Accueil Actualité IRIB Dossiers Auteurs Communiqués Agenda Invitation à lire Liens Ressources
Dernières mises à jour Les rapports du CPI Le Hamas Les vidéos BDS Ziad Medoukh Centre de la Paix Gaza Université al-Aqsa Gaza Qui? Pourquoi?

Google
sur le web sur Palestine Solidarité


 
Centre Palestinien
d'Information



 
Invitation à lire





Réseau Voltaire



BDS



Solidarité





Produits palestiniens





En direct d'Iran





Voix de la Russie



Agence syrienne



Palestine Solidarité
sur Facebook



 




Actualités du droit

Représentation du Prophète :
Essayons de ne pas tout confondre…

Gilles Devers

Jeudi 22 janvier 2015

Lors une soirée passée avec de bons copains imans, nous avons eu une discussion sur la représentation du Prophète, et je vous en livre la saveur.

1/

Peut-on faire des représentations du Prophète ? Le consensus émotif blanc-blanc a décrété qu’on ne peut pas, histoire de pouvoir se plaindre contre les obscurantistes génétiques que seraient les musulmans,… sauf que c’est tout faux. La confusion est entretenue à perte de vue, avec pour emblème cet ahuri de Plantu et son beau dessin « je ne peux pas dessiner le Prophète »…

En fait c’est d’une simplicité biblique : la question des préceptes religieux ne se pose que pour les membres de la religion. Tu piges, mon pote ? Ainsi, la question « Peut-on représenter le Prophète ? » ne se pose que pour les musulmans, et tout le reste – qui est la matière philosophique de Charlie – relève de la débilité pure et dure. Ça n’a aucun sens, pas plus que se demander : « Les non-musulmans doivent-ils faire le ramadan ? » Donc, des gus se créent un combat mythique de « défendre la laïcité » alors que la matière de leur combat n’est même pas une question. Les rois de la gonflette laïcarde…

2/

C’est donc une question pour les musulmans, et là on trouve de vraies divergences. N’imaginez pas un instant que je vais me livrer ici au petit jeu de la citation des versets ou de hadits… comme je le vois tous les jours la presse, molle et ignorante. Ils lisent les textes religieux comme des recettes de cuisine, c’est juste pitoyable. L’interprétation de ces textes, dans toutes les religions, relèvent de grands savants, les maîtres de la théologie. Un peu de respect… Donc, je n’ai pas à analyser, mais juste à constater, ce qui est la seule attitude correcte devant l’affirmation des croyances. A-t-on songé à radier de l’Ordre des médecins un obstétricien catholique, car il croit à la Nativité et la Sainte Vierge ?

Alors, ce constat. Pour faire simple, les sunnites – très majoritaires en France – estiment ne pouvoir représenter le Prophète, ce qui correspond à leur doctrine religieuse, n’autorisant pas d’intermédiaire entre le fidèle et Dieu, alors que les chiites acceptent ces représentations. Cela souligne, m’explique-t-on de manière convaincante, les différences entre ces deux familles de l’Islam, les sunnites n’ayant pas de clergé, à l’inverse des chiites. Bien sûr, la question est plus complexe, mais la principale ligne d’analyse est là. D’ailleurs les nombreuses images du Prophète que l’on trouve viennent pour l’essentiel de Perse ou d’Iran.

3/

Vient ensuite une troisième question, distincte, qui n’est pas la représentation du Prophète, mais sa caricature. Et là, c’est RTL – la pouponnière de Zemmour – qui découvre l’eau tiède : « Peut-on, choquer au nom de la liberté d’expression ? » Grande question, les petits,… car c’est tranché depuis l’arrêt Handyside de la CEDH du 7 décembre 1976 (n° 5493/72): « La liberté d’expression constitue l’un des fondements essentiels d’une société démocratique, l’une des conditions primordiales de son progrès et de l’épanouissement de chacun. Elle vaut non seulement pour les informations ou les idées accueillies avec faveur, ou considérés comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l’Etat ou une fraction quelconque de la population. Ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture sans lesquels il n’y a pas de société démocratique ».

