Opinion
Jérusalem et l'atavisme américain
Israël Adam Shamir
Israël
Adam Shamir
Dimanche 17 décembre 2017
Paradoxalement, la
déclaration de Trump sur Jérusalem a eu
bien des effets positifs. Le président a
refusé de continuer à prétendre en toute
malhonnêteté que les US soient un
médiateur neutre. Il a creusé la
tombe du bestial MBS d’Arabie. Il a
ramené la Palestine au cœur de l’agenda
international après une longue absence.
Il a donné à l’Europe une chance de
retrouver son indépendance. Et il a fait
un pas de plus pour
démolir l’insoutenable empire américain.
Raison de plus pour nous réjouir. Jerusalem in my
heart[1]
Jérusalem c’est
d’abord et avant tout un symbole, un
puissant symbole ; la reconnaissance
américaine de la souveraineté juive sur
la ville sainte est un signe de la
victoire finale juive sur la chrétienté,
et il faut le regretter de tout son
cœur. Richard Cœur de Lion et Tancrède
ne pourraient pas comprendre la
reddition de la ville pour laquelle ils
s’étaient battus, mais les temps ont
changé. Les chrétiens d’hier ne se
référaient pas aux juifs comme à leurs
« frères aînés ». Ce qui a commencé avec
la formule « Bonnes fêtes de fin
d’année » au lieu de « Joyeux Noël »
vient de se terminer sur cet acte
honteux de déni du Christ.
Les Palestiniens ne
vont pas être en mesure de sauver la
Ville. La troisième intifada n’est pas
en vue, malgré le crachat au visage que
signifie pour eux la déclaration de
Trump, et malgré l’appel du Hamas au
soulèvement, il faudra encore attendre,
à moins d’une provocation israélienne.
Des milliers d’hommes et de femmes ont
manifesté au cours de la semaine
dernière : quelques-uns ont été visés
par les soldats israéliens,
Dont l’un était en
chaise roulante, amputé des deux jambes.
Mais la Palestine n’a pas connu une
explosion de colère. Pour un lecteur
régulier de mes articles la réponse
palestinienne discrète à la provocation
américaine n’est pas une surprise. Comme
je l’ai écrit il y a peu, jamais la vie
ne leur a autant souri, on est dans une
dynamique de prospérité modeste, le
bâtiment, le tourisme, les restaurants,
tout décolle et ils ne vont pas aller
mourir pour une déclaration même si elle
est accablante.
Les Palestiniens de
Jérusalem Est vivent mieux que d’autres
Palestiniens; il n’ont pas la
citoyenneté, mais peuvent se déplacer
plus ou moins librement dans toute la
Palestine, y compris dans « l’Israël
ancien ». Ils sont pragmatiques et
patriotes. Ils se considèrent comme les
gardiens de leur héritage, qui comprend
les grands tombeaux d’al Aqsa et le
Saint Sépulcre. Si les juifs s’avisent
de toucher aux mausolées, ils répondent
en force, comme cela s’est produit au
mois d’août dernier lorsqu’Israël a
tenté de limiter l’accès à la Grande
Mosquée.
Mais la décision du
président Trump de reconnaître Jérusalem
comme capitale de l’Etat juif n’a pas
mis le feu aux poudres. Personne de
sensé n’a jamais eu le moindre doute sur
les sentiments américains. Les
Américains sont pour Israël, c’est une
obsession nationale.
Donc c’est fait,
ils ont déclaré que Jérusalem était une
capitale juive. Et avant, quand ils
envoyaient leurs ambassadeurs, tous
juifs, tous fervents sionistes, tous
tenants du mot d’ordre « Israël
d’abord », en quoi était-ce différent ?
