Politique
Le joueur de flûte est « en marche » (IV
et fin)
Christian Vanneste
Mardi 28 mars 2017
La manoeuvre politicienne pour éliminer
François Fillon de l’élection
présidentielle crève les yeux. Non
seulement la chronologie en témoigne
mais la sélection le prouve. Qui entend
parler de l’action du Parquet National
Financier à l’encontre d’un ministre
socialiste,
Jean-Marie Le Guen, pourtant mis en
cause dans « Nos très chers Emirs » de
Georges Malbrunot et Christian Chesnot ?
Certes, le ministre a porté plainte pour
diffamation, mais les faits rapportés
étaient d’une gravité inouïe puisqu’ils
supposaient la proposition de services
rémunérés d’un ministre de la République
à une puissance étrangère. Il est
étrange que l’enquête sur les faits
supposés ou sur l’éventuelle diffamation
des journalistes n’ait connu ni rapidité
ni publicité… De même l’utilisation des
fonds de Bercy mis à la disposition de
M.
Macron, la curieuse évaporation de
son patrimoine n’ont pas donné lieu à
une spectaculaire action judiciaire.
Certes, M. Le Roux qui employait,
semble-t-il, ses enfants mineurs à
l’Assemblée, a démissionné de son tout
récent poste de ministre pour donner
l’illusion de l’équilibre et de
l’impartialité. Mais il n’y a aucune
équivalence entre le départ d’un
ministre qui, de toute façon, ne le
serait plus dans un mois et
l’élimination orchestrée du favori de
l’élection présidentielle ! D’ailleurs
la démission du premier n’a servi qu’à
faire rebondir les « affaires » du
second : superbe coup de billard !
L’agression verbale que François Fillon
a subie sur une chaîne du service dit
public de la part d’une
« écrivaine » aura eu le mérite
d’éclairer sur la volonté haineuse de le
détruire.
Cette femme n’était
qu’un moyen. Ce qui est en jeu est d’un
autre ordre. Il y a aujourd’hui un
combat qui se déroule en France, en
Europe et dans le monde entre deux
forces. Cette confrontation oppose les
conservateurs aux « progressistes », les
peuples aux oligarchies. Paradoxalement,
ce sont les peuples qui sont
conservateurs face aux prétendues
« élites ». La renaissance de la Russie
grâce à Poutine, la victoire de Trump
contre la favorite Hillary, le « brexit »,
la contestation de la technocratie
européenne et la montée des mouvements
dédaigneusement qualifiés de
« populistes » menacent le système
dominant. Celui-ci fera tout pour éviter
qu’un nouveau domino soit emporté. En
France, après le mandat le plus
calamiteux que le pays ait connu, la
gauche allait être balayée. Certes, le
plafond de verre interdisait de voir
Marine Le Pen à l’Elysée, mais contre
toute attente, le candidat désigné par
la primaire de droite et du centre
n’était pas un représentant du système.
Il allait faire retrouver à la France
l’indépendance nationale chère au
gaullisme et exprimait une volonté de
rapprochement avec la Russie. On pouvait
craindre qu’un homme doté d’une
expérience politique exceptionnelle,
d’une volonté forte et d’un calme à
toute épreuve soit capable d’imposer à
l’Europe un changement de cap salvateur.
Certains pouvaient redouter qu’il mît un
frein aux dérives sociétales auxquelles
ils avaient voué notre pays. Il avait
osé se dire chrétien et avait promis de
s’opposer aux revendications nouvelles
du groupe de pression LGBT. Il était
soutenu par ceux qui avaient manifesté
en 2013 contre le mariage unisexe. C’en
était trop. Il fallait lui barrer le
chemin, d’abord en inventant un
candidat, ensuite en détruisant son
image.
Le système et
l’oligarchie sont les deux faces d’une
même réalité : un monde où les
détenteurs du pouvoir politique, ceux
qui détiennent leur mandat du peuple et
dirigent des Etats souverains, sont de
plus en plus soumis à d’autres
puissances, celles de l’argent d’abord,
et celles de la communication, ensuite.
Dans ce monde où beaucoup de nations
perdent de leur force, des individus en
gagnent. Ils ne sont pas attachés à un
pays plus qu’à un autre, cultivent le
narcissisme de l’individu-roi, règnent
sur des empires mariant la finance, les
médias et les groupes de pression. Ils
sont ouverts à tous les « progrès » qui
fragilisent les structures et les
valeurs sur lesquelles s’appuient nos
sociétés. Contrairement à ce que l’on
cherche à faire croire, M.Macron est le
candidat caricatural du système.
Enarque, promis à la haute
administration, mais qui a préféré la
banque, il s’inscrit dans la
mondialisation heureuse propre à sa
caste, ignorant les affres du chômage
comme les risques de l’immigration. Il
fait partie de cette « élite » qui
paradoxalement ne provient pas de
l’élection, mais lui préfère la
cooptation, le copinage, le népotisme et
la consanguinité. Comme Villepin avant
lui, il veut gagner le sommet sans avoir
connu la « course aux honneurs » chère
aux Romains qui permet d’accéder à la
plus haute marche après en avoir gravi
les marches avec mérite. François Fillon
incarne au contraire cette voie
démocratique, de sa ville de Sablé
jusqu’à Matignon, en passant par la
Sarthe, les Pays de la Loire,
l’Assemblée et le Sénat. Personne ne
possède aujourd’hui son expérience. Il
ne risque pas de prendre la Guyane pour
une île, de placer Villeurbanne dans la
banlieue de Lille ou de dénoncer à Alger
le crime de la France contre l’humanité.
Qu’il ait contre lui la majorité des
journalistes, la plupart des médias et
de leurs propriétaires, les esprits
avisés qui conseillent les princes, qui
d’Attali à Minc, se sont toujours
trompés, les chevaliers de la décadence
comme Bergé ou Cohn-Bendit, devrait nous
déterminer à le soutenir.
De Gaulle disait :
« nous avons essayé d’inventer un
nouveau régime entre l’oligarchie et la
« démocrassouille ». C’est effectivement
ce régime qu’il s’agit de sauver ou
plutôt de restaurer. Il ne faut pas que
2017 soit la victoire de l’oligarchie et
du système.
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