UPR
Portrait d’un énième escroc du marigot
politique
François Asselineau
François
Asselineau
Dimanche 7 septembre 2014
On commence à en savoir davantage sur
le « problème de conformité avec les
impôts » (pour reprendre la langue de
bois de Matignon) qu’a commis le député
socialiste de Saône-et-Loire Thomas
Thévenoud, viré en catastrophe du
gouvernement 9 jours après sa
nomination.
Ce porte-parole du PS à l’Assemblée
nationale n’aurait tout bonnement…. pas
fait de déclarations d’impôts depuis 3
ans ! Ni payé d’impôts non plus, bien
entendu.
Et rien ne dit qu’il a fait des
déclarations d’impôts et qu’il en a payé
avant…
On notera que cette affaire est à
peine croyable d’un simple point de vue
technique, puisque cet individu était
par ailleurs un salarié. Or tous les
employeurs sans exception sont
légalement tenus de déclarer toute
rémunération au fisc, et le système de
connexions informatiques de Bercy est
désormais très performant (1).
Mais le plus saisissant de cet
événement est ailleurs. Il tient au fait
que Thomas Thévenoud avait le culot de
donner publiquement des leçons de
transparence et d’intégrité fiscale, et
de fustiger ceux qui fraudaient le fisc
! Exactement comme l’avait déjà fait
Jérôme Cahuzac avant lui.
Tout le monde se rappelle l’affaire
Jérome Cahuzac, ancien ministre du
budget et lui aussi escroc patenté, qui
présidait des « Assises de lutte contre
la fraude fiscale » au moment même où il
fraudait le fisc en planquant ses
revenus sur un compte en Suisse.
Face à cet ancien camarade
socialiste, le sieur Thévenoud avait
pris une pause cauteleuse, faussement
compatissante, aux allures d’assassinat
: « J’ai une question toute simple à lui
poser : pourquoi a-t-il menti à la
représentation nationale ? Pourquoi
s’est-il menti à lui-même ? ». Au micro
de RTL, il avait même qualifié
l’attitude de Jérôme Cahuzac de «
trahison » (2).
Membre de la mission d’information
sur la fraude fiscale des personnes
physiques, Thomas Thévenoud appelait les
fraudeurs à faire « repentance ».
Pourfendeur de l’évasion fiscale, il
s’exclamait, en tant que porte-parole du
groupe PS à l’Assemblée nationale : « A
l’heure où le président de la République
appelle chacun à un pacte de
responsabilité, il y a une
responsabilité à laquelle nous pouvons
appeler les grandes entreprises : la
responsabilité fiscale… Chaque citoyen
français doit contribuer au financement
du modèle social ».
En juin 2013, quelques jours après
que le chef de l’État avait dénoncé les
certains systèmes d’optimisation fiscale
de grandes entreprises, il saluait sur
son blog « la lutte déterminée contre la
fraude et l’optimisation fiscale. [...]
C’est une véritable rupture avec la
politique de la droite qui avait fait de
l’amnistie fiscale un de ses sujets
favoris ».
Le 22 juillet 2013, depuis la tribune
de l’Assemblée nationale, il avait le
culot de commencer son intervention lors
du débat sur la « loi sur la
transparence sur la vie publique » par
cette phrase bien sentie :
« En 1757, Rousseau écrivait à
d’Alembert : ‘‘Combien de vertus
apparents cachent souvent des vices
réels’’… »
Pour prendre toute la mesure d’un
pareil Tartuffe – bien entendu parfait
européiste par ailleurs – , il est de
salubrité publique de visionner et faire
circuler la vidéo du bref récapitulatif
des déclarations moralisatrices de
Thomas Thévenoud qui vient de sortir sur
Internet :
Avec un François Hollande qui s’est
fait élire sur la promesse « mon ennemi,
c’est la finance », et qui nomme ensuite
Emmanuel Macron, banquier d’affaires et
associé chez Rothschild, comme ministre
de l’économie, – et sans évoquer de
nouveau ici les scandales sans nombre
qui ont transformé l’UMP en cloaque -,
cette affaire Thévenoud montre à quel
degré de mensonge, de cynisme et
d’escroquerie généralisée le monde
politique ayant accès aux médias de
grande diffusion est tombé.
(1) Je renvoie ici à
l’article spécifique consacré à ce
mystère par le Figaro
(2) Source :
Le Monde
Le
dossier politique
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