Algérie en phase
avec le mouvement du monde
Davos ou le scandale d'un monde
qui a perdu son âme
Chems Eddine Chitour
© Chems
Eddine Chitour
Lundi 28 janvier 2019
« Dieu a dit il
faut partager : « Les riches auront la
nourriture, les pauvres auront l'appétit
»
Coluche
«Il faut prendre
l'argent aux pauvres, d'accord, ils ne
sont pas riches, mais ils sont
nombreux.»
Alphonse Allais
Rituellement se tient en Suisse le Forum
de Davos et ceci depuis plus de quatre
décennies. Les grandes décisions entre
décideurs se prennent sous l'œil médusé
des sans dents qui ne se sentent pas
concernés directement par la kermesse ou
zerda mais plus par les retombées
négatives sur leur quotidien fait de
sueur et de larme sans perspective de
sortie du tunnel comme le montre la
colère des Gilets Jaunes qui est une
lame de fond qui fait fi des
organisations syndicales actuelles et
qui ne s'arrêtera que quand des réponses
convaincantes sont données à leurs
revendications.
Pourquoi Davos
?
Le
président-fondateur du Forum économique
mondial (WEF), Klaus Schwab, explique en
quelques phrases les secrets du forum:
«Il a plusieurs composantes: un sens de
l'innovation et de l'entrepreneuriat,
doublé d'une culture du risque et de la
réactivité, au service d'une vision.
Ce Forum, je l'ai développé à partir de
rien- uniquement de mes idées (...)
Davos est une tribune d'échanges,
formels et informels, qui met davantage
en exergue ce qui nous unit, plutôt que
ce qui nous sépare" (1).
"Ce que je
recherche aussi, c'est une très haute
qualité. Haute qualité de
l'organisation, des échanges, des
intervenants. (...) A Davos il y a aussi
des principes, auxquels je tiens
beaucoup. Tous les intervenants sont des
acteurs du présent. Chez nous, vous ne
verrez jamais quelqu'un du passé. Nous
n'invitons que ceux qui font l'agenda
d'aujourd'hui et de demain. Nous voulons
ainsi aussi entendre de nouvelles voix,
des voix jeunes. (...) Ce sera une
rencontre passionnante. Bien différente,
dans son atmosphère, de celle de l'an
dernier, où la crise de l'euro occupait
encore tous les esprits. Lentement, la
confiance revient. Aujourd'hui, je suis
redevenu optimiste.» (1)
Des riches toujours plus riches, et
des pauvres encore plus... pauvres
Depuis que
le monde est monde il y a des riches, et
il y a des pauvres. Ce à quoi on assiste
est à un dépouillement de la force de
travail d'hommes, de femmes et d'enfants
réduits en esclavage et payés d'une
façon misérable pendant que les patrons
s'enrichissent d'une façon indécente
avec des différences énormes.
Selon le dernier rapport de l'ONG Oxfam,
82% de la richesse créée en 2017 ont été
absorbés par 1% de la population
mondiale. Les 1810 milliardaires
en dollars sur la liste Forbes de 2016
possèdent 6,5 milles milliards de
dollars, autant «que les 70 pour cent
les plus pauvres de l'humanité». Bill
Gate, Carlos Slim voient leurs revenus
augmenter chaque année par des simples
«manipulations» boursières sans risque,
de plusieurs milliards de dollars. Ils
ont alors le beau rôle pour faire les
mécènes et distribuer des aumônes qui ne
règlent pas le problème, celui de la
redistribution. La moitié de la
nourriture produite dans le monde serait
gaspillée chaque année, «Entre 30 et
50%» des 4 milliards de tonnes de
nourriture produites annuellement dans
le monde «n'atteindront jamais un
estomac humain», «550 milliards de
mètres cubes d'eau» sont ainsi utilisés
en vain pour faire pousser ces aliments
perdus.» «Entre 2010 et 2012, lit-on
dans cette étude,860 millions de
personnes à travers le monde souffraient
de malnutrition, selon l'organisation de
l'ONU pour l'agriculture et
l'alimentation (FAO).» (2)
Comment est distribuée la richesse
mondiale ?
