Irak
Voyage en Irak, mai 2016 [4/6] :
Entretiens à Bagdad avec des autorités
religieuses
François Belliot
© François
Belliot
Dimanche 21 août 2016
Première partie. Deuxième
partie.
Troisième partie
L’exacte ponctualité de nos hôtes, au
rendez-vous du matin, est un premier
indice que nous allons vivre sans doute
la journée la plus importante de tout le
séjour : alors que les jours précédents
nous avons pu observer un certain
décalage entre l’heure de rendez-vous du
matin et celle du départ vers nos
pérégrinations, notre convoi est à
l’heure à la minute près. Quant à nos
hôtes, certains ont troqué leurs tenues
simples pour des costumes/cravates.
Et pour cause, nous allons rencontrer
et nous entretenir, successivement, avec
le responsable du waqf chiite
Saïd el Moussaoui, et celui du waqf
sunnite Abdoulatif Humayim.
Il existe, en Irak, deux institutions
religieuses de ce genre (waqfs), sunnite
et chiite. Chacune a pour charge de
gérer les biens religieux : mosquées et
mausolées. Elles collectent également
les « waqfs » (littéralement les « biens
déposés », les « dons ») faits par les
fidèles pour obtenir rétribution auprès
d’Allah. Jusqu’en 2003, sous Saddam
Husseïn, ces dons étaient recueillis
directement par le gouvernement, sans
aucune contrepartie. C’est alors qu’ont
été créés les waqfs sunnite et chiite,
chacune de ces institutions ayant
vocation à administrer ces affaires
religieuses de façon autonome.
Les deux personnalités que nous
allons rencontrer sont chargées de la
collecte et de la gestion des waqfs
pour tout l’Irak.
Leurs locaux se trouvent à Bagdad et
nous empruntons la même route que nous
avons prise le deuxième jour, pour nous
rendre dans la ville de Balad. Nous
passons l’essentiel du trajet, Maria,
Gérard et moi, à préparer les entretiens
qui seront menés par Maria. Pour la
première fois du séjour les preneurs de
vue ont emporté la totalité de leur
matériel : caméras, trépieds, sources de
lumière. Les entretiens se feront en
effet à l’intérieur des locaux des deux
autorités religieuses.
Comme lors de notre passage par Balad
il y a deux jours, il s’agit pour nos
hôtes de montrer, de nouveau, un symbole
de la bonne entente entre les chiites et
les sunnites, et de donner l’image d’un
Irak uni.
En approchant de Bagdad, des
embouteillages monstres nous
ralentissent et nous arrivons en retard
au premier rendez-vous avec le
responsable du waqf chiite. On nous
annonce que nous ne disposerons que de
vingt minutes. Nous installons le
matériel à toute vitesse et commençons
l’entretien, qui dépassera finalement
les quarante minutes.
Entrée des locaux du waqf chiite
Saïd al-Moussaoui a expliqué que
l’appel (fatwa[ii])
à la guerre sainte (jihad[iii])
contre Daech de l’ayatollah al-Sistani
en juin 2014, en mobilisant des dizaines
de milliers de combattants volontaires
chiites, avait été décisif pour
repousser l’invasion de cette
organisation, pour laquelle il a eu les
mots les plus durs. Il a évoqué la
destruction systématique de certaines
mosquées et de tombeaux de Saints, comme
à Mossoul, souligné que Daech était
animé par une idéologie intolérante et
destructrice, incitant à la haine et au
terrorisme, dont l’origine était à
chercher dans le wahhabisme dont il
serait «l’enfant naturel». Il a
promu l’image d’un Irak uni, dans toutes
ses composantes ethniques et
confessionnelles. Concernant la gestion
des flots de réfugiés fuyant la poussée
de Daech, il a dit que les Irakiens
parvenaient à s’en sortir par leurs
propres moyens, même s’ils n’étaient pas
hostiles par principe à une aide
étrangère. Du reste, certains réfugiés
commencent à pouvoir revenir dans des
villes libérées comme celle de Ramadi[iv],
même si l’armée irakienne doit
auparavant les nettoyer des pièges et
mines posées par les combattants de
Daech dans leur fuite.
