Actualité
« Face à l’inconnu… la Pandémie et le
système-monde » (et Cuba, et le
Venezuela..)
Ignacio Ramonet
Ancien directeur du mensuel Le
Monde diplomatique, Ignacio
Ramonet est actuellement directeur
de
l’édition espagnole du Monde
diplomatique1 et
président de l’Association Mémoire
des luttes2.
Il est également éditorialiste de
politique internationale à l’agence Kyodo
News (Tokyo),
à l’agence Inter
Press Service (IPS)3,
à Radio
Nederland (Amsterdam),
au quotidienEleftherotypía (Athènes)
et au journal d’information numérique Hintergrund en Allemagne.
Jeudi 30 avril 2020 Ignacio Ramonet
vient de rédiger
une dense étude de 26 pages sur la
pandémie du Covid-19, où il démonte
notamment l’idée qu’elle aurait pris
l’humanité par surprise, et en
particulier les grandes puissances. De
nombreuses études et rapports de
services de renseignement l’annonçaient
: “La plus importante, peut-être, de
ces analyses a été présentée en novembre
2008 par le National Intelligence
Council (NIC), le bureau d’anticipation
géopolitique de la CIA, qui a publié
pour la Maison Blanche un rapport
intitulé Global Trends 2025 : A
Transformed World”, précise Ramonet.
“Ce document confidentiel comprenait
des recherches d’environ 2.500 experts
indépendants d’universités de 35 pays
d’Europe, de Chine, d’Inde, d’Afrique,
d’Amérique Latine et du monde
arabo-musulman.”
“Avec un sens
inhabituel de l’anticipation, il
annonçait avant 2025 l’apparition d’une
nouvelle maladie respiratoire humaine,
hautement transmissible et virulente
pour laquelle il n’existe pas de
contre-mesures adéquates, et qui
pourrait devenir une pandémie globale »
souligne-t-il. Ramonet explique qu’un
rapport plus récent, réalisé par le
Pentagone en 2017 (alors que Trump
occupait déjà la Maison Blanche), a
confirmé que l’alerte de ‘« la menace
la plus probable et significative pour
les citoyens étasuniens est une nouvelle
maladie respiratoire”. Ramonet
rappelle également des avertissements de
l’Organisation Mondiale de la Santé et
de plusieurs scientifiques.
L’étude fait un
tour d’horizon de toutes les
conséquences avérées ou possibles de la
pandémie sur les plans social,
technologique, économique et politique,
tel l’avènement du capitalisme numérique
: « La quarantaine mondiale menace,
sur toute la planète, la survie
économique d’innombrables entreprises de
divertissement, de culture et de loisirs
(théâtres, musées, librairies, cinémas,
stades, salles de concert, etc.) D’autre
part, les mastodontes numériques tels
que Google, Amazon, Facebook ou Netflix,
qui dominaient déjà le marché,
connaissent un grand moment de triomphe
commercial. L’injection massive d’argent
et, surtout, de macro-données qu’ils
reçoivent leur permettra de développer
de manière exponentielle leur maîtrise
de l’intelligence algorithmique. Pour
dominer encore plus, à l’échelle
mondiale, la sphère de la communication
numérique. Ces gigantesques
plates-formes technologiques sont les
gagnants absolus, en termes économiques,
de ce moment tragique de l’histoire.
Cela confirme que, dans le capitalisme,
après l’ère du charbon et de l’acier,
l’ère des chemins de fer et de
l’électricité, et l’ère du pétrole, le
temps est venu pour les données, la
nouvelle matière première dominante de
l’ère post-pandémique.«
Sur le plan
médical, l’auteur souligne l’importance
de la solidarité de Cuba avec d’autres
pays dans la bataille contre le Covid-19,
malgré les dommages causés par le blocus
des États-Unis. “L’île a été la
première à venir en aide à la Chine
quand la pandémie a éclaté. Depuis lors,
les autorités cubaines n’ont cessé
d’envoyer des brigades de médecins et de
personnel sanitaire pour combattre le
Covid-19 dans une vingtaine de pays,
répondant aux demandes angoissées de
leurs gouvernements (..) Le monde est en
train de découvrir ce que les principaux
médias dominants internationaux ont
essayé de cacher jusqu’à présent : Cuba
est une superpuissance médicale.«
Le journaliste et
spécialiste de la communication évoque
également l’importance du modèle
vénézuélien : « De nombreux experts
considèrent que l’Islande et la
Nouvelle-Zélande, ainsi que la Corée du
Sud, sont les nations qui ont le
mieux fait face à la pandémie. Mais il
faut ajouter le cas du Venezuela.
Bien que les médias internationaux
dominants refusent de l’admettre, le
président Nicolas Maduro a été, en
Amérique du Sud, le leader qui a le plus
rapidement compris comment agir de
manière drastique contre l’agent
pathogène. Grâce à la batterie de
mesures (confinement, fermeture des
frontières, fouilles volontaires de
maison en maison, hospitalisation de
toutes les personnes positives) décidées
par son gouvernement – et malgré le
blocus économique, financier et
commercial illégal imposé par les
États-Unis, et les menaces militaires -,
le Venezuela a pu éviter les erreurs
commises en Italie, en Espagne ou aux
États-Unis et sauver des centaines de
vies. La « méthode du Venezuela » s’est
avérée être l’une des plus efficaces au
monde. L’OMS a reconnu que le nombre de
personnes infectées au Venezuela est
plus faible en Amérique latine qu’au
Brésil, au Chili, en Équateur, au Pérou,
au Mexique, au Panama, en République
dominicaine, en Colombie, en Argentine,
au Costa Rica, en Uruguay, au Honduras
et en Bolivie.«
Note de
Venezuelainfos: depuis le début de
la pandémie jusqu’au 29 avril 2020, le
Venezuela a limité à 331 le nombre de
personnes infectées. Sur ce total on ne
compte que 10 décès, soit un taux de 0,3
par million d’habitant(e)s. 142
patient(e)s sont guéri(e)s (soit un taux
de guérison de 42,9 %). 89 continuent à
recevoir des soins dans les hôpitaux, 66
dans les Centre de Diagnostic Intégral
(CDI), et 24 dans les cliniques. Pour
consulter les chiffres du Covid-19 au
Venezuela et dans le monde, l’OMS a mis
en ligne une carte en temps réel:
https://covid19.who.int/
Photo: Des
milliers de vénézuélien(ne)s rentrent
chez eux, fuyant le Covid-19 qui explose
en Colombie, au Pérou et en Équateur.
Malgré les
attaques contre sa monnaie,
la
guerre des prix menée par le secteur
privé, la chute des cours du pétrole et
le blocus maritime des Etats-Unis, le
gouvernement bolivarien s’efforce de
maintenir
une assistance sociale de
base. Pour ces citoyen(ne)s arrivant à
la frontière, le protocole
de sécurité
vénézuélien prévoit une assistance
médicale totalement gratuite
des tests
obligatoires et un confinement de 15
jours avant de se rendre dans leur État.
Des refuges de confinement et des
autobus publics ont été mis en place
pour transporter
ensuite, gratuitement,
les personnes concernées chez elles.
(Note de Venezuelainfos)
Sources:
Prensa Latina et traduction FR de
l’étude par Jean-Claude Romettino.
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