Qui en profite? Y
a-t-il un Smic de dignité sociale pour
les revenus. Rien de tout ça! A
l'échelle mondiale la richesse des
milliardaires a augmenté de 524
milliards de dollars l'an dernier pour
atteindre 3700 milliards, selon
Bloomberg. Les 300 personnalités
les plus fortunées du monde disposaient
de 3 700 milliards de dollars à la
fermeture des marchés le 31 décembre
2013, soit 1,5 fois le PIB de la France.
En Chine, en 2013 le nombre de
milliardaires en dollars a passé cette
année pour la première fois le seuil
symbolique des 300. La deuxième
économie mondiale compte précisément 315
milliardaires, soit 64 de plus qu'en
2012, affirme l'institut de recherche
Hurun. (2)
On serait tenté de
croire que le niveau de vie est
profitable à toutes les couches sociales
dans les pays occidentaux
industrialisés, il n'en n'est rien.
Mieux encore, le pays le plus riche de
la planète a ses pauvres et ils sont
nombreux : «L'Amérique est le plus
inégalitaire des pays développés: 10%
des actifs accaparent à eux seuls 50%
des revenus. (...) Voilà trois années
consécutives que le taux de pauvreté
reste supérieur à 15%. On n'avait pas vu
cela depuis 1965. (..) Un rapport d'une
commission du Congrès sur les
inégalités, souligne que, de 1993 à
2012, ceux que l'on appelle ici le «top
1%», c'est-à-dire la frange des
Américains les plus riches, a vu ses
revenus réels grimper de 86,1%, tandis
que le reste du pays n'a connu qu'une
appréciation de ses revenus de 6,6%.
L'Amérique est le plus inégalitaire
des pays riches: 10% des actifs
accaparent la moitié des revenus.»(2)
Rapport sur l'état des inégalités.
Les multinationales s'enrichissent de
plus en plus
Dans un rapport sur les inégalités Nick
Beam avait pointé du doigt les dérives
criardes: «De nombreuses statistiques
soulignent toute l'étendue du pouvoir du
patronat. En termes de revenus, 69 des
plus grandes entités économiques
mondiales sont maintenant des sociétés,
non des pays. Les 10 plus grandes
entreprises du monde, dont Wal-Mart,
Shell et Apple, ont des revenus cumulés
supérieurs aux revenus totaux des
gouvernements de 180 pays. (...)
Selon Oxfam, le géant technologique
Apple aurait payé une taxe de seulement
0,005 pour cent sur ses bénéfices
européens. Les pays en
développement perdent environ 100
milliards de dollars par an en raison de
la fraude fiscale et d'exonérations
accordées aux entreprises. Les Etats
sont complices de la fraude fiscale et
la criminalité. Le rapport cite
l'économiste Gabriel Zucman, selon
lequel 7,6 milles milliards de dollars
sont cachés dans les paradis fiscaux. En
raison de la fraude fiscale, l'Afrique
perd à elle seule 14 milliards de
dollars, soit assez pour payer des soins
qui sauveraient la vie de quatre
millions d'enfants et embaucher assez
d'enseignants afin que tous les enfants
africains aillent à l'école.» (3)
2018 et 2019 les fossés se
sont encore plus creusés
Dans une
contribution parue dans le journal
Forbes Audrey Chabal indique que
l'an passé, les 1% les plus fortunés ont
accaparé 82% des richesses créées. A
l'occasion du sommet de Davos qui
s'ouvre ce 23 janvier en Suisse, l'ONG
Oxfam diffuse un rapport sur le partage
des richesses. « Créer un avenir commun
dans un monde fracturé. » Le thème est
une occasion en or. Moment idéal pour
alerter les grands de ce monde d'un
problème de taille. Oxfam déplore que «
82% des richesses créées dans le monde
l'année dernière aient bénéficié aux 1%
les plus riches, alors que la situation
n'a pas évolué pour les 50% les plus
pauvres . Oxfam calcule ainsi
qu'une ouvrière du textile au Bangladesh
mettra une vie entière à gagner ce que
le PDG d'une des cinq premières marques
de textile au monde empochera en quatre
jours. Bill Gates (Microsoft), Jeff
Bezos (Amazon) et Warren Buffett
possèdent autant que la moitié de la