Trump n’est pas
différent de ses prédécesseurs. Tous les
présidents américains ont déclaré
Jérusalem capitale une et indivisible de
l’Etat juif. Obama l’avait fait, Bush
aussi. Certes, ils l’avaient dit lors de
leur campagne électorale, et ont évité
de répéter ce mantra une fois installés
à la Maison blanche, mais ne sont jamais
revenus dessus pour autant. Sur cent
sénateurs US, quatre-vingt-dix ont
approuvé la déclaration de Trump. Dix se
sont abstenus, probablement parce qu’ils
ne sauraient soutenir Trump sous aucun
prétexte. L’establishment politique et
profondément pro israélien, tant les
libéraux que les fondamentalistes, les
Républicains comme les Démocrates, et de
Sanders à Bannon ; nous le savions, et
désormais Trump a permis aux gens de le
constater noir sur blanc. Il a fait ce
que le peuple voulait. C’est pour cela
que vous l’avez élu : il fera donc ce
que vous avez voulu, et non pas ce que
quelqu’un d’autre, prétendant s’y
connaître mieux, pourrait vous dire.
Et pourquoi
est-ce-que vous, les Américains, vous le
voulez ? L’Amérique travaille son image
de « ville étincelante sur la
colline », nouvel Israël à la destinée
manifeste. Ce grand pays ne veut pas
encore devenir simplement un grand pays
de plus, il tient à conduire l’humanité
et à modeler le monde selon sa propre
configuration et à son image. L’Amérique
est messianique depuis longtemps, et
c’est une habitude difficile à
extirper.
Sous la coquille du
Yankee au profil agressif, il y a un
fanatique croyant à sa mission divine,
avec la Bible de Scofield sous le bras,
dans l’attente de la guerre de Gog et
Magog contre Israël. Jetez un coup à ce
site, par exemple,
sur les prophéties bibliques, parmi
la pléthore de sites qui prédisent la
guerre entre Israël d’un côté, l’Iran et
la Russie de l’autre, les US se tenant
aux côtés d’Israël mais à l’écart
jusqu'à la Parousie, le Second
Avènement. C’est démentiel, mais ce
genre de schéma s’installe dans les
profondeurs de l’être, et c’est ce qui
explique des conduites démentes
(rechercher la guerre avec l’Iran,
bombarder Babylone et soutenir Israël)
mieux que tout calcul en termes de
pertes et profits.
L’amour, ou plutôt
l’obsession israélienne fait partie de
cette gestalt, de ce schéma
directeur.
. Même si les
baptistes du Sud et les libéraux de la
côte Est ont l’air différents, ils ont
la même empreinte originelle des Pères
fondateurs, les puritains et les
pèlerins. Et la Gestalt refait surface
inopinément. La lutte actuelle contre le
harcèlement sexuel est juste une
nouvelle poussée de zèle puritain, même
si les fondamentalistes font appel à la
Bible, et les libéraux à la Femme dont
les droits ne sauraient souffrir une
égratignure.
C’est la seule
explication plausiblepour ce genre de
plainte : « Samantha Holvey, qui avait
concouru pour le titre de Miss USA, a
dit que Mr Tump avait lorgné sur son
corps ainsi que sur d’autres femmes dans
le salon de maquillage ». Pour une
personne normale, il est évident qu’une
participante au concours de Miss USA est
là précisément pour se faire dévorer des
yeux et désirer par des foules d’hommes.
Pour un puritain fanatique, « celui qui
regarde lubriquement une femme… », rien
que pour un regard, est déjà en état de
péché. Un zélote de Boston vers 1650
aurait approuvé la toute moderne
persécution des hommes qui regardent
d’un œil concupiscent.
La différence
entre les démocrates déchristianisés et
clintonistes du Vermont et un
Républicain chrétien trumpiste dans le
Mississippi est secondaire, pour ce qui
est de la rationalisation de leurs
sentiments et réactions. L’un et l’autre
trouvent qu’il est mal de courtiser, de
désirer, de regarder, même s’ils
l’expliquent différemment. Voilà
pourquoi tant de politiciens américains
préfèrent se suicider s’ils se
retrouvent accusés d’avoir posé leur
regard sur une gamine de dix-sept ans
quelques années auparavant, même si cela
ne se prête à aucune action en justice.
