Comment je
vois le monde
Le miracle de
Brahimi à Genève II
Une lueur pour le peuple syrien ?
Chems Eddine Chitour
Le Pr
Chems Eddine Chitour
Lundi 27 janvier 2014
«Il
n'y a qu'un passé et il n'existe qu'un
seul présent, par contre il y a une
multitude de futurs, mais seul l'un
d'eux se réalise.»
Philippe
Geluck
Genève abrite depuis trois jours un
nouveau round de négociations devant
aboutir en théorie à la paix en Syrie.
Des milliers de morts, des centaines de
milliers de blessés, un peuple
traumatisé qui a vu sa population
s'enfuir hors de ses frontières et vivre
un deuxième hiver dans le froid, la faim
et la mitraille. Depuis quelques mois la
coalition anti-Assad se fissure du fait
de luttes internes des milices
islamistes contre dit-on, une opposition
laïque. Il semble que le pouvoir syrien
gagne des points et la situation
d'affaiblissement de la coalition
l'arrange. Les parrains du malheur
syrien sont les pays du Golfe qui
inondent chacune les factions anti-Assad
avec les armes occidentales. De l'autre
côté, la Russie ravitaille le pouvoir
syrien. Enfin le Hezbollah et l'Iran
jouent le même rôle que la Turquie
envers la coalition anti-Assad. Résultat
des courses: les Occidentaux et la
Russie disent qu'ils veulent la paix en
Syrie, ils devraient peut-être commencer
par un embargo sur les armes aux
belligérants qui se retrouveraient à se
battre avec des arbalètes, des épées ou
des frondes comme au bon vieux temps des
croisades, mais ceci est une autre
histoire.
Un impair de taille: l'absence de l'Iran
dé-invitée au dernier moment.
L'invitation lancée par le Secrétaire
général de l'Organisation des Nations
unies Ban Ki-moon à l'Iran à participer
à la conférence de Genève 2, a bien
failli faire annuler cette conférence
avant même qu'elle ne débute. En fin de
journée, le porte-parole du Secrétaire
général revient sur cette invitation, et
la retire, purement et simplement. Le
même jour, la Grande-Bretagne dit
«demeurait disposée à travailler avec
l'Iran sur la question syrienne» selon
Chine Nouvelle (Xinhua) du 21/01/2014
Les débuts chaotiques de Genève
II
Personne ne pouvait parier un kopeck sur
cette conférence, la première victoire
de la paix est que la coalition anti-Assad
plus divisée que jamais a accepté sous
la pression américaine de venir à Genève
avec une interprétation différente
concernant la transition telle que
décidée à Genève I. «La première journée
de la conférence de paix sur la Syrie
s'est achevée, mercredi 22 janvier à
Montreux, sur une promesse des
délégations du gouvernement syrien et de
l'opposition de s'asseoir à la même
table des négociations à partir du 24
janvier. (...) D'entrée de jeu, Sergueï
Lavrov, le premier à prendre la parole,
a planté le décor de cette rencontre.
D'un ton sec et tranchant, il s'est
livré à un réquisitoire contre
l'opposition syrienne et ses parrains
occidentaux.. Dans une allusion claire
aux pays du Golfe, principaux bailleurs
de fonds de la rébellion, et aux
Etats-Unis, le chef de la diplomatie
russe a vilipendé ceux qui «tentent de
l'extérieur d'imposer leur modèle» à la
Syrie. «Il ne faut pas regarder très
loin», a-t-il poursuivi en faisant
référence à la situation en Irak, pour
comprendre que ces «tentatives ne
peuvent que nuire « aux négociations
engagées à Montreux.» (1)
Le chef de la diplomatie russe est
rapidement passé sur l'ordre du jour
officiel de la rencontre, à savoir la
mise en place d'une transition
politique, pour souligner que l'urgence
du moment est d'éviter que la Syrie
devienne une «base arrière du terrorisme
international», reprenant ainsi
l'argumentaire du régime. De surcroît,
M. Lavrov a balayé d'un revers de la
main les demandes d'ordre humanitaire
réclamées par l'opposition, les
qualifiant «d'artificielles».(...) John
Kerry a ensuite répondu au discours
combatif de Sergueï Lavrov, dans une
intervention aux antipodes de celle de
son homologue russe. Il a salué la
décision«courageuse» de la CNS de se
rendre à Montreux et a clairement
recadré l'enjeu de la rencontre: le
départ de Bachar Al-Assad. «Il n'est pas
envisageable qu'un homme qui a conduit
la répression brutale de son propre
peuple puisse retrouver la légitimité de
gouverner. Le droit de conduire un pays,
a-t-il insisté, ne peut pas venir de la
torture, des barils d'explosifs et des
missiles Scud. Il provient du
consentement du peuple.» (1)
Les enjeux
Nahed Attar nous décrit la situation:
«Les deux seules interventions
significatives de «Genève 2» écrit-il
sont celles du ministre syrien des
Affaires étrangères, Walid al-Mouallem,
et de son homologue saoudien, M. Saoud
al-Fayçal. La plaidoirie historique du
premier pour la défense de l'État syrien
- fondée sur ses valeurs nationales et
civiles, son rôle régional, et sa
combativité face à une horrible
agression criminelle qui dure depuis
bientôt trois années - s'est heurtée à
celle du second, venu confirmer la
politique haineuse du Royaume saoudien à
l'égard de la Syrie, de sa civilisation
et de son peuple.» (2)
Pour le journaliste, «le Président
Bachar al-Assad n'est plus un sujet de
litiges pour la majorité des Syriens.