population américaine les plus pauvres,
soit 160 millions de personnes » (4)
« Neuf milliardaires sur dix sont des
hommes constate l'ONG qui dénombre (en
dollars) 2 043 milliardaires dans le
monde. Le nombre de milliardaires ne
cesse d'augmenter, avec une plus forte
hausse l'an passé : Oxfam comptabilise
ainsi un nouveau milliardaire tous les
deux jours. « En 12 mois, les richesses
de ce groupe d'élite ont augmenté de 762
milliards de dollars. » Une telle somme
permettrait de mettre fin à la pauvreté
dans le monde. Plus de sept fois » La
France ne fait pas exception », ajoute
l'ONG. « Les 10% les plus riches
détiennent plus de la moitié des
richesses nationales quand les 50% les
plus pauvres ne se partagent que 5% du
gâteau ; le nombre de personnes en
situation de pauvreté a aussi augmenté
de 1,2 millions de personnes en 20 ans.
»« dans le monde, près de 850 millions
d'individus survivent dans l'extrême
pauvreté avec moins de 1,9 dollars par
jour » ; « à l'extrême opposé, depuis
une dizaine d'années, une élite
d'ultra-riches a émergé. » (4)
En 2019 poursuit
Audrey Chabal 26 milliardaires
détiendraient autant que la moitié la
plus pauvre de l'humanité. Soit 3,8
milliards de personnes. 26 personnes
d'un côté, 3,8 milliards de l'autre. Le
gouffre entre ces deux mondes a de quoi
faire frémir. L'ONG profite de
l'ouverture, demain à Davos, du Forum
Economique Mondial � qui se déroulera
cette année sans Emmanuel Macron ni
Donald Trump pour lancer un appel aux
gouvernements en leur demandant de «
s'assurer que les entreprises et les
plus riches paient leurs impôts ». L'an
passé, ils étaient 43 milliardaires à
accumuler autant que la moitié la plus
pauvre de l'humanité.
Les ultras riches seraient donc de plus
en plus riches. Le nombre de
milliardaires aurait même presque doublé
depuis la crise financière de 2008,
selon l'ONG. Dans un communiqué, la
directrice exécutive d'Oxfam
international, Winnie Byanyima a indiqué
que « le fossé qui s'agrandit entre les
riches et les pauvres pénalise la lutte
contre la pauvreté, fait du tort à
l'économie et alimente la colère dans le
monde ». A noter que la méthodologie,
basée sur le classement des
milliardaires de Forbes et les chiffres
de la banque Crédit Suisse, est
contestée par certains économistes. Mais
d'après ces calculs, la richesse des
milliardaires a bondi de 900 milliards
en 2018. Sur la même période, celle des
plus pauvres a dégringolée de 11%,
toujours selon Oxfam. Des inégalités qui
résultent de « choix politiques », selon
l'organisation » (5).
L'injustice
climatique: Après les réfugiés
économiques , les réfugiés climatiques
A toutes les
avanies que connaissent les déshérités
du monde, la faim, la soif, le manque
d'hygiène, le manque d'instruction, il
faut y ajouter l'injustice climatique et
l'autisme des grands incapables de
tourner le dos aux énergies fossiles. La
maison brûle et on regarde ailleurs
disait le président Chirac au sommet de
Johannesburg. Les convulsions
climatiques du fait d'une
consommation des pays riches qui
envoient chaque des milliards de tonnes
de CO2 dans l'espace amenant l'effet de
serre, ce sont les pays du Sud qui
payent l'addition . Ce sont des
inondations , des sécheresses
catastrophiques et au bout du compte des
réfugiés climatiques qui ne peuvent pas
lutter contre les perturbations
Unis nous pouvons
et nous devons vaincre les atermoiements
de puissants de ce monde pour qui la
détresse humaine n'est pas un produit
marchand, éparpillés la défaite de
l'humanité est certaine. Chavez disait
que si le climat était une banque,
les pays industrialisés feraient tout
pour le sauver. Interrogeons-nous si
chacun de nous si chaque pays, a
fait ce qu'il doit faire en termes de
dette vis-à-vis de la Nature, en termes
de viatique vivable à laisser aux
générations futures!