Même chose en
matière de relations avec l’étranger.
Les descendants libéraux des puritains
de la côte Est veulent aller abattre des
gens par-delà les mers pour sauver des
femmes noires menacées d’enlèvement par
des hommes noirs en Afghanistan, et les
fondamentalistes veulent réduire
Babylone en cendres ; dans les deux cas,
c’est un zèle messianique qui les anime,
et le désir de transformer le monde.
La meilleure
solution pour les Américains serait
d’oublier le Moyen Orient, Babylone,
Israël, Gog et Magog. Peut-être que
Trump les y amènera, à force de
complaire à la volonté populaire. Après
tout, il a quelques bonnes raisons pour
faire ce qu’il a fait. Il est le
destructeur du mensonge fallacieux, dans
sa bagarre contre le Congrès. Le Congrès
avait forcé le président US à certifier
de la bonne conduite de l’Iran tous les
six mois ; Trump a refusé de le faire,
et le monde ne s’est pas effondré pour
autant. Le Congrès a forcé le président
US à retarder le déménagement de
l’ambassade de Tel Aviv de six mois en
six mois : Trump a refusé, et le monde
ne s’est pas effondré. C’est une autre
falsitude de l’establishment politique
qui vient de s’effondrer.
Par cette
déclaration, il a probablement gagné du
temps et retardé sa propre destitution.
Les juifs ne sont pas réputés pour leur
gratitude, acceptant tout bienfait comme
un simple dû de toute éternité, mais
malgré tout, cela lui laisse une chance
de ne pas se faire descendre
immédiatement.
Paradoxalement, la
déclaration de Trump a eu bien des
effets positifs. Le président pourrait
dire, après Méphistophélès « je fais
partie de ce pouvoir qui veut
éternellement le mal et qui œuvre
éternellement pour le bien ». Le
président a refusé de continuer à
prétendre, en toute malhonnêteté, que
les US soient un médiateur neutre. Il a
révélé les véritables sentiments de
l’establishment US envers le Moyen
Orient, envers leurs musulmans et envers
leurs chrétiens, un sentiment de dédain
absolu. Il a creusé la tombe du
bestial MBS d’Arabie. Il a ramené la
Palestine au cœur de l’agenda
international après une longue absence.
Il a donné à l’Europe une chance de
retrouver son indépendance. Et il a fait
un pas de plus pour
démolir l’insoutenable empire américain.
Encore une bonne raison de nous réjouir.
Grâce à Trump,
voilà que ressuscite la réconciliation
qui agonisait entre le Fatah et le
Hamas. Leur entente butait sur des
écueils : le Fatah en demandait toujours
plus, le Hamas commençait à perdre
patience. L’obstacle principal, c’était
l’aide US : les Américains ne voulaient
pas subventionner le Hamas. Comme l’aide
n’arrive plus de toute façon, ce n’est
plus une pierre d’achoppement. La
déclaration de Trump a encouragé les
deux côtés à accélérer leurs
négociations.
Trump a donné
l’occasion aux Européens de dire ce
qu’ils pensent vraiment de lui, à
raison. Sa déclaration a mobilisé le
président Erdogan, qui depuis la
Turquie, a appeler à un sommet des Etats
musulmans. Istanbul avait été le siège
du califat pendant six cents ans, de
1362 à 1924, et Erdogan peut maintenant
revendiquer à juste titre ce beau titre.
En dénonçant les Israéliens et leurs
valets américains, le président de la
Turquie a gagné en autorité et en
influence.
Il faut un Arabe
pour trahir les Arabes, et c’est
l’enfant gâté de Ryad, MBS, qui a choisi
le rôle. Quand il n’est pas en train de
torturer ses cousins pour les dévaliser,
il se trouve mêlé à la négation de la
Palestine et de Jérusalem. C’est lui qui
a proposé à Jared Kushner de livrer
Jérusalem, ce qui a donné lieu à ce
qu’on a appelé « l’accord du siècle ».
