Focus
La « crise grecque », vue de Grèce
Dimitris Konstantakopoulos
De gauche
à droite : (1) Wolfgang Schäuble,
ministre des Finances allemand après
avoir été plusieurs fois ministre de
l’Intérieur. Il est connu pour son
alignement sur Washington, sa
dénonciation des alliances avec Moscou,
son soutien à la guerre contre l’Irak et
au camp de Guantánamo. (2) Angela Merkel,
chancelière fédérale. Ancienne
responsable de la propagande en RDA,
elle rejoignit du jour au lendemain le
gouvernement Köhl et reste sous
surveillance de la CIA. (3) Otmar Issing,
professeur d’économie. Il est à la fois
conseiller de la banque Goldamn Sachs et
administrateur de la Banque centrale
européenne. Il a publié en 2012 un
ouvrage en faveur d’une éjection des
« PIIGS » (Portugal, Italie, Irlande,
Grèce et Espagne) hors de la zone euro.
Vendredi 10 juillet 2015
Vu d’Athènes, la crise grecque
n’a de grecque que le nom. Elle met en
jeu des intérêts stratégiques qui
dépassent largement les Balkans et agit
comme un piège dans lequel les
principaux dirigeants de l’Union sont
tombés. Car si l’enjeu est géopolitique,
les réactions de l’Allemagne et de ses
alliés se retourneront contre eux et
contre tous les Européens.
«
Nous ne mourrons
pas pour Dantzig », disaient les
Français il y a soixante-dix ans.
« Nous ne paierons pas pour les
Grecs », disent aujourd’hui les
Allemands. Et si, entre temps, la
force de l’argent a remplacé, en
Europe, celle des armes, cela ne l’a
pas rendue moins mortelle (ni même,
en fin de compte, moins
autodestructrice).
L’attaque dont la Grèce fait
l’objet de la part de forces « géo-économiques »
puissantes, à savoir celles du
capital financier totalement libéré
de tout contrôle, d’un Empire de
l’Argent en gestation, a une
importance énorme au niveau mondial
qui dépasse de loin la dimension de
ce petit pays. C’est la première
d’une série de batailles, qui vont
déterminer l’avenir des États et des
pays européens, celui de l’idée
d’une Europe unie, indépendante,
sociale, celle de notre démocratie
et de notre civilisation.
La
question à laquelle on essaie de
répondre, en Grèce, est de savoir
qui va payer la dette cumulée de
l’économie mondiale, y compris celle
due au sauvetage des grandes
banques, en 2008.
Est-ce que ce sera la population
des pays développés, au prix de la
suppression des droits sociaux et
démocratiques acquis durant trois
siècles de lutte, autrement dit, de
la civilisation européenne ? Ou bien
les pays tiers ? Va-t-on la payer
par la destruction de
l’environnement ? Les banques
vont-elles l’emporter sur les États,
ou bien ces derniers
l’emporteront-ils sur les banques ?
L’Europe pourra-t-elle dominer de
nouveau le monstre que constitue le
capital financier totalement
déréglé, en rétablissant une
réglementation des flux de capitaux,
dans le cadre d’un protectionnisme
raisonnable et d’une politique de
croissance, en contribuant à la
construction d’un monde
multipolaire, donnant ainsi un
exemple d’ordre mondial ? Ou bien
va-t-elle périr dans des conflits
internes sans merci, en consolidant
le rôle dominant, quoique vacillant
aujourd’hui, des USA et demain
peut-être, celui d’autres
puissances, voire même de
totalitarismes, au niveau mondial ou
régional ?
La crise
grecque
Les gouvernements européens et
leur Union, qui ont dépensé des
sommes colossales pour le sauvetage
des banques, imposent à la Grèce de
prendre des mesures qui constituent
la plus grande régression dans
l’histoire du pays, exceptée la
période de l’occupation allemande de
1941-1944, tout en la poussant dans
la plus importante récession qu’elle
ait connue depuis des décennies, la
privant de toute perspective de
croissance pendant un temps
indéterminé. Ce qui, d’ailleurs,
risque de rendre impossible le
remboursement de sa dette,
c’est-à-dire risque de faire de la
Grèce une Lehman Brothers dans la
nouvelle phase de la crise mondiale
commencée en 2008.
