Opinion
Envers et contre tout
Israël Adam Shamir
Israël
Adam Shamir
Mardi 21 février 2017
On a toujours une impression d’étalage
indécent, devant la bedaine flasque de
Michael Moore, comme devant les parties
génitales d’une dame d'âge mûr. Le gros
tas de viande aurait pu diriger la
marche des vieilles peaux sans bonnet de
chatte rose, son visage seul aurait
suffi. En fait il ressemble à George
Soros : même sale tronche obscène. Pour
moi, son apparence devrait suffire à le
plomber : comme Oscar Wilde, je pense
que les créatures laides sont immorales.
Il suffit de regarder Madeleine
Albright, autre face de croupion. Mais
s’il vous en faut plus, son livre
Stupid White Men [paru en 2003, non
traduit à ce jour] est le livre le plus
exécrable qui ait été publié aux US en
ce siècle : là il proclamait que si les
passagers du 11 septembre avaient été
noirs, jamais il n’y aurait eu
d’attentat. Et voilà que Mike tête de
bite a mis à poil les plans secrets de
Poutine et a appelé à introniser la
Clinton parce que Trump est un espion
russe. Des années auparavant, il avait
protesté contre la guerre en Irak, et
maintenant il appelle à l’Armageddon
nucléaire. Avec des ennemis pareils, pas
question de lâcher Trump.
Trump
est foutu, s’écrient partisans et
honnisseurs de concert. Il a été battu,
brisé, il ne s’en relèvera pas. C’est un
canard boiteux qu’il faut traîner devant
les tribunaux. Il va ramper, il va
retourner dans sa tanière dorée, et
laissera la Maison blanche à qui de
droit, ou mieux encore, il filera
retrouver son compère Vlad Poutine.
Eh
bien non, chers amis et lecteurs, Trump
se bat de pied ferme, même si ces
choses-là prennent du temps. Ce n’est
pas si facile, de changer de paradigme,
les dés avaient été lourdement chargés
pour l’éliminer dès le départ. Et
pourtant, il a gagné la première manche,
et il va continuer. C’est un garçon
têtu, et il persévère. Les juges
corrompus le menottent, la CIA et la NSA
balancent ses initiatives au New York
Times, à CNN et à la BBC, mais il
reste droit dans ses bottes, prêt à
livrer bataille contre son ennemi,
l’ennemi de l’Amérique, l’hydre qui a
tant de têtes à trois lettres.
Il y a
des coureurs qui veulent voir la
victoire tout de suite, et ils se
découragent au premier obstacle. Un juge
intoxiqué de pouvoir ouvre les portes de
l’Amérique aux troupes de choc de Daech,
en annulant un décret extrêmement modéré
et prudent, et les voilà qui se tordent
les mains. C’est terrible, mais que
pouvait faire Trump ? Ne rien faire
parce que son ordre serait invalidé ? Il
fallait qu’il tente le coup, pour que
les gens voient les choses en face, et
puissent juger les juges. Aligner les
juges dos au mur sur la frontière
mexicaine au petit jour ? Il ne peut pas
encore se le permettre, mais cela aurait
du sens.
Flynn
a dû partir et ils s’écrient « tout est
perdu ». Ce serait très grave, en fait,
si Trump s’était couché, dans ce cas,
mais il n’en est rien. Lors d’une
conférence de presse absolument publique
et très relayée, avec le premier
ministre Netanyahuo, Trump a déclaré :
« Michael Flynn, le général Flynn, est
un homme remarquable. Je pense qu’il a
été traité très injustement par les
médias, et je les appelle médias
menteurs. C’est extrêmement malhonnête,
ce qui est arrivé au général Flynn, la
façon dont ils l’ont traité, et les
documents et papiers qui ont fuité,
j’insiste, en toute illégalité.
Terriblement malhonnête. » Ce sont les
paroles d'un combattant, d’un homme qui
a perdu une bataille, ou une
escarmouche, mais qui continue à mener
la guerre.
Peut-être aurait-il mieux valu qu’il
garde Flynn, mais la politique, c’est
l’art du possible. Les mots de Trump
pour soutenir le général démis sortaient
complètement des clous.
