Palestine
L’ONU en crise : la Palestine déchire le
voile
Fadwa Nassar
Dimanche 19 mars 2017
Quiconque pense que la question
palestinienne n’est pas au cœur du
conflit dans la région, entre la nation
arabo-musulmane et l’entité coloniale,
et même au cœur du conflit entre les
forces de la domination impériale et les
peuples du monde, doit réviser et
remettre en question sa vision du monde
et des conflits qui le secouent, après
le scandale qui vient de secouer l’ONU.
Suite aux pressions
exercées par l’entité sioniste et son
parrain américain, et même peut-être par
d’autres Etats impérialistes, le nouveau
secrétaire général de l’ONU, le
portugais António Guterres a exigé de
l’ESCWA (United
Nations Economic and Social Commission
for Western Asia) et de sa
directrice exécutive Rima Khalaf, de
retirer le dernier rapport que cette
agence de l’ONU vient de rédiger, et qui
accuse l’entité coloniale sioniste
d’Etat d’apartheid.
Mme Rima Khalaf a
refusé d’obtempérer et a accusé le
secrétaire général de l’ONU de se plier
devant les pressions de ces Etats qui ne
respectent pas les « valeurs défendues
par l’ONU ». Elle a refusé de retirer le
document du site internet de l’agence
onusienne, considérant qu’il a été
travaillé en toute conscience et qu’il
mérite d’être connu. Pour ne pas subir
de pressions, Rima Khalaf a démissionné
de son poste, laissant le soin à son
successeur de mesurer la portée des
pressions exercées et de laisser agir sa
conscience. Dans sa lettre de démission,
Rima Khalaf explique qu’elle agit, non
seulement en tant que directrice, mais
surtout en tant qu’être humain qui
défend les valeurs que l’ONU devrait
défendre.
Une nouvelle fois,
et de manière plus explicite que jamais,
la politique du secrétariat général de
l’ONU est dénoncée comme étant sioniste
et impérialiste. Une nouvelle fois,
cette politique hypocrite pratiquée par
la direction de l’ONU est franchement
dévoilée par la question palestinienne,
et c’est à cette politique que se heurte
la volonté des peuples luttant pour en
finir avec le diktat des grandes
puissances et pour la libération de
leurs pays.
Mais le secrétariat
général de l’ONU va mener sa propagande
insidieuse, qui sera relayée par les
médias internationaux, qui craignent de
voir l’entité sioniste mise au ban des
accusés. Cette propagande dira et
commence à dire déjà que l’ordre de
retirer le rapport n’est pas dû à son
contenu ni à la dénonciation de l’entité
sioniste, mais à cause de questions
techniques. L’ONU va chercher à redorer
son blason, ayant été largement dénoncée
par les personnalités et les médias
arabes, à commencer par les
organisations palestiniennes (et même
par l’Autorité de Mahmoud Abbas), par
des partis arabes, comme le Hezbollah,
qui a salué, par la voix de Sayyid
Hassan Nasrallah, le courage de la
directrice Rima Khalaf. La voix des
peuples arabes dénonçant la politique
sioniste de l’ONU va-t-elle atteindre
les médias internationaux et contrer
celle des sionistes et de leurs alliés
impérialistes ?
La dénonciation de
la direction de l’ONU aujourd’hui, doit
ouvrir les yeux sur sa politique dans
son ensemble, sa philosophie et sa
conception de résolution des conflits
dans le monde, que ce soit en Palestine,
dans le monde arabe et musulman, et même
ailleurs, ou par le biais de ses agences
pseudo culturelles, éducatives,
humanitaires et autres. C’est l’ONU qui
a légitimé la colonisation d’une partie
de la Palestine en 1947, pour installer
l’entité coloniale. Et même quand l’AG
de l’ONU vote favorablement pour les
droits des peuples, et pour les droits
légitimes du peuple palestinien, ces
votes ne servent qu’à masquer l’inertie
des uns et la collaboration des autres à
l’invasion coloniale de la Palestine. Ce
n’est pas en instaurant des journées
mondiales par çi et par là que notre
terre sera libérée, mais c’est plutôt en
menant une résistance, armée et
populaire, contre la présence de cette
entité, que nos peuples seront libérés
du diktat de l’arrogance mondiale. Et
l’ONU est là précisément pour empêcher
la voie de la résistance, en se cachant
derrière le masque du droit
international, qu’elle comprend en
fonction de ceux qui la financent, soit
en majorité les Etats impérialistes, qui
proposent des solutions en fonction de
leurs intérêts.
Il est vrai que le
rapport de l’ESCWA dénonce l’entité
sioniste comme un Etat d’apartheid, qui
a divisé le peuple palestinien en
plusieurs communautés et qui, en plus
des guerres meurtrières qu’elle mène
contre la bande de Gaza, soumet les
Palestiniens vivant sous occupation à
des pratiques racistes et
ségrégationnistes dans tous les domaines
de la vie, explicités dans le rapport.
Cependant, ceci est un rapport d’une
agence de l’ONU, qui a accepté de
défendre les « valeurs de l’ONU » qui ne
sont pas toujours celles des peuples en
lutte pour leurs droits et leur liberté.
Car, comme l’ont bien expliqué quelques
auteurs Palestiniens et arabes suite à
ce scandale qui éclabousse l’ONU, le
système instauré par l’entité sioniste
n’est pas de l’apartheid, mais c’est une
colonisation de peuplement. Dire
apartheid, c’est ne pas remettre en
cause la présence même de cette entité
sur la terre de Palestine que les colons
ont envahie dans le feu et le sang, en
expulsant la moitié de sa population,
les 5 millions de réfugiés et plus qui
veulent retourner dans leur pays. Dire
apartheid, c’est réclamer une égalité
pour tous (colons et Palestiniens) dans
le cadre de l’entité coloniale. Or, bien
qu’impossible à cause de la nature de
cette entité, dénoncer l’apartheid et
non l’occupation et l’invasion coloniale
va dans le sens de masquer la vraie
nature du conflit entre la nation
arabo-islamique et l’entité sioniste,
pour son unité et son indépendance
réelle.
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