Opinion
Elle redoute les « Arabes déguisés » :
Hollande l’accueille à l’Élysée
Hicham Hamza
Photo:
D.R.
Vendredi 2 mai 2014
INFO PANAMZA. Le chef de
l'État a accueilli Nicole Guedj, une
militante sioniste qui avait
antérieurement tenu des propos
anti-arabes. La preuve en images.
Dans une démocratie anglo-saxonne
ou scandinave, elle aurait disparu du
champ public. En France, elle a droit
aux honneurs du président de la
République.
Le 26 avril, en présence de Najat
Vallaud-Belkacem (ministre chargée de la
Jeunesse), François
Hollande a longuement reçu
Nicole Guedj.
La
présidente de la
Fondation France-Israël était
accompagnée d'une délégation de jeunes
descendants de Justes: apprenant leur
départ -le lendemain- pour Israël, le
chef de l'État a tenu à saluer le groupe
soutenu
par la Fondation pour la mémoire de la
Shoah et la SNCF. Une
première pour un évènement organisé
depuis 2010: Nicolas Sarkozy, pourtant
issu du même parti (UMP) que Nicole
Guedj, n'avait pas accordé une telle
faveur à l'ancienne ministre.
Qui est-elle exactement?
Ancienne secrétaire d’Etat
du gouvernement Raffarin, ex-membre de
la commission Stasi sur la laïcité,
professeure de droit bancaire et
sympathisante du mouvement Ni Putes
Ni Soumises, la
communautariste Nicole Guedj est
soutenue dans son
sionisme militant par le Premier
ministre israélien Benyamin Netanyahu
comme en témoigne cette lettre datée du
8 décembre 2011.
Avocate au barreau de Paris,
elle est également la
cofondatrice de
l’Union des patrons juifs de France,
une association très marquée à droite et
qualifiée en 2007 de
« lobby
juif »
par l’un de ses propres dirigeants.
Inscrite à l’UMP, Nicole Guedj
préside depuis cinq ans la Fondation
France-Israël dont la
structure, initiée en 2005 par
Jacques Chirac et Ariel Sharon, est
reconnue d’utilité publique.
Censure
sioniste, bis repetita
Le 16
mars 2012, l'auteur de ces lignes
révélait
sur le site Oumma.com une
déclaration singulière de l'ancienne
ministre choyée par les ministres
successifs des Affaires étrangères.
Extrait:
Faisons un jeu. Imaginez un
élu de gauche, musulman et
responsable d’une association en
faveur des droits civiques des
Palestiniens. Celui-ci est invité
sur l’antenne de France Culture afin
de débattre des rapports
diplomatiques entre Paris et
l’Autorité palestinienne. Tout à
coup, pour dénoncer chez les
journalistes du service public ce
qu’il estime être un parti pris
pro-israélien, le voilà qui
s’exclame à propos de Radio France :
« Cette maison est bourrée de
Juifs déguisés ! ». Cet incident
hypothétique s’est réellement
produit. A deux ou trois détails
près.
En septembre dernier, la
Fondation France Israël organisait
un
dîner-débat au sein du
Ministère des Affaires étrangères
sur le thème « France- Israël :
quelles sont vos relations ? ».
(…)
Lors du débat, Nicole
Guedj a tenu à affirmer
vigoureusement son point de vue en
réponse à une remarque du
journaliste Ivan Levai, inspiré par
le concept -fréquemment débattu dans
les milieux pro-israéliens- de la
« politique arabe de la France ».
Aux yeux de ses
détracteurs, le Quai d’Orsay serait
un bastion systématiquement
pro-palestinien et anti-israélien,
voire anti-américain.
Alors qu’elle anima
pourtant sa soirée dans les salons
du ministère, Nicole Guedj n’hésita
pas ainsi à faire connaître sa
conviction intime -curieusement
passée sous silence par les
journalistes alors présents- selon
laquelle l’institution serait une
« maison pro-arabe, sûrement bourrée
d’Arabes déguisés et dans laquelle
le dernier snobisme était d’être
arabisant et de parler arabe ! ».
Mise en ligne -fin 2011- sur le
compte Youtube de la Fondation
France-Israël, la vidéo intégrale du
débat (retirée depuis) n'avait pas
suscité l'attention jusqu'à l'article
paru sur Oumma en mars 2012. Un extrait
découpé et contextualisé accompagna
alors le papier rédigé. Quelques mois
plus tard, surprise, surprise: les
images de la déclaration de Nicole Guedj
ont été retirées du compte Youtube de
l'auteur de ces lignes suite à "une
réclamation d'ordre juridique".
Un
leimotiv de la mouvance sioniste:
dévoilés également sur Oumma, les
propos de
Manuel Valls relatifs à son "lien
éternel avec la communauté juive
et Israël" avaient aussi été
censurés -en
mai 2012- par Youtube.
Très
récemment encore, c'est le KKL (alias le
"Fonds national juif") qui a
fait retirer la vidéo -mise en
ligne par Panamza- dans laquelle le
député-maire UMP Claude Goasguen
tenait des propos anti-musulmans.
Qu'en
sera-t-il des images, remises
aujourd'hui en ligne, de celle qui
voyait des "Arabes déguisés" au
Quai d'Orsay?
À vous
d'assurer, cher lecteur, qu'en dépit
d'une éventuelle censure de Youtube, cette
information -relative à un chef d'Etat
accueillant envers une militante
sioniste et arabophobe- puisse circuler.
HICHAM HAMZA
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