MBS a tenté de forcer le président
palestinien Mahmoud Abbas à accepter
l’accord ou à démissionner. Abbas a tout
bonnement refusé.
Le meilleur
journaliste pour le Moyen Orient David
Hearst a fait remarquer qu’au Royaume
des Saoud, où pèse une lourde censure,
où un touit malvenu peut vous envoyer en
taule pour des années, la négation de la
Palestine et de Jérusalem avait été
encouragée (son livre The gun
and the Olive Branch , « Le Flingue
et le rameau d'olivier », est une
excellente initiation à l’histoire
contemporaine de la Palestine.
Le romancier et
écrivain saoudien Turki al-Hamad a
touité “la Palestine ne devrait plus
être considérée comme la première cause
arabe. Ma cause à moi, c’est le
développement, la liberté et
l’émancipation de mon pays. Quant à la
Maison (la Palestine), elle a Le
Seigneur (Dieu) pour la protéger si ses
habitants (les Palestiniens)
l’abandonnent. »
Hamzah Muhammad
al-Salim, l’écrivain et analyste
économique, a touité de sont côté: une
fois que la paix avec Israël aura été
conclue, cela deviendra la première
destination pour les touristes
saoudiens. » L’ancien directeur de la
chaîne al-Arabiyah, Abd al-Rahman
al-Rachid, a écrit pour sa part : « il
est temps de reconsidérer le concept des
relations avec Palestine et Israël. »
Enfin, Muhammad al-Sheikh a dit : « la
question de la Palestine, ce n’est pas
notre affaire ». Ces sentiments, c’est
MBS qui les a encouragés, et c’est sur
la base de ceux-ci qu’il a proposé son
marché à Trump. Maintenant, à mon avis,
l’accord est caduc, et MBS pourrait
connaître le sort d’Anouar al-Sadate, le
président égyptien qui s’était mis
d’accord avec Israël et qui a été
assassiné. Les princes saoudiens se
répandent déjà en litanies pour la
Palestine et pour Jérusalem.
La déclaration de
Trump a été un formidable cadeau à
l’Iran. Après les Saoudiens, les plus
grands ennemis de l’Iran ont révélé leur
duplicité, et les Arabes vont avoir un
point de vue nouveau et positif sur
l’Iran. Par-dessus chiites et sunnites,
l’Iran a prouvé sa dévotion invariable à
la cause de Jérusalem et de la
Palestine, et cela lui vaudra une
reconnaissance.
Le président
Poutine a une bonne raison de remercier
Trump pour sa déclaration. La Russie est
un joueur important au Moyen Orient, et
après la trahison américaine de la
Palestine, elle peut devenir le
médiateur de la dernière chance dans les
affaires inter-arabes. Nous pouvons nous
attendre à ce que les futures
négociations entre Israël et
Palestiniens soient encadrées par les
Russes, avec l’assistance de l’Onu.
Il se peut, même
s’il n’est pas certain que Trump ait
donné le coup de grâce au paradigme de
la « solution à deux Etats », que c’en
soit fini de l’idée même de partition.
Saeb Erekat, le négociateur en chef du
côté palestinien, a dit que c’était le
moment de se tourner vers la solution à
un seul Etat pour tous, ce qui sera
grandement préféré.
Car cet Etat pour
tous ne sera pas « juif », et ça me
convient tout à fait. Il n’y a pas
d’Etat français pour Français
ethniquement purs, la France est l’Etat
de tous ses habitants ; il n’y a plus
d’Etat islamique, et la Syrie appartient
à tous les Syriens, qu’ils soient
musulmans, chrétiens ou se réclament
d’autres confessions. Il n’y a pas de
raison d’avoir un Etat juif non plus.
Que ce soit l’Israël-Palestine pour tous
ses habitants.
Si cela doit guérir
les Américains de leur fascination pour
Sion, de leurs fantasmes de Parousie, ce
sera le meilleur apport du président
Trump au genre humain.
A l’Est ou à
l’Ouest ?
