Arrêt sur Info
Les Allemands se mobilisent
contre la guerre et contre l’OTAN
Eugen Drewermann
Mardi 30 décembre 2014
Discours du théologien
allemand Eugen Drewermann à Berlin, le
13.12.2014, lors de la manifestation
pour la paix et contre la guerre
Mesdames et Messieurs, chères amies
et chers amis de la paix,
Nous sommes rassemblés, en ces jours
avant Noël, pour exprimer ce que chacun
de nous ressent: nous voulons la paix,
nous ne voulons pas la guerre!
En tant que théologien, j’aimerais
rappeler à Monsieur Gauck [Joachim
Gauck, le président de la République
fédérale allemande] une chose
importante : lorsqu’il exerçait encore
son ministère de pasteur, il n’a pas
expliqué à ses ouailles comment les
anges dans les campagnes de Bethléem
appelaient à soutenir la politique de
paix de l’empereur romain Auguste. En
fait, les anges promouvaient l’exact
contraire de l’armement: « Si quelqu’un
te gifle sur la joue droite, tends-lui
aussi l’autre.» Heureusement, dit Jésus
dans son Sermon sur la montagne, j’ose
nommer les hommes qui, dans ce monde,
ont le courage de déposer les armes.
Mais vous, vous pervertissez les valeurs
chrétiennes que vous prétendez
défendre : vous nous expliquez qu’être
prêts à la guerre – dans le monde entier
– est une question de responsabilité.
Nous n’y sommes pas prêts, nous y sommes
opposés!
C’est vrai: en tant qu’Etat le plus
puissant économiquement en Europe, nous
avons une responsabilité mondiale. Sous
Madame Merkel, cette responsabilité a
même grandi au point que nous siégeons
maintenant à la troisième place des pays
exportateurs d’armement. Et cela, la
majorité des gens en Allemagne ne veut
plus le tolérer – et NOUS, en tout cas
pas! Lorsque Monsieur Sigmar Gabriel
trouve que la vente de tanks à l’Arabie
saoudite sous contrôle parlementaire
pose problème, les glapissements et les
hurlements à la mort de l’industrie de
l’armement EADS, MBB, Heckler & Koch et
de tous leurs semblables, viennent
immédiatement freiner son ardeur. Depuis
quand les affaires et les profits
sont-ils plus importants que les vies
humaines?
Oh oui, nous aurions des
responsabilités! Au sein d’un monde dans
lequel 50 millions d’être humains
meurent de faim, nous aurions la
responsabilité de mettre fin à la
pénurie alimentaire, au manque d’eau
potable, la responsabilité de limiter la
surpopulation, de réduire la destruction
de l’environnement, de faire enfin
cesser la migration économique de
millions d’êtres humains plongés dans la
misère. Au lieu de quoi, nous voyons la
Méditerranée se transformer en fosse
commune, les migrants rejetés manu
militari par Frontex. Payée à Berlin,
siégeant à Varsovie, cette organisation
militarisée protège les frontières
méridionales de cet espace de prospérité
économique qu’est le continent européen.
Ce n’est pas de la responsabilité,
Monsieur Gauck, c’est le contraire: un
cynisme impitoyable qui regarde
ailleurs.
Depuis 1989 nous aurions eu une
chance merveilleuse que nous pourrions
saisir aujourd’hui encore: à l’époque,
après l’effondrement du Pacte de
Varsovie, Gorbatchev déclarait à Bush
père que l’OTAN pourrait elle aussi se
dissoudre, démilitarisant ainsi tout le
corridor qui s’étend de l’Oural à
l’Atlantique. Imaginons un monde dans
lequel nos prodigieux moyens devenus
disponibles seraient enfin convertis en
science et économie, en paix et
bienveillance. Nous pourrions finalement
nous consacrer à la recherche de
solutions destinées à assumer les vraies
tâches de l’humanité, plutôt qu’à la
folie consistant à faire passer
l’extension à l’Est de l’OTAN comme une
politique de paix. Le meilleur moyen de
contribuer à une politique de paix,
c’est la sortie de l’OTAN!
