Opinion
En Corée du Nord, "tu aimeras ton chef"
Israël Adam Shamir
© Israël
Adam Shamir
Jeudi 19 avril 2016
Source:
http://plumenclume.org/...
La veste croisée de Kim
En Corée du Nord,
pays aussi reculé qu’isolé, une
colossale manifestation de masse, animée
par la chorégraphie parfaite d’un ballet
mais avec des dizaines de milliers de participants,
est venue conclure au centre de Pyong
Yang un événement politique important
autant qu’inhabituel : le congrès du
Parti. Des feux d’artifice mirifiques,
vingt mille hommes et femmes dansant
avec des torches dans la nuit noire de
Pyongyang, un spectacle que je
n’oublierai jamais. Pour les Coréens ce
n’était pas un spectacle mais une
déclaration de loyauté envers l’Etat et
son chef, ou peut-être que pour eux
c’était juste leur façon de danser dans
la nuit. Qui sait ?
Le congrès du Parti
ne s’était pas tenu depuis 1980 ; c’est
en quelque sorte l’organe suprême du
Parti des Travailleurs, rassemblé pour
confirmer la consolidation du pouvoir
entre les mains du nouveau dirigeant,
Kim Jong-Un, ou Kim III, comme disent
les médias occidentaux. Il a été
proclamé solennellement chef du Paris,
le poste qu’occupait son père Kim
Jong-II, et avant lui son grand-père Kim
Il-sung.
Les gens étaient
visiblement très excités de voir
physiquement le jeune Kim, et même en
passant devant les tribunes ils
essayaient de s’attarder et d’agiter des
fleurs et des banderoles dans sa
direction. Il n’y a que les stars du
rock pour déclencher autant d’affection
en Occident. C’est assurément le signe
d’un tournant : les mauvais jours, durs
et amers, appartiennent au passé, les
choses vont maintenant s’améliorer.
Le changement de
génération est partout un moment
compliqué (l'URSS n’avait pas réussi à
faire la transition) mais il semble que
Kim III ait réussi à le gérer. Il est
arrivé au pouvoir après la mort
prématurée de son père, comme un « Baby
Kim » poupon à la mine débonnaire, frais
émoulu d’une école en Suisse, objet de
plaisanteries et de railleries pour bien
des Coréens du Sud. Mais il n’avait pas
été choisi, entraîné et préféré à ses
deux frères aînés par son père sur sa
bonne mine. Le jeune Kim III a relancé
la modernisation du pays, reconstruisant
et remodelant Pyongyang, avec des
projets d’ingénierie civile de masse,
des mesures de hausse du niveau de vie
pour les citoyens, et un programme
nucléaire.
Durant les quatre
premières années de son règne, la Corée
du Nord est devenue une puissance
nucléaire à part entière, a fait
exploser une bombe H en janvier dernier,
a envoyé un satellite en orbite autour
de la terre ; le niveau de vie moyen a
vraiment remonté, un grand programme de
construction de logements a été lancé.
Autrement dit, le gouvernement Kim
pourrait être résumé par le slogan
« continuité et modernisation ».
Pourquoi le congrès
du Parti a-il-été rassemblé justement
maintenant, quels sont les projets et
les raisonnements de la direction
coréenne, que pouvons-nous en attendre ?
Le monde entier se le demandait, et
j’étais tout aussi curieux, j’ai accepté
leur invitation avec enthousiasme
quoique légèrement inquiet. J’ai été
excessivement bien reçu par ce peuple
hospitalier, je peux dissiper
allègrement vos frayeurs : les Nord
Coréens ne sont pas des zombis à qui on
a lavé le cerveau, mais des être
parfaitement humains, tout en
appartenant à une culture bien distincte
et différente de la nôtre.
Au niveau humain,
ils produisent et boivent une très bonne
bière. Chaque fois que j’en ai eu
l’occasion, je prenais une bière ou deux
avec les gens du cru dans un bar local,
où tous tentaient de m’offrir le bock
suivant de leur boisson parfaite et
naturelle. Les Coréens sont prudents
mais nullement paranoïaques dans leurs
contacts avec les étrangers, et
ils adorent la bière.
Il y avait quantité
de journalistes estomaqués, ils
essayaient de savoir ce qui se mijotait,
craignant de rater une exclusivité mais
se heurtaient à un mur bien frustrant.
Les Nord Coréens cultivent le secret :
jusqu’à la dernière minute, nous ne
savions pas quand le congrès se
terminerait, ni ce qu’ils y discutaient.
L’équipe de la BBC a été déportée du
pays parce qu’elle avait envoyé un
reportage sur un rassemblement choquant,
probablement inventé de toutes pièces,
ou repiqué chez les Sud Coréens.
