Opinion
Le terrain
récupéré aux clans mafieux est en vente.
Appel de Libera
Gioiosa Jonica (Reggio Calabria)
Dimanche 17 novembre 2013
Peppe Scopelliti[1]
dit que la n’drangheta[2],
lui et sa junte régionale, ils la
combattent avec des faits pas avec des
mots et des déclarations.
En dehors du fait que même les
murs ne croiraient pas de telles
fariboles, l’affaire du terrain de foot
de Gioiosa Jonica devrait faire rougir
de honte toute l’institution régionale
et démasquer les véritables affaires.
S’il n’y avait eu l’appel pressant de
don Luigi Ciotti (fondateur de
l’association Libera, voir note en
fin de texte) publié par la Gazzetta dello
Sport, la cynique et fourbe
opération de la Région Calabre
aurait abouti. […] L’affaire tient du
grotesque. En 2009 en terre de n’drangheta,
dans la seigneurie mafieuse des Aquino,
les associations Libera et Don
Milani montent un centre sportif et
décontaminent le terrain, en éliminant
un vieil entrepôt imprégné d’amiante et
en le transformant en une oasis dans le
désert.
En peu de temps il devient le
lieu où 200 enfants apprennent à tirer
dans un ballon et dans la criminalité.
Un défi aussi utopique que merveilleux.
Mais le terrain où se dresse le complexe
(terrain, salles, parc de jeux)
appartient à
la Région à travers
l’agence Arssa, en voie de
démantèlement. Le terrain de foot de
Gioiosa se trouve aussi pris dans la
manipulation. Conclusion :
la Région
demande maintenant 185mille euros à
l’association Libera pour l’achat
du lot, sinon elle le reprend et le met
aux enchères. Donc dans les mains de la
n’drangheta. Les mafieux se
frottent les mains. En attendant de se
catapulter sur ce terrain. Si,
exploitant les brèches de la
bureaucratie et la complicité du
système, les ‘ndrine (gangs
mafieux calabrais, NdT) arrivent
souvent à se réapproprier les biens
confisqués, on imagine le jeu d’enfants
que représente l’appropriation d’un bien
libre, en vente aux enchères.
Mais l’appel de Libera
risque de ruiner les plans. Le tam-tam
fonctionne et récolter les
185mille euros n’est plus un mirage.
« Je demande à la Région de s’arrêter, il est encore temps » a
affirmé le coordinateur régional de Sel
(Sinistra, ecologia e libertà) et maire
de Lamezia, Gianni Speranza. « La mise
en vente du terrain de foot et le risque
d’une expulsion pour les deux cent
gosses qui le fréquentent, dans une
activité sportive hors des mafias, sont
odieux. Dans une région comme la notre
c’est exactement le contraire qu’il
faudrait faire : multiplier des
expériences de ce type, en prendre soin
avec amour et attention, les protéger
des menaces et de la bureaucratie
aveugle : au contraire, une fois de
plus, une expérience sociale et
éducative est mise en péril ». Pendant
ce temps, la nuit dernière quelques
personnes se sont amusées de la seule
façon qu’ils connaissent : en pénétrant
dans la structure et en détruisant le
bar du foyer. Vandalisme et vol de
quatre sous. C’est le langage de la
peur, l’alphabet de la terreur ‘ndranghetiste,
c’est le pouvoir criminel qui fait du
bruit. Dans le silence de Scopelliti et
de ses acolytes.
(s.
mes.)
Edition de samedi 16 novembre 2013 de
il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20131116/manip2pg/06/manip2pz/348664/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
NdT :
Voir l’appel de Don Ciotti sur le site
de Libera :
http://www.libera.it/flex/cm/pages/ServeBLOB.php/L/IT/IDPagina/8909
Et le site de cette superbe
association :
Libera, associations, noms et nombres
contre les mafias
http://www.libera.it/flex/cm/pages/ServeBLOB.php/L/IT/IDPagina/1
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