement pas ; je ne
suis pas un partisan du régime actuel.
Je pense qu'une révolution - y compris
la fausse révolution, organisée par
Soros à partir de la foule des GayLib,
et légèrement saupoudrée d'Africains
pour donner de la couleur - fera du bien
à l'Amérique et au monde. Les troupes
américaines
quittent déjà l'Allemagne après
seulement 75 ans d'occupation. Il reste
plus de 100 grandes bases à l'étranger
qui peuvent être évacuées si la
révolution persiste. C'est une
excellente chose!
Mais, Monsieur
Hopkins, ne dites pas à Trump qu'il a
choisi la bonne stratégie de survie.
Comme si tout le monde allait respecter
son autorité s'il ne se laissait pas
provoquer. Soyons francs, camarade.
Dites à Trump : si son principal souci
est avant tout de ne pas être traité de
"tyran sanguinaire" par un site libéral,
il y a une place qui l'attend, à Rostov
la ville hospitalière, à côté de
Yanoukovitch. Il n'a qu'à prendre sa
décision. Il pourra s'acheter une villa
là-bas pour un bon prix.
Ou alors, qu'il
entreprenne de regagner du terrain, et
si certains êtres hideux le traitent de
Hitler, qu'il réponde par "M. Gentil,
c'est fini", comme le protagoniste du
film de Mel Brooks en 1968 Les
Producteurs. Qu'il écrase la
Révolution des masques, cette révolution
de couleur, avant qu'elle ne le dévore.
Notre collègue
André VItchek a
suggéré que nous ne devrions pas
décrire le processus en cours aux
États-Unis comme une "révolution de
couleur". Premièrement, les manifestants
ne devraient pas être découragés, et
encore moins ridiculisés, dit-il.
Deuxièmement, chacune de ces révolutions
est différente, ajoute-t-il. Ce sont des
arguments faibles. Pour ma part,
premièrement, je m'efforce de comprendre
et d'expliquer les événements, et je
laisse les encouragements à d'autres.
Deuxièmement, les révolutions de couleur
sont des révolutions qui se font au
profit de l'oligarchie. Elles éliminent
le dirigeant qui a trop de volonté ou
d'esprit social au goût des
milliardaires. Et c'est dans ce but
qu'elles utilisent les griefs légitimes
du peuple. Elles montent sur le peuple
comme un cavalier sur son cheval. Cela
signifie qu'une révolution de couleur
peut effectivement s'infléchir et se
transformer en réalité, comme un cheval
peut éjecter son cavalier et partir au
galop, mais ce n'est pas la tournure
habituelle des événements.
La Révolution des
masques aux États-Unis bénéficie d'un
trop fort soutien de la part des
multinationales pour être autre chose
qu'une révolution de couleur. "Black
Lives Matter reçoit 100 millions de
dollars de différentes fondations, en
plus des 33 millions de dollars de
subventions accordées au mouvement Black
Lives Matter par George Soros à travers
ses Open Society Foundations", explique
Policemag (l'article a été
supprimé mais peut être consulté via
archives.com).
Elle ne saurait
être dissociée de la pandémie de Covid,
ou plutôt, des mesures de confinement
subséquentes. Ces moyens inhabituels de
lutte contre la maladie sont mortels
pour les petites entreprises et les
indépendants. Les grosses boîtes y
survivent, voire engraissent, tandis que
les petites en meurent. Le contrôle sur
la population s'accroît. Les
travailleurs indépendants sont
contraints de rejoindre le troupeau des
salariés et de chercher à se faire
embaucher par une grande firme ; sans
quoi ils périssent. Les acteurs de la
révolution vont se voir détruits par le
succès de leur entreprise. Nous saurons
que la révolution est devenue une
véritable révolution, lorsque les
révolutionnaires s'en prendront aux
multinationales. De même, les ennemis de
la révolution de couleur ne devraient
pas combattre les noirs et les minorités
; ils devraient combattre les grosses
firmes qui utilisent les noirs comme
chair à canon.
En raison de ce
lien entre le confinement et la
révolution des masques, Trump devrait
déclarer la fin du confinement. S'il y a
une chose que nous avons apprise au
cours du premier semestre, c'est que
l'enfermement ne sert à rien. Nous
devons apprendre à cohabiter avec le
virus, même si cela fait des morts. Si
vous mettez fin au confinement, vous
n'aurez pas de deuxième vague. Les
Suédois l'ont fait, et tout le monde
peut en faire autant. Ceux qui veulent
nous maintenir confinés voudraient nous
garder la tête sous l'eau à jamais.
Et maintenant, une
autre raison pour laquelle je ne suis
pas d'accord avec Vltchek. Ce n'est pas
que Black Lives Matter (BLM) ou la
direction du parti démocrate (DNC)
soient meilleurs ou pires que les
guerriers de Trump. DNC et BLM sont
proches de la puissance hégémonique. Ils
sont aimés par les médias, par les
maîtres du discours. Si le candidat
démocrate gagne les élections de 2020,
l'Occident sera uni derrière lui. Il
humiliera la Chine, la Russie, le
Venezuela, l'Iran ; les "déplorables",
les "sans-dents", seront vilipendés ;
les nationalistes européens seront
éliminés ; le Nouvel Ordre Mondial
mettra les bouchées double. Non merci,
André Vltchek. Il vaut mieux que
l'Amérique et l'Occident soient divisés
sous Trump plutôt qu'unis sous le DNC.
P.S. Le côté juif
de l'histoire: Israël a choisi ce moment
pour l'annexion de la vallée du Jourdain
et des colonies juives situées en
Cisjordanie. C'était la promesse
électorale de Netanyahou. Mais il
répugne à la tenir, et il ne trouve pas
de bonne excuse pour reculer (à moins
que la deuxième vague de Covid n'arrive,
de façon tout-à-fait opportune). Ses
généraux ne sont pas non plus très
enthousiastes. Seulement son nouveau
partenaire, le général Ganz, ne veut pas
qu'on lui reproche d'avoir raté
l'occasion de l'annexion. Les
Israéliens estiment qu'ils ont
maintenant une chance unique de
s'emparer de ces terres, car aucun
président américain, à l'exception du
président Trump, ne le leur permettrait.
Trump, ça lui est complètement égal, ce
que peuvent faire les Israéliens, tant
que cela maintient les Juifs américains
divisés à son sujet. C'est une attitude
sensée ; naturellement, elle agace Biden
et les démocrates (ils veulent que les
Juifs soient unis et tous dans leur
camp), mais il fallait s'y attendre. Or
rien ne se passe comme prévu, il y a un
hic. Les juifs sont ambivalents à propos
de l'annexion, et peut-être bien que
dans l'ensemble ils préféreraient ne pas
succomber à la tentation (offerte par
Trump)...
Contacter Israël
Shamir:
adam@israelshamir.net
Source:
The Unz Review.
Traduction: Maria Poumier
Le sommaire d'Israël Shamir
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