En écoutant
certains N ord Coréens et des diplomates
basés à Pyonnyang, j’ai appris qu’ils
s’attendaient à ce que Kim mette à la
retraite certains camarades de la
vieille garde et mette en avant une
nouvelle équipe, de manière à rajeunir
cet Etat socialiste hors du commun. Les
observateurs de la Corée avaient
remarqué l’ascension de gens
relativement jeunes qui occupaient au
départ les rangs les plus bas dans la
hiérarchie : Hwan Byon So, Tsoi Ren He,
et l’idéologue du Parti, Kim Gi Nam.
Le désir de
« continuité et modernisation »
s’exprimait jusque dans l’aspect de
Kim : il est apparu dans une veste
sombre, à revers croisés, avec une
élégante cravate de couleur claire à la
place du costume Mao de style militaire
coutumier pour les officiels coréens.
Pour les Coréens, ce veston devait
rappeler Kim I, le grand-père vénéré,
qui était apparu pour la première fois
dans une tenue très semblable juste
après la libération de Pyonyang. On
s’attendait à ce qu’il se présente dans
l’uniforme militaire russe endossé
jusque-là, et il avait préféré le veston
civil.
Il faut une
interprétation élaborée à cela. Les
Coréens sont des gens qui tiennent
jalousement à leur indépendance, ils
sont extrêmement ethnocentristes, ce
sont des nationalistes pour lesquels la
Corée compte plus que tout, et pour eux
les Coréens sont une race à part. De
fait, en ce qui concerne l’aspect
extérieur (et d’autres traits) ils sont
tout à fait semblables aux Japonais,
leurs voisins et anciens maîtres
coloniaux il y a environ quarante ans.
Mais les Japonais viennent de traverser
soixante ans d’américanisation,
d’occidentalisation, de libéralisation
et de démilitarisation, à la suite de
leur défaite en 1945. Les Coréens, qui
n’ont pas été reformatés, ont gardé leur
fierté nationale, et ressemblent plutôt
aux Japonais des années 1930.
Les Coréens
communistes sont arrivés au pouvoir dans
le Nord grâce à l’Armée rouge. Après
avoir battu l’armée japonaise en
Mandchourie en août 1945, les Russes ont
établi un gouvernement communiste à
Pyongyang, comme ils voulaient le faire
dans chaque capitale prise à l’occasion
de la guerre. Kim II-Sung était leur
homme, il était major dans l’Armée
rouge, et natif de Corée. Mais les
communistes coréens ne sont pas restés
sur les traces de Moscou pendant
longtemps. Dans leur version de
l’histoire, telle qu’enseignée dans
leurs écoles, et expliquée dans leurs
musées, ils ont libéré leur pays
par eux-mêmes, de la férule japonaise,
tandis que les Russes prêtaient main
forte, utilement. Selon leur version,
ils ont battu eux-mêmes les Américains
dans la guerre de Corée, tandis que
Chinois et Russes avaient « envoyé
quelques volontaires ». C’est
consternant pour les Russes et les
Chinois qui ont porté tout le poids de
la guerre, mais ils comprennent le
ressenti coréen, avalent la couleuvre et
n’en font pas matière à discussion ou à
revendication.
Kim I dans son
veston avait été un puissant symbole de
l’indépendance de la Corée et de leur
façon propre et unique de comprendre le
socialisme. Kim III est très semblable à
son grand-père, il lui ressemble sur les
portraits, et ils ont la même voix. La
veste de Kim devait souligner cette
ressemblance et cette continuité, tandis
que le nœud de cravate élégant était un
tribut à la modernité.
Il a promis « des
armes Et du beurre » à ses concitoyens,
autrement dit, d’améliorer leur niveau
de vie tout en veillant à la défense.
Plus important, Kim a profité du congrès
du Parti et de l’intérêt universel qu’il
a suscité pour appeler à la paix avec
les US et avec les voisins, le Japon
et la Corée du Sud.
Il dit que la Corée
est une puissance nucléaire responsable,
et que les Coréens respecteront le
traité de non-prolifération en tant que
puissance nucléaire, ce qui veut dire
qu’elle ne partagera pas sa technologie
nucléaire militaire avec des Etats non
nucléarisés, et n’utilisera pas ses
armes nucléaires à moins d’être la cible
d’attaques nucléaires. C’est un message
dans le sens de la paix : d’autres Etats
nucléaires, US, Russie et Israël ne
promettent nullement d’éviter l’usage
d’armes nucléaires même en cas d’attaque
conventionnelle.
« Kim envoie un
message de paix », m’a dit un diplomate
de haut rang basé en poste à Pyongyang.
« Malheureusement il a été incompris ou
déformé par les agences de presse. Elles
l’ont cité hors contexte et l’ont
encadré de titres qui prêtent à
confusion, dans le but de le
diaboliser. »
Kim a appelé au
désarmement nucléaire, un désarmement
général, pas seulement coréen. Certes,
en signant le Traité de
non-prolifération, les puissances
nucléaires entendaient promouvoir
un désarmement nucléaire général et la
création d’un monde libre d’armes
nucléaires. Mais c’est resté lettre
morte. Le dernier président soviétique
Mikhail Gorbatchev avait fait quelques
pas dans cette direction, mais les US
ont utilisé son idéalisme pour élargir
le fossé du pouvoir entre les deux
Etats.