Nous sommes
arrivés à un point où la Banque
centrale européenne prête aux
banques à un taux de 1 %, afin que
celles-ci prêtent à l’État grec au
taux de 6 % ou 7 %. En même temps,
les gouvernements européens refusent
de consentir a l’édition des
euro-obligations pouvant servir a la
normalisation des taux payes par
l’État grec.
L’Allemagne
contre l’Europe
Il y a vingt ans, l’Allemagne,
nouvellement réunifiée, atteignant
sa pleine « majorité stratégique »,
« acheva », par sa première action,
la Yugoslavie multinationale et
fédérale, en imposant à ses
partenaires la reconnaissance des
différentes Républiques. Le résultat
en a été tout d’abord une série de
guerres qui ont semé la ruine et la
mort dans les Balkans, sans résoudre
pour autant aucun de leurs
problèmes, puis la mort dans l’œuf
de la politique étrangère et de
Défense de l’UE et, enfin, le retour
solennel des USA dans leur rôle de
maître absolu du Sud-est européen.
Tout cela pourtant fera figure de
simple délit, devant ce qui risque
de se passer maintenant, comme
conséquence de la courte vue de
Berlin et de la manière dogmatique,
extrêmement égoïste, dont elle
défend les règles de Maastricht,
disposée, semble-t-il, à sacrifier
un ou plusieurs de ses partenaires,
appartenant même au « noyau dur » de
l’ UE, la zone euro, en les faisant
plonger dans le désastre économique
et social.
Aujourd’hui, l’enjeu de
la crise « grecque », de la crise
« espagnole », « portugaise » ou
d’une autre demain, n’est pas
seulement la politique européenne
commune, ni le sort des Balkans.
C’est bien l’idée même de l’Europe
unie qui risque de mourir, et sa
monnaie commune avec elle, comme
l’ont déjà noté les hommes
politiques et les analystes
économiques les plus pénétrants en
Europe et au niveau international.
Si en 1990-91, la politique
allemande avait établi le… rôle des
USA en Europe du Sud-est, la
politique allemande actuelle conduit
à la consolidation de leur rôle
hégémonique aujourd’hui ébranlé dans
les affaires européennes, sinon
mondiales. Tout en privant l’Europe
de la possibilité de jouer, en
s’appuyant sur ses idées et sa
civilisation, un rôle d’avant-garde
dans la refonte si nécessaire du
système mondial.
Des erreurs
historiques si colossales ne sont
pas sans précédent dans l’histoire
allemande : aujourd’hui, Berlin
surestime sa puissance économique,
comme il avait surestimé sa
puissance militaire dans les années
1910 et 1930, contribuant ainsi à la
destruction de l’Europe et de
l’Allemagne elle-même, lors des deux
Guerres Mondiales.
L’établissement de la monnaie
unique et le mode de fonctionnement
de l’UE, ont profité surtout à
l’Allemagne qui refuse pourtant d’
« ouvrir sa bourse » à ses
partenaires en difficulté. Elle ne
défend pas l’Europe ni à
l’extérieur, contre les attaques des
banques internationales dominées par
les Anglo-Américains ni contre
celles du capital financier, nommés
par euphémisme « les marchés ». Elle
ne la défend pas non plus à
l’intérieur, non seulement parce
qu’elle refuse d’assister un
soi-disant partenaire, en
l’occurrence la Grèce, mais aussi en
l’insultant, par une campagne
sadique et raciste des media
allemands, au moment où elle
affronte des difficultés vitales !
L’Allemagne et
Maastricht
L’Allemagne a raison lorsqu’elle
soutient que, en agissant de la
sorte, elle défend les règles de
Maastricht, qui interdisent toute
sorte de solidarité et d’entraide
entre les membres de l’UE et
imposent, jusqu’à la fin des temps,
une politique monétaire qui n’existe
nulle part ailleurs au monde.