L’OTAN n’a jamais été ce pourquoi
elle aurait été fondée. Pendant 35 ans,
on a expliqué aux Allemands qu’ils
devaient fournir des soldats pour
empêcher toute attaque contre nous et
utiliser pour ce faire toutes les
horreurs de l’armement. Pour une
politique de paix, celle de la
Balance Of Power, de l’équilibre de
la terreur, nous avions besoin d’armes
atomiques, d’armes bactériologiques,
d’armes chimiques, de bombes au napalm.
Tout ce qui contribue à détruire le
droit international se trouvait et se
trouve encore dans les arsenaux de
l’OTAN. En 1989, normalement elle avait
perdu sa raison d’être.
Mais du même coup elle a dévoilé le
rôle qui a toujours été le sien:
mondialiser les exigences hégémoniques
des Etats-Unis d’Amérique, sans frein,
sans frontière, pour imposer les
intérêts du capitalisme.
Nous n’avons aucune raison de rester
plus longtemps dans une alliance qui
annonce ses agissements et ses
intentions criminels aussi ouvertement
qu’elle le fait ces temps. Voulons-nous
vraiment nous faire dire par Monsieur
Stoltenberg [Jens Stoltenberg,
secrétaire général de l’OTAN] que
les Européens devraient augmenter leurs
dépenses militaires à concurrence de 2%
du produit national brut? Sous Adenauer,
en 1964, nous avons promis que la
République fédérale occidentale
consacrerait 0,7% de son PIB à l’aide au
développement. Pendant tout ce temps
l’aide n’a jamais atteint que les 0,4%.
Et nous avons encaissé vingt-cinq fois
cette somme grâce aux intérêts sur la
dette des pays « en voie de
développement ». Jamais les besoins du
tiers monde n’ont été le véritable motif
de cette sorte de politique. Mais
maintenant, avec le quintuple, soit 2%
du PIB consacrés à l’armement, c’est la
fin et la perversion de la
responsabilité mondiale. Monsieur Gauck,
nous sommes contre la guerre parce que
chaque guerre va à l’encontre de ce que
pourrait signifier la responsabilité
mondiale, et nous ne nous laissons pas
convaincre de détourner les yeux, parce
que nous regardons enfin ce qui se
passe!
Oh oui, Poutine menacerait la paix
mondiale. Les dépenses en armement de la
Russie s’élèvent à peu près à 80
milliards de dollars. C’est
incroyablement élevé. Mais en même
temps, on accorde aux USA 500 milliards
de dollars, plus les milliards
nécessaires pour étendre dans le monde
entier le programme d’espionnage de la
NSA afin de contrôler l’humanité tout
entière. Sans oublier les opérations
secrètes de la CIA à peu près partout
sur la terre. A tout cela, il faut
encore ajouter les quelque 300 milliards
que les pays membres de l’OTAN doivent
verser. Tout compris, c’est plus que dix
fois ce que la Russie dépense pour sa
défense. Qui doit avoir peur de qui?
En 1989, on a promis à Gorbatchev que
l’OTAN n’avancerait pas d’un centimètre
vers l’Est. Le ministre des affaires
étrangères de l’époque, Hans-Dietrich
Genscher, a encore négocié la
réunification de l’Allemagne sur la base
du maintien des nouveaux Länder en zone
démilitarisée. Pendant vingt ans, on a
lutté à Neuruppin pour faire échouer les
projets de la Bundeswehr d’y installer
un « bombodrome » où elle voulait
expérimenter des bombes. Mais pour le
reste, le passage de l’OTAN est complet.
Onze Etats se cramponnent comme une
pieuvre à la frontière occidentale de la
Russie. L’OTAN est en Géorgie, elle veut
pénétrer en Ukraine, elle installe ses
bases militaires au Kazakhstan, au
Kirghizstan et en Ouzbékistan, elle
revendique la souveraineté sur l’espace
aérien de l’Asie centrale au-dessus de
l’Afghanistan. Aujourd’hui, l’OTAN est
partout où elle ne devrait pas être! Ce
n’est pas une alliance défensive, c’est
l’alliance la plus agressive que
l’humanité ait jamais connue!
J’entends dire que nous devrions
aider les Kurdes. Donc nous devons avoir
des armes, donc nous avons besoin de 100
personnes qui forment des Kurdes à
l’utilisation efficace de nos armes.