Il y a peu, les US
se sont embarqués dans un programme
ambitieux de renouvellement total de
leurs installations nucléaires. Le
Pentagone a demandé la somme ahurissante
d’un milliard de dollars pour ce
programme. Au même moment, les US
demandent le désarmement nucléaire de la
Corée du Nord au nom du même traité
qu’ils sont en train de bafouer. Depuis
que ce traité a été signé, certains
Etats se sont nucléarisés, Israël,
l’Inde, le Pakistan. Pourquoi donc
la Corée ne devrait-elle pas
développer son armement nucléaire ? Les
Coréens parlent de deux poids deux
mesures et ajoutent : si d’autres Etats
renoncent à leur force de frappe, nous
en ferons autant, ajoutent-ils.
Un diplomate russe
à Pyonyang m’a dit : peut-être que nous
devrions accepter le fait que la
République Démocratique et Populaire de
Corée est devenue une puissance
nucléaire. Cela ne serait pas arrivé si
la Corée du Sud et les US n’avaient pas
menacé le Nord d’une guerre. Il y a à
peine quelques mois, la guerre en Corée
semblait imminente, quand les US et
leurs alliés de Corée du Sud, quelque
400 000 hommes en armes en tout,
faisaient des exercices simulant la
conquête de Pyongyang et l’élimination
de son gouvernement. Les Nord-Coréens
sont devenus fous de rage, et je ne
saurais les en blâmer, disait-il. Si
nous devions maintenant faire accoster à
Cuba un demi-million de soldats et faire
des exercices d’entraînement pour la
mise à sac de Washington et la
destruction de la Maison blanche, la
flotte US recouvrirait l’île de Cuba en
un clin d’œil. Mais en Corée, les
Américains étaient simplement en train
d’accroître leur ingérence en
introduisant un porte-avions chargé
d’armes nucléaires. Oui, nous comprenons
tout à fait pourquoi le gouvernement de
la Corée du Nord a du souci à se faire.
La réponse est
importante parce que la Russie et la
Chine ont soutenu la résolution du
Conseil de sécurité de l’Onu imposant
des sanctions à la Corée du nord. Mais
maintenant, apparemment, les Russes ont
une idée derrière la tête. Les rapports
entre la Russie et la Corée du Nord
n’ont jamais été cordiaux. La Corée du
Nord est trop indépendante au goût de
Moscou. Malgré cela, les rapports
restaient froids, mais amicaux. Les
Russes avaient soutenu les sanctions sur
la requête de la Chine. Les Chinois ont
soutenu les sanctions pour se mettre
dans les bonnes grâces de Washington et
avec la Corée du sud, son
partenaire important en affaires. Il y a
un facteur supplémentaire :
l’unification possible de la Corée.
Au congrès du
Parti, le jeune dirigeant de la Corée du
Nord a interpelé son homologue du Sud ;
reprenons la vieille idée d’unir les
deux moitiés de la Corée en un seul Etat
fédéral. L’Allemagne et le Vietnam sont
réunifiés, nous pouvons en faire autant.
La différence de régime politique n’est
pas un obstacle insurmontable : la Chine
communiste a refait l’unité avec la
capitaliste Hong Kong sous le mot
d’ordre « un pays –deux régimes ».
Le processus
d’unification a de fait commencé en
2000, quand le président du sud Kim Dae
Jung s’est rendu à Pyongyang et a
rencontré le dirigeant du nord Kim Jong
II. Il avait reçu cette année-là le prix
Nobel de la paix. Ils ont dessiné une
zone de libre commerce, les trains
traversaient la frontière, les visites
familiales et la réunification ont
commencé. Mais les US, la puissance
occupante en Corée du sud, détestaient
l’idée. Les présidents sud-Coréens qui
soutenaient le projet d’unification ont
été retrouvés morts ou en prison. Le
président sud-coréen actuel est
résolument contre l’unification. En
Corée du Sud, on peut se retrouver en
taule pour avoir dit quelque chose de
positif sur le Nord. C’est considéré
comme de la « propagande communiste
hostile ».
Les Chinois n’en
ont que faire. Oui, dans la guerre de
Corée ils se sont battus pour
l’unification de la Corée, mais c’était
autrefois. Maintenant ils n’ont pas
besoin d’un voisin solide à l’esprit
indépendant, et une Corée unifiée avec
ses Samsung, Daewoo, bombe H et une
population de 800 millions d’habitants
sera un pays décidément très solide.
Pour la Russie, cela n’entre pas en
considération. Même une Corée ultra
forte ne constitue pas une menace. Ils
ont été d’accord avec la Chine et les
US parce qu’ils soutiennent le
Traité de non-prolifération. Mais
peut-être que le temps est venu de
changer quelques règles du jeu,
disent-ils tout bas.
