France-Irak
Actualité
Les Etats-Unis devront-ils aussi payer
pour leurs crimes en Irak ?
Gilles Munier
Mercredi 5 octobre 2016
L’Arab
project in Iraq, un groupe de
lobbyistes irakiens dirigé par Najeh al-Meezan,
va demander au Parlement de Bagdad de
voter une loi permettant aux Irakiens de
réclamer des compensations aux
Etats-Unis pour les «exactions »
commises dans leur pays par les troupes
américaines, les contractors et
les escadrons de la mort créés par la
CIA.
L’initiative prise par l’Arab project
in Iraq fait suite au vote de la loi
JASTA (Justice Against
Sponsors of Terrorism Act), le 28
septembre dernier, par les deux chambres
du Congrès US. Cette loi permet
notamment aux familles victimes des
attentats du 11 septembre 2001 d’engager
des poursuites contre l’Arabie saoudite
« soupçonnée » d’avoir aidé les
pirates de l’air ayant écrasé leur avion
sur les tours du World Trade Center
(15 des 19 terroristes étaient de
nationalité saoudienne). Le nom du
prince Bandar, alors ambassadeur
d’Arabie à Washington, proche de George
W. Bush et de Dick Cheney, est cité dans
les 28 pages, déclassifiées en juillet
2016, du rapport de la Commission
d’enquête sur les attentats.
En 2007, l’Opinion
Research Business (ORB) a estimé à 1
220 580 le nombre des victimes civiles
en Irak, actualisant l’étude de
chercheurs de l’Université Johns
Hopkins - publiée un an plus tôt par le
journal médical britannique
The Lancet - qui en avait
décompté plus de 600 000. Au-delà de
la bataille sur le nombre d’Irakiens
tués, on imagine le nombre de procès
qui pourraient être intentés contre les
Etats-Unis.
Le président bama avait opposé son véto
à la promulgation de la loi JASTA,
arguant qu’elle «aurait un impact
néfaste sur la sécurité nationale des
Etats-Unis».. Elle pourrait en effet
conduire des fonctionnaires américains
devant les tribunaux alors qu’ils
jouissent d’une immunité judiciaire
partout où les Etats-Unis interviennent
militairement. Elle ne le met pas non
plus à l’abri de poursuites judiciaires
pour
les assassinats qu’il ordonne via
ses drones tueurs.
Pression de l’opinion publique et
campagne électorale obligent, le Congrès
a confirmé son vote, mais a laissé
entendre qu’il pourrait y apporter
quelques modifications plus tard. On
devine lesquelles…
En attendant, l’Arab project in Iraq
s’est engouffré intelligemment dans
la brèche ouverte par la loi JASTA.
Les députés irakiens suivront-ils ? Les
agents américains qui peuplent le
Parlement de Bagdad sont sans doute déjà
à l’œuvre pour enterrer le projet que
Najeh al-Meezan entend déposer.
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