Assassinat de l’ingénieur tunisien
Mohamed Zouari :
« Il s’agit bien du Mossad »
Gilles Munier
Dimanche 19 novembre 2017
Le 15 décembre 2016, Mohamed Zouari, 49
ans, ingénieur en aéronautique tunisien,
a été assassiné à Al Aïn (gouvernorat
de Sfax - Tunisie). Ancien étudiant
militant du mouvement tunisien de
tendance islamique Ennahdha, il
avait rejoint les Brigades Ezzedine
al-Qassam, branche armée du
mouvement de résistance palestinien
Hamas. Ces dernières années, il
supervisait son programme de drones,
notamment le guidage d’Ababil
1 utilisé avec succès pendant
l’agression israélienne de Gaza en
juillet/août 2014.
Le pôle judiciaire de lutte contre le
terrorisme a arrêté une dizaine
Tunisiens ayant participé à son
assassinat, semble-t-il à leur insu.
En décembre 2016,
Hédi Majoub - alors ministre tunisien
de l’Intérieur - a déclaré que le
meurtre avait été planifié plusieurs
mois plus tôt « par des parties
étrangères et à l’étranger ».
Il a révélé qu’en
juin 2016, une jeune journaliste
tunisienne à la recherche d’un emploi,
résidant à Budapest (Hongrie), avait été
recrutée via Internet par une société de
production prétendant travailler pour
une chaîne de télévision malaisienne -
en lui faisant croire qu’elle allait
participer à la réalisation d’un
documentaire sur six pays arabes, dont
la Tunisie.
La Tunisienne a
rencontré les dirigeants de la société à
Vienne (Autriche), le 12 décembre
suivant. Ils lui ont demandé de louer
deux voitures à Tunis, de les garer près
d’une mosquée et de cacher les clés afin
qu’une autre personne les récupère. Ils
lui ont dit de retourner ensuite en
Hongrie pour prendre part à une réunion
urgente, ce qu’elle a fait.
Selon le ministre
tunisien, deux équipes étaient chargées
de la logistique de l’opération, une
autre de l’assassinat. Parmi ses
membres : un belge d’origine marocaine,
toujours recherché.
Huit balles de 9mm
Le ministre a
précisé que la jeune fille était
effectivement à Budapest le jour de
l’assassinat et que les autorités
tunisiennes lui avaient conseillé de
revenir d’urgence car elles craignaient
pour sa sécurité. Ce qu’elle a fait
aussi ! Elle a été placée sous mandat de
dépôt.
Hédi Majoub a
également révélé qu’une autre équipe,
sans lien avec la première, se préparait
également pour assassiner Mohamed Zaouri.
Deux Tunisiens résidant en Slovénie
avaient été recrutés par la même société
viennoise. Ils devaient louer un local à
Sfax et acheter deux voitures, mais
leurs commanditaires avaient annulé
l’opération quand l’un des deux
Tunisiens a émis des doutes sur
l’objectif de leur mission.
La première équipe
est aussitôt passée à l’action. Les
tueurs, postés dans un camion non loin
du domicile de l’ingénieur, ont foncé
sur l’arrière de son véhicule pour
l’immobiliser. Puis, ils l’ont tué de
huit balles de 9mm (pour 20 tirées
avec des silencieux). Des hackers
auraient ensuite accédé au système de
surveillance d'un restaurant situé près
du lieu, et effacé l’enregistrement
vidéo.
D’autres parties
impliquées ?
De son côté,
le Hamas a constitué une
Commission d’enquête. Mohamed Nazzal,
membre du bureau politique du mouvement
de résistance palestinien, en a présenté
les conclusions lors d’une conférence de
presse tenue le 16 octobre à Beyrouth.
Il a affirmé détenir « des preuves
irréfutables » permettant de
désigner les commanditaires du meurtre
de Mohamed Zouari.
L'opération était
dirigée par deux agents se faisant
appeler « Yohan et Fethi Midou »
qui ont passé la frontière tunisienne
grâce à des passeports bosniaques.
« Il s’agit
bien du Mossad; et il n’y a aucun doute
là-dessus.» a déclaré Mohamed Nazzal,
indiquant que des agents israéliens se
faisant passer pour des journalistes
étrangers avaient approché Mohamed
Zouari. Méfiant, l’ingénieur les avait
éconduits.
La veuve de la
victime, Majda Saleh, de nationalité
syrienne, craint que la justice
tunisienne classe le dossier. Elle a
déclaré sur Mosaïque FM : « Je
veux que justice soit faite pour Mohamed
Zouari. Le silence [de la part des
autorités tunisiennes] est grand…
Nous savons pertinemment qu’Israël a
perpétré ce crime, mais il y a d’autres
parties impliquées dans cet assassinat.
Qui sont-elles? ». La réponse risque
de tarder. Dans cette affaire, la
justice tunisienne marche sur des œufs…
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