Les pieds sur terre
La République
Démocratique et Populaire de Corée est
bel et bien diabolisée. C’est censé
être le pays le pauvre au monde, selon
wikipedia, l’enfer sur terre, avec sa
compagnie aérienne « la pire au monde »,
et ses villes désastreuses. Les
diabolisateurs ont rendu un fier service
à la Corée du Nord, dans la mesure où
j’en attendais si peu que j’ai
intensément savouré caque minute et
chaque plat traditionnel. A vrai dire,
Air Korvo, la ligne autochtone n’est pas
si mauvaise, et tout à fait au niveau
des compagnies provinciales des voisins,
la Russie et la Chine.
L’aéroport de
Pyonyang est surtout sinistre, grand,
moderne, d’avant-garde ; les sols sont
en marbre, d’une propreté immaculée ;
notre bon vieux TU -156 avait
l’air d’un bus tout rouillé sur le
tarmac parfait. Les nombreux guichets
pour des arrivées incessantes de
passagers, m’ont prestement et gentiment
fait passer, mieux qu’à Heathrow, et la
douane m’a retardé un tout petit moment.
L’officier des douanes m’a demandé mon
passeport pour vérifier mon ordinateur
portable, mais elle n’a pas insisté
quand j’ai renâclé. Mais le Terminal T
international était vide ; au lieu de
centaines de vols attendus, il n’y en
avait que deux à l’affichage : en
provenance de Beijing et de Vladivostok.
J’ai séjourné dans
l’un des meilleurs hôtels, l’hôtel Koryo,
avec ses hautes tours jumelles de 45
étages. L’endroit, normalement conçu
pour par des centaines et des centaines
de touristes, était vide, à part
quelques petits groupes, un couple de
Hollandais et quelques Japonais amis de
la Corée se retrouvaient pour le petit
déjeuner.
La Corée du Nord
subit des sanctions, les plus lourdes
sanctions jamais appliquées par le
Conseil de sécurité de l’ONU. Ces
sanctions auraient mis à genoux tout
autre pays. Elles sont conçues pour
causer l’effondrement, et sont à peine,
marginalement, préférables à une guerre
tous azimuts. Les sanctions sont
comparables aux excommunications
que les papes du Moyen Age infligeaient
aux rois rebelles : le genre de
sanctions qui avaient amené un empereur
entêté à venir mendier le pardon à
Canossa.
La capitale
Pyongyang est grande et moderne, et même
ultra-moderne ; vue depuis mon trentième
étage dans le centre-ville, je pensais à
Atlanta, ou encore à Brasilia. Il y a
très peu de voitures, surtout des taxis.
La propriété privée des voitures n’est
pas permise. Il y a officiellement deux
millions de résidents, mais très peu de
gens dans les rues. Où sont les
habitants, demandai-je à mon aimable
accompagnateur ? Ils sont au travail, à
cette heure-ci, me répondit-il, quelque
peu déstabilisé par mon étonnement. Une
fois que le congrès du Parti a pris fin,
il y avait effectivement plus de monde
aux alentours : apparemment, les
habitants ont préféré rester à la maison
pendant que les huiles s’emparaient de
la capitale.
Depuis les quarante
dernières années, je me suis rendu dans
bien des pays du Tiers monde dans leur
étape socialiste : Birmanie, Tanzanie,
Angola et Vietnam, Laos et Cuba. Si nous
devions les comparer avec les nations
voisines non socialistes, c’étaient des
villes moins chères, généreuses en
espaces publics, accueillantes aux
enfants, chiches en biens de
consommation, pauvres en communications,
taxant au maximum les étrangers,
royaumes du change au marché noir, et
plutôt miteuses. Je tendais à considérer
le délabrement comme un trait inévitable
du socialisme dans le Tiers monde.
La Corée du nord
n’est pas délabrée, du moins pas à
Pyonyang. La ville est construite à une
échelle vaste, voire avec magnificence,
avec de larges avenues, des agentes de
circulation impeccables en uniformes
effrontés, surveillant les routes et
saluant les voitures au passage, avec
des bâtiments imposants et des monuments
qui feraient honte à ceux de Washington
DC. Les bâtiments les plus
impressionnants ont été construits dans
les cinq dernières années. Il y a des
immeubles neufs d’appartements, en
hauteur, à la place des vieux logements
sur cinq étages dans le style
soviétique. Ces appartements coûteraient
plus d’un million de dollars pièce dans
n’importe quelle grande ville
occidentale ; ils n’ont pas été vendus
mais attribués gratuitement,
principalement à des savants et à
des enseignants, du moins, c’est ce
qu’ils disent.