Mais les Kurdes nous ont-ils jamais
intéressés? Les défenseurs de Kobané
appartiennent au PKK et sont de ce fait
une organisation terroriste. Les Kurdes
ont subi des bombardements aériens par
les Britanniques pour la première fois
en 1925, parce que des prospections
géologiques avaient détecté du pétrole
dans leur sol. Dix-sept millions de
Kurdes, héritiers d’une culture
millénaire, attendent le droit d’être un
peuple. Mais ils n’en ont pas le droit
car cela pourrait nuire aux intérêts de
la Turquie, qui est membre de l’OTAN.
C’est pourquoi ils n’ont jamais rien été
d’autre qu’un rempart contre Saddam
Hussein, contre Assad en Syrie. Ils ont
dû marcher droit, comme les Américains
voulaient qu’ils le fassent.
L’autorisation de former leur propre
Etat méritait notre soutien, mais
absolument pas l’actuel massacre dans
lequel ils sont plongés!
Toute la politique de défense est
confrontée aujourd’hui à un problème qui
n’a pas commencé avec le Baron von und
zu Guttenberg [homme politique
allemand, membre de l’Union
chrétienne-sociale de Bavière (CSU),
deux fois ministre dans la coalition
d’Angela Merkel. Il a transformé, à
peu de frais, comme il l’avait promis,
l’armée de conscrits en une armée de
métier, transformation nécessaire car de
moins en moins de gens étaient d’accord
de s’enrôler. Maintenant, Frau von der
Leyen, l’ancienne ministre de la famille
devenue ministre de la guerre, affronte
la tâche qui lui a été confiée, soit
d’introduire la Bundeswehr au cœur de la
société. Je peux déjà vous l’annoncer:
chez nous, elle n’y arrivera jamais!
Rendre l’image de la Bundeswehr plus
conviviale est sans doute possible. On
améliore la communication numérique, la
nourriture des restaurants
universitaires et des casernes, on
instaure des congés le week-end ou
autres mesures du genre. Sauf que,
Madame von der Leyen, la Bundeswehr
n’est pas une entreprise parmi d’autres!
Ce qu’on y apprend, c’est à tuer des
êtres humains de la manière la plus
efficace possible!
Et nous n’avalerons pas ces
manipulations par petites bouchées,
comme si c’était chose normale, à
l’image de notre indifférence pour ce
qui se passe dans les abattoirs, à la
périphérie des grandes villes, lorsque
nous achetons une saucisse. Nous nous
intéressons à la manière dont vous
prévoyez de produire de la sécurité!
Sympathique et conviviale pour les
familles. A Potsdam, on voit un papa
confortablement installé, occupé à
exécuter l’ordre de meurtre par drone
pour une exécution extrajudiciaire à dix
mille kilomètres de là. Et son petit
garçon, assis sur ses genoux, apprend
comment on pourra peut-être encore
améliorer la chose dans dix ans. Si
c’est ça l’avenir pour lequel nous
éduquons et formons nos enfants, que
pourrait signifier la responsabilité
mondiale?
Nous refusons les attaques de drone
que les Américains font voler après
coordination préalable en Allemagne, à
la base aérienne des United States Air
Forces de Ramstein [http://www.rfi.fr/afrique/20130601-terrorisme-raids-drones-menes-etats-unis-afrique-depuis-le-territoire-allemand/].
Tout le monde en a connaissance, mais il
est urgent et nécessaire de dénoncer, de
supprimer ce système qui utilise
abusivement une base allemande. Nous
n’avons pas besoin d’armes qui tuent
sans mettre nos propres soldats en
danger. Nous avons besoin de la
destruction des armes afin que plus
personne ne soit mis en danger.
Oh oui: nous n’envahissons pas
d’autres pays, affirme Obama en pensant
à la Crimée et à l’Ukraine. Mais qui, je
vous le demande, a pénétré depuis 1965
au Vietnam, puis en Irak, en Somalie?
Qui a dévasté la Libye et la Syrie? Qui
avait besoin d’envahir l’Irak une
deuxième fois après avoir, entre les
deux invasions, fait mourir plus d’un
million de personnes avec l’embargo? Qui
a aspergé d’agent orange la piste
Ho-Chi-Minh au Vietnam, pour la
défolier ? Cette arme chimique, puissant
herbicide, provoque aujourd’hui encore
des cancers, des fausses-couches [et
des malformations congénitales - NDT ].
