Politique
Macron, super-menteur démasqué !
Christian Vanneste
Samedi 9 mars 2019
La saturation de l’espace médiatique par
la parole présidentielle atteint ses
limites. L’exercice narcissique d’un
discours, dont l’apparence brillante
cache de plus en plus mal qu’il est
creux et mensonger, est étranger au
fonctionnement normal et serein d’une
démocratie en bonne santé. Le privilège
accordé à certains d’assister à la
prestation présidentielle et d’entendre
l’artiste répondre à des questions
soigneusement préparées devant ce public
trié a pour corollaire le groupe de
manifestants que la police maintient
parfois brutalement à distance. Alors
que le 17e samedi de manifestations des
gilets jaunes tombe aujourd’hui, le
dernier débat de la tournée
électorale de M. Macron portait sur la
transition écologique, c’est-à-dire sur
le coeur du mensonge présidentiel et de
la révolte.
Comme d’habitude, la mise en scène est
soignée. Il s’agit d’associer à la
« transition écologique » la jeunesse et
donc l’avenir. Le « jeune » président
promet d’aller plus vite, plus fort et
plus loin pour répondre à l’inquiétude
et à l’espérance de son jeune public, à
qui l’on a seriné que la terre était en
danger et que chacun pouvait « sauver la
planète » en y mettant du sien. Mais,
que signifie en réalité cette promesse
de faire plus encore ? Le pouvoir a
reculé devant le mouvement des gilets
jaunes sur un point bien précis qui est
l’augmentation de la « taxe carbone »,
prévue au 1er Janvier 2019. S’agit-il
donc de remettre « en marche » le
processus d’augmentation ? Si tel est le
cas, il faut dénoncer le scandaleux
mensonge qui est le fil rouge de la
démarche macronienne : faire croire que
la transition écologique est une
priorité pour notre pays et justifier
par là une augmentation insupportable de
la pression fiscale au détriment des
plus pauvres pour tenter d’équilibrer
une économie en tous points déficitaire.
La France ne
produit que 1% du gaz carbonique
planétaire, moins de 300 millions de
tonnes grâce notamment à son électricité
d’origine nucléaire et hydraulique.
Les énergies renouvelables et
intermittentes n’y joueront jamais
qu’une part marginale. Autrement dit, la
politique française n’aura aucun poids
sur la transition énergétique mondiale,
tandis que la Chine ( 9 milliards de
tonnes !) et l’Inde continueront de
construire de nouvelles centrales
thermiques au charbon qui augmenteront
la production de CO2. L’Allemagne
elle-même a abandonné le nucléaire et
s’est lancée dans une absurde quête du
renouvelable. Le résultat est calamiteux
: les Allemands paient leur électricité
deux fois plus cher que les Français,
doivent importer la nôtre, et polluent
davantage que nous, en raison de leur
recours massif au thermique.
Si le CO2 ne doit
pas être une préoccupation française, si
tant est qu’il le soit pour la planète
dans le cadre d’un réchauffement
climatique qui est loin d’être prouvé,
pourquoi donc cette insistance du
pouvoir et d’une grande majorité des
politiciens à nous en rebattre les
oreilles ? Tout simplement, parce que
c’est le moyen le plus hypocrite pour
faire rentrer de l’argent dans les
caisses d’un Etat dispendieux qui n’a
plus connu de budget en équilibre depuis
les années 1970. Les Français paient
mais sans trop s’en apercevoir, et quand
ils s’en rendent compte, on leur dit que
c’est pour la bonne cause. En 2014,
Hollande étant président, et Macron son
principal conseiller économique, a été
instaurée la taxe carbone. Intégrée
comme « composante carbone » aux taxes
sur les produits énergétiques, sur le
gaz naturel, et sur le charbon, et
soumise à la TVA, cette taxe était
d’autant moins perceptible qu’elle était
d’abord faible , de 7 Euros la tonne, et
qu’elle a été cachée par la baisse du
prix du pétrole à la production. Mais,
tout aussi discrètement, la petite bête
a grimpé jusqu’à 44,6 Euros en 2018 et
devait atteindre 86 Euros en 2020, puis
100 en 2022, pour couronner la fin de
mandat de son auteur qui y avait vu
l’utile financement du CICE à l’origine.
Malheureusement pour lui, l’augmentation
prévue pour 2019 (55 Euros) dont
l’annonce a coïncidé avec une hausse du
prix du pétrole a fait découvrir le
subterfuge à tous ceux dont les dépenses
contraintes pèsent sans cesse davantage
sur leur budget, notamment lorsqu’il
s’agit de ces Français périphériques
obligés de se déplacer dans leur voiture
personnelle.
La révolte était
donc parfaitement légitime. L’enfumage
présidentiel l’est d’autant moins qu’il
associe à un bavardage mensonger un
matraquage lui aussi sélectif, beaucoup
plus dissuasif à l’encontre des gilets
jaunes qu’il ne l’est quand du haut des
immeubles d’un « quartier sensible » on
balance parpaings et cocktails Molotov
sur la police, comme c’est le cas à
Grenoble depuis quatre jours. Que le
donneur de leçons à l’Europe entière au
nom des valeurs et des principes se soit
fait remonter les bretelles par Mme
Bachelet, ex-présidente du Chili, et
Haut-Commissaire aux droits de l’homme
des Nations Unies, en raison de la
violence de la répression policière
contre les gilets jaunes, avait un goût
d’arroseur arrosé, ou plus justement de
super-menteur démasqué, qui ne manquait
pas de sel….
Le dossier politique
Les dernières mises à jour
|