Ces règles correspondent aux
intérêts allemands, du moins tels
que les conçoivent les milieux
dominants de Berlin, et, surtout, à
ceux des banques et plus
généralement des grands détenteurs
du capital financier. C’est leurs
profits que garantissent les règles
de Maastricht, en association avec
le régime de libéralisation totale
des échanges de capitaux et de
marchandises, qui interdisent
explicitement ou implicitement aux
Européens d’exercer une politique
inflationniste, keynésienne,
anticyclique, quand il le faut, mais
aussi de se défendre contre
l’antagonisme économique extérieur,
de la part des USA ou de la Chine.
En soutenant cependant, à juste
titre, que sa politique actuelle est
dictée par le traité de Maastricht,
qui doit être respecté comme l’Évangile,
Berlin dévoile, malgré lui, le
caractère monstrueux de l’actuel
édifice européen. On n’a nullement
besoin d’être économiste, le sens
commun suffit, pour comprendre
qu’aucune union d’aucune sorte de
personnes, de peuples, d’États, ni
de quoi que ce soit, ne peut avoir
une vie bien longue, si elle est
fondée sur… l’interdiction de
solidarité entre ses composantes !
Les peuples de l’Europe n’ont pas
consenti à l’idée de l’unification
européenne pour … se ruiner ; ils y
ont consenti pour acquérir davantage
de sécurité et de prospérité.
En
disant à ses partenaires … d’aller
se faire voir ailleurs, à la
première difficulté, les dirigeants
allemands délégitiment eux-mêmes,
dans une grande mesure, aussi bien
l’idée de l’Europe unie que celle de
la monnaie unique, ainsi que leur
propre ambition d’être à la tête de
l’Europe. À quoi sert une Union qui
a mobilisé tous ses moyens pour
sauver les banques qui avaient
provoqué la crise de 2008, et qui
refuse de sauver un peuple européen
menacé par ces mêmes banques
renflouées au moyen de l’argent
public ?
La seule raison pour laquelle les
membres de la zone euro, qui sont
touchés par la crise, y demeurent
encore, est leur crainte des
conséquences d’un retrait (et divers
intérêts de leurs milieux
dirigeants). Mais pour combien de
temps encore cette raison
sera-t-elle suffisante, surtout dans
le cas d’une éventuelle aggravation
de la crise économique, qui
transformera de vastes zones
européennes en une sorte d’Amérique
latine ? De même qu’au XXe siècle,
l’Allemagne paiera de nouveau, elle
aussi, le prix de son égoïsme,
politiquement, en minant son propre
rôle et économiquement, en étouffant
les acheteurs de ses produits. Mais
elle risque de s’en rendre compte
quand il sera trop tard pour réparer
la situation.
La crise grecque
comme crise de l’eurozone
Il est presque évident que la
crise grecque n’a pas à voir
uniquement ni même essentiellement
avec les problèmes intérieurs assez
importants du pays, la faiblesse de
son État et de son système
politique, source d’une vaste
corruption. Ces problèmes, ainsi que
le fait que la Grèce dépense des
sommes colossales pour se défendre
d’une Turquie négationniste, sont
cependant des facteurs qui
déterminent la forme, le moment
d’apparition de cette crise et la
capacité du pays à y faire face.
Mais ils n’en constituent pas la
cause, comme le prouve la crise en
Espagne, au Portugal et ailleurs
également. En Grèce, elle peut
prendre l’aspect d’une crise de la
dette publique, en Espagne de
l’endettement privé, elle est
cependant présente partout. Elle
reflète l’incapacité de long terme
des pays les plus faibles de l’Union
à faire face, d’une part à une
politique monétaire modelée sur les
intérêts de l’Allemagne et des
banques internationales, et d’autre
part à la suppression de toute
barrière de protection extérieure de
la zone euro.
