Actualité
Syrie et désinformation
Christian Vanneste
Jeudi 23 août 2018
Le Figaro consacre à la Syrie ses deux
premières pages intérieures. Leur
parti-pris évident contre le Président
Assad s’exprime à travers les clichés et
les dénis dont les Occidentaux ont été
abreuvés depuis 7 ans au long d’une
désinformation systématique dont on
cherche les causes qu’on espère
désintéressées. En première page, un
éditorial condense et accentue
l’aveuglement du grand quotidien « de
droite » sur la situation syrienne.
D’abord, il focalise l’attention sur
Idlib, cette province frontalière de la
Turquie, au Nord-Ouest de la Syrie, en
précisant qu’elle est le dernier refuge
des rebelles dans la mesure où l’Armée
syrienne et ses alliés ont négocié la
reddition d’autre poches contre le
transfert des combattants dans ce
secteur. Le mot « rebelle » est un
générique édulcoré. La principale force
rebelle de cette zone est constituée par
le Tahrir Al-Cham, ex Al-Nosra, ex
Al-Qaïda. Il s’agit de salafistes
jihadistes, bref de terroristes. Il
n’est pas sérieux de les oublier, et du
même coup d’éviter de dire qui les a
soutenus et qui les soutient encore. Ils
se battent davantage contre les autres
rebelles, ceux de la prétendue ASL, par
exemple, qui n’existe que grâce à la
Turquie toujours prête à aider ses amis
« Frères Musulmans ». Les monarchies
wahhabites rivales du Golfe, le Qatar et
l’Arabie Saoudite, mais aussi les
Occidentaux, dont la France ont
également contribué au désordre sanglant
qui s’est répandu en Syrie. C’est Fabius
qui disait naguère qu’Al-Nosra faisait
du « bon boulot »… en massacrant les
chrétiens, sans doute ? Ce rôle
prépondérant de l’étranger est
perceptible sur la carte puisque les
bastions « rebelles » y étaient ou sont
installés aux frontières. Les trois
provinces récemment libérées dans le sud
jouxtaient la Jordanie et Israël et
étaient comme par hasard observées de
très près par les Occidentaux. A Idlib,
ce sont les Turcs. Faut-il rappeler que
personne ne leur a demandé ni permis
juridiquement d’être là, alors que
Russes et Iraniens interviennent à la
demande du gouvernement légal de la
Syrie. Encore est-il nécessaire
d’ajouter que deux autres zones
échappent encore au gouvernement syrien
: une poche désertique à la frontière
jordanienne où se trouve implantée une
base américaine parfaitement illégale
qui empêche toute approche de l’armée
nationale syrienne et de ses alliés. De
temps à autre, un groupe rebelle en part
pour attaquer des unités de l’armée
régulière. Cette situation bafoue le
droit international et donne un aspect
comique au titre de l’article »
Désordre mondial » qui reprenait une
récente critique britannique à
l’encontre de la Russie. Franchement,
qui de la Libye à la Syrie a créé le
désordre depuis 2011 ? Qui rétablit
l’ordre et cherche à restaurer la paix
et l’union nationale en Syrie ? Comment
prendre au sérieux une information qui
ment avec obstination et qui est
désavouée par les faits ? L’autre
secteur passé sous silence est beaucoup
plus vaste : il comprend notamment tout
le territoire au nord de l’Euphrate de
la frontière turque à l’Irak, et une
poche autour de Raqqa. Celui-là est sous
le contrôle des milices kurdes marxistes
appuyées par les Occidentaux et
réprouvées par les Turcs. Elle comprend
de nombreux gisements pétroliers dont la
production est évidemment volée à la
Syrie. Sans doute est-ce là encore une
expression du droit et de l’ordre pour
lesquels se battent nos chères
démocraties occidentales… Assimiler
l’ordre à l’incohérence et au mépris des
droits, tels que la souveraineté, relève
d’une sorte de record dans le
contresens, à moins qu’il ne s’agisse de
mauvaise foi.
Ainsi Assad aurait « mené une guerre
sanglante contre son peuple » et aurait
« fabriqué des extrémistes sunnites »…
Les réfugiés fuyant sa répression
auraient provoqué la vague populiste
européenne en retour. La Syrie a connu
une guerre civile. Si le peuple syrien
avait été unanime contre le « régime »,
celui-ci n’aurait pas tenu. Le nombre
considérable des morts chez les
loyalistes montre que le « régime »
n’était pas seul. Une partie importante
des Syriens a soutenu le Président Assad,
soit parce qu’ils adhéraient aux régime
comme la majorité des Alaouïtes, soit
parce qu’ils craignaient bien davantage
les exactions de rebelles le plus
souvent djihadistes, comme les Chrétiens
ou les Druzes, soit encore comme
beaucoup de Sunnites, parce qu’ils
voulaient le rétablissement de la
sécurité et d’une vie « normale », celle
qui permet de faire vivre sa famille par
son travail. Beaucoup de « rebelles »
étaient des étrangers, parfois des
Français. Oublier que les Chrétiens ont
été victimes de la rébellion et que des
« Français » ont participé à ces crimes,
c’est se faire le complice de cette
trahison de nos gouvernants à l’égard de
cette minorité, les Chrétiens d’Orient,
que la France avait auparavant toujours
protégés. Enfin, si les régimes
« nationalistes arabes » ont été les
cibles du fallacieux « Printemps
arabe », ce n’est pas parce qu’ils
fabriquaient de l’extrémisme, mais parce
qu’au contraire ils étaient les
meilleures remparts contre le renouveau
de l’islamisme guerrier et conquérant
nourri par la rencontre entre l’argent
du pétrole et la version salafiste de
l’islam. La puissance des Frères
Musulmans ou des salafistes appuyée sur
le Qatar et l’Arabie Saoudite s’est
exercée contre des régimes
non-religieux. Elle n’a pas été créée
par eux. De même la saine réaction
populiste contre l’impuissance
européenne, notamment face à
l’immigration, n’a pas attendu les
exilés syriens pour se développer. Les
migrants viennent pour beaucoup
d’Afghanistan, de la corne de l’Afrique,
du Sahel, par la Libye ou le Maroc. Les
réfugiés de Syrie ont été utilisés pour
justifier l’immigration illégale
déguisée en demande d’asile politique.
Le piège dans lequel est tombée Madame
Merkel est maintenant éventé. Il faut
donc espérer que les Syriens réfugiés à
l’étranger regagnent leur pays libéré,
notamment grâce à l’action cohérente de
la Russie de Poutine. Depuis longtemps,
déjà, la plupart des déplacés de
l’intérieur avaient rejoint les zones
loyalistes.
Il est triste qu’un
de nos quotidiens les plus importants,
et le seul de droite, à ce qu’on dit, se
joue de la vérité avec un pareil
entêtement.
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