L'actualité du
droit
Que font les militaires français en
Libye ?
Gilles Devers

Samedi 23 juillet 2016
Ce 17 juillet,
trois militaires français,
sous-officiers, membres du service
action de la direction générale de la
sécurité extérieure (DGSE), sont morts
dans un accident d'hélicoptère en Libye.
Que faisaient-ils là-bas ? Je ne
vois aucune décision du gouvernement ou
du parlement français autorisant
l’engagement de troupes en Libye, ni
aucun accord du gouvernement libyen pour
cette intervention militaire extérieure.
Le gouvernement
français, incapable d’assurer la
sécurité sur la Promenade des Anglais le
soir du 14 juillet, aurait-il un plan
pour la Libye ? Bien sûr, la France est
là-bas dans la « guerre contre le
terrorisme », je l’aurais parié mon
pote ! Laissons la parole au fidèle
valet, Stéphane Le Foll : « Les forces
spéciales sont là, bien sûr, pour aider
et faire en sorte que la France soit
présente partout pour lutter contre les
terroristes. »
Mais à part ça ?
Jusqu’à preuve du
contraire, la Libye n’est pas la France.
D’après mes renseignements, la Libye
serait même un État souverain,
enregistré à l’ONU. D’une curiosité
insatiable, j’ai étudié les cartes de
géographie, et effectivement la Libye
n’est pas en France.
Alors la
question est simple : dans quel
cadre juridique des soldats français
combattent-ils sur une terre étrangère ?
Et comment justifient-ils ce
démembrement de l'Etat libyen (eux qui
ne cessent de chanter l'union nationale
?)
En Libye, le
gouvernement d'unité nationale dirigé
par M. Sarraj, soutenu par les Nations
unies
a vivement dénoncé cette présence
militaire étrangère sur son territoire,
exprimant « son profond mécontentement
concernant la présence française dans
l'Est libyen sans concertation »,
ajoutant qu’il n’acceptait aucun
compromis « sur le respect de
la souveraineté libyenne ».
D’importantes manifestations ont eu lieu
le 20 juillet, à Tripoli, Benghazi,
Gharyan et Misrata, avec des slogans
explicites : « Non à l’intervention
française, Laissez la Libye
tranquille”, souligne
Middle East Online.
Là-bas, la France
soutient l’action du « général » Haftar,
un chef milicien de l'Est libyen, qui
défie l’autorité du gouvernement, bloque
son fonctionnement et prépare la
dislocation du territoire. Haftar refuse
de rencontrer Martin Kobler, l’envoyé
spécial de l’ONU pour la Libye, et
qualifie de « terroristes » qui il veut,
en fonction de ses intérêts (il n’est
pas le seul…).
Bref, la France,
membre permanent du Conseil de sécurité,
joue contre le plan de l’ONU visant à
renforcer le gouvernement d’union
nationale, et
prépare la prochaine guerre qui
déchirera la Libye, Est contre Ouest.
Avec toutes les conséquences que l’on
sait.
Illégaux et
irresponsables. Totalement illégaux et
totalement irresponsables.

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