Politique
Le joueur de flûte est « en marche » (II)
Christian Vanneste
Dimanche 26 mars 2017
Le soutien des libéraux comme Dutreil ou
Madelin, des centristes comme Bayrou,
des opportunistes comme Delevoye ou
Douste-Blazy, des génies frustrés d’être
méconnus comme Mme Lepage ou Dominique
Galouzeau de Villlepin ne doit pas
tromper les électeurs. M. Macron est un
candidat de gauche, et objectivement le
pire : celui qui va défendre l’oubli de
la nation au profit du mondialisme,
celui qui va poursuivre le « progrès »
qui consiste à détruire toutes les
valeurs profondes de notre pays au
premier rang desquelles figure la
famille. Or, il risque d’être élu par
les bonnes âmes un peu naïves qui
pensent qu’il n’est pas correct de voter
pour le Front National et qui se seront
peut-être déjà laissées détourner de
François Fillon par une machination
d’experts en escroqueries politiques.
Ces derniers auront eu le culot de faire
croire qu’un homme politique devait être
parfait au-delà même de la loi alors
qu’eux-mêmes se vautrent en permanence
dans les abus de pouvoir. Il me paraît
infiniment moins grave de faire
travailler un membre de sa famille que
de loger ou d’employer une maîtresse, un
petit ami, ou encore de les protéger aux
frais de la République. La totale
hypocrisie où nous sommes parvenus
aboutit cependant à ce que l’emploi
fictif ou non d’une liaison illégitime
est moins ciblée que celui d’un
conjoint. On comprend pourquoi celui qui
était parvenu à installer sa concubine à
l’Elysée ne s’est jamais marié.
L’axe décisif de la
manœuvre de l’Elysée a donc consisté à
détruire l’image de François Fillon. Il
se présentait comme un homme intègre qui
n’avait jamais croisé la justice en plus
de trente ans d’activités politiques. Il
était l’exemple devenu rare du père de
famille, avec cinq enfants issu d’un
seul mariage. Il affichait
tranquillement une existence cossue
mi-provinciale, mi parisienne.
L’offensive machiavélique menée contre
lui va transformer ces piliers en
boulets : Cet homme qui veut imposer un
régime sévère aux Français aime
l’argent. Il s’est servi de sa famille
pour s’en procurer. Certes, les
primaires avaient ouvert un espace pour
le centre mou, mais celui-ci, représenté
par un candidat dénué d’expérience et
sans doute promis à une absence de
majorité parlementaire, se serait
contenté au mieux d’un score de 15%,
tandis que le vainqueur de la primaire
de droite aurait, sans coup férir,
remporté la victoire au second tour. Il
fallait donc qu’un événement atteigne
Fillon tandis que Macron verrait son
image embellie de jour en jour. Le »Pénélopegate »,
ce néologisme issu d’un scandale
américain avec lequel il n’a pas le
moindre rapport, a donc donné à une
pratique courante la dimension d’un
scandale dévastateur pour le candidat de
droite.. Comme de nombreux
parlementaires, François Fillon a
employé des membres de sa famille. Il
l’a fait d’autant plus facilement qu’il
a toujours disposé de mandats exécutifs
qui le dotaient de secrétariats. Le
parlementaire jouit alors d’une très
grande liberté pour recruter et
rémunérer ses « assistants » puisque sa
permanence locale et son secrétariat
sont assurés par sa mairie. Cette
situation n’a rien d’illégal et dépend
de toute façon de l’Assemblée ou du
Sénat , c’est-à-dire du Pouvoir
législatif dont le fonctionnement n’est
pas soumis à l’autorité judiciaire en
raison de la règle démocratique de la
séparation des pouvoirs. On peut
simplement en tirer la conclusion que
François Fillon ne méprise pas l’argent.
C’est plutôt un bon signe pour celui qui
va gérer les deniers publics. Beaucoup
de nos grands politiques n’étaient pas
désintéressés : Richelieu, Mazarin,
Talleyrand, par exemple. Il est absurde
de demander à des hommes politiques
d’être des Saints. Il suffit qu’ils
soient efficaces et honnêtes, et que le
souci de leurs intérêts privés,
parfaitement légitime, passe après celui
de l’intérêt national.
Le torpillage de la
candidature de droite a un objectif
évident : propulser le vrai candidat de
gauche, M. Macron au second tour où il
battra Marine Le Pen. Sa réalisation
repose sur un triangle qui révèle à quel
point notre pays s’est éloigné d’une
démocratie digne de ce nom, à quel point
il a été réduit par ceux qui détiennent
le pouvoir à l’état de république
bananière. La pointe de ce triangle est
bien sûr l’Elysée, et particulièrement
le Secrétariat Général, occupé par un
ami de longue date de François Hollande,
Jean-Pierre Jouyet, condisciple à l’Ena
du Président. Sarkozy avait eu la bêtise
d’en faire un ministre lors de la
stupide ouverture à gauche. Le missile
Macron, passé par les Gracques et par la
commission Attali, est un produit du
réseau du Secrétaire Général. Il est
passé par le Secrétariat Général après
un court et fructueux séjour à la Banque
Rothschild et avant d’aller à Bercy
élargir à coups d’invitations à déjeuner
son carnet d’adresses. Il a enfin été
propulsé dans la campagne présidentielle
fort d’un appui sans partage des médias
dont les propriétaires sont ses amis et
parfois lui sont redevables de décisions
avantageuses, comme M. Drahi préféré à
M. Bouygues pour la reprise de SFR.
Montebourg s’y opposait : Drahi est
maroco-franco-israélien, réside en
Suisse ; le groupe Altice dont il est
actionnaire majoritaire par le biais
d’une holding basée à Guernesey est
luxembourgeois et côté à Amsterdam ; ni
son endettement, ni le respect de ses
engagements ne sont à l’abri des
interrogations. Mais il possède BFM,
L’Express et Libération… C’est du même
endroit, du cabinet noir suspecté par
Valeurs Actuelles, qu’est partie la
torpille, une torpille à fragmentations,
chargée d’un nombre considérable
d’informations malveillantes sur
François Fillon, dont on imagine mal
qu’elles aient pu être réunies en peu de
temps par de simples journalistes à
propos d’un candidat qui n’était pas le
favori de la primaire.
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