L’année dernière un
Centre d’études et de recherches
scientifiques somptueux a été édifié sur
un vaste emplacement. Des murs et sols
impeccables, des portillons
électroniques, des centaines
d’ordinateurs, des modèles et des
graphiques expliquant tout une gamme de
questions scientifiques, n’importe
quelle ville en serait fière. Le but est
d’encourager les enfants à devenir des
savants, purement et simplement. Certes,
des immeubles incroyables de ce genre
sont sortis de terre aux quatre coins du
globe, ces dix dernières années, comme
si les pays nouveaux-riches découvraient
les joies de l’architecture moderne
comme jamais auparavant. Dubaï, Bakou,
Moscou ont créé de nouveaux univers de
rêve. Pyongyang est au même niveau, pour
l’architecture de pointe.
Il n’y a pas du
tout de bâtiments plus anciens. Il
semble que la ville a été dessinée et
créée à partir du néant comme une
Brasilia communiste. Je préfère toujours
le vieux au neuf, mais dans le cas
particulier, il n’y a pas grand-chose à
regretter. Pyongyang a été rasée et
reconstruite à la hâte plusieurs
fois, surtout lors de la guerre de 1950
– 1953, quand les bombardements US et
n’ont pas laissé un seul building sur
pied.
Le commandement
américain a « retourné sa rage contre
toute structure qui pouvait protéger les
Chinois du froid; villes et cités de
toute la Corée du Nord sont parties en
fumée au point que Pyongyang ressemblait
à Hiroshima », dit l’Encyclopédie
britannique. Les US ont jeté plus de
munitions sur la Corée sans défense que
sur l’Allemagne ou le Japon. Nous devons
garder à l’esprit cette guerre, la plus
cruelle dans le XX° siècle cruel, faute
de quoi nous ne pouvons rien comprendre
au caractère coréen et aux initiatives
récentes des dirigeants coréens.
Ils n’ont pas peur
de la guerre, parce qu’ils ont survécu à
une guerre terrible. Une fois, ils ont
capturé un navire US dans leurs eaux
territoriales, et mis sous les verrous
les marins pour espionnage. Ils se
moquaient des menaces US de guerre tous
azimuts. A la fin, le président Johnson
a présenté des excuses par écrit (le
seul cas dans toute l’histoire des US où
ils ont dit regretter un de leurs actes)
et les marins ont été relâchés, six mois
plus tard.
Il y a des flopées
d’enfants, bien plus qu’on ne pourrait
en attendre, des tas d’enfants dans les
rues, souvent sans adultes pour les
accompagner. Ils ont l’air propres et
habillés de frais, ils ont des uniformes
d’écoliers, ou des chemises blanches
avec des cravates rouges de scouts.
C’est un Etat
socialiste, me disais-je : ce sont des
gens qui aiment les enfants, qui sont
même centrés sur les enfants,
symétriques de « nos » pays de plus en
plus adaptées aux gens à la retraite.
Tout leur budget passe dans les soins
aux enfants, les plus beaux bâtiments
abritent les crèches et les écoles.
Les Coréennes
portent leurs bébés dans le dos, comme
les Japonaises autrefois. J’ai visité le
Japon juste avant d’arriver en
Corée, et je n’en ai plus vu une seule
au Japon pour les porter ainsi, en dix
jours, et il y avait d’ailleurs fort peu
d’enfants à voir au Japon, tout le
contraire de la Corée.
Ce n’est pas qu’ils
aient plus d’enfants ; Les Coréens que
j’ai interrogés admettent en avoir un,
rarement deux. C’est juste que leurs
enfants jouent dehors et marchent dans
les rues, alors que les nôtres jouent
enfermés et sous bonne garde. Nos
enfants sont immergés dans la réalité
virtuelle des jeux vidéo, les leurs
marchent sur terre. Ils sont rarement
seuls ; en général on les voit en
groupes. Moins souvent, on remarque des
enfants tout petits à qui on ne
permettrait jamais de se promener sans
surveillance dans nos villes, affrontant
bravement les grandes rues de la ville.
Par ailleurs, autre
qualité, les Coréens sont généreux avec
l’espace public, à un point qui serait
considéré comme du gaspillage ailleurs.
Il y a beaucoup de jardins, de gransd
panoramas, des pelouses vertes, de
vastes squares. Je ne connais aucune
ville au monde avec une vue aussi
dégagée que celle de la place Kim
il-Sung. On a vue sur des kilomètres à
la ronde.
Passons maintenant
aux aspects moins plaisants ; Les
communications sont strictement
restreintes. Ils ont des téléphones
mobiles, pratiquement tout le monde en
a, mais un étranger ne peut pas donner
un coup de fil à un Coréen avec
son appareil local. Pas d’internet, même
dans un hôtel cher. Les Coréens ne
peuvent ni recevoir ni envoyer un
courriel à l’étranger, n’ont accès à
aucun site étranger, ils n’ont que leur
propre intranet. Impossible pour eux de
voyager à l’étranger, ou d’épouser des
étrangers. La Corée reste le Royaume
ermite, après tout.
