Opinion
Le courage et la
vérité...
Christian Vanneste
Jeudi 31 octobre 2013
Barbara le chantait « ça ne prévient
pas quand ça arrive, ça vient de loin,
ça s’est promené de rive en rive, la
gueule en coin ». Mais, le mal de vivre
prend aujourd’hui un tour plus collectif
et politique, c’est celui de notre
démocratie, promenée de la rive droite à
la rive gauche, entre mensonge et
lâcheté, reniement et reculade, et qui
mine maintenant notre pays. Qu’est-ce
que le pouvoir du peuple, par le peuple
et pour le peuple, dès lors que ses élus
le bernent en permanence, qu’il le sait
et s’en accommode en sachant qu’une
manifestation violente fera tomber le
voile de sa légitimité et dispersera son
autorité ?
Lorsqu’on entend Fabius nier toute
rançon versée par l’Etat pour libérer
les otages d’Arlit, on voit en filigrane
l’image de Cahuzac niant, en bloc et en
détail, l’existence de son compte
suisse. On se dit qu’il s’agit, comme le
dévoile Le Monde de fonds secrets, qui
par définition, ne doivent pas être
révélés au public, de ces fonds qui ont
servi à certaines campagnes, par
exemple. On remarque le regard de Fabius
qui se détourne et son art de ne pas
répondre à la question : puisque les
quatre otages libérés sont liés à des
entreprises contrairement au cinquième
qui est toujours détenu, ne s’agit-il
pas de fonds « privés » ? Ce serait
tellement plus habile, même si de telles
sociétés ne sont pas si privées qu’on le
dit. N’y a-t-il pas eu des compensations
politiques ou judiciaires ? Le bonheur
des ex-otages et de leurs familles a
vite laissé la place dans les médias au
soupçon sur les conditions de la
libération, et aux inquiétudes sur les
conséquences du versement d’une rançon.
Renaud Girard, grand reporter au Figaro,
citait récemment un de ses confrères
australien lui disant : » vous avez un
bandeau sur le front où est écrit « 5
Millions $ », moi, je ne vaux rien. »
L’autre solution, ce sont les deux
jeunes Français de Linselles tués lors
de l’intervention militaire française,
entre Niger et Mali, ou encore l’agent
de la DGSE abattu par ses ravisseurs en
Somalie. Alors, on se fait une raison :
on se dit que notre gouvernement fait
bien de ne pas être courageux avec la
vie des autres et on comprend qu’il nous
mente.
Le problème, c’est qu’on s’habitue.
Les promesses n’engagent que ceux qui
les entendent. L’anaphore célèbre de
Hollande ou l’éloquence du menton de
Chirac cachaient l’une et l’autre
derrière le ton péremptoire une mollesse
et une pusillanimité étonnantes chez qui
aspire au pouvoir. En fait elles sont
les « qualités » de celui qui a su
naviguer entre les courants et pratiquer
les compromis comme les compromissions
au sein du milieu politique. Les
électeurs savent parfaitement qu’un
programme est une figure de style. Ils
ne demandent pas aux élus de le
respecter, mais d’être ou, au moins, de
paraître efficaces. Sur le marché
politique, on sait que la publicité est
mensongère, mais on demande quand même
au produit de répondre au besoin
ressenti. Peu importe ce que disent les
politiciens, il faut que le chômage
recule vraiment, que la sécurité soit
mieux assurée et qu’on ne tombe pas sur
des Roms à chaque carrefour. Si, en
revanche, le pouvoir touche un point
sensible, alors l’épreuve de force peut
commencer. On devine que les élus
mentent et ne sont pas courageux. Chirac
a été paralysé par la mort de Malik
Oussékine en Décembre 1986. Il aura agi
pendant 8 mois sur une bien longue
carrière. Sarkozy craignait les
manifestations de rue comme la peste et
prenait soin de les éviter en amont.
Certes, les manifestations bien propres
contre le mariage unisexe n’ont pas fait
céder un gouvernement récent et soudé
idéologiquement contre des « bourges
cathos et réacs ». En revanche, la
colère bretonne n’a rien de
philosophique et elle est violente. Le
gouvernement, affaibli par le temps et
divisé recule tandis que l’opposition
ment effrontément : le spectacle est
complet.
Mensonge et lâcheté, un pouvoir
professionnel que l’on consomme et qui
se consume de plus en plus rapidement,
est-ce vraiment cela la Démocratie ?
Christian Vanneste,
Député Honoraire - Président du RPF -
Président Famille et Liberté
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