Trump
avait rencontré Netanyahou, et les âmes
sensibles ont annoncé que le président
US s'aplatissait devant le funeste
lobby. Mais c’est tout le contraire ;
l’ADL, les troupes d’assaut juives,
l’ont attaqué parce qu’il refusait
d’entonner leur mot favori :
antisémitisme. Haaretz a
déclaré : oui, Trump est un antisémite,
tandis qu’un édito du New York
Times s’interrogeait gravement sur
son refus de cracher le gros mot en
question comme on le lui demandait ; les
rabbins parlèrent de remarques
terrifiantes et antisionistes parce
qu’il refusait d’entonner la rengaine
éculée dite « solution à deux
Etats ». Au fait, soulignons que les
Palestiniens soutiennent bel et bien la
solution à un seul Etat mentionnée par
Trump et ils ne croient pas une seconde
à la mythique solution à deux Etats,
équivalent moyen-oriental de la
quadrature du cercle. Trump n’a rien
voulu entendre, il a sorti son engin
préféré, l’argument du soutien à Bibi
Netanyahou ; avec ce bouclier flamboyant
il a su désarçonner les meutes de
chasseurs d’antisémites, sans pour
autant faire ce qu’ils voulaient.
Il
vaudrait mieux de toute façon qu’il
oublie complètement les juifs, mais ce
n’est pas faisable tant qu’ils ont la
main mise sur tous les médias menteurs
et sur le cœur des Américains
ordinaires. Refuser de condamner
l’antisémitisme, c’est l’extrême limite
de l’audace pour un politicien
américain, sauf à se jeter la tête la
première dans le précipice.
Après
cet éclaircissement, il faut bien
admettre que le premier mois de la
première présidence de Trump a été assez
raide. Nous espérions que les forces
vaincues seraient raisonnables et
permettraient au nouveau président de
mettre en œuvre son programme, mais ils
ont poursuivi leur bataille
d’arrière-garde. Sa tâche est
colossale : Trump ose vouloir enterrer
le capitalisme globalisant avant qu’il
engloutisse les travailleurs européens
et américains. Sans Trump, l’Amérique et
l’Europe seraient envahis par des
millions de gens à qui l’on a arraché
leur toit dans les guerres dites
préventives. Sans Trump, les
travailleurs américains et européens
seraient broyés, à force de bosser dans
des hambourgueries, tandis que les
financiers leur pomperaient sang, sueurs
et pleurs. Un virage aussi radical ne
pouvait pas ne pas susciter
d’opposition.
Pensez
aux gens qui ont réussi des changements
radicaux d’une telle magnitude. Je ne
mentionnerai pas de noms, pour ne pas
vous faire peur. Aucun d’entre eux
n’avait une personnalité
particulièrement attachante, mais ils
avaient pour eux leur charisme, une
volonté de fer, une bonne mémoire, la
persévérance, et ils voyaient loin ;
c’étaient des maîtres de la tactique,
parce qu’ils sentaient quand c’était le
moment de faire un pas en arrière ou de
foncer. Et il se pourrait que Trump ait
ces qualités. Mais surtout, ils avaient
généralement un parti loyal pour les
soutenir, ou du moins une armée ou des
services secrets à leur disposition. Or
Trump n’a rien de tout ça.
Ces
outils supplémentaires sont
indispensables pour mater les éléments
non démocratiques et non élus au
gouvernement : aux US, le pouvoir
judiciaire et les médias, deux des
quatre pouvoirs décisifs, sont
profondément anti-démocratiques.
Les médias sont habituellement la
propriété de riches juifs, et ils font
leur jeu. Les juges sont instinctivement
antidémocratiques ; ils méprisent la
démocratie et l’opinion populaire.
La
machine judiciaire est aussi lourdement
judaïsée : trois ou quatre des neuf
juges à la Cour suprême sont juifs. Le
président Obama avait tenté d’installer
un juge juif supplémentaire, et des
éléments pro juifs vont se battre pour
empêcher un non juif de leur « voler »
la place. Il y a tellement de
magistrats, d’avocats et de professeurs
de droit juifs qu’ils imposent leur
imprimatur à toute la profession. Aucun
changement radical ne peut être mis en
route tant que ces pouvoirs n’ont pas
été bridés.
Trump
ne dispose pas d’un parti loyal, ni de
services secrets de confiance. Les
services d’intelligence US sont contre
lui, l’espionnent et livrent leur butin
à ses ennemis politiques. Le parti
républicain se méfie de Trump. Il y a
trop de Républicains en train d’aiguiser
leurs couteaux dans son dos, à commencer
par le vieux traître Mc Cain. Les
sénateurs républicains et les
représentants ont une énorme dette
envers leurs donateurs (largement
juifs) ; ils ont besoin du soutien des
médias pour se faire réélire.
Trump
devrait établir un contrôle sur
son parti, en plaçant ses fidèles et en
chassant ses adversaires qui sont dans
les appareils du parti, au Sénat et au
Congrès, même si quelques siègse doivent
échoir à un démocrate. Ce n’est pas une
mission impossible. Cela instillera
quelques saines frayeurs dans les cœurs
portés à la soumission.
