Palestine
La
barbarie colonialiste et l’hypocrisie
pacifiste
Fadwa Nassar
Mardi 29 juillet 2014
Le déchaînement de la barbarie sioniste
dans la bande de Gaza ne peut surprendre
que ceux qui ont cru possible que les
colons ayant envahi la Palestine depuis
la fin du XIXème siècle pouvaient
devenir humanistes, après avoir pacifié
dans le sang et la terreur la population
palestinienne. Cette barbarie sans nom,
saluée par les puissances occidentales,
les Etats-Unis et la France en tête,
n’est que l’expression exacerbée du
colonialisme, poussé dans son ultime
retranchement : soit le massacre soit
l’écrasement de la résistance ou la
volonté même de résistance.
Les horribles massacres perpétrés par
les colonisateurs de la Palestine et
leur appareil militaire rappellent ceux
commis en Afrique, par les colonisateurs
français (de l’Algérie au Madagascar),
par les colonisateurs européens en
Amérique du Nord et du Sud, contre les
peuples indiens et par l’impérialisme
américain contre les peuples
d’Indochine, pour ne citer que ces
exemples, la vraie histoire de
l’occident barbare reste à écrire et à
enseigner. Une différence toutefois,
l’avancée technologique de l’occident
colonial et raciste permet aux
colonisateurs sionistes de perpétuer un
massacre par minute.
L’Etat des colons sionistes n’agit pas
seul, il n’a d’ailleurs ni la force ni
la puissance pour le faire, même face à
des résistants aussi courageux et
vaillants que les résistants
palestiniens. L’Etat colonial représente
le monde occidental dans toute son
horreur, ce monde qui se venge des
peuples aspirant à leur liberté par le
biais d’un Etat juif qu’il a fondé, pour
se débarrasser de ses propres juifs et
fonder une entreprise coloniale au cœur
du monde arabo-musulman.
Le monde occidental peut se laver les
mains et s’innocenter en dénonçant même,
par la bouche de leur délégué Ban Ki
Moon, les horribles massacres à Gaza.
Cela lui semble suffisant pour blanchir
son âme et son histoire, souillées par
le sang de centaines de milliers de
victimes dans le monde. Mais il
participe activement et sans retenue à
l’agression criminelle, au niveau
politique, médiatique, diplomatique et
militaire. Dès le début de cette
agression, il n’a cessé de proclamer son
attachement à la « sécurité » de la
colonie sioniste et affirmer être prêt à
la défendre, il n’a cessé de dénoncer la
résistance et ses fusées et réclame haut
et fort que la solution serait dans le
désarmement de la résistance, ce qui
revient à encourager les colons à
massacrer encore plus, afin de soumettre
le peuple palestinien et les peuples de
la région à leur diktat, via l’entité
coloniale.
Dans la plupart des guerres coloniales
menées par les puissances occidentales,
l’arrivée de colons s’accompagne de
massacres effroyables, suivie d’une
période relative de calme, où les
survivants soignent leurs blessures et
se préparent à reprendre la lutte. Les
pacifistes prennent cette période pour
référence afin d’avancer leurs thèses,
ils légalisent la présence des colons et
agissent pour réconcilier le peuple
soumis avec les colonisateurs
spoliateurs. Ils exercent des pressions
sur les peuples soumis, les obligeant à
reconnaître et à accepter leur « défaite
historique » devant la puissance des
armes de leur ennemi, proclamée norme
internationale, morale, politique et
médiatique et en prétendant compenser
les victimes en reconnaissant leur
« mémoire » (Nakba), mais rien de plus :
« vous devez vous satisfaire de cela,
c’est déjà une grande concession que
l’on vous fait ».
Après avoir détruit et vaincu
militairement les peuples, une partie de
l’Occident, honteuse, devient pacifiste.
Elle veut se racheter auprès des peuples
soumis en réclamant une paix dans
laquelle le spoliateur est toujours
maître et le peuple colonisé toujours
esclave, mais avec une chaîne un peu
plus longue, lui donnant l’illusion
d’une liberté, et avec un peu plus de
miettes à manger, lui donnant l’illusion
de bien-être. Elle l’abreuve de paroles
juridiques, lui enseigne les droits des
femmes, des enfants et des handicapés et
l’amuse en finançant expositions, films
et « ateliers » divers car l’essentiel
pour elle consiste à éloigner les armes,
non celles du spoliateur puisqu’elles
sont là pour sa propre « défense », mais
plutôt celles des résistants et du
peuple en lutte, qui deviennent les
agresseurs, puisqu’ils rompent avec le
statu-quo colonial imposé par la force
des armes.
Qu’il soit belligérant ou pacifiste,
l’Occident tue. En réclamant le
désarmement de la résistance légitime du
peuple palestinien, les humanistes
pacifistes abandonnent un peuple sans
défense aucune, le sommant de rester
soumis au bon vouloir des puissances
armées. Pour eux, il y a des peuples
« majeurs » (les peuples « blancs ») et
les peuples « mineurs » (tous les
autres) qui armés, représentent un
danger pour la planète. Il n’est pas
question que le peuple palestinien se
défende ou même pense à libérer sa
patrie, ce serait un crime de
lèse-majesté envers les « grands » qui
se sont érigés en maîtres de ce monde.
Le seul droit qu’il aurait est de
réclamer assistance, mais celle-ci lui
sera accordée seulement s’il se montre
sage, c’est-à-dire soumis, et encore !
Maintenir le peuple palestinien et les
peuples dans la soumission et la
servitude, c’est le vouloir de
l’Occident belligérant ou pacifiste.
Refuser la résistance, les armes de la
résistance ou l’esprit et la culture
même de la résistance est le credo de
tous ceux qui craignent voir disparaître
ce qu’ils pensent être la suprématie de
l’homme « blanc », celui qui devrait
maîtriser la marche du monde. Gare à
quiconque pense pouvoir bouleverser cet
ordre !
Mais la résistance palestinienne à
l’œuvre actuellement à Gaza, la
résistance armée de fusées, de
mitraillettes, de drônes mais surtout
d’une volonté et d’une foi
inébranlables, a bouleversé leurs plans
et leurs conceptions du monde. Elle est
en train d’écrire une nouvelle page de
l’histoire de la région, qui s’ajoute à
celle écrite par le Hezbollah au Liban,
il y a quelques années, une page où les
peuples ne peuvent recouvrer leur
liberté et leur dignité qu’en livrant
bataille. C’est ce que ne peuvent
supporter l’occident barbare et son
rejeton sioniste : ils expriment leu
refus en massacrant la population,
croyant pouvoir faire fléchir la
résistance. Mais c’est mal connaître et
le peuple palestinien et sa résistance.
En laissant s’exprimer leur barbarie,
ils ne font en fait que précipiter la
chute de l’entité coloniale. C’est
l’objectif de la résistance.
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