« J'ai arrêté de
prendre l'avion par conviction, parce
que je ne veux pas dire une chose et
agir autrement", a déclaré Greta
Thunberg la jeune militante suédoise de
16 ans, venue porter son message à la
fine fleur de l'économie et de la
politique rassemblée au Forum économique
mondial. "J'estime qu'il est insensé que
des personnes qui discutent notamment
ici du dérèglement du climat, arrivent
en jet privé", a-t-elle tancé d'entrée,
allusion aux quelque centaines d'avions
spécialement affrétés pour l'occasion.
La vérité est que nous ne faisons rien
pour lutter contre le changement
climatique" Elle se dit sans illusion
sur l'écho que ce message peut trouver à
Davos » (6)
« La jeune
militante réclame à ces dirigeants de se
mobiliser pour parvenir à respecter à
limiter le réchauffement à +2°C, "Je
pense qu'il est parfaitement injuste que
les anciennes générations nous lèguent
cela, à nous ainsi qu'aux générations
futures (...) et qu'il nous revienne de
nettoyer après eux". "Les jeunes doivent
réaliser que leur avenir est en péril",
plaide la jeune fille avec une
tranquille détermination. "Ils doivent
faire quelque chose, se mettre en colère
et transformer cette colère en action",
ajoute-t-elle en observant que quand des
enfants prennent la parole, ils peuvent
avoir un "impact énorme". » (6)
Qu'on se le dise,
un mode vie à l'américaine, à 8 tep/hab/an
n'est pas soutenable! Les Européens qui
sont à 4 tep/hab/an sont-ils deux fois
moins heureux que les Américains? Et que
dire des Sahéliens? Quand on sait qu'un
Sahélien consomme en énergie en une
année ce que consomme un Américain en
une semaine! Que dire aussi quand on
sait qu'un plein de 4x4 en biocarburant
soit 225kg de maïs transformé, peut
nourrir un Sahélien pendant une année!
Est-ce ainsi que les hommes vivent?
Pierre de Rabhi nous recommande de faire
chacun à son niveau comme le colibri-
apporter chacun notre goutte d'eau pour
éteindre l'incendie et ce faisant
conjurer le péril d'un climat erratique
qui impactera en premier les déshérités
de la Terre.
Les dégâts de la 4e révolution
industrielle dans le futur : La casse
L'information la
plus importante concerne l'architecture
future du travail. L’avènement de la
force de frappe robotique tarira
les postes pour l’homme et surtout ce
dernier devra se battre scientifiquement
pour concurrencer un robot qui ne
connait pas la fatigue et qui ne
fait pas de grève !!
Un nouveau
rapport, The Future of Jobs,
publié le 25 janvier 2018 par le
World Economic Forum traite de cela
: «La quatrième révolution industrielle,
qui comprend des développements dans des
domaines précédemment décousus tels que
l'intelligence artificielle et
l'apprentissage automatique, la
robotique, la nanotechnologie,
l'impression 3D, la génétique et la
biotechnologie, va bouleverser non
seulement les modèles économiques, mais
aussi les marchés du travail. Les cinq
prochaines années, avec d'énormes
changements prévus dans les compétences
nécessaires pour prospérer dans le
nouveau paysage.» (7)
Comment se
présentera le travail dans le futur ?:
«Les changements dans les modes de
production vont avoir un profond impact
sur l'emploi dans les prochaines années.