Reprendre le contrôle des services
secrets, c’est relativement facile :
pour commencer, déclencher une chasse
aux sorcières contre les traîtres qui
ont balancé aux médias le contenu de
conversations téléphoniques
classifiées. Cela relève de la haute
trahison ; des tas de gens à la loyauté
douteuse peuvent être démis de leurs
fonctions sur de simples soupçons. Un
aller simple pour Guantanamo aidera les
traîtres potentiels à y voir plus clair.
Ils devraient être traités aussi
durement que le pauvre Bradley Manning
l’a été. Et de toutes façons, les
services secrets sont totalement
gonflés ; les US ne peuvent pas
entretenir un million d’espions. 80% de
leurs effectifs devraient s’en aller,
rejoindre le marché du travail et se
rendre utiles. Et ceux qui resteront
seront loyaux.
On
peut juguler les médias de bien des
façons. En général, ce genre
d’entreprise ne rapporte guère, et ils
sont fragiles face à des OPA
hostile ; d’autres peuvent être brisés
en vertu de la législation anti-trust.
Il suffit d’un contrôle fiscal pour
faire plier le genou à un baron hostile,
dans le monde des médias. Dans le cas du
New York Times, leur système
d’actions à plusieurs étages peut être
attaqué par les actionnaires car
parfaitement injuste. La mesure la plus
recommandable et radicale serait de
séparer le contenu publicitaire du
reste, en interdisant à ceux qui font
appel à la publicité de publier du
contenu politique, comme je l’ai
déjà suggéré, mais il lui
faudrait pour cela l’approbation du
Congrès. ["Dix leçons pour sauver le
monde",
http://www.israelshamir.net/French/Save-the-world-Fr.htm]
Les
juges sont humains ; les juges hostiles
qui se croient au-dessus du Président et
du Congrès peuvent soumis à des
contrôles approfondis, avec amendes à la
clé. Les postes à vie devraient être
abolis dans les tribunaux et les
universités.
La
tâche qui attend le président Trump est
donc redoutable, mais pas insurmontable.
Tailler dans les services de sécurité
jusqu’à les ramener au niveau des
services britanniques ou français, qui
sont d’ailleurs disproportionnés aussi.
Rappelez-vous, après la Première Guerre
mondiale, les US n’avaient pas de
services secrets du tout, et ils étaient
prospères. Terrorisez un baron de la
presse et un sénateur républicain.
Etalez au grand jour la corruption des
juges de district. Ouvrez la boîte de
Pandore dans la Fondation Clinton.
Traduisez en justice quelques néocons
pour avoir menti au Congrès. Rétablissez
les passerelles avec Bernie Sanders.
Appelez ceux qui vous soutiennent à
prendre leur carte au Parti républicain
et à consolider votre avance dans des
primaires. Tout cela, certes, prendra du
temps.
Maintenant vous comprenez pourquoi les
affirmations de nos collègues Paul Craig
Roberts et The Saker sont à tout le
moins prématurés. Face à l’hostilité de
l’ancien régime, Trump aura besoin de
six mois au moins pour s’installer
vraiment à la Maison blanche. A titre de
comparaison, Poutine avait mis cinq ans
à consolider son pouvoir, et cinq ans de
plus pour le solidifier, alors qu’il
avait le soutien total des services de
sécurité russes et une constitution très
autoritaire, écrite par les Américains
pour leur homme de paille Boris Eltsine.
Le
président Poutine se souvient que cela
prend du temps. C’est pour cette raison
qu’il n’est pas indûment outré du temps
qu’il faut à Trump pour normaliser les
relations US-Russie. Les fausses
nouvelles sur un désenchantement des
Russes envers Trump sont précisément
juste cela : des fausses
nouvelles. Les Russes croient à une
évolution positive dans les relations
Russie-US, et ils ne retiennent pas leur
respiration pour autant.
Mais
pourquoi est-ce que je crois tellement
que Trump va gagner, au bout du compte ?
Les US ne sont pas une île ; ils font
partie de l’Occident, et c’est tout
l’Occident qui traverse un changement de
paradigme. Les têtes de bite ont perdu,
les sans-dents ont gagné, et pas qu’un
peu. Rappelez-vous, Trump n’a pas été le
premier à gagner, il y a d’abord eu le
Brexit. Entre le vote du Brexit et
l’élection de Trump, le gouvernement
britannique a hésité et temporisé. Les
Britanniques n’étaient pas sûrs que le
vote soit vraiment un signe de
basculement, ou si c’était un coup de
chance. Depuis la victoire de Trump, ils
foncent.