Si les efforts pour
la partition de la Palestine continuent
quand même, quel pourrait être l’avenir
de Jérusalem ?
Les juifs disent
que Jérusalem leur appartient.
Les Américains sont
d’accord avec les juifs, comme toujours.
Les Européens ne
sont pas d’accord avec les Américains ni
avec les juifs, et réservent leur
jugement.
L’Autorité
nationale palestinienne dit que
Jérusalem Est devrait être
palestinienne, et que Jérusalem
Ouest peut être juive.
En avril dernier,
le ministère des Affaires étrangères
russe a déclaré que Jérusalem Ouest doit
devenir la capitale d’Israël, tandis que
Jérusalem Est devrait être la capitale
de la Palestine.
Cette semaine, le
sommet de l’Organisation pour la
coopération islamique s’est tenu à
Istanbul, dernier siège du califat, et a
déclaré Jérusalem Est capitale de la
Palestine. La déclaration a été
approuvée par cinquante-quatre nations,
représentant plus d’un milliard de
musulmans.
Cela semble juste :
Jérusalem Ouest pour les juifs,
Jérusalem Est pour les Arabes. A moins
que… ?
J’ai habité
quelques années à Jérusalem, une belle
maison arabe solide, joliment
proportionnée, à deux étages, édifiée
avec la pierre blanche de Jérusalem,
prolongée par un jardin verdoyant. Les
maçons des années 1920 savaient manier
la pierre, nous n’avions pas besoin de
climatisation même aux jours les plus
chauds de l’été ; et les maisons gardent
la chaleur pendant les rudes hivers
montagnards. Les plafonds étaient hauts,
les fenêtres donnaient sur les jardins
aux citronniers ombreux et aux néfliers
du Japon feuillus. Les sols étaient
pavés de céramique arménienne
multicolore et de marbre.
Cette partie de
Jérusalem avait été créée et peuplée par
les Palestiniens chrétiens d’origine
arabe, arménienne, grecque et allemande.
C’est le premier élément foncier déclaré
par l’administration US capitale
éternelle de l’Etat juif qui n’a que
soixante-dix ans. Et l’aire que je viens
d’évoquer ne fait pas partie de
Jérusalem Est ; ça se trouve à l’Ouest,
c’est la plus belle partie de Jérusalem
Ouest. La résidence du président
israélien est juste au coin de la rue.
Personne ne fait
objection à ce que cela fasse partie de
l’Israël. Jérusalem Ouest, c’est hors
débat, on ne discute que de Jérusalem
Est. Elle est là, la plus grande
réussite des juifs israéliens et de
leurs soutiens en Amérique, et comme
c’est souvent le cas, les plus grandes
réussites sont sous estimées ou passées
sous silence parce qu’elles semblent,
relever de l’évidence, triviales
Mais nous pouvons
aller plus loin que ce qu’on peut lire
dans le New York Times et
découvrir la vérité occultée. Selon le
droit, Jérusalem devrait être déclarée
Ville internationale.
La totalité de
Jérusalem avait été déclarée corpus
separatum, c’est-à-dire entité
séparée relevant de la juridiction
internationale par la même Résolution
181 (II) 1/ du 29 novembre 1947 qui
avait appelé à la création d’un Etat
juif et d’un Etat arabe en Palestine.
Les juifs n’en avaient cure, et se sont
emparés de Jérusalem Ouest en 1948 en
chassant la population chrétienne et
musulmane. L’Onu a refusé de reconnaître
main mise juive sur Jérusalem Ouest
(Article 303 (IV) du 9 décembre 1949).
La ville devrait être placée sous
administration internationale
permanente, avait décrété l’Onu.
En 1967, les juifs
ont mis le grappin sur Jérusalem Est.
Cette fois, ils n’ont pas expulsé la
population chrétienne et musulmane, mais
ils ne leur ont pas donné la citoyenneté
israélienne. Depuis lors, les habitants
de Jérusalem Est vivent comme des hôtes
de passage dans leur propre ville. Ils
ont des droits de résidents, mais s’ils
voyagent à l’étranger pour travailler ou
faire des études, ils perdent leur droit
de résidence et ne peuvent pas revenir
chez eux.