Les biens de
consommation courante sont plutôt chers,
avec un bon salaire moyen d’environ 400
$, et un bon vélo ou un grand écran de
TV coûtent plus de 1500 $. Les vêtements
dans le magasin sont ternes, comme dans
les villes chinoises toutes proches.
Le climat est dur,
le sol est pauvre. Pyongyang a des
tempêtes fréquentes qui soufflent depuis
le désert de Gobi, depuis la Mongolie
intérieure. Il fait trop froid ou trop
chaud. Bref, la Corée du nord n’est pas
le paradis, et ne peut pas devenir un
paradis, sous aucun régime au monde. La
Corée du Sud a un meilleur climat et des
sols plus riches, mais son régime est
loin d’être confortable. J’ai visité la
Corée du Sud pour la première fois à la
fin des années soixante-dix, quand
l’Etat était sous la férule du
dictateur Park Chung Hee. Les gens
venaient à moi dans la rue, et
mendiaient une invitation pour n’importe
quel pays à l’étranger pour quitter leur
pays dévasté. Il n’y avait pas de
liberté, pas de démocratie, pas de
structures pour les enfants, juste une
dictature et des troupes d’occupation
US. C’est le lot des Coréens, du Nord ou
du Sud.
Mais il faut
reconnaître que la puissance nucléaire,
la technologie et le logement en Corée
du Nord appartiennent pleinement au XXI°
siècle ; esthétiquement, c’est une
catégorie à part. Leurs musique et
chansons sont un héritage des chants
soviétiques révolutionnaires et
militaires. Leurs tubes, ce sont
« Suivons le septième régiment, ou « La
voix de la Mère ». La mère, au bout du
compte, c’est le parti, tandis que le
chef est le père aimant, et ses enfants,
c’est le peuple. S’il y a une chanson
d’amour, c’est sur l’amour du peuple
pour son guide.
Mais c’est là
quelque chose de courant dans pour une
société orientale religieuse : les juifs
disent que le Cantique des cantiques
traite de l’amour de Dieu pour Israël,
les musulmans disent qu’Omar Khayyâm
voulait dire la sagesse quand il parlait
de l’ivresse (du vin).
Les Coréens du Nord
sont très aimables mais si restrictifs
que j’hésite à témoigner. Il y a
beaucoup de points de contrôle pour les
permis de circuler. Jamais je n’ai été
autorisé à flâner dans Pyongyang seul ;
je n’avais pas la permission d’aller
dans le restaurant de mon choix, ou même
de quitter un concert où il y avait eu
des heures de musiques militaire à plein
volume. S’ils ont un programme en tête,
ils s’y tiendront. Des gens admirables,
mais pas drôles du tout. Peut-être que
les habitants ont plus de choix que les
visiteurs, mais mon séjour a été un
entraînement à l’humilité et à la
soumission, comme un stage dans un
monastère. Cette connotation religieuse
n’est pas un hasard, comme nous le
verrons.
Aimez votre chef
Les gens appellent
Kim III « Le Maréchal » et lui
témoignent, comme à son père et à son
grand-père, les émotions habituellement
réservées aux divinités. C’est choquant
pour nous, mais ce n’est pas rare en
Asie. Avant 1945, les Japonais tout
proches, gens de grande culture et
raffinement, vénéraient leur empereur
comme la divinité suprême, et certains
continuent à le considérer comme un dieu
du shintoïsme. Les Japonais ont fait la
loi en Corée pendant 40 ans, et durant
toute cette étape, ils ont implanté
certaines idées, en particulier celle
d’un guide divin.
La Corée du Nord
n’a que peu de rapports avec le
marxisme, ou avec le socialisme au sens
où les Occidentaux l’entendent. C’est
une société profondément religieuse
basée sur la foi en les trois Kim. Si on
les interroge, les habitants disent
que leurs dirigeants ont été « envoyés
par le ciel. » Et ils imputent tout ce
qui survient de bon dans leurs vies aux
envoyés du ciel. Ils racontent les
miracles dont ils ont été capables. Une
dame d’aspect moderne, m’a dit à
Pyongyang qu’elle avait vu une
apparition de Kim ; dans le ciel, la
nuit où il a démissionné. J’ai vu des
gens pleurer quand on mentionne la mort
de Kim II devant eux, et ce, cinq ans
après les faits.
Pour moi, cette foi
a été la source de situations légèrement
embarrassantes, en particulier leur
coutume de s’incliner devant les images
ou photos des dirigeants. Qu’aurait fait
le prophète Daniel dans ces conditions ?
Un parcours en Corée du Nord a plus à
voir avec un pèlerinage religieux
qu’avec un parcours touristique. Chaque
endroit que l’on m’a montré avait un
rapport avec les Kim, et chaque fois, le
lien était très élaboré. J’ai visité
leurs mémoriaux, leurs sépultures, leurs
lieux de naissance, et je l’ai
solennellement accepté comme le tribut
dû en échange de leur hospitalité. De la
même façon, les visiteurs qui se rendent
en Israël, mon pays, sont obligés
d’aller faire une visite au Musée de
l’Holocauste, et il est plus facile
d’acquiescer que de résister. Mais
j’avais quand même un problème chaque
fois que je devais m’incliner devant ces
icônes. C’est peut-être là mon handicap
culturel.