Le Forum Economique Mondial explique que
dans 10 ans, peut-être même 5, la
majorité des créations d'emplois se
feront dans des activités ou des métiers
qui n'existent pas en 2016. Et le
rapport reprend l'idée que «65% des
enfants qui entrent aujourd'hui à
l'école primaire exerceront un travail
qui n'existe pas en 2016». Dans les 15
pays les plus industrialisés (hors
Chine) analysés par le rapport,
l'estimation est que le solde net de
pertes d'emplois sera de 5,1 millions
d'emplois entre 2015 et 2020 à cause des
seuls changements technologiques et
d'organisation. » (8)
4,7 millions
d'emplois seront perdus dans les
fonctions de bureaux et
d'administration, 1,6 million dans la
production industrielle et
manufacturière, et 497.000 dans la
construction pour ne parler que des
secteurs les plus importants. En
revanche, il anticipe 492.000 créations
d'emplois dans la finance, 416.000 dans
le management, 405.000 dans
l'informatique ou 339.000 dans
l'architecture et l'engineering. «7,1
millions d'emplois détruits et 2
millions créés, le solde net est donc de
5,1 millions d'emplois disparus.» Cela
uniquement sur les questions
technologiques, en dehors de toute crise
économique éventuelle.». (8)
Crainte des puissants: Les
inégalités, l'eau, l'Internet
De quoi ont peur
les riches? Malgré leur richesse, les
puissants ont peur ! Sans conteste, la
peur de perdre leurs privilèges : « Près
de la moitié des richesses mondiales est
entre les mains des 1% les plus riches,
tandis que 99% de la population mondiale
se partagent l'autre moitié, selon l'ONG
Oxfam (...) Selon le World
Economic Forum, les inégalités
menacent la stabilité mondiale: «Le
fossé persistant entre les revenus des
citoyens les plus riches et ceux des
plus pauvres est considéré comme le
risque susceptible de provoquer les
dégâts les plus graves dans le monde au
cours de la prochaine décennie», indique
le rapport annuel du Forum sur les
risques mondiaux.
Il reste à définir
ce que c'est que la stabilité mondiale
vue par les riches ; A n'en point
douter, c'est celle d'un statu quo,
chacun à sa place et de temps en temps
les riches jetteront des miettes aux
miséreux.
L'anti-forum de
Davos
On se souvient
qu'à la fin du mois de janvier 2001,
s'était tenu pour la première fois,
l'anti-forum de Davos à Porto Alegre au
Brésil. «Le Davos des Pauvres» regroupe
principalement ceux qui sont contre une
mondialisation-laminoir, selon le juste
mot de Jacques Chirac. Ce rendez-vous
des pauvres a tenté dans une cacophonie
pathétique de trouver une alternative à
la mondialisation inhumaine représentée
par les capitaines d'industrie réunis
dans le même temps dans la petite
station balnéaire de Davos en Suisse.
Plusieurs thèmes
avaient été abordés, ils avaient tourné
principalement autour de la dette des
PVD, de l'eau ; l'économiste Riccardo
Petrella avait ainsi plaidé pour que
l'eau soit «reconnue comme le premier
bien commun de l'humanité Parallèlement,
les 500 parlementaires réunis en forum à
Porto Alegre avaient, on s'en souvient,
décidé de «constituer un réseau
international de parlementaires» de
soutien aux «mouvements sociaux et
citoyens». Un texte avait été adopté à
l'unanimité affirme l'existence
d'alternatives aux politiques libérales
incarnées par le Forum économique de
Davos ». Le document mentionnait,
également, un certain nombre d'objectifs
à atteindre parmi lesquels on peut citer
l'instauration de la taxe Tobin,
l'abolition de la dette des pays
pauvres, la suppression des paradis
fiscaux, la «réforme profonde de l'OMC»
et des institutions financières
internationales, ainsi que l'égalité
hommes- .(9)
Que reste-t-il de tout cela?
Presque rien. Nul
ne doute que le fossé entre les riches
et les pauvres devient de plus en plus
abyssal ; les élans de générosité le
temps d'un forum ne doivent pas cacher
la réalité. L'aide publique au
développement est de plus en réduite et
de plus, elle est dirigée vers les «bons
élèves». Car en définitive, est-il moral
qu'un Suisse touche en un jour ce que
touche un Africain moyen en une année?
