France-Irak
Actualité
Polémique franco-française :
Cuba, dictature ou démocratie ?
Gilles Munier
- Devant
le mausolée d’Ernesto « Che » Guevara à
Santa Clara (4/12/2016) -
Mardi 13 décembre 2016
Je
viens de passer une dizaine de jours à
Cuba, comme les milliers de touristes
qui s’y pressent. Le hasard a fait que
ce voyage est tombé pendant les 9 jours
de deuil national décrétés suite au
décès de Fidel Castro.
Là-bas, j’ai trouvé déplacée - pour
ne pas dire indécente - la polémique
provoquée en France par l’hommage rendu
au leader cubain par Ségolène Royal qui
représentait la France. Cuba : régime
policier ? Sur 1000 km effectués en
voiture chinoise de location,
malgré mes voyages en Irak, Syrie,
Liban, Libye et en Iran qui auraient pu
jeter la suspicion sur l’objectif de mon
séjour, je n’ai été ni suivi, ni
contrôlé. A New-York, j’aurais au moins
été questionné par la police de l’air et
des frontières locale.
Dix
jours à Cuba ne m’autoriseraient pas à
intervenir dans la polémique suscitée
par Ségolène Royal, si je n’avais pas
rêvé d’y aller depuis la venue d’Ernesto
« Che » Guevara à Alger en 1963 -
où je vivais – et où il a
expliqué les buts de la révolution
cubaine dans un français impeccable, et
si je n’avais pas ensuite suivi avec
intérêt ce qui se passait dans ce pays..
638
complots contre Fidel Castro
Ceux
qui – comme François Hollande -
entonnent le refrain des
« désillusions » sont de mauvaise
foi ou n’ont pas conscience de ce qu’un
pays doit faire pour survivre dignement
lorsqu’il est asphyxié par un embargo
cruel, et victime des tentatives de
déstabilisation d’un voisin puissant et
vindicatif. Selon Peter Kornbluth,
directeur du département Cuba aux
Archives nationales étasuniennes, la CIA
a ourdi pas moins de 638 complots pour
le discréditer ou l’assassiner. Et on
voudrait que Fidel Castro n’ait pas
réagi…
Des
opposants - souvent membres
d’organisations terroristes cubaines
basées en Floride - ont commis des
attentats, des sabotages et des crimes.
Certains ont été arrêtés, emprisonnés,
jugés et parfois exécutés. Après la
rencontre entre Barack Obama et Raoul
Castro en mars 2016 à La Havane,
cette époque est - espérons–le -
révolue. Toujours est-il que depuis
2003, les condamnations à mort
prononcées à Cuba sont systématiquement
commuées en peines de prison, ce qui
n’est pas le cas aux Etats-Unis.
Que les
droits-de-l’hommiste balaient devant
leurs portes !
Cuba
est une « démocratie populaire »
à sa façon, c’est-à-dire sud-américaine.
Pour convenir aux bonnes consciences –
à géométrie variable – il
faudrait que le candidat à la présidence
de la République cubaine ne soit pas
désigné par le parti unique, communiste.
Je ne suis pas communiste, mais force
est de reconnaître que d’immenses
progrès sociaux y ont été accomplis, des
avancées spectaculaires dans les
domaines de la santé et de l’éducation,
et que Fidel Castro a rendu sa fierté au
peuple cubain. Pour le reste, ce n’est
pas notre affaire tant que les Cubains
ne se mêlent pas des nôtres.
Les
nôtres, ce devrait être l’état de
la démocratie en Occident : parlons-en…
Aux Etats-Unis Donald Trump a été élu
président avec moins de voix que sa
concurrente soi-disant démocrate. En
France, François Hollande a fait
l’inverse du programme avec lequel il
s’est présenté ; bien que soutenu par
plus de 25% de la population le Front
national n’a que 2 députés à
l’Assemblée. De quel droit le microcosme
politique français donne-t-il des leçons
à la terre entière, alors qu’il soutient
en silence - ici ou là - de
véritables dictatures ? Les droits-de-l’hommiste
qui s’acharnent sur Fidel Castro et la
révolution cubaine devraient plutôt
balayer devant leur porte.
Le sommaire de Gilles Munier
Le dossier
Amérique latine
Les dernières mises à jour
|