Palestine
Al-Quds occupée : échec de la
pacification sioniste
Fadwa Nassar
Destruction de la Mosquée al-Aqsa
Dimanche 27 septembre 2015
La ville arabo-musulmane d’al-Quds,
capitale de la Palestine, est le théâtre
d’une révolte incessante, d’une Intifada
qui n’ose dire son nom, menée par tous
les secteurs de la population maqdissie,
mais aussi par les Palestiniens venant
des territoires occupés en 48, qui sont
encore les seuls à pouvoir se déplacer
vers leur ville, presque sans
restrictions de la part de l’occupant.
Si les sionistes sont parvenus, à coups
de massacres et de destructions, à vider
la partie occidentale de la ville, dès
1948, de sa population arabe
palestinienne, et procédé à un
« nettoyage » ethnico-religieux
quasi-total de toute la zone occidentale
(villages et hameaux détruits,
population massacrée ou expulsée), la
partie orientale de la ville, occupée en
juin 1967, et où se trouvent la mosquée
al-Aqsa, l’Eglise du St Sépulcre mais
aussi des centaines de lieux sacrés et
historiques, résiste toujours à la
judaïsation, grâce à la présence des
Maqdissis et surtout grâce à la prise de
conscience croissante de sa jeunesse
concernant les enjeux civilisationnels
de leur résistance à l’invasion
sioniste.
La judaïsation de
la ville sainte arabo-musulmane d’al-Quds,
mais aussi de la Cisjordanie, comme
auparavant et en parallèle, la
judaïsation de la partie envahie et
occupée en 1948, ne signifie rien
d’autre que la falsification de
l’histoire pour procéder à un
« nettoyage » ethnico-religieux du pays.
Le mythe d’une présence juive en terre
de Palestine, vieille de plus de deux
mille ans, sert avant tout à justifier
la conquête militaire et coloniale du
pays, tout comme ont procédé les
Anglo-saxons pour coloniser l’Amérique,
qui se sont également inspirés de
certaines fables rapportées par la Bible
pour justifier massacres et
destructions, en se prenant pour un
« peuple élu ». A l’origine, donc, dans
un cas comme dans l’autre, ce ne sont
que des hordes de vulgaires bandits, qui
se prenaient pour une race supérieure et
prétendaient apporter la civilisation
« blanche » et européenne : celle où
massacres, atroces tueries et
destructions sont justifiés au nom de la
supériorité raciale et religieuse.
Depuis qu’ils ont
achevé l’occupation de la ville
arabo-musulmane d’al-Quds, en juin 1967,
les sionistes n’ont cessé d’œuvrer à sa
judaïsation : les mesures
administratives ont servi à expulser des
dizaines de milliers de Maqdissis hors
de leur ville, facilitant la
confiscation de leurs biens et de leurs
terres, l’extension de la municipalité
coloniale a visé à noyer les quartiers
palestiniens dans un environnement
colonial, comme ce fut le cas pour
différentes localités dans la Palestine
occupée en 48, où les villages
palestiniens furent rattachés
administrativement aux colonies pour
accélerer leur disparition. Après
l’intifada al-Aqsa, le mur construit par
l’occupant a visé à séparer la ville
d’al-Quds de son environnement
palestinien, afin de l’isoler et effacer
son caractère arabo-musulman. Les
multiples tentatives de judaïser les
noms des quartiers, des rues et des
ruelles de la ville d’al-Quds visent à
effacer la véritable histoire de la
ville au profit d’une histoire mythique,
ingurgitée par des enfants et des
adultes, et récitée à tout bout de
champ, servant à cimenter une société
coloniale en crise d’identité.
La ville
arabo-musulmane d’al-Quds a été envahie
par des colons venus d’ailleurs, des
hordes sauvages aspirant aux conquêtes :
terrains, maisons, quartiers, rues,
immeubles, fontaines. Tout y passe et
est immédiatement baptisé « juif », avec
une histoire mythique brodée autour pour
faire authentique. Mais ces hordes
sauvages n’auraient pu conquérir un
pouce de terrain sans l’aide et le
soutien des organisations et
personnalités sionistes mondiales et
sans l’apport décisif de l’occupant, sa
municipalité et ses forces militaires et
policières.
Ces hordes sauvages
n’hésitent pas à écraser les enfants
palestiniens dans les quartiers, à
expulser des familles de leurs maisons
et à incendier leurs propriétés, à
immoler familles et enfants, à
kidnapper, à tuer, à blesser et à se
ruer sur des passants. Elles sont
appuyées par une administration
coloniale, juridique, législative,
sécuritaire, associative, médiatique et
académique, tout un appareil étatique
mis à leur service, malgré quelques
tensions soulevées parfois, dues
principalement à la résistance du peuple
palestinien.
Profitant de la
situation régionale et internationale,
ces hordes sauvages ont assailli les
lieux saints, et notamment la mosquée
al-Aqsa, symbole de la ville d’al-Quds.
