Algérie
Les vaines gesticulations françaises
Hakim Megatli
Dimanche 15 mai 2016
Avec les français, il y a toujours une
excuse particulière pour justifier une
déclaration intempestive, un geste
déplacé voire une provocation gratuite à
l’égard de l’Algérie. Ces derniers
jours, c’est à un faisceau de
comportements nuisibles que l’on assiste
de la part de hauts responsables
français qui s’adonnent à un acharnement
inédit notamment sur l’état de santé du
président Bouteflika.
De Sarkozy, à Debré en passant par
Valls, Hollande, et plus loin Gérard
Longuet et son horrible bras d’honneur,
la France officielle nourrit une sorte
d’horreur «cordiale» vis-à-vis de
l’Algérie. Un pays que de larges
secteurs de l’ancienne puissance
coloniale considèrent à ce jour comme un
paradis perdu. Cette «nostalgérie» est
telle que l’on hésite pas à déverser son
fiel sur les responsables algériens à
chaque fois que l’occasion est offerte à
un haut responsable français.
A grands renforts médiatique,
l’establishment parisien de droite comme
de gauche, rivalise sur la façon la plus
cinglante de «casser» de l’Algérie. Pour
ce faire, on puise dans le même
réservoir qui englobe tout à la fois,
l’islamophobie, l’assimilation des
islamistes algériens à des terroristes,
le révisionnisme de ce que fut la longue
nuit coloniale et maintenant la maladie
du président Bouteflika.
Sur la base de ces éléments, on
élabore des scenarii parfois
fantasmagoriques, on tire des plans sur
la comète et on annonce même une guerre
civile… ! Pourquoi tout ce boucan
français à l’égard de l’Algérie qui est
un pays indépendant depuis 1962 ?
Debré dit ce
qu’il ne devait pas dire !
C’est à croire que Paris dispose
encore d’un droit de regard sur la
conduite à tenir en Algérie et que ses
responsables doivent être associés à
toutes les mesures à prendre. Jean-Louis
Debré vient de se distinguer par un
comportement pour le moins inélégant en
se permettant de publier le contenu
d’une discussion en tête à tête qu’il a
eu avec le président Bouteflika.
Dans son livre à paraitre
prochainement, Debré s’épanche sur «Ce
que je ne pouvais pas dire». Quelle
loyauté ! L’ancien président du Conseil
constitutionnel français (2012-2016)
raconte dans le menu détail l’échange
qu’il a eu avec le président Bouteflika
le 9 décembre 2015 à Alger, le décrivant
très souffrant.
L’a-t-il autorisé à le faire ? Sans
doute non. Mais Debré tout comme Valls
qui a tweeté la fameuse photo ont le
même objectif : Fourrer leur nez dans la
cuisine algérienne et si possible, peser
sur la succession espèrent-ils. Cela
s’inscrit en droite ligne de cette
campagne continue des politiques et des
médias français visant à fragiliser
l’Algérie en allumant des foyers de
tension.
Sauf que ce jeu malsain produit
l’effet inverse en ce sens que les
algériens restent allergiques aux
gesticulations de l’ancienne puissance
coloniale. Ils savent que la France qui
a toujours soutenu des régimes
despotiques en Afrique et au Golfe a
certainement un calcul derrière la tête.
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