Le fonctionnement « intérieur »
de la monnaie unique, faute de
mécanismes compensatoires, conduit à
un transfert permanent de
plus-values du sud de l’Europe vers
le nord. Le fonctionnement
« extérieur » d’une zone euro qui
s’est volontairement interdit toute
protection contre la concurrence
états-unienne et chinoise, toute
politique industrielle et sociale,
toute harmonisation fiscale conduit
à la dégradation de la capacité
européenne de production dans
l’ensemble de l’Union, en commençant
par les plus faibles. L’industrie
grecque par exemple se délocalise de
la Grèce du Nord vers les Balkans,
les touristes désertent le pays
d’une monnaie chère, l’euro,
préférant le littoral turc.
Le problème va s’aggraver avec la
fin, bientôt, des politiques de
cohésion. Le problème structurel
grec a certes accentué la situation
et a amené la Grèce en plein milieu
de la crise européenne, mais ce
n’est pas lui qui l’a créé.
L’Europe du Sud n’est pas la seule à
faire face à ces problèmes. La
France, un pays plus central et
métropolitain, cœur politique de
l’Europe, si l’Allemagne en
constitue le cœur industriel, les a
également recensés et doit les
affronter. Ils sont à l’origine du
rejet de la constitution européenne
par le peuple français en 2005.
Depuis lors, d’importants
intellectuels français ont mis en
évidence l’impasse vers laquelle se
dirige la zone euro. Par exemple
Emmanuel Todd, Jacques Sapir,
Bernard Cassen et ATTAC, Maurice
Allais pour ne citer que quelques
uns, soulignent qu’il est impossible
qu’une Europe productive et sociale
puisse survivre sans quelque forme
de protectionnisme.
L’obstination dans les règles de
la zone euro telles qu’elles se
présentent actuellement mène au
totalitarisme, dit Todd. L’Europe se
dirige vers la catastrophe avec le
système ultralibéral d’échanges et
la suppression de la préférence
communautaire par les autorités de
Bruxelles.
Jusqu’à présent, les
idées de réforme de la zone euro ne
pouvaient pas être appliquées, faute
de volonté politique. Ce serait une
tragédie pour le peuple grec si, a
cause, entre autres, de la façon
dont le système politique grec et
une élite politique en pleine
dégénérescence gère le pays, il
était appelé à payer au prix de sa
catastrophe l’énergie nécessaire à
une réforme de l’euro, qui serait
mise en place, si elle l’est un
jour, trop tard pour que la Grèce
puisse en profiter.
Économie et
géopolitique
Pour ce qui est cependant de la
dimension géopolitique du problème,
les dirigeants allemands ne semblent
pas avoir tiré les enseignements de
leur propre histoire, c’est-à-dire
se rappeler de leur incapacité,
durant les décennies qui avaient
précédé la Première Guerre mondiale,
d’encaisser les profits attendus de
leurs progrès scientifiques et
technologiques. Le
capitalisme-casino, engendré par le
dérèglement de ces dernières
décennies et auquel ils ont consenti
de façon intéressée, caractérisée
par l’absence totale de perspicacité
stratégique, est un enfant
anglo-américain. Aucun joueur, si
bon et si fort qu’il soit, ne l’a
jamais emporté sur le propriétaire
du casino !
On est en droit de se
demander si quelque plan stratégique
ne se cache pas derrière la crise
déclenchée actuellement non
seulement par rapport à la dette
grecque, mais aussi contre l’euro,
au moment même où ce dernier
s’apprêtait à devenir une devise
mondiale.
D’autant plus que, maintenant
nous le savons, Goldman Sachs se
trouvait derrière l’attaque contre
la Grèce et l’euro.
En se
barricadant derrière le traité de
Maastricht, dans une
Europe-« dictature des banques »,
les Allemands ont certes profité de
leur suprématie économique, mais ont
en même temps permis que soit tendu
un énorme piège potentiel, qui vient
d’être activé, contre l’Europe unie.
Il fallait, d’ailleurs, s’attendre à
ce que les choses évoluent dans ce
sens, quand on voit par exemple
l’architecte de la politique
monétaire européenne n’étant autre
que l’homme de Goldman Sachs, Otmar
Issing. Un, du reste, dans un vaste
réseau d’ influence de cette banque
en Europe.
On voit donc peut-être
aujourd’hui se développer le plan
stratégique qui intègre la
géopolitique et la géo-économie dans
l’architecture du traité de
Maastricht.
