L'actualité du
droit
Radicalisation expresse : Il nous faudra
des preuves
Gilles Devers

Dimanche 17 juillet 2016
Moi, je suis un bon
p’tit gars, et j’écoute beaucoup ce que
disent les autorités, lesquelles sont
informées et responsables m’avait-on
appris quand j’étais à l’école.
« Terrorisme
islamique » ?
Pour ce qui est de
la dramatique tuerie de Nice,
Hollande et El Blanco ont très vite
parlé de « terrorisme islamique ».
Cazeneuve n’était pas d’accord, mais
hier il a parlé
d’une radicalisation très rapide.
J’ai beaucoup de raisons de donner du
crédit à ce que disent ces hautes
personnalités, mais il se trouve que mon
cerveau est encore à peu près en état de
marche, et il a un peu de difficulté à
assimiler les informations
déraisonnables, et qui me prennent pour
un cornichon.
Le premier
problème, c’est de parler sans savoir.
Je sais que c’est très tendance, mais
quand même, c’est pas fameux quand il
s’agit de faits de cette importance.
Pour parler des motivations du criminel,
avec un acte si démesuré, il faudrait
quand même disposer d'un minimum
d’informations : recueil d’indices
matériels liés à de la propagande,
informations générales sur l’activité et
le comportement de l’auteur, recueil de
renseignements auprès de son
environnement et de sa famille,
perquisitions et fouille de
l’appartement, étude de l’environnement
informatique, du téléphone portable au
PC, recoupement des infos… Ça prend un
peu de temps, mais ce peu de temps est
rien par rapport à la sincérité de
l’information que l’on doit aux
victimes, à leurs familles, et à la
société qui, légitimement, s’inquiète.
Par charité chrétienne, je ne listerai
pas ici ceux qui savaient tout où
presque alors que la police ne savait
rien.
Alors que
sait-on trois jours plus tard ?

Au casier
judiciaire, des faits de violences,
désagréables, mais bon, une délinquance
tellement partagée.
Rien du côté des
services de renseignements. Le mec
n’était pas fiché « S ». Je rappelle au
passage qu’être fiché S n’est pas une
accusation, faute de quoi le procureur
vous poursuit. Les « fichés S » sont des
personnes susceptibles de fournir ou
donner des informations.
Lien avec les
réseaux djihadistes ? Rien d’avéré pour
le moment. Ecoutons Cazeneuve : « Il ne
s'était pas distingué, au cours des
années passées, soit par des
condamnations soit par son activité, par
une adhésion à l'idéologie islamiste
radicale ».
A priori, on aurait
trouvé dans le téléphone le nom d’une
personne qui elle-même pouvait être
contact avec des réseaux. C’est plus que
douteux. On ne sait rien de la fréquence
et de la nature des appels, et un écho
venu de la police indique que ce n’est
pas une piste.
En revanche, sur le
plan du
comportement individuel et de la
fragilité psychologique, c’est plus
consistant.
Le type avait
quitté sa famille dans la banlieue de
Sousse depuis dix ans, pour rompre avec
elle. Lors des derniers temps passés en
Tunisie, le père avait invité son fils à
consulter un psychologue, compte-tenu
d’un comportement devenant erratique et
violent. Cette mise en cause
personnelle, avec la nécessité de se
soigner, avait conduit à la rupture
familiale.
En France, il était
marié depuis une dizaine d’années, père
de trois enfants, et actuellement en
procédure de divorce, un divorce décrit
comme conflictuel avec des violences sur
l’épouse, qui auraient conduit à des
dépôts de plaintes. Il vivait depuis
séparé, de nombreux témoignages des
voisins le décrivant comme
« solitaire » et « silencieux ».
Sa sœur s’est
manifestée auprès des services de police
pour décrire les
problèmes psychologiques rencontrés
par son frère : « Nous avons remis à la
police des documents qui prouvent qu'il
a consulté des psychologues pendant
plusieurs années ». Son père est
intervenu dans les médias pour décrire
les troubles de comportement de son
fils, décrivant quelqu’un de colérique,
qui cassait tout en cas de crise. Les
proches de l’épouse décrivent des actes
plus que borderline : défécations
intempestives, peluches éventrées,
violences sur la belle-mère…
Le père confirme
que son fils n'avait aucun lien avec la
religion : « Il ne faisait pas la
prière, il ne jeûnait pas, il buvait de
l'alcool, il se droguait même ». Les
voisins décrivent « un homme qui n’était
pas religieux, qui aimait les filles et
la salsa ». Selon eux, il ne
fréquentait pas la mosquée, ne priait
pas, ne respectait pas le ramadan,
buvait de l’alcool et mangeait du porc.
Cette année, le
ramadan a pris fin le 6 juillet, et le
type n’avait pas été concerné. Il a loué
le camion le 11 juillet, et on peut donc
penser que sa décision a été prise le
10. Ce qui signifie que lui qui se
contrefichait de la religion est devenu
musulman intégriste en 4 jours.
Fulgurant dit la presse, fatiguée et
fatigante… Je ne doute pas un instant
qu’on va nous amener toutes les preuves,
car les autorités de l’Etat ne parlent
pas sans preuves, c’est certain. Ce sera
très important et intéressant…
- Les gens qui nous
gouvernent, ou qui plutôt croient nous
gouverner, devraient s’imposer un
minimum de sérieux dans leurs méthodes.
- Oui, c’est grave.
Manier les grandes émotions collectives
avec de telles manips, c’est
destructeur. Il y a de grosses additions
à attendre.
- Ce n'est plus un
gouvernement, c'est la
blaireau-compagnie...
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