Le tombeau de Kim
est vaste et impressionnant. Kim I et
Kim II sont enterrés dans l’ancien
palais de Kim I, quasiment Versailles,
quant aux dimensions et à la
magnificence. C’est ouvert une fois par
mois ; de toute façon vous ne pourriez
pas y aller (non plus que nulle part
ailleurs) par vous-mêmes. On vous
conduit, on vous fait passer plusieurs
portillons de sécurité jusqu’au moment
où on se trouve nez-à-nez avec les deux
personnages, parfaitement ressemblants,
plus grands que nature. Ces effigies en
cire polychromes, on les retrouve
à certains emplacements dans Pyongyang,
comme des idoles modernes. Mme Marie
Tussaud ou Mr Grévin peuvent faire
des affaires à Pyongyang, au bout du
compte. Les visiteurs sont censés
s’incliner très souvent, sur des sites
très nombreux.
A côté des
sépulcres, il y a des salles contenant
les souvenirs sacrés : médailles,
décorations et grades atteint par les
dirigeants disparus. La seule décoration
que Kim Il Sung ait reçu pour son
courage martial personnel, l’ordre
soviétique du drapeau rouge combattant,
manque à l’appel, parce qu’il ne
s’ajuste pas à un grand guide.
Quoi qu’il en soit,
il a véritablement été un grand homme
pour son pays et sa génération ; il a
beaucoup voyagé, et rencontré tous les
dirigeants révolutionnaires importants.
Son fils a moins voyagé, mois rencontré
de dirigeants, parce qu’à cette époque,
la Corée du Nord s’était déjà retranchée
dans un monde à part.
On dit que Kim II a
emprunté l’idée à la Russie, avec son
mausolée de Lénine sur la Place rouge.
C’est peut-être valable pour l’idée,
mais la réalisation n’est même pas
ressemblante. Le temple coréen au soleil
est vingt fois, trente ou cinquante fois
plus grand que la modeste tombe de
Moscou. Il peut rivaliser avec le
Mémorial tout aussi géant de Mao à
Beijing. De la même façon, la place
Kim-Il-sung est plusieurs fois plus
grande que la Place rouge médiévale de
Moscou. Pour les proportions, cela
ressemble plus à la place Tienanmen à
Pékin. Les Nord-Coréens voulaient
rivaliser avec la Chine, non avec les
Russes modestes en comparaison.
Cela vaut pour
l’attitude envers les dirigeants. Les
Russes adoraient leur vieux Tonton
Staline, mais ne l’ont jamais déifié ni
ne lui ont rendu un culte. Staline n’est
pas devenu le personnage principal des
films soviétiques. Dans les films les
plus populaires et paradigmatiques du
temps de Staline, comme Les Cosaques
de Koubane (il faut le voir, cela
reste un bon film agréable, si vous
aimez les années cinquante), Staline
n’est jamais mentionné. Il n’y a
pratiquement pas eu de film où Staline
soit un personnage, de son vivant. Il
n’y a pas eu de timbres ni de livres
consacrés à Staline de son vivant.
On ne saurait
trouver un film nord-coréen où l’un des
Kim ne figure pas. Il y a un Kim sur les
timbres, sur les productions théâtrales,
sur chaque mur de chaque maison. Ce
n’est pas la Russie de Staline. C’est
une présence bien plus massive,
multipliée par trois, depuis que le
titre est passé du père au fils puis au
petit-fils.
Kim I avait
commencé à se pourvoir en armes
nucléaires. On m’a dit qu’il avait
décidé que c’était indispensable à la
suite de la crise des missiles à Cuba.
Il disait : « on ne peut pas faire
confiance à l’Union soviétique », et
avait ordonné de commencer à travailler
sur la bombe A,travail qui a porté ses
fruits à l’époque de son fils, et a été
complété par son petit-fils.
Dans un sanctuaire
profondément enfoui sous terre, les
présents offerts aux trois Kim sont
préservés pour la postérité. Il y a un
ballon de basket offert par Madeleine
Albright, et un fusil de chasse présenté
par M. Poutine ; les cadeaux offerts par
Jimmy Carter reposent à côté des sabres
offerts par les cheiks saoudiens. Il est
très difficile d’éviter la visite de
tels lieux.
J’ai visité un
monastère bouddhiste dans les montagnes.
Il y avait quelques moines, qui ne
parlaient que des visites de Kim I. Il
est venu à plusieurs reprises,
disent-ils, et il a dit au peuple de
prendre soin des lieux, mais n’est même
pas entré dans la salle de prière et de
méditation. Apparemment, Kim les a
marqués plus que Bouddha.