Jérusalem Est et
Ouest ont une chose en commun : les deux
parties sont illégalement occupées par
l’Etat juif. Les deux tronçons diffèrent
en ce que la population autochtone a été
chassée à l’Ouest, tandis que celle de
l’Est s’est vue retirer ses droits.
Cette différence ne fait pas de
Jérusalem Ouest une possession
israélienne légitime. Trump a fait un
pas vraiment positif, en unissant les
deux parties illégalement occupées de
Jérusalem en une seule phrase.
Les juifs (avec le
soutien américain) nous ont fait oublier
que Jérusalem Ouest est également
occupée en toute illégalité (Noam
Chomsky a beaucoup écrit sur ce sujet.
Il a décrit Israël et les US comme le
véritable « Front du rejet »). Ils ont
rejeté la résolution originale de l’Onu,
qui avait trait à la conquête de 1948 et
à l’expulsion, et ont tenté de limiter
le débat sur la conquête de 1967. Ils y
sont parvenus ; même les amis de la
Palestine discutent en se basant sur les
frontières de 1967, et laissent tomber
1948 comme une vieillerie.
Mais les
Palestiniens savent et n’oublient pas
comment ils ont été chassés de leurs
maisons, et comment les juifs s’y sont
installés à leur place. Quel que soit
l’avenir de Jérusalem, cette
dépossession devrait être corrigée. Les
non juifs ont rendu aux juifs les
propriétés qu’ils avaient perdues durant
la tourmente en Europe ; maintenant
c’est le bon moment pour faire rendre
les propriétés volées aux Arabes, aux
Grecs et aux Allemands de Jérusalem
Ouest.
Joindre Israel
Shamir : adam@israelshamir.net
Traduction : Maria
Poumier
Publication
originale en anglais: he
Unz Review.
[1] “Jerusalem in my heart” : une
tempête sonore
Entre Beyrouth et
Montréal, bouzouki et musique
électronique, suite du projet Jerusalem
In My Heart, riche de sons d’images et
de questions : « If He Dies, If If If
If If If … » Jerusalem In My Heart :
c’était le titre d’un album de Fairuz
sorti peu de temps après la guerre des
Six Jours (en 1967) c’est aussi le titre
d’un projet mené par Radwan Ghazi
Moumneh avec Charles-André Coderre. Le
premier est libanais, le second
canadien, le disque a été réalisé entre
Beyrouth et Montréal, l'un chante, joue
et compose tandis que l'autre réalise
des images de pellicule affectée, pour
le moins fantomatiques qu'il projette
avec et sur la musique (il y a même des
interactions entre le son des
projecteurs et la musique).
À défaut des
images, traduction des paroles : Al
Affaq, Lau Mat, Lau Lau Lau «
L’hypocrite, s’Il meurt, si, si si » le
SI répété 6 fois, comme une suspension
pour ouvrir l’album du même titre (If He
Dies, If If If If If If) d’après
l’auteur c’est un graffiti vu dans un
immeuble de Beyrouth à moitié détruit
qui a inspiré ce titre. «He / Lui, c’est
celui qui nous opprime, le patriarche,
le dictateur, celui qui jette de l’huile
sur le feu, quel qu’il soit. Que se
passerait-il s’il venait à disparaître?
J’ignore la réponse. Ce qui compte,
c’est d’ouvrir le champ des possibles »
explique Radwan Ghazi Moumneh. Un champ
des possibles qui s’ouvre dès lors que
les sons se superposent et se
transforment comme avec A Granular Buzuk
[...]
https://www.franceculture.fr/emissions/la-revue-musicale-de-matthieu-conquet/jerusalem-my-heart-tempete-sonore
Le sommaire d'Israël Shamir
Le
dossier Monde
Les dernières mises à jour
|