Il s’est longuement étendu sur
l’alliance contre-nature et selon lui
infiniment dangereuse entre l’Etat
français et l’Arabie Saoudite[v],
qu’il a présenté comme le principal
sponsor de l’organisation EI (alias
Daech). Il s’est étonné que les pays
occidentaux en général ne fassent rien
contre la pénétration du wahhabisme sur
leur sol, à travers le financement de la
construction de grands centres
religieux, wahhabisme qui est
l’idéologie commune de l’Arabie Saoudite
et de Daech. Cette idéologie est
pourtant sans ambiguïté : « Toutes
les mosquées en Arabie Saoudite sont
sous l’autorité des wahhabites, et la
pensée et les principes des wahhabites,
c’est qu’eux seuls sont croyants et sont
là qui parlent au nom de Dieu. Toute
personne qui n’est pas de leurs rangs,
soit elle est impie, soit il faut la
tuer. »
Pour finir il a mis solennellement en
garde le peuple français : « si les
Européens veulent vivre en paix,
vraiment en paix, qu’ils chassent ces
gens-là de leur pays et, lors de leur
vote, qu’ils choisissent les
personnalités qui coupent ces ponts avec
ces pays qui exportent le terrorisme et
qui financent particulièrement des gens
horribles, et terribles. » [La
transcription intégrale de cet
entretien, publié par Arrêt sur Info,
est consultable
ICI]
Le responsable du waqf chiite
Saïd al Moussaoui
En retard sur notre programme, nous
remballons dare-dare le matériel de
tournage et nous rendons vers le lieu du
second entretien.
Si nous avons dû franchir, pour
accéder aux locaux de M. al-Moussaoui,
et les jours précédents à d’autres
lieux, d’impressionnants dispositifs de
sécurité, rien n’égalera, pendant notre
séjour, celui qui protège les locaux du
responsable du waqf sunnite,
qui se trouvent nichés dans un
gigantesque complexe à vocation
culturelle et religieuse, dont la
construction a été décidée par Saddam
Husseïn en 1991, en commémoration de sa
« victoire » pendant la guerre du Golfe.
Le clou du complexe, situé dans la
partie ouest de Bagdad, est la mosquée
Umm al-Qora (جامع أم القرى : la mère des
cités), plus vaste lieu de culte sunnite
de la capitale. Achevé en avril 2001
pour le dixième anniversaire de cette
guerre, cet édifice monumental, outre sa
vocation religieuse qui demeure, est
tout entier consacré à la gloire de
Saddam Husseïn : son enceinte extérieure
est chapeautée de 4 minarets de 43
mètres de haut, symbolisant les 43 jours
qu’ont duré la guerre. 4 autres minarets
de 37 m en flanquent le dôme, qui domine
un lac intérieur artificiel à la forme
du monde arabe arrosé par 28 fontaines,
ces trois derniers nombres faisant
référence à la date de naissance de
l’autocrate : 28/04/1937. La surface
intérieure du dôme est, paraît-il,
tapissée d’une gigantesque reproduction
en mosaïque de l’empreinte digitale du
pouce de Saddam Husseïn, barrée de ses
grandes initiales en or.
Cette folie des grandeurs nous semble
concorder avec les deux monuments que
nous avons visités la veille.
Pour entrer dans le complexe il faut
franchir une muraille de djeddars[vi]
puis plusieurs barrages, constitués de
raides cassis et de chicanes redoublées.
Les véhicules sont reniflés par des
chiens dressés à la détection des
explosifs.
Le 28 août 2011, un kamikaze était
parvenu à pénétrer dans la mosquée et y
faire exploser sa charge, tuant 28
fidèles et en blessant 30 autres.