L’uranium dit «appauvri», dont les
Américains ont bombardé l’Irak, produit
toujours à l’heure actuelle les mêmes
effets. L’armée allemande ne veut même
pas révéler la présence des mines en
Afghanistan pour «des raisons de
sécurité», dit-elle ! Et maintenant nous
devons envoyer cent soldats au nord de
l’Irak afin d’enseigner aux gens sur
place comment on désamorce les mines!
Une telle déclaration est un affront à
notre population allemande, le comble du
cynisme.
Pas plus Monsieur Gauck que Madame
Merkel ou Madame von der Leyen ne
semblent comprendre ce simple fait:
enseigner à des jeunes l’application
immédiate du principe «toi ou moi»,
joint à la manière la plus efficace et
la plus radicale possible de tuer le
prétendu ennemi, équivaut à un
changement fondamental de la conscience.
En observant ce qui se passe
aujourd’hui, nous devrions nous souvenir
d’autre chose encore. C’était en 1918,
lorsque dans l’Europe entière, tous et
toutes auraient dû dire: il est
inconcevable qu’un des participants à
cette guerre absurde puisse prétendre se
proclamer vainqueur après le massacre
de dix millions de gens. Nous avons tous
et toutes perdu notre humanité dans les
batailles de Verdun, Ypres, Cambrai;
nous partageons toutes et tous l’idée
qui proclame «Plus jamais la guerre!»
Mais non: les uns veulent n’avoir pas
perdu la guerre et les autres veulent
l’avoir gagnée. Voilà l’origine de la
tragédie du XXe siècle. Exactement cent
ans plus tard, nous pourrions enfin le
comprendre: avec des bombes, on fait des
cimetières, jamais la paix!
Qui devient soldat aujourd’hui le
fait pour gagner de l’argent, ceci dans
la logique de Madame von der Leyen. On
pourrait tout aussi bien être balayeur
de rue, boucher, boulanger ou autre
chose. Nous sommes retournés au
mercenariat de la Guerre de Trente ans.
Nous avons maintenant des assassins
professionnels, qui tuent sur ordre.
Seulement pour l’argent, pour rien de
plus élevé. Tout le reste n’est que
propagande. Le projet se trahit de
lui-même par ses propres mensonges.
La Première Guerre mondiale nous
l’avait déjà appris. Il a fallu douze
ans à Erich Maria Remarque pour
l’écrire: « Si même cela avait été
possible…» Cela… Il voulait parler des
déluges d’acier sur le front
occidental : «… rien ne restait de ce
que nous appelions jadis la culture, de
Platon à Schopenhauer. Six semaines de
formation ont suffi à nous faire ramper
dans la boue, sur ordre de n’importe
qui, à condition qu’il porte les bonnes
épaulettes. Nous sommes devenus des
bêtes, des assassins, nous avons cessé
d’être des êtres humains.» Que
disons-nous aux écoliers auxquels Madame
von der Leyen veut diffuser la
propagande des officiers de la
Bundeswehr? Quand on se demande, en
Saxe-Anhalt, s’il ne faudrait pas qu’un
pacifiste vienne parler dans les écoles
après le passage d’un officier de
l’armée allemande, ceci afin de
représenter nos positions, la CDU se met
immédiatement à hurler et la demande est
annulée. Car l’armée allemande est un
organe constitutionnel et s’y opposer
démoraliserait les troupes. Or c’est
exactement ce que nous voulons:
démoraliser les troupes et abolir la
Bundeswehr! Parce que nous avons des
scrupules à tuer et nous voulons
provoquer ces scrupules!
Je pense au pilote de bombardier
Harold Nash de la Royal Airforce, en
juillet 1943. C’était l’opération
Gomorrha, le survol de la ville
hanséatique de Hambourg, Round the
clock bombing. Résultat : 40’000
morts à Hammerbruck en une seule nuit !
Nash le décrit avec ses propres mots:
« Nous voyions sous nos ailes un ruban
noir semé de perles et nous savions: ce
que nous provoquions là en dessous était
pire que l’Enfer de Dante. Nous ne
pouvions voir que le feu mais pas les
êtres humains, sinon nous n’aurions pas
pu le faire.» Est-ce que la réponse doit
être: surtout ne pas regarder ?