Donc écrivez et publiez, tartinez des pages et des pages : nous avons besoin que toutes les idées, même pouraves, soient sur la table, car c’est le seul moyen de les connaître pour les combattre.

Après tout autre est la question du discrédit, de la violence faite au sentiment religieux. Notamment par des caricatures lourdingues, juste faites pour provoquer, avec 1% d’idée et 99% de dénigrement. Cette question est elle aussi tranchée, et depuis longtemps. La liberté d’expression comporte des limites et des responsabilités, et c’est le problème de Charlie s’il se proclame journal irresponsable. Une fanfaronnade ne crée pas le droit, et le droit applicable – désolé de casser l’ambiance victimaire – ne vient pas des fatwas mais de la jurisprudence du droit commun.

Et là, c’est clair : l’article 9 de la Convection EDH prend en compte le droit à la protection des sentiments religieux, en tant que composante de la liberté religieuse. Bien sûr, les croyants doivent tolérer et accepter le rejet par autrui de leurs croyances religieuses et même la propagation de doctrines hostiles à leur foi. C’est le principe même de la liberté. Mais, comme le précise l’arrêt Otto-Preminger-Institut c. Autriche (20 septembre 1994, série A n° 295-A) la manière dont les croyances religieuses font l’objet d’une opposition ou d’une dénégation est une question qui peut engager la responsabilité. Le recours à des méthodes de dénégation des croyances religieuses peut aboutir à dissuader ceux qui les ont d’exercer leur liberté de les avoir et de les exprimer, et des limites doivent être fixées.

D’une manière plus générale, un Etat peut estimer nécessaire de prendre des mesures pour réprimer certaines formes de comportement, y compris la communication d’informations et d’idées jugées incompatibles avec le respect de la liberté de pensée, de conscience et de religion d’autrui (CEDH, Kokkinakis c. Grèce, 25 mai 1993, n° 14307/88).  Le respect des sentiments religieux des croyants, qui est garanti par l’article 9, doit être protégé des représentations provocatrices d’objets de vénération religieuse, de telles représentations caractérisant une violation malveillante de l’esprit de tolérance, indispensable dans une société démocratique (CEDH, Otto-Preminger-Institut). La CEDH dans cette affaire, qui reste de principe, a estimé valides les dispositions du code pénal autrichien sanctionnant des comportements dirigés contre les objets de vénération religieuse lorsqu’ils sont de nature à causer une « indignation justifiée ». Est ainsi parfaitement acquis le droit pour les citoyens de ne pas être insultés dans leurs sentiments religieux.

Je suis un Pakistanais…, et européen accompli.

 

 

   

Le sommaire de Gilles Devers
Les dernières mises à jour



Source : Gilles Devers
http://lesactualitesdudroit.20minutes-blogs.fr/...

Abonnement newsletter: Quotidienne - Hebdomadaire
Les avis reproduits dans les textes contenus sur le site n'engagent que leurs auteurs. 
Si un passage hors la loi à échappé à la vigilance du webmaster merci de le lui signaler.
webmaster@palestine-solidarite.org

Parrainage :

Rentabilisez efficacement votre site

 


Ziad Medoukh

Analyses et poèmes
 
Silvia Cattori

Analyses

René Naba

Analyses

Manuel de Diéguez

Analyses

Fadwa Nassar

Analyses et traductions

Alexandre Latsa

Un autre regard sur la Russie

Chems Eddine Chitour

Analyses

Mikhaïl
Gamandiy-Egorov

Afrique-Russie
 
Luc Michel

Analyses

Robert Bibeau

Analyses
 
Salim Lamrani

Analyses
 
Allain Jules

Infos au Kärcher
 
Mohsen Abdelmoumen

Analyses