Politique
L'Europe des imbéciles heureux...
Christian Vanneste
Dimanche 4 mai 2014
L’Europe existe-t-elle ? En apparence,
oui puisque 400 Millions d’électeurs
seront prochainement appelés à élire 751
eurodéputés qui entre Bruxelles et
Strasbourg s’agiteront suffisamment pour
émettre des signes de vie. Cette
coûteuse mise en scène permet entre
commissions et rapports, votes et petits
fours, de faire croire que le continent
est une réalité politique aux plus
naïfs, et de faire naître un doute chez
les plus lucides sur la valeur des
régimes parlementaires. Pour qu’il y
ait une démocratie, il faut qu’il y ait
une volonté générale. Comment imaginer
que 751 personnes élues par des
électeurs qu’elles ne connaissent pas et
à qui elles ne rendent aucun compte
puissent avoir ce rôle ? Elles habitent
un onéreux village Potemkine chargé de
cacher, avec un grand confort pour les
figurants, la technocratie des bureaux,
les avancées sournoises des lobbys,
voire la réalisation d’une idéologie
mondialiste qui comme toute idéologie
est la façon de penser qui convient à
ceux qui en ont besoin pour justifier
leur manière de vivre. L’Europe a été
lancée par des démocrates-chrétiens qui
voulaient en finir avec les dictatures
totalitaires et le nationalisme qu’ils
avaient subis dans leurs pays
respectifs. Ils souhaitaient construire
face aux soviétiques une démocratie
quasi-parfaite, où la morale et le droit
s’imposeraient à la politique, où les
libertés et les pouvoirs seraient
répartis d’étage en étage, selon le
principe thomiste de la subsidiarité.
Bref, ils voulaient une Europe
Chrétienne. Mais à côté des Schuman, des
Adenauer, des Gasperi, il y avait Jean
Monnet, tour à tour haut fonctionnaire,
homme d’affaires et conseiller zélé des
alliés anglo-saxons. Avec lui
apparaissait l’autre Europe, celle de
l’oligarchie, de la technocratie, du
libre-échange poussé jusqu’au
mondialisme, pour laquelle les peuples
et les nations, leurs traditions et leur
histoire sont des obstacles. C’est cette
Europe-là qui s’est imposée auprès des
dirigeants, qui appartiennent pour la
plupart à ce monde où le mot
« populiste » est la pire des insultes.
Le drame est que cette Europe qui renie
ses racines chrétiennes n’a plus
d’identité. Elle n’a plus que des
intérêts. Le drame, c’est que cette
Europe qui a grandi démesurément et a
sans cesse accru son pouvoir a de moins
en moins tenu compte de l’avis des
peuples. Ni démocrate, ni chrétienne,
elle voulait être tournée vers l’avenir,
vers le progrès économique, social, vers
la libération des idées et des moeurs.
La Stratégie de Lisbonne dessinait un
futur paradisiaque, la Charte des Droits
et l’Agence chargée d’en observer
l’application témoignaient d’une
évolution où l’individu et ses
« orientations » devenaient plus
importants que la famille.
On comprend aisément qu’un
Franz-Olivier Giesbert n’ait que mépris
pour ces « imbéciles » de
souverainistes. Être souverainiste, est
pour lui aussi stupide que de croire que
l’univers fût créé en Six jours, que le
11 Septembre soit un bobard ou que les
extra-terrestres nous aient déjà
envahis. L’Europe n’est pas le problème,
mais la solution, affirme-t-il en
appelant comme témoins les Espagnols,
dont le taux de chômage diminue… Il
souligne aussi la lucidité des Français
favorables à l’Union Européenne à 58%.
Pauvre FOG, toujours accroché à don
radeau idéologique, celui de nos bobos,
prétendument intellos, dont le confort
intellectuel a vitalement besoin de ces
horizons multiples, de cette diversité
sans racines qui paradoxalement permet
de se retrouver entre soi pour dire les
mêmes banalités si généreuses dans la
même langue et avec les mêmes mots. Il a
tellement besoin de s’agripper à ses
préjugés de caste que le journaliste
qu’il a été ne voit plus rien, ne
comprend plus la réalité qui l’entoure.
Que disait la Stratégie de Lisbonne ?
Que l’Europe allait être en 2010, »
L’économie de la Connaissance la plus
compétitive et la plus dynamique du
monde, capable d’une croissance durable
accompagnée d’une amélioration
quantitative et qualitative de l’emploi
et d’une plus grande cohésion sociale ».
Et FOG, enthousiaste voudrait que les
Espagnols poussent des « Olé » parce que
le chômage du premier trimestre 2014 est
à 25,9% ( 55,5 % pour les jeunes !)
quand il était à 26,7 en 2013. Il se
félicite d’un sondage des Français en
oubliant que leurs votes sont et seront
hostiles à l’Europe… telle qu’elle se
fait, une Europe qui n’est pas la leur !
L’Europe s’aligne passivement sur la
politique américaine vis-à-vis de
Poutine, alors qu’elle est chez elle
avec la Russie. L’Europe s’avère
incapable de protéger ses frontières.
L’Euro pèse comme un boulet sur les pays
du sud qui n’ont pas l’économie de cette
monnaie. Autrement dit, l’Europe
n’existe que peu dans le monde, mais
elle n’existe que trop pour les
partenaires perdants de l’Union. Que
l’Allemagne à la démographie déclinante
se satisfasse de l’immigration ou
qu’elle bénisse un Euro qui est un Mark
bon marché révèle tout simplement que
l’Europe n’existe pas puisque les
situations et les intérêts des Etats et
des peuples qui la composent sont
divergents. D’ailleurs les pays qui se
portent le mieux ou ont actuellement les
meilleurs résultats ne sont-ils pas en
dehors de l’Europe ou en dehors de
l’Euro ? Le souverainisme résulte d’un
jugement lucide sur la dérive et l’échec
de la construction européenne, et d’un
souhait de la construire autrement,
autour des peuples, de leurs racines et
de leur volonté, bref autour de nations
sans lesquelles, il n’y a pas de
démocratie. Mieux vaut être lucide et un
peu malheureux que d’être un imbécile
heureux, Monsieur Giesbert…
Christian Vanneste,
Député Honoraire - Président du RPF -
Président d'honneur de Famille et
Liberté
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