Au fur et à mesure, les autorités
sionistes ont légalisé le partage de la
mosquée entre les juifs et les
musulmans, avant de procéder à sa
destruction, de plus en plus réclamée
par les hordes coloniales. Elles ont
d’abord autorisé la profanation de ses
places, puis autorisé la célébration de
rites talmudiques, puis à présent, elles
empêchent les fidèles musulmans de s’y
rendre certains jours et certaines
heures, le temps consacré à la présence
des colons. Pour ce faire, les fidèles
sont arrêtés, frappés, expulsés,
interdits d’accès à leur mosquée, sous
le prétexte qu’il s’agirait de
l’emplacement d’un temple, qu’aucune
fouille archéologique, même menée par
leurs archéologues, n’a réussi à
confirmer. Au contraire, plus ils
creusent, plus ils trouvent des vestiges
musulmans, byzantins et autres, mais pas
juifs. Mais le mythe persiste, appuyé
par la force militaire, la répression et
le besoin des puissances impériales de
maintenir une présence coloniale en
Palestine.
Malgré leur
puissance destructrice et criminelle,
les colons savent cependant que leur
temps est compté, et même s’ils
profitent d’une situation régionale qui
leur est favorable, ils savent qu’ils
n’ont aucune racine ni dans la ville
d’al-Quds, ni dans le pays, ni dans la
région. Ils sont les envahisseurs et le
resteront tant que vit le peuple
palestinien et tant que les peuples
arabo-musulmans les rejettent et les
refusent, comme une maladie ou un
élément exogène inassimilable.
C’est ce qu’exprime
le soulèvement palestinien dans la ville
d’al-Quds depuis plus d’un an déjà. Des
années de lavage de cerveau pratiqué par
les autorités de l’occupation dans les
écoles d’al-Quds, comme d’ailleurs dans
les écoles des régions palestiniennes
occupées en 48, n’ont pas réussi à
empêcher la jeunesse maqdissie de se
révolter, ni de se mobiliser pour sauver
la mosquée al-Aqsa. Les lois fascistes
promulguées par l’organe législatif
sioniste à l’encontre des enfants
lanceurs de pierres et à l’encontre de
leurs familles, et les menaces de
suppression des subventions familiales
et autres, n’y feront rien, car ce ne
sont que des miettes balancées en
contrepartie du vol d’un pays tout
entier, et ne pèsent pas lourd quand il
s’agit d’arracher sa dignité et sa
liberté.
La défense de la
mosquée al-Aqsa, contre sa partition et
sa destruction, est devenu le point de
ralliement de tous les Maqdissis, jeunes
et moins jeunes, femmes et hommes, mais
aussi de tous les Palestiniens, qui
aspirent à l’honneur de mourir pour al-Aqsa,
comme le jeune Dia’ Talhami, jeune
ingénieur de la ville d’al-Khalil,
assassiné de sang-froid par les
sionistes. Depuis l’immolation du jeune
Mohammad Abu Khdayr, il y a plus d’un
an, et malgré la sauvage répression du
soulèvement palestinien dans al-Quds,
malgré les arrestations, les tortures,
les assassinats, la combativité des
Palestiniens se renforce et des membres
des services sécuritaires de l’occupant
craignent leur nomination dans al-Quds.
L’entité coloniale voulait une ville
pacifiée, prête à accueillir touristes
et pélerins, artistes et conférenciers,
et transmettre une image d’une ville
coloniale judaïsée et paisible, les
lieux historiques arabo-musulmans ne
servant qu’à attirer les touristes, des
décors attirant des dollars et des
euros, comme pour les réserves indiennes
en Amérique.
Mais les enfants
d’al-Quds en ont fait une ville de
résistance, une ville où les heurts sont
incessants, où les pierres et les
cocktails molotov fusent et blessent, où
les colons sont écrasés, et parfois
poignardés, où les dizaines voire les
centaines de policiers de l’occupation
sont sur le qui-vive tous les vendredis,
sinon tous les jours, où les ordres
d’expulsion et d’éloignement de la
mosquée al-Aqsa touchent les femmes
autant que les hommes, où les « Allah
Akbar » fusent à chaque fois que les
colons profanent la mosquée, où les
prières du vendredi se déroulent dans
les rues de la vieille ville, à défaut
de pouvoir prier dans la mosquée, où les
scènes de violence contre les femmes,
les vieillards, les enfants circulent
dans le monde entier, où les incursions
meurtrières se multiplient, et où les
mères de famille, comme Layla Issawi, la
mère de Samer, Shirine et Medhat, tous
emprisonnés, patiente, espère et
réconforte les autres familles touchées
par la barbarie coloniale. Dans la ville
arabo-musulmane d’al-Quds, craindre
l’occupant et ses armes a fait place à
un défi quotidien, dans chaque rue,
ruelle et quartier et dans la mosquée
al-Aqsa.
Soutenir et être
solidaire de la révolte des Palestiniens
dans la ville d’al-Quds et la défense de
la mosquée al-Aqsa permet d’empêcher la
pacification sioniste de la ville.
Contre les efforts déployés par la
communauté internationale (Etats-Unis,
Europe et Nations-Unies) pour instaurer
cette pacification au détriment du droit
palestinien, nous devons au contraire
appeler à intensifier la lutte, et la
soutenir par tous les moyens
disponibles, médiatiques et humains, et
expliquer les vrais enjeux de la
bataille en cours. Pas de répit pour
l’occupant sioniste, la Palestine, al-Quds
et al-Aqsa ne lui appartiennent pas.
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