Palestine
La grande marche du retour et la
bataille médiatique
Fadwa Nassar
Mercredi 18 avril 2018
Avant même que la
« grande marche du retour » ne soit
déclenchée le 30 mars, à l’occasion de
la Journée de la terre, l’occupant
sioniste a lancé sa grande machine
médiatique, relayée par les médias
internationaux : elle serait organisée
par le mouvement Hamas, les manifestants
seraient des combattants, et son but
serait de masquer les « déboires » du
mouvement de la résistance. Cette
version sioniste du grand mouvement
populaire déclenché à partir de la bande
de Gaza a eu pour objectif de justifier
à l’avance la tuerie qui a eu lieu. Le
dernier bilan de cette tuerie perpétrée
par les sionistes, depuis le 30 mars, s’elève
à 33 martyrs et 4279 blessés. Prétendre que le
mouvement Hamas est l’organisateur de la
marche, comme l’ont relayé des médias à
la botte des sionistes dans le monde,
c’est d’abord justifier tout massacre,
et ensuite, masquer le but principal de
la marche, qui est l’affirmation du
droit au retour des réfugiés à la
Palestine, droit reconnu par l’ONU, ce
qui a été masqué par une grande partie
des médias dans le monde, y compris des
médias « pro-palestiniens ». Car
réclamer le « droit au retour des
réfugiés » signifie, pour la plupart des
médias et de la communauté
internationale, mettre en « danger » la
solution de « deux Etats », si chère à
tous ceux qui ont accordé une légitimité
à la fondation d’une entité sioniste en
1948, sur la base des massacres et de
l’expulsion massive des Palestiniens.
« Israël » a tué
des manifestants désarmés, quelle que
soit leur appartenance politique. Bien
évidemment, les marcheurs vers l’entité
coloniale ne sont pas des « a-politiques »
et nombreux d’entre eux appartiennent
aux formations de la résistance armée,
car en Palestine, et dans la bande de
Gaza plus encore, la résistance armée
est une résistance populaire, et ses
membres sont issus du peuple
palestinien. Mais au cours de la marche,
ces résistants ont marché désarmés, avec
leur peuple, et les dirigeants
politiques de la résistance étaient et
sont toujours présents, à la tête des
manifestations et dans les « tentes du
retour », comme doivent l’être tous les
dirigeants dignes de ce nom. De même, la
coordination de la « grande marche du
retour » rassemble les formations de la
résistance aux côtés des unions
populaires (femmes, jeunes, étudiants,
journalistes, avocats, médecins, etc) et
des associations civiles. C’est donc le
peuple palestinien, dans toutes ses
composantes, qui participe à la marche
du retour, pour réclamer le droit
légitime au retour des réfugiés à leurs
terres.
Las d’attendre la
communauté internationale, les
Palestiniens ont décidé d’agir, d’autant
plus que le président américain Trump a
ouvertement souscrit à la position
sioniste, affirmant que le droit au
retour des réfugiés est annulé. Mais le
peuple palestinien affirme que nul n’a
le droit de supprimer son droit, ni de
le marchander. C’est le sens de la
« grande marche du retour », ignoré par
les médias, qui l’ont remplacé par
d’autres objectifs, qui seraient de
désserer l’étau et le blocus contre la
bande de Gaza, ou même de régler le
problème avec Mahmoud Abbas. Et depuis
que la marche a été déclenchée, des
pressions sont exercées par des régimes
arabes, des Etats européens et des
organisations internationales, tous
désireux de sauver l’entité sioniste,
pour cesser la marche, en contrepartie
de quelques miettes, du genre lever
partiellement le blocus contre Gaza et
régler le différend avec l’Autorité
palestinienne de Mahmoud Abbas. En même
temps, l’Autorité et ses services
sécuritaires empêchent le mouvement de
la marche de s’étendre vers la
Cisjordanie, en vue de l’étouffer et de
réduire son objectif, qui serait propre
à la bande de Gaza, et non un objectif
national partagé par tout le peuple
palestinien. C’est en ce sens que les
médias plutôt « pro-palestiniens » liés
à l’Autorité palestinienne dénoncent la
tuerie perpétrée par l’entité coloniale,
sans cependant expliciter clairement
l’objectif de la « grande marche du
retour », au cours de laquelle les
Palestiniens, et notamment les jeunes
qui prennent de nombreuses initiatives,
inventent mille et une façons d’affirmer
leurs droits. Comme l’a déjà écrit le
martyr Bassil Al-A’raj, nombreux sont
ceux qui savent pleurer sur les
victimes, mais peu savent comment
soutenir une résistance légitime.
Les dirigeants de
l’entité sioniste et ses médias ont
salué la tuerie que leur armée a
perpétrée, et les nombreux journalistes
de la colonie proposent quotidiennement
des moyens encore plus diaboliques. Le
journaliste martyr Yasser Murtaja serait
un membre des Brigades al-Qassam,
d’après eux, justifiant ainsi son
assassinat. Ils ont justifié le fait
qu’ils visent, outre les journalistes et
photographes, les équipes médicales et
les ambulances, faisant de nombreux
blessés, car tous seraient des membres
de la résistance armée. Le fait de viser
les journalistes, comme les sionistes le
font depuis la fondation de leur
colonie, a pour but d’empêcher la
transmission des vraies images de la
marche et son caractère populaire, qui
démentent la propagande sioniste, et le
fait de viser les équipes médicales a
pour but de terroriser les manifestants
et de stopper la marche, et de lancer un
message de défi à tous ceux qui lui
demandent de « diminuer l’intensité de
se tirs ».
Car c’est
l’intensité des tirs de l’armée sioniste
sur des manifestants et « infiltrés »
désarmés qui gêne la communauté
internationale, qui a donné cependant
son feu vert à la tuerie. Certains Etats
et des organisations internationales
réclament même des enquêtes. Le
représentant du mouvement du Jihad
islamique au Liban, Ihsan Ataya a
justement répondu à ce propos, disant :
« les sionistes tuent les Palestiniens,
les tueries sont exposées sur les
écrans, comme des films.. Certains
viennent réclamer des commissions
d’enquête pour s’assurer de la nature
des munitions. Est-ce que les
Palestiniens de Gaza se suicident-ils,
par hasard ? Nous entendons certains
demander à l’ennemi sioniste de ne pas
utiliser la force excessive. Est-ce un
message implicite disant que la tuerie
est permise, mais que le problème réside
dans le nombre de martyrs et de blessés
et des armes utilisées ? »
Face à cette
marche, les sionistes paniquent, parce
qu’ils ont affaire à un peuple décidé à
retourner sur ses terres spoliées en
1948. Ils se préparent à tuer le 15 mai,
mais d’ici là, et parce qu’ils savent
que c’est un mouvement populaire, ils
proposent des soit-disant concessions,
pour briser le mouvement. Mais les
organisateurs de la marche poursuivent
le mouvement et viennent de décider de
déplacer les tentes, de 50 à 100 mètres,
vers les barbelés installés par les
colons, en vue de la journée du 15 mai
prochain.
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