Les
juges britanniques –aussi félons que les
Américains– ont essayé d’enrayer le
Brexit en insistant pour que la
chose soit soumise à l’appréciation du
Parlement. Ils croyaient fermement que
le Parlement refuserait de prendre la
chose au sérieux, et maintiendrait
l’Angleterre dans l’UE, comme leurs
médias l’exigeaient. Mais ils se
trompaient. Le public britannique avait
voté pour le Brexit à 52 contre 48%,
mais les parlementaires britanniques ont
approuvé le Brexit à 83 contre 17%. Les
« déplorables », comme ils disent, ont
gagné haut la main.
Traversons maintenant la Manche. La
caste dirigeante française préférait que
ce soit François Fillon (du centre
droit, un républicain modéré, selon la
terminologie américaine) qui hérite du
siège du minable président Hollande. Sa
victoire paraissait assurée. Mais alors
qu’il s’apprêtait à marcher sur
l’Elysée, un fait déplaisant a fait
surface. Ce modeste membre du parlement
a prélevé (volé, en bon anglais) un bon
petit million de dollars sur les
contribuables français sous prétexte que
sa femme travaillait comme assistante
parlementaire. [1]
Maintenant plus personne ne veut plus
entendre parler de lui, et la reine des
sans-dents, Marine Le Pen, a de bonnes
chances de gagner le premier tour des
élections en mai. Elle affrontera un
socialiste modéré, Emmanuel Macron, et
il n’est pas très affriolant [pro gay,
pro Israël, loi travail, démago,
pinocchio etc]. Sa rhétorique consistant
à la traiter d’aigrie, d’ennemie de
la-liberté-égalité-fraternité, parce
qu’elle n’est pas emballée par
l’immigration arabe, ne sera
probablement pas écoutée [malgré les
efforts désespérés des médias]. Les gens
en ont marre, et ils ne sont pas
convaincus que plus d’Arabes signifie
plus d’égalité. Si bien que Marine peut
gagner, et la France deviendra une
alliée de l’Amérique de Trump.
Fillon
a accusé des « forces de l’ombre » de
chercher à le démolir, et il a
probablement vu juste. Cette révélation
a coupé les ailes à ses équipiers, et
c’est arrivé au moment juste, exactement
comme dans le cas des courriels sur la
Convention démocrate. Dans les deux cas,
le crime, ou du moins la malversation,
était bien réel, et l’un comme l’autre
méritaient d’être battus. Dans les deux
cas, seule une force vraiment puissante
et « obscure » pouvait faire que cela
prenne. Ce n’est pas la Russie ; la
Russie ne joue pas encore dans cette
équipe, pour le moment. On est en
présence d’une force occidentale
mystérieuse revendiquant un capitalisme
nationaliste, contre une force
globaliste libérale adepte de la
séquence « je t’envahis et après je
t’invite ». Cette force a aidé Trump à
atteindre la Maison blanche, elle est à
l’origine du Brexit, elle a écarté
Fillon du chemin de Marine. Il est
probable que la Merkel perdra les
élections qui viennent, mettant un terme
au projet d’Obama d’installer
l’Allemagne dans le rôle de pilier
d’angle du monde libéral globalisé.
Les
Maîtres du Discours sont en passe d’être
battus dans tout l’Occident. Les
reculades provisoires de Donald Trump ne
modifieront pas cette tendance. Le
capitalisme productif national est prêt
à prendre le relais des financiers, des
barons des médias, des promoteurs de
minorités, des toilettes transgenre et
des études féministes. La bataille est
loin d’être finie, mais en attendant, il
semble bien que les sans-dents soient en
passe de gagner, et que les faces de
teuche sont en train de perdre.
Nous
ne savons pas qui les porte, dans le
fond, les « déplorables ». Quand le
Brexit a gagné, les Maîtres du discours
ont dit que c’était la faute des
retraités, des racailles, des beaufs.
Mais ensuite, le parlement a donné son
soutien au Brexit. Mme Clinton méprisait
les sans dents, mais aujourd’hui c’est
Trump qui siège à la Maison blanche.
Avec la France et l’Allemagne qui
attendent leur tour, une nouvelle force
entre en scène, et elle est soutenue par
les majorités autochtones. Qui la
dirige, cette force, par derrière ? Les
industriels, les gens qui croient en
l’esprit, ou simplement l’esprit du
temps, le Zeitgeist ? Quoi qu’il
en soit, cette force va aider Trump,
s’il persiste.
Pour joindre l’auteur :
adam@israelshamir.net
Traduction, ajouts et note : Maria
Poumier
Original publié dans
The Unz Review.
[1]
Shamir tient déjà compte des nuances que
lui ont apportées ses premiers lecteurs
français, sur la manœuvre médiatique
foudroyante pour pulvériser la
candidature Fillon, et il les publie
dans les commentaires à son article en
anglais.
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