Est-ce cela le développement durable
Est-ce cela la solidarité , Où sont les
Droits humains à l’eau à un emploi
décent, à la santé à l’eau à un toit
consacrés par les Nations Unies La
question attend toujours une
réponse.(10)
Les inégalités
extrêmes dégradent le vivre ensemble,
Elles renforcent le pouvoir des
oligarchies, limitent l'accès à
l'éducation et à la santé, l'égalité
homme-femme. Les riches sont des
Martiens qui regardent les Terriens
besogneux de loin, ils sont indifférents
à la douleur et à la dignité humaine qui
se déclinent notamment par un droit à
l'éducation, un droit à un travail, un
droit à un toit, en un mot comme en
mille, un droit à vivre décemment. Même
l'alter mondialisme que nous avions cru,
un temps porteur de valeurs à même de
contrer cette machine du diable de la
mondialisation laminoir et du
néo-libéralisme prédateur, s'est
essoufflé. Est-ce pour autant qu'il
faille baisser la garde? Non! Le combat
continue. (11)
Conclusion
Peu à peu, l'organisation économique et
sociale devient duale: le bas de gamme;
Low-cost pour la grande masse et
grand luxe pour les 1%. Quartiers
résidentiels bunkerisés, pour les uns,
logements précaires dans des quartiers
périphériques pour les autres. Ce type
de société, à l'apartheid social assumé,
induit frustration et montée de la
violence avec le développement
d'économies souterraines. Nous
connaissons bien cela en Algérie.
Margaret Thatcher martelait ´´There
Is No Alternative!´´ (TINA) «il n'y
a pas d'autres alternatives». Dans ce
monde, il y a toujours des gagnants dans
une «économie casino» où l'effort est de
loin marginal par rapport à la
financiarisation-spéculation. Les Riches
sont des Aliens qui regardent les
Terriens besogneux de loin, ils sont
indifférents à la douleur et à la
dignité humaine qui se décline notamment
par un droit à l'éducation, un droit à
un travail, un droit à un toit, en mot
comme en mille, un droit à vivre
décemment.
Comment peut-on
parler de la mondialisation du bonheur,
quand on sait que les pays africains
luttent pour leur survie avec un fardeau
de la dette de 400 milliards de dollars,
un service de la dette inhumain, une
aide au développement de plus en plus
réduite? L'hypocrisie des pays
industrialisés médiatise à outrance
cette aumône, alors que dans le même
temps, le service de la dette est
autrement plus ravageur puisqu'il
compromet définitivement toute velléité
de développement durable. Comment
peut-on demander aux pays en
développement (toujours dans cet état
depuis quarante ans) une bonne
gouvernance, quand parallèlement on leur
interdit de financer les systèmes
éducatifs et de santé vecteurs
importants de la cohésion sociale? Ce
qui leur est en fait demandé, c'est
d'ouvrir leur marché, c'est de laminer
leur production nationale et la donner
en pâture aux multinationales qui sont,
de loin, plus performantes. Est-ce cela
la mondialisation du bonheur des
chantres du libéralisme à outrance à
l'instar d'Alain Minc? (12) (13)
Beaucoup
d'intellectuels des pays développés
s'accordent à dire que l'ambition
discrète de la mondialisation, c'est la
destruction du collectif et
l'appropriation par le marché et le
privé des sphères publiques et sociales.
Dans le but de construire une société où
l'individu sera enfin privatisé et où
s'épanouira l'hyperbourgeoisie
naissante. Pour déconstruire et
donc contrecarrer un tel projet, un
embryon de société civile internationale
se met en place surtout dans les pays
industrialisés. Une grande privatisation
de tout ce qui touche à la vie et à la
nature se prépare, favorisant
l'apparition d'un pouvoir probablement
plus absolu que tout ce qu'on a pu
connaître dans l'histoire. Tandis que de
nouveaux et séduisants «opiums des
masses» proposent une sorte de «meilleur
des mondes» et distraient les citoyens.