La crise était inscrite dans le
traité même avec deux aboutissements
possibles : soit la transformation
de l’Europe en une structure
totalitaire assujettie, soit sa
dissolution en ses composantes, ou
en tout cas son maintien dans un
état de déchirement dû à ses
problèmes internes, qui l’empêche de
gagner son autonomie vis-à-vis des
USA et d’imposer des règles au
capital financier mondial.
La
politique de Berlin semble être
fondée sur l’espoir de tirer le
meilleur profit dans le cadre de la
mondialisation que s’il revendiquait
pour le compte d’une Europe réformée
d’être sur un pied d’égalité avec
les USA, dans le cadre d’un monde
multipolaire aux flux des capitaux
et des marchandises règlementés.
Justement parce qu’il a sans doute
encore le souvenir de ses défaites,
quand il avait recherché l’hégémonie
européenne et mondiale. Mais, ceci
faisant, il semble oublier que la
mondialisation est dominée par le
secteur financier et du crédit, et
point par l’industrie qui constitue
le point fort de l’Allemagne. Qui
risque, en fin de compte, de se
retrouver dans la même situation
qu’elle avait connue vers la fin du
« grand » siècle libéral, à la
veille de la Première Guerre
mondiale.
Les dirigeants allemands pensent
peut-être qu’un « renvoi » ou un
retrait forcé de la Grèce de la zone
euro serait une solution qui, d’une
part « servirait d’exemple » pour
les autres membres de l’Union et
aurait augmenté, d’autre part,
l’homogénéité d’un noyau dur
européen qui s’est trop « ramolli ».
L’idée d’une « Europe à plusieurs
vitesses » et de cercles
homocentriques, telle que l’avait
formulée Karl Lammers, reste très
populaire en Allemagne. Seulement,
les cercles risquent finalement de
s’avérer hétérocentriques.
Il est évident que pour la Grèce,
mais aussi pour d’autres membres de
la zone euro, le problème se posera
de lui-même et, à ce qui parait,
plus tôt et non plus tard qu’on ne
l’imagine. Rester dans la zone euro
n’a un sens pour la Grèce et pour
d’autres pays que si celle-ci est
réformée très vite et en profondeur.
Mais il n’est pas du tout certain
qu’un ou plusieurs retraits aient
pour l’Allemagne les avantages
auxquels elle s’attendrait.
En persévérant dans cette
politique, Berlin risque de plonger
la zone euro et l’UE dans une crise
très grave. Il mènera, en même
temps, à une défaite stratégique
majeure de l’Europe dans l’Est
méditerranéen, contribuant ainsi à
la réalisation de l’objectif
stratégique central des USA dans la
région, à savoir la constitution
d’une zone d’influence
américano-turque depuis la mer
Adriatique jusqu’au Caucase et
Chypre.
Une telle zone, dans l’optique de
« l’occupation du centre » de
« l’échiquier stratégique » selon
Brzesinski, s’interposerait entre
l’Europe et les hydrocarbures du
Moyen Orient, entre la Russie et les
« mers chaudes ». Elle participerait
en plus à l’Union européenne. Elle
serait, en d’autres termes, un des
centres d’une Eurasie dominée par
les USA, un outil qui servirait à la
« paralysie stratégique » de
l’Europe et une base de « containement »
contre la Russie. On devrait savoir,
en Europe, mais il est douteux que
l’on veuille le savoir, depuis les
fameux rapports de Wolfowitz et de
Jeremia qui ont cristallisé la
stratégie post-guerre froide des
États-Unis, que l’objectif
stratégique de Washington est le non
avènement de forces antagonistes, et
pour y parvenir elle applique des
politiques propres à empêcher dès
maintenant une telle éventualité, en
« programmant » si possible des
crises ou en mettant des obstacles à
des collaborations et des alliances
entre divers pôles du système
international.
Dans un cas, l’Allemagne l’a bien
compris, quand elle a décidé de
construire le gazoduc Nord Stream,
la liant directement avec la Russie,
mais en général elle continue d’être
stratégiquement aveugle.
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