Palestine
Invasion sioniste du Naqab palestinien :
Umm al-Hiran démoli
Fadwa Nassar
Les
femmes d’Umm el-Hiran entourent une
maison menacée de démolition dans leur
village,
le 18 janvier 2017
(Isaac
Kates Rose)
Jeudi 19 janvier 2017
L’invasion sioniste de la Palestine ne
s’est pas arrêtée depuis le début du
vingtième siècle. Des colons, européens
pour la plupart, s’arrogent le droit de
coloniser une terre où vit un peuple
depuis des millénaires. Ces colons venus
d’Europe, animés d’une idéologie raciste
et négationniste (le sionisme, de gauche
ou de droite, extrémiste ou modéré), ont
fondé leur colonie de peuplement après
avoir massacré et expulsé les
Palestiniens. Ils furent aidés, soutenus
et encouragés par toute la clique
impérialiste de l’époque, l’Europe
occidentale et orientale, les Etats-Unis
et leurs Etats vassaux dans le monde. En
1948, le plus grand crime de l’histoire
contemporaine fut commis par la création
d’une entité coloniale sur la terre de
Palestine, entité devant empêcher
l’épanouissement des peuples arabes de
la région, et leur unité, faciliter le
pillage de leurs richesses et les
installer sous une menace permanente.
Depuis, les sionistes n’ont cessé de
commettre des massacres et d’essayer de
supprimer et d’expulser les Palestiniens
restés malgré tout dans leur pays. C’est
en partie l’histoire de la région du
Naqab, large zone semi-désertique de la
Palestine, occupée en 1948 par les
hordes coloniales. Placée sous le régime
militaire comme le reste des régions
demeurées à majorité palestinienne, le
couvre-feu et les arrestations
arbitraires, la population du Naqab fut
déplacée selon le gré des colons, ou
selon leurs stratégies du moment :
regroupement par-ci, démantèlement par
là. Des tribus furent déplacées vers la
région d’al-Quds, d’autres vers les
villes d’al-Lid et de Ramla, occupées
également, d’autres vers l’Egypte, la
Jordanie ou vers la bande de Gaza.
Alors
que les cartes géographiques datant
d’avant 1948 montrent de larges zones
cultivées, les envahisseurs sionistes
ont prétendu que la région du Naqab
n’était peuplée que par des nomades qui
vivaient de pâturages. Dire « nomade »
signifie pour les colonisateurs une
population apte à être déplacée, n’étant
pas enracinée dans la terre. Mais, de
plus, non seulement les bédouins du
Naqab n’étaient pas des nomades
permanents, mais ils possédaient des
milliers de dunums de terres que les
sionistes ont raflés, sous des prétextes
divers. Aujourd’hui encore, la
population palestinienne du Naqab essaie
de récupérer ses terres en passant par
les tribunaux de l’occupation. Mais il
va sans dire que ces tribunaux sont
juste une façade qui cache la véritable
nature colonisatrice et négationniste du
sionisme.
Pendant des dizaines d’années, les
Palestiniens du Naqab ont lutté contre
leur expropriation et surtout contre
leur enfermement dans des « villes »
construites par l’occupant, conscients
que les envahisseurs sionistes voulaient
appliquer la formule : « le maximum de
Palestiniens sur le minimum de terres »,
formule qu’ils tentent d’appliquer sur
tout le territoire palestinien, du nord
au sud, et de l’Est à l’ouest : d’al-Jalil
à al-Aghwar, d’al-Quds à al-Naqab.
Les
Bédouins du Naqab, Arabes Palestiniens,
ont résisté par tous les moyens
disponibles contre leur expulsion, de
leurs villages, dont la majorité n’est
pas reconnue par l’entité sioniste. Ces
villages n’existent tout simplement pas
aux yeux des colons. Leur emplacement
n’est pas indiqué, ils ne sont pas
reliés par l’électricité, et les lignes
de haute tension qui relient les
colonies sionistes passent par-dessus
leur tête. Ces villages ne sont pas
reliés au réseau d’eau que l’entité
pille sans contrôle, et si certains
villages sont reliés par des routes
asphaltées, c’est grâce à la population
et à ses organisations politiques et
sociales, qui ont organisé des journées
de travail pour faciliter la vie des
gens.
Um al-Hiran,
comme al-Araqib, sont des villages
non-reconnus par l’administration
sioniste. Les Bédouins d’al-Araqib
poursuivent leur résistance, en
reconstruisant plus de 100 fois les
démolitions de leurs maisons. Ils vivent
à présent sous les tentes ou dans des
installations précaires. Cela n’a pas
empêché les envahisseurs de lancer pour
la 108ème fois leurs
bulldozers, il y a tout juste une
semaine. Um al-Hiran est un village
palestinien dont la population a été
expulsée en 1948. A sa place, les
sionistes installent les habitants de
Wadi Zabala, car pour ces colons venus
d’Europe, il faut éviter que les
Palestiniens demeurent dans leurs
villages d’origine et doivent être
déplaçés au gré des stratégies
sionistes. Aujourd’hui, les habitants
d’Um al-Hiran sont menacés d’expulsion
de leur village, car les sionistes
envisagent de fonder une colonie sur
leurs terres. Ils proposent le
déplacement de ses habitants ailleurs,
là où leurs plans de colonisation n’ont
pas été encore établis.
Bien
que l’invasion coloniale sioniste menace
toutes la terre de Palestine, les
stratégies de lutte adoptées par les
Palestiniens sont encore désunies,
notamment depuis que l’OLP a signé les
funestes accords d’Oslo, qui
reconnaissent la « légitimité » de la
présence de l’entité coloniale sur les
terres occupées en 1948. Cette
reconnaissance, qui ne change rien au
fait qu’il s’agit bien d’une entité
coloniale et raciste, a été dictée par
la « communauté internationale »,
toujours là quand il s’agit de protéger
et faire perdurer l’injustice dans le
monde. C’est ce démembrement politique,
social et psychologique qu’il est
nécessaire de surmonter pour affronter
l’envahisseur sioniste. C’est dans ce
sens que s’inscrit la proposition faite
par le Mouvement du Jihad islamique en
Palestine, au mois d’octobre dernier,
réclamant l’annulation des accords
d’Oslo, le retrait de la reconnaissance
par l’OLP de l’entité sioniste et la
réunification de la Palestine, du fleuve
à la mer, dans la stratégie de lutte.
Même
si elle a été largement discutée, la
proposition du mouvement est encore loin
d’être adoptée, telle quelle. Cependant,
le peuple palestinien n’abandonne pas sa
résistance multiforme. Que ce soit dans
al-Quds, dans al-Naqab, dans les camps
de réfugiés de la Cisjordanie occupée et
dans les prisons de l’occupation, et
malgré la « coordination sécuritaire »
entre les services sécuritaires de
l’Autorité palestinienne et les
envahisseurs (bénie et encouragée par la
clique impérialiste), il n’a pas dit son
dernier mot.
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