Nous n’aurons malheureusement pas le
temps de la visiter, et pour cause, nous
avons rendez-vous avec le responsable du
waqf sunnite, Abdoulatif Humayim, dont
les locaux se trouvent dans un énorme
immeuble faisant partie du complexe. A
l’intérieur, nous devons passer encore
par cinq points de contrôle, lors
desquels nous sommes à chaque fois
fouillés. C’est après avoir franchi une
porte blindée que nous entrons enfin
dans les bureaux du responsable du waqf
sunnite.
La mosquée Umm al-Qora, en face
des locaux du waqf sunnite
Abdoulatif Humayim a tenu à commencer
l’entretien en remettant les événements
actuels en perspective, soulignant que
cela fait quatre générations, depuis
1960, que l’Irak est en guerre de façon
à peu près ininterrompue. A propos de
l’invasion de Daech, il a expliqué,
comme son confrère chiite, que les
jeunes sunnites s’étaient massivement
mobilisés en juin 2014. Il a tenu
préciser que le sunnisme était
absolument étranger à Daech. Outre le
terrorisme, auquel les Irakiens sont
exposés depuis des années, il a évoqué
une invasion idéologique du wahhabisme,
en particulier en direction de la
jeunesse. Après la chute de Saddam
Husseïn en 2003, les mosquées, a-t-il
dit, n’ont pas joué le rôle protecteur
qui aurait dû être le leur. M. Humayim a
reconnu des erreurs qui, dit-il, sont en
train d’être réparées : un considérable
programme de révision de l’enseignement
religieux et de la prédication a été
entrepris, porté par près de 14000
imams, pour reconquérir les esprits ou
les mettre en garde contre la séduction
pernicieuse des idées wahhabites. Cette
campagne du reste n’est pas limitée à
l’Irak. Il a tenu des propos
optimistes : « Je crois que nous
sommes sur le point de sortir de la
vision ethnique et religieuse, parce que
nous travaillons sur une concorde
nationale réelle ; nous allons retrouver
la continuité historique qui sortira
l’Irak de ce malheur.» Pour finir
il a rappelé le passé multimillénaire de
l’Irak, et toutes les civilisations qui
se sont succédé dans cette région du
monde, en faisant la comparaison
suivante : «L’homme irakien a de la
ressource, il peut beaucoup, C’est lui
qui a inventé le pain à partir des
grains de blé ! Nous comptons sur cet
homme-là, il n’est pas moins important
que celui qui a marché sur la lune !
[La transcription intégrale de cet
entretien est accessible
ICI]
Le
responsable du waqf sunnite Abdoulatif
Humayim
Revenus au pied de l’immeuble, nous
sommes pressés d’entrer dans une pièce
où se trouvent une quinzaine d’employés
du waqf sunnite : la nouvelle de notre
venue s’est répandue et ceux-ci veulent
à leur tour témoigner de la situation en
Irak. Nous commençons par tendre le
micro à un homme d’une quarantaine
d’années coiffé d’un keffieh blanc ceint
d’un anneau noir, apparemment leur
supérieur. Il nous explique la fonction
du waqf sunnite : « Beaucoup
d’administrations sont liées au waqf
sunnite, dont les locaux se trouvent
dans ce complexe. Les waqfs de tout
l’Irak sont gérés en ces lieux. Ici nous
nous gérons également des fonds alloués
aux pauvres, aux plus démunis. »
La personne qui m’accompagne compare
judicieusement l’institution du waqf à
un centre de sécurité sociale. Après
avoir demandé la permission, nous nous
entretenons avec quelques-uns des
employés présents. Nous commençons par
interroger deux jeunes femmes, dont la
tenue tranche avec les uniformes abayas
noirs de Kerbala. Voici la synthèse des
réponses qu’elles ont faites à
nos questions variées : « Nous
habitons Bagdad. Pour ce qui nous
concerne, nous n’avons pas de problème
de travail ou autre. S’il y a des
problèmes, cela concerne tout ce qui
touche à la sécurité dans la ville. Il y
a parfois des voitures piégées, des
mines… Nous sommes sunnites. Nous avons
des connaissances chiites, il y a des
relations familiales entre les chiites
et les sunnites, dans nos propres
familles nous avons des chiites.
