Opinion
Histoire belge de femmes en Arabie
Saoudite
Hedy Belhassine
Photo:
D.R.
Samedi 5 avril 2014
Voici que sur le ton de l'indignation,
le quotidien parisien de référence
titre : « En Arabie Saoudite, Obama n'a
pas eu un mot sur les droits
de l'homme » laissant ainsi supposer que
le Président des Etats Unis d'Amérique
avait fait le déplacement pour parler
des cœurs qui souffrent. Il y a trois
mois, François Hollande à Riyad s'était
tu honteusement. Lui aussi.
L'Arabie wahhabite est une insulte
permanente aux principes humains
fondamentaux d'égalité des sexes.
Malgré la répression et la censure, sur
la toile du net des cris de détresse
jaillissent par millions que l'occident
n'entend pas. Le Royaume a récemment
promulgué un décret qui assimile
l'expression de toute opinion
liberticide – comme par exemple la
simple revendication pour les femmes de
conduire une voiture - à un acte de
terrorisme. L'Arabie Saoudite est le
seul, l'unique et ultime pays au monde
où la femme demeure esclave. Elle est
objet, elle appartient, elle n'est rien.
Le monde qui le sait ne fait rien.
Obama était venu seul bien sûr.
D'ailleurs, aucun chef d'Etat n'a jamais
eu l'audace d'emmener son épousée au
pays des concubines.
Quoique, au fil des années, pour
répondre à la réprobation des
civilisations ambiantes, le Royaume a
été contraint d'amender sa loi
discriminante. Ainsi, les soldates US,
les ministres et cheftaines d'Etats
étrangers, les reines et les princesses
sont-elles classées dans le genre
« neutre », ni mec, ni nana. Malgré cet
ouverture sélective vers la « parité »,
il faut reconnaître que rares sont les
personnalités qui abusent de ce statut
privilégié.
Les Belges viennent de se singulariser.
Il y a quelques jours, la Princesse
Astrid est allé vanter les produits de
Belgique chez le roi d'Arabie. La suite
princière comprenait 350 pèlerins dont
une quarantaine de femmes d'affaires
lesquelles avant de sortir de l'avion
royal, ont été priées de revêtir une
abaya noire couvrant toutes leurs
affaires. Noblesse oblige, l'Altesse
Astrid en fut dispensée.
Dans le salon d'honneur les journalistes
immortalisèrent la scène surréaliste de
l'échange de royales salamaleks devant
un parterre exclusivement masculin. Les
quarante femelles attifées de sacs
poubelles étant reléguées au fond de la
salle, à l'abri d'un paravent.
Un radio reporter flamand commenta
sobrement la cérémonie en précisant que
le wahhabisme était une forme
« archaïque » de l'islam. Bien que
prononcé en langue régionale belge le
qualificatif - sans doute traduit avec
excès dans les langues d'Astrid et
d'Arabie - heurta les oreilles
monarchiques. Menacé de sanctions par sa
rédaction, le correspondant de presse
audacieux (chargé de famille à nourrir),
présenta tout penaud ses plates excuses.
Ami journaliste scrupuleux,
ô toi le digne descendant de Tintin
reporter, je veux ici rendre hommage à
ton courage. Tu t'es souvenu qu' « Au
pays de l'or noir », royaume de « Coke
en stock », Aïcha la panthère du Prince
faillit bouffer Milou tout cru et que
l'insupportable Prince-garnement
Abdallah reçut des mains de Tintin sa
première fessée bien méritée !...
Johan De Ryck, dont je clame ici le
nom : tu mérites ta particule avec
majuscule car tu as sauvé l'honneur de
ta pauvre Belgique !
Tunisie : autre petit pays mais grand
destin où ce n'est pas demain la veille
que la Tunisienne s'abaissera pour un
crouton.
Dans la délégation qui accompagnait la
semaine dernière le Premier Ministre
Mehdi Jomaâ en visite en Arabie
Saoudite, il y avait une femme de fer :
la Présidente de l'Union Tunisienne de
l'Industrie du Commerce et de
l'Artisanat.
La patronne des patrons tunisiens,
Madame Wided Bouchamaoui s'est présentée
à la tribune du forum des
investissements de Jeddah « en
cheveux ». Oui, la tête nue. C'est
inouï. Du jamais vu ! Qu'une aristocrate
étrangère soit dispensée du voile noir,
passe encore, mais qu'une roturière
arabe et musulmane brave l'interdit !
« Il est hors de question que je me
travestisse en Belphégore du patronat »
aurait déclaré l'intransigeante
entrepreneure ! Les wahhabites sidérées
ont finalement cédé lui attribuant non
sans raisons, une descendance de grande
noblesse issue de la reine Didon. Mais
on a frôlé l'incident diplomatique.
Ironie du calendrier de l'histoire, y a
quarante ans jour pour jour, le mufti
saoudien Ibn El Baz (que tout le monde a
oublié) émettait depuis Médine, une
fatwa condamnant Bourguiba pour
apostasie.
Bourguiba, décédé il y a tout juste
quatorze ans, repose à Monastir sous
cette épitaphe : « ci-git le libérateur
de la femme tunisienne ».
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