Une cause importante de «mauvais-être»
pour ne pas dire de malheur est la
précarité -au- minimum la
flexibilité-qui aboutit à un CDD
antichambre du chômage. Avec sa lucidité
coutumière, Bourdieu constate que l'Etat
Nation, garant du bonheur des citoyens-
recule et abdique ses prérogatives il
écrit: «Historiquement, l'État a été une
force de rationalisation, mais qui a été
mise au service des forces dominantes.
Pour éviter qu'il en soit ainsi, il ne
suffit pas de s'insurger contre les
technocrates de Bruxelles.
« Il faudrait
inventer un nouvel internationalisme
(...) Il s'agirait de construire des
institutions qui soient capables de
contrôler ces forces du marché
financier, d'introduire- les Allemands
ont un mot magnifique - un
Regrezionsverbot, une interdiction
de régression en matière d'acquis
sociaux à l'échelle européenne. (...) En
fait, la force de l'idéologie
néolibérale, c'est qu'elle repose sur
une sorte de néo-darwinisme social: ce
sont «les meilleurs et les plus
brillants», comme on dit à Harvard, qui
triomphent.» (14)
Il s'agirait,
entend-on, de proclamer avec force que
l'argent ne fait pas le bonheur, qu'il y
a autre chose dans la vie que
l'accumulation de biens matériels.
C'est naturellement faire abstraction
des couches sociales qui, de plus en
plus larges, peinent à joindre les deux
bouts, qui n'ont d'autre choix que mal
manger, mal se vêtir et mal se loger. Le
remède miracle: le bien-être, notion
subjective s'il en est. Il ne
faudrait plus «maximiser» la croissance,
mais le bien-être et le bonheur. Avec
raison en 1997, Pierre Bourdieu se
posait la question « des coûts sociaux
de la violence économique et avait tenté
de jeter les bases d'une économie du
bonheur ».
Note
1.Sabine Syfuss-Arnaud
http://www.challenges.fr/economie/20140122.
CHA9435/forum-de-davos-les-confidences-de-klaus-schwab.html#xtor=EPR-14-[Quot10h30]-20140122
2.http://chemseddine.over-blog.com/2014/01/les-aliens-de-davos-bombance-et-m%C3%A9pris-pour-les-faibles.html
3.Nick Beams 17 janvier 2017
http://www.mondialisation.ca/huit-milliardaires-controlent-autant-de-richesses-que-la-moitie-de-lhumanite/5569424
4.https://www.forbes.fr/business/quand-les-1-les-plus-riches-accaparent-82-des-richesses-creees/?cn-reloaded=1
5.
https://www.forbes.fr/finance/qui-sont-les-26-milliardaires-pesant-autant-que-38-milliards-de-personnes/
6.
https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/climat-il-est-temps-de-se-mettre-en-colere_130984#xtor=EPR-1-[SEAActu17h]-20190124
7.
https://www.weforum.org/reports/the-future-of-jobs
8.JPG
http://www.emploiparlonsnet.pole-emploi.org/prospective/davos-voudrait-anticiper-le-travail-du-futur
9.Samuel Schellenberg : Le Forum social
mondial en cache-t-il un autre ? Porto
Alegre. 30 janvier ( 2001)
10. Chems Eddine
Chitour. La mondialisation : l'espérance
ou le chaos ? Edtions Anep. 2002
11 ;Chems Eddine Chitour
http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_
chitour/285035-a-quoi-sert-la-zerda.html
12.http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/258845-l-arrogance-des-grands-devant-la-misere.html
13.Alain Minc :La mondialisation
heureuse. Editions La Découverte. Paris,
(1992)
14.Pierre Bourdieu: L'essence du
libéralisme, le Monde diplomatique mars
1998.
Article de référence :
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5272278
Professeur Chems
Eddine Chitour
Ecole Polytechnique
Alger
Le sommaire du Pr Chems Eddine Chitour
Le
dossier Monde
Les dernières mises à jour
|