D’ailleurs dans les locaux où nous nous
trouvons, le waqf sunnite, il y a des
employés chiites. Nous sommes mariées,
et nous avons des enfants. L’essentiel
pour nous, c’est la stabilité et la
sécurité. On ne manque de rien sauf de
cela. On vit en permanence dans une
forme d’inquiétude et de colère, car on
ne peut jamais savoir de quoi sera fait
demain. Comme tous les peuples du monde
entier, nous souhaitons simplement vivre
en paix et en sécurité. Les jeunes qui
ont fait des études universitaires ont
du mal à trouver du travail. »
L’une des deux jeunes femmes est la
responsable des jeunes réfugiés au sein
du waqf et nous évoque leur sort : « Il
y a beaucoup de déplacés et de réfugiés
qui affluent vers Bagdad et nous avons
la responsabilité de pourvoir à leurs
besoins. Nous leur offrons des repas,
nous leur fournissons des vêtements et
des couvertures. Nous avons le devoir de
porter assistance à tous les réfugiés
qui affluent des autres villes
irakiennes vers Bagdad. »
Un jeune homme témoigne à son tour :
« Les Irakiens vivent depuis
toujours en bonne intelligence. Mais on
peut mourir à tout moment. Les divisions
ethniques et confessionnelles ont été
artificiellement provoquées et
entretenues. Daech n’a rien à voir avec
l’Islam. »
Un homme un peu plus âgé nous
explique : « Je suis un employé du
waqf, je vis à Bagdad. Ma vie est
normale : on part le matin au travail,
le soir on rentre chez soi. Le waqf
sunnite est en train de mettre en oeuvre
un projet très important, sous la
direction du waqf sunnite Abdoulatif al
Humayim, pour lutter contre l’idéologie
extrémiste de Daech. Nous donnons des
cours pour la prédication dans les
moquées, pour lutter contre l’influence
de Daech, son extrémisme et son
fanatisme. Cela passe aussi par la
diffusion d’ouvrages et de journaux
allant dans le même sens. Ce programme
est notamment important au niveau de la
jeunesse. L’Irak est comme un jardin qui
comporte toutes sortes de d’espèces de
fleurs, et nous voulons préserver cette
diversité. Le waqf sunnite coopère
beaucoup avec les autres communautés et
institutions, le waqf chiite par
exemple. »
Les deux
jeunes femmes employées du waqf sunnite
avec lesquelles nous nous sommes
entretenus
Cette série d’entretiens terminés, on
nous conduit dans une salle d’attente
gigantesque et somptueusement décorée
qui nous donne une idée de ce à quoi
pouvait ressembler le palais que nous
avons visité la veille. Nous y
patientons une heure et demie, afin de
participer à un repas que tiennent à
nous offrir nos hôtes du waqf sunnite.
Une salle d’attente au
rez-de-chaussée de l’immeuble où s’est
déroulé l’entretien avec le waqf
Sur les coups de 16 heures, après
avoir déjeuné d’un dolma[vii]
en compagnie de nos hôtes, nous
regagnons nos véhicules et prenons le
chemin du retour vers Kerbala. Notre
« journée de travail » est terminée.
Nous regretterons par la suite, en
prenant connaissance des particularités
et de l’histoire de la mosquée Umm al-Qora,
de n’avoir pas mis à profit l’heure de
battement entre les entretiens et le
repas, pour visiter cet édifice
exceptionnel et emblématique de la
mégalomanie de Saddam Husseïn.
