Syrie
Guerre médiatique contre la Syrie :
Stop ou encore ?
Roland Marounek
Dimanche 25 février 2018
La guerre imposée à la Syrie pendant
bientôt 7 ans semble en train de se
terminer, avec la déroute des agresseurs
et de leurs protégés jihadistes. Si du
moins la raison devait l’emporter, ce
qui reste incertain. Car la persistance
de la propagande est de mauvais augures.
Il n’est toujours
pas possible de parler sereinement du
gouvernement syrien, ou du président al-Assad.
Le choix même de ces termes est suspect.
Il faut dire « régime syrien »,
et « dictateur» ; « boucher »
est également admis. Comment cela se
fait-il qu’une simple discussion sans
condamnation préalable du « régime» est
littéralement impensable aux yeux de
beaucoup ?
Printemps pourri
L’histoire
‘officielle’ veut que début 2011, dans
la vague des printemps arabes des
manifestations pacifiques en faveur de
la démocratie sont réprimées brutalement
par le régime, et qu’à cause de cette
répression sanglante, le mouvement
pacifique se transforme peu à peu en
rébellion armée. Ce récit est souvent
accompagné de celui des enfants arrêtés
et torturés par le régime pour avoir
dessiné des tags contre Bashar.
Pourtant les
éléments concrets manquent pour appuyer
cette narration. Seuls pour attester,
les récits des opposants eux-mêmes et
les images d’al-Jazeerah, qui avaient un
intérêt évident à présenter la situation
de la pire manière. Mais on a tout pris
sans recul et esprit critique, et en
zappant les infos dérangeantes.
Les snipers du
régime
Aux tout premiers
jours des ‘événements’ en Syrie la télé
a présenté des images de personnes non
identifiées tirant sur des manifestants.
Les tout premiers récits, dès mars-avril
2011, parlaient de personnes
fauchées lors des funérailles d’autres
manifestants tués dans des circonstances
analogues.
Le commentaire
médiatique obligé était que « le
régime cherchait à intimider les
manifestants ». Somme toute on
accusait ‘Bashar’ d’être non seulement
cruel, mais encore complètement idiot –
ce genre d’intimidation étant bien sûr
un carburant très efficace pour attise
les incendies.
L’histoire
récurrente des snipers anonymes, tirant
sur la foule, est très intéressante.
Elle réapparaît systématiquement dans ce
genre de ‘révolution’, comme
dernièrement au Venezuela et en Ukraine.
Cet élément de récit devrait éveiller
l’attention de toue personne
rationnelle.
« Ils tuent les
enfants »
Autre constante de
toutes ces dernières guerres, les
récits d’atrocités venant des
‘rebelles’, par nature invérifiables,
tout aussitôt repris comme témoignages
incontestables, et diffusés massivement.
Tous les éléments contradictoires sont
ignorés.
La couverture
médiatique de cette guerre a été
particulièrement généreuse en matière
l’utilisation des images d’enfants tués
ou blessés. Ils ne sont pas seulement
des tyrans, ils tuent les enfants… Le
but est limpide, éveiller la compassion
et de remplacer toute réflexion par
l’émotion.
Le storytelling est
planté, qui impose une lecture
unilatérale de chaque info. Plus moyen
d’aller à l’encontre sans être fiché
soutenant un dictateur sanguinaire qui
massacre son propre peuple – et donc
inaudible.
La guerre médiatique
tue
« J’ai
envie de partir en Syrie. La Syrie
souffre, souffre tous les jours, comme
la Palestine. Donc pour moi, voilà, je
veux partir là-bas, et les aider, et
faire un truc humanitaire… » « M.F.
raconte qu’il a choisi de rejoindre le
combat “après avoir vu sur internet des
enfants syriens dont les droits étaient
violés”. »
Le discours martelé
contre le ‘régime syrien qui tue les
enfants’ a été un moteur essentiel pour
la mobilisation des aspirants jihadistes.
Des milliers de jeunes européens
inconscients d’être des soldats au
service direct des intérêts US et
alliés ; beaucoup d’entre eux étaient
mus par l’image manichéenne déversée
quotidiennement par les médias.
La propagande
‘humanitaire’ a également l’effet
paradoxal de nous pousser à l’inhumanité
abjecte : les sanctions contre la Syrie
décrétées par l’Occident depuis 2011
dans le but de mettre le pays à genoux,
prive les syriens de biens de première
nécessité, notamment médicaments et
matériel médical : les gens crèvent de
notre grande compassion pour la Syrie.
La responsabilité de
la gauche
En ce début de
2011, l’onde de choc des Printemps
Arabes frappait de plein fouet
l’intelligentsia européenne.
Beaucoup ont été fascinés par l’image
imposée du peuple se réveillant et
renversant à mains nues les tyrannies.
Le désir d’être conforté dans son
illusion ‘révolutionnaire’, d’être entré
dans une période de grands changements
historiques a déformé la perception de
la réalité, et a empêché de réaliser que
ce qui se passait, n’était qu’un nouvel
avatar de la vieille politique
impérialiste de renversement de régime
au moyen de proxies plus ou moins
locaux.
Au point de ne pas
vouloir voir qu’une grande partie des
morts sont, dès le début, des soldats,
issus du peuple. Au point de ne pas
pouvoir voir que ‘les rebelles’ sont en
bonne partie des combattants étrangers à
la Syrie, généreusement approvisionnées
en armes made in Otan et en dollars US.
Pourra-t-on se réveiller à la prochaine,
en réalisant qu’« une révolution est
usuellement faite par le peuple, et pas
en important des étrangers contre le
peuple » ?
C’est une triste
ironie : une grande partie de ‘la
gauche’, affolée par la propagande
massive, a soutenu l’agression contre la
Syrie, au nom du peuple syrien, alors
même que c’est le peuple syrien qui, par
sa résistance et ses sacrifices a
héroïquement résisté, jusqu’ici, à la
destruction sectaire du pays, pour
préserver sa souveraineté et son
indépendance.
Source : Le Drapeau
Rouge
Le
dossier Syrie
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