Les Coréens que
j’ai rencontrés affirment qu’ils ne
croient en aucun dieu ni Bouddha. Les
églises sont vides. Tout sentiment
religieux a été redirigé vers les trois
Kim. Je n’aimais pas cela du tout,
jusqu’à un certain moment.
Il se trouve que
j’ai visité un vaste et luxueux Palais
des enfants, un beau bâtiment moderne
avec des douzaines de vastes salles où
les enfants apprennent la danse, la
peinture, la calligraphie, la chimie, la
natation, le volleyball. Une fois par
semaine ils ont une journée porte
ouverte, et une foule de gens vient voir
tout cela, et envisager d’y envoyer
leurs enfants. Les cours sont gratuits,
et pratiquement chaque enfant peut se
joindre à un groupe. C’est bien, mais là
encore, chaque salle a été décorée avec
un Kim. Kim avec un enfant ou avec un
groupe d’enfants, tel un dieu vivant.
J’étais donc sur le
point d’exploser et de hurler « A bas
les Kim! », et je veux maintenant
partager avec vous mes hésitations.
Jadis, Moscou aussi avait des Palais des
enfants de ce style. Beaucoup d’entre
eux étaient rattachés au parti
communiste, beaucoup portaient le nom de
Lénine, et ma génération n’aimait pas
cela. Nous protestions, et nous avons
gagné, presque. Les noms de Lénine, de
Staline et celui du parti communiste ont
disparu. Et alors, les palais des
enfants, et les crèches dans de
merveilleuses vieilles résidences ont
été privatisés par les courtisans de
Boris Eltsine, sous la surveillance de
Milton Friedman et de ses Chicago Boys,
ce sont devenus des bureaux ou des
résidences de luxe. L’un des plus beaux
Palais des enfants à Moscou a été
privatisé par un ex du KGB, l’oligarque
Lebedev, qui est maintenant le
propriétaire de l’Independant,
quotidien britannique et comme par
hasard grand ennemi de Vladimir Poutine.
Il est là, le vrai
choix pour bien des pays : a) vos
enfants peuvent aller au Palais des
enfants baptisé du nom de votre Kim
national, b) le Palais des enfants est
raflé par les Lebedev de ce monde, et il
va falloir que vous payiez une fortune
et que vous y passiez des heures pour
offrir à vos enfants l’éducation dont
vous avez jadis bénéficié. Ce n’est pas
un choix facile. Les barons voleurs qui
sont arrivés après le
démantèlement du socialisme vous feront
découvrir la nostalgie d’un bon Kim très
bientôt.
Les Coréens ont de
la chance, ils adorent leurs dirigeants.
Alexandre le Grand, Napoléon, Staline,
ont été adorés par leurs peuples, comme
l’ont été les empereurs de la Chine et
du Japon. Cela n’est probablement pas
pire que de vivre sous un régime dont on
méprise les dirigeants, ce qui était le
lot des Américains sous George W Bush.
Il est malheureux
qu’ils n’aient pas de contact avec leur
Sud, les Coréens. Cette séparation en
deux moitiés est la cause de bien des
problèmes : le Sud, plus peuplé, possède
toutes les bonnes terres agricoles,
tandis que le Nord a les montagnes et
l’industrie. Ensemble, ils pourraient
trouver un bon équilibre.
Conclusion
Ce n’est pas pour
rien que la Corée a été appelée le
Royaume ermite : c’est un pays qui
souhaite qu’on le laisse seul. Nous ne
sommes pas dans des guerres de
religion : laissons-les rendre un culte
à qui ils veulent. Si ce ne sont pas
vraiment des marxistes, c’est leur
problème. Si leur programme est rude,
nous ne risquons rien de leur part.
S’ils aiment l’esthétique des années
1950, libre à eux. Et pour leurs droits
humains, ils ont l’air contents et leurs
niveau de vie augmente régulièrement.
Beaucoup de Coréens
m’ont dit que depuis la guerre de Corée,
les Nord-Coréens vivent dans
la peur d’être anéantis par le feu
nucléaire US. Pour eux, la bombe H est
la seule garantie contre une attaque US
toujours possible. S’il n’y a pas de
danger, ils auront plus d’échanges avec
leurs voisins. La fin des sanctions leur
permettrait d’envisager la prospérité,
et celle-ci les aidera à retrouver
leur estime de soi.
Des goûts et des
couleurs : c’est l’histoire de l’enfant
qui avait sorti un poisson de son
aquarium parce que c’était humide. Mais
les poissons aiment ça. Les Coréens
aiment vivre dans l’atmosphère d’extase
religieuse induite par Kim III.
Laissons-les vivre à leur manière: de
fait, heureusement, ils ne nous obligent
pas à aimer ça.
Pour joindre
l’auteur : adam@israelshamir.net
Orignal publié dans
Unz Review
Traduction : Maria
Poumier
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