Aujourd’hui, nous assassinons
numériquement à 10’000 kilomètres de
distance pour préserver nos nerfs… C’est
ça la réponse actuelle Monsieur Gauck,
Madame von der Leyen?
Il existe pire encore : l’obéissance.
Toutes les armées du monde enseignent à
ses femmes et à ses hommes le
garde-à-vous face aux ordres. Même les
spécialistes de la torture qui œuvrent
dans les camps à Bagram en Irak, en
Afghanistan, en Pologne, en Egypte, en
Syrie, même ces gens-là sont protégés
par Bush jeune et Dick Cheney sous
prétexte qu’ils ne sont rien d’autre que
des patriotes, exécutant leurs ordres.
Pourtant, les Américains devraient s’en
souvenir : en 1946 à Nuremberg, ils ont
posé exactement cette question aux
dignitaires nazis pendant les procès
pour crimes de guerre: comment
assumaient-ils cette responsabilité? Ils
ont entendu alors la ritournelle
habituelle de la soldatesque du monde
entier: « Un ordre est un ordre ». Et
les plaignants de rétorquer: c’est le
début du crime, on ne peut pas
simplement laisser sa personnalité au
vestiaire au moment où on passe un
uniforme.
Mais alors comment peut-on devenir
soldat? Joshua Key, qui a déserté en
2003 à Bagdad, l’écrit net et clair:
« Ici, nous ne combattons pas des
terroristes, nous sommes nous-mêmes des
terroristes. » Il a vu un de ses
camarades abattre une jeune fille qui
venait régulièrement mendier à la
caserne, sa petite sœur dans les bras.
Le jeune soldat la soupçonnait d’être
membre d’Al Qaida, avec une ceinture
d’explosifs. Peur et violence, c’est la
logique de la guerre. Tant que les
puissants peuvent nous faire peur, leur
pouvoir s’établit par les armes. Devant
vous, Monsieur Gauck, Madame Merkel,
Madame von der Leyen et tous les autres,
peu importe leurs noms, nous avons cessé
de nous inquiéter; maintenant, c’est
nous qui commençons à vous faire peur,
parce que vous perdez le soutien de la
population!
Je résume tout ce que je viens de
dire avec les mots que le poète Wolfgang
Borchert a laissés en testament à
l’humanité, en 1947, alors qu’il mourait
d’un cancer dans un hôpital de Bâle.
Telle est la leçon de la Deuxième Guerre
mondiale, la leçon de toute guerre: ce
n’est pas vrai que notre pacifisme est
un réflexe d’après-guerre; le pacifisme
est la conviction principale de toute
période d’avant-guerre; nous sommes par
principe contre toute guerre. Et
Wolfgang Borchert écrivait:
« Toi. Homme à ta machine, toi homme
dans l’atelier. Si demain ils te donnent
l’ordre de ne plus faire conduites d’eau
ni terrines, mais casques d’acier et
mitrailleuses, alors, dis NON! Et toi la
mère, la mère en Allemagne! La mère en
Ukraine! Si demain, ils reviennent et
vous disent d’enfanter, d’accoucher
d’infirmières de campagne et de nouveaux
soldats pour de nouvelles tueries, alors
toi, la mère en Allemagne, la mère en
Ukraine, dis NON! Toi. Chercheur en
laboratoire. Si demain ils te donnent
l’ordre d’inventer une mort moderne
contre l’ancienne vie, alors, dis NON!
Et toi, le pasteur du haut de ta chaire.
Si demain ils te donnent l’ordre de
bénir le meurtre et de déclarer sainte
la guerre, alors, dis NON!
Car si vous ne dites pas NON, cela
continuera toujours!
Nous sommes pour :
La fin de l’armement
La sortie de l’OTAN
L’abolition de la Bundeswehr
La conversion de tous les moyens au
service de la paix.
La paix est l’avenir, la guerre est
le passé. Et nous refusons de laisser la
conscience allemande revenir à l’âge de
pierre. Nous nous réjouissons des jours
de Noël et d’une année nouvelle qui
évite les anciennes erreurs.
Merci
Eugen Drewermann - Berlin,
le 13.12.2014
Vidéo du discours :
Texte complet en allemand
(Traduit par Diane Gilliard) :
http://friedenswinter.de/wp-content/uploads/2014/12/141215_rede_eugen_drewermanns_
in_berlin_13122014.pdf
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