C’est la dernière fois de notre
voyage que nous passons par Bagdad. Deux
jours plus tard, le 11 mai, un triple
attentat y sera perpétré dans le vaste
quartier chiite de Sadr-City. Un camion
bourré d’explosifs, et deux voitures
piégées, en trois endroits distincts,
dont un marché bondé, feront 94 morts et
150 blessés.
Pour la soirée, on nous donne plus ou
moins carte blanche, et nous nous disons
que le moment est venu d’aller faire
quelques emplettes dans les environs du
SSIH (Saint Sanctuaire de l’Imam Husseïn).
Nous ne sommes accompagnés pour une fois
que d’un interprète, qui du reste
s’éclipsera rapidement avec l’un des
preneurs de vue (tous deux sont
chiites), pour aller prier.
Je dois dire, sans vouloir faire
offense à nos hôtes, que nous ressentons
un intense soulagement de pouvoir enfin
aller et venir à notre guise dans les
rues de Kerbala. Nous comprenons la
nécessité d’adopter des mesures de
sécurité draconiennes : avoir toujours
en permanence un regard attentif rivé
sur vous, être pris en photo tous les
cinquante mètres par les agents de
sécurité, participer à des photos de
groupe vingt fois par jour, accélérer le
pas à tout instant, mais on en ressent à
la longue une impression d’étouffement
qu’augmente parfois les inattendus
changements de programme et de
destination.
Je me pose à un carrefour de la ville
et j’observe la vie qui s’y déroule :
nous sommes la veille d’un festival et
l’atmosphère joyeuse est palpable. Une
foule dense passe en continu : femmes en
abayas, policiers réglementant
la circulation, militaires en armes,
vendeurs ambulants de ballons d’hélium,
nombreux couples avec enfants, chaykhs à
turbans blancs, hommes en djellabas ou
tenues occidentales, adolescents en
t-shirt et arborant des coiffures en
crête, comme les footballeurs des grands
clubs européens dont on remarque
fréquemment les maillots (FC Barcelone,
Real Madrid, etc.).
Comme partout les échoppes sont
nombreuses et vivement éclairées :
vendeurs de chawarmas, de thé, de
glaces, de chapelets et d’étendards
religieux, de téléphones portables.
Notre vidéaste ne rencontrera aucune
difficulté pour se procurer un disque
dur externe fiable et bon marché dont
nous commencions à avoir un urgent
besoin, pour stocker les heures de vidéo
déjà réalisées depuis quatre jours.
Je terminerais le récit de cette
journée par quelques remarques sur les
abords immédiats du sanctuaire. De la
même façon qu’en France, à l’entrée de
certains lieux privés ou publics, on
peut lire « tenue correcte exigée », ou
qu’il est interdit de porter des
« signes religieux ostensibles » dans
certains bâtiments et lieux publics, ici
l’on trouve quelque chose d’équivalent
comme « tenue sobre exigée », avec
quelques exemples rappelant la mode
occidentale présentés comme non
convenables. Inversion notable des
valeurs qui nous rappelle l’intensité du
contraste entre l’univers où nous nous
trouvons, et celui dont nous venons.
Traduction
: « Les secrétariats généraux du
sanctuaire husseïnite et du sanctuaire
abasside demandent à ses employés
d’interdire l’accès à l’esplanade entre
les deux sanctuaires aux personnes
habillées ou coiffées de manière
indécente ». L’interdiction porte
également sur l’accès aux sanctuaires
eux-mêmes.
Je note les tâches de maintenance
assumée par le SSIH. J’ai déjà rapporté
que cette institution religieuse avait
pris en charge des fonctions
ordinairement assurés par l’Etat comme
les écoles et les hôpitaux (voir
jour 2), là nous voyons les
« fonctionnaires » du sanctuaire
s’affairer en permanence à toutes sortes
de tâches de maintenance : ramassage des
déchets et des ordures, nettoyage de la
ceinture entourant les deux sanctuaires,
service médical d’urgences, pose et
retirement des tapis où les pèlerins
viennent se reposer ou s’endormir,
fouilles des visiteurs dans des
dispositifs prévus à cet effet, dont la
rigueur absolue me fait soudain penser
que les mesures de sécurité mises en
place après les attentats du 13 novembre
2015 à Paris sont une mascarade
dérisoire, inutilement anxiogène, et qui
à la limite faciliterait, pour des
terroristes déterminés, la perpétration
de carnages.
Je les appelle « fonctionnaires » et
c’est ce qu’ils doivent être d’une
certaine façon, tous vêtus qu’ils sont
du même uniforme simple, fait d’un
pantalon gris marron, d’une chemise
beige clair, d’une ceinture noire, à
laquelle est accroché un talkie-walkie.
Les employés de la cité des visiteurs
dans laquelle nous sommes logés sont
vêtus de façon identique.
Après nous être restaurés, et avoir
effectué quelques emplettes, nous
repartons vers minuit pour la cité des
visiteurs. Demain, pour la première
fois, nous nous nous aventurerons dans
le désert irakien, au sud-ouest de
Kerbala, pour visiter les ruines d’une
église des premiers temps du
christianisme, et l’immense
ville-forteresse d’al-Ukhaidar,
construite aux premiers temps de
l’Islam.
François Belliot / 21 août
2016, Paris
A suivre...
[i] François Belliot vient de
publier aux éditions SIGEST, le second
volume de ses chroniques sur la « Guerre
en Syrie » sous-titré : « Quand médias
et politiques instrumentalisent les
massacres » :
http://edsigest.blogspot.fr/2016/06/guerre-en-syrie-v2.html
[ii] Une fatwa est une
recommandation, ou un éclaircissement,
émis par une autorité religieuse
musulmane sur un point litigieux
touchant la pratique religieuse ou la
participation des fidèles à des
événements. Ce terme a improprement une
connotation très négative véhiculée par
les grands médias dans les « démocraties
occidentales ». Dans le chiisme
duodécimain, une fatwa ne peut être
émise que par les plus hautes autorités
religieuses, qu’on appelle Marjas.
Les fatwas chiites pourraient être
comparées, dans le catholicisme romain,
aux bulles pontificales.
[iii] Là encore un terme qu’il
importe d’éclaircir, puisqu’il a
également une connotation très négative
véhiculée par les grands médias, en
raison notamment de sa présence dans le
terme jihadistes, terme
fourre-tout qui prétend désigner les
terroristes islamistes
(expression impropre là encore).
L’appel au jihad contre Daech de
l’ayatollah al-Sistani à la mi-juin 2014
pourrait être comparé à un « appel à
défendre la patrie en danger », comme
par exemple le célèbre appel du 18 juin
1940 émis par le général de Gaulle
réfugié à Londres.
[iv] Occupée depuis mai 2015 par les
combattants de l’organisation Etat
Islamique, cette ville située 100 km à
l’ouest de Bagdad a été libérée fin
décembre 2015 par l’armée irakienne.
[v] A ce sujet je renvoie à la
transcription de mon intervention en
Sorbonne, le 23 juin 2016, lors du
colloque organisé par l’Académie de
Géopolitique de Paris sur « les
relations franco-saoudiennes du point de
vue de la sécurité et de la défense » :
http://observatoire-terrorisme.com/la-lune-de-miel-franco-saoudienne-et-son-terrifiant-envers/
[vi] Massives fortifications en
béton disposées en assemblages comme des
pans de cloisons.
[vii] Le plat national irakien,
composé de divers mezze,
accompagnés de grillades de diverses
viandes et de larges pains sans levain
servis chauds. C’est exactement ce qui
nous avait été offert la veille au
restaurant al-Nousraoui de
Kerbala par nos hôtes (voir
jour 3)
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