Et, alors qu'au début de 2013 il n'était
qu'acceptable jusqu'à la fin de son
mandat actuel, sa candidature aux
présidentielles de 2014 est devenue une
nécessité autant pour la Syrie que pour
l'International. Plus personne ne
discute du fait qu'il peut gagner les
élections. Le gouvernement syrien est
resté solidaire, et a progressé dans sa
bataille politique; et l'État syrien a
retrouvé sa capacité de gestion du pays
avec une efficacité raisonnable en temps
de guerre. L'opposition syrienne s'est
désintégrée et s'est dispersée dans des
pays moribonds; à savoir, le Qatar, la
Turquie, et les derniers de ses sponsors
atteints de la démence du perdant, dont
l'Arabie Saoudite, la France, et les
services troubles du renseignement
régional et international; cette
prétendue opposition étant désormais
logée sous l'enseigne du takfirisme et
du terrorisme bestial, qu'il s'agisse de
Daecht, de Jabhat Al-Nosra, ou du Front
Islamique, factions aussi monstrueuses
les unes que les autres!(2)
L'interprétation différente de
Genève I
Après les rodomontades du premier jour,
les Occidentaux ont laissé Lakhdar
Brahimi seul pour gérer l'ingérable. Il
n'empêche qu'il réussit à mettre les
belligérants à la même table. Les
délégations de l'opposition et du régime
syriens se sont retrouvées pour la
première fois samedi autour de la table
des discussions pour tenter de trouver
une issue au conflit qui mine le pays
depuis trois ans. Il s'agit des
premières discussions en face-à-face
entre les deux camps depuis le début du
conflit il y a trois ans. Conformément
au plan de Lakhdar Brahimi, les deux
camps se sont retrouvés peu après 9
heures (GMT) dans la même pièce pour
écouter pendant une trentaine de minutes
le discours d'introduction du médiateur
de l'ONU et de la Ligue arabe. Les
négociations auraient dû commencer
vendredi, mais l'ONU et les Syriens ont
perdu 24 heures après le refus de
l'opposition de s'asseoir à la même
table que le chef de la diplomatie
syrienne Walid Mouallem. Damas n'a pas
accepté ce qui constitue une ligne rouge
pour l'opposition et les Occidentaux: la
reconnaissance par le régime du principe
d'un gouvernement de transition
conformément au texte adopté par les
Russes et les Américains en juin 2012
lors de la conférence de Genève-1. Après
d'intenses discussions avec les deux
délégations, Lakhdar Brahimi avait
finalement convaincu les protagonistes
d'être présents samedi pour une première
rencontre.
Qui est Lakhdar Brahimi?
Qui est cet illustre «inconnu» que les
Occidentaux découvrent sur le tard en
l'encensant du fait que c'est lui qui
fait le difficile boulot de recoller les
morceaux du puzzle syrien après les
échecs de l'ONU et la compromission
éhontée de la Ligue arabe qui a exclu la
Syrie de la Ligue?
Olivier Ravanello nous en parle: «Il
s'appelle Lakhdar Brahimi. «Brahimi
l'Algérien» est un diplomate dans l'âme.
Un homme de paix écoeuré de voir ses
frères arabes s'entre-tuer en Syrie.
Alors il a dit «oui» quand l'ONU lui a
demandé l'impossible: être un pont entre
le régime du dictateur Bachar el-Assad
et l'opposition syrienne. Ce pont, il
l'a toujours été. Ministre des Affaires
étrangères algérien, il est l'artisan
des accords de Taef qui marquent la fin
des guerres du Liban. Déjà. Il fait
aussi partie des Elders, groupes de
vieux sages de la planète où l'on trouve
aussi Jimmy Carter ou Kofi Anan, et que
l'on envoie quand la diplomatie
traditionnelle a échoué. Parce qu'ils
connaissant tout le monde, qu'ils ont vu
les dirigeants actuels en culottes
courtes et qu'ils n'ont pas
d'arrière-pensées. En l'occurrence,
l'image est vraie. Bachar, Brahimi l'a
vu en culottes courtes, enfant au palais
de son père Hafez. (...) Brahimi voyage,
parle, essaie de convaincre, de
rapprocher les contraires.
Inlassablement. Au début, les micros se
tendaient devant lui. Mais rien. Brahimi
est mutique et c'est comme cela qu'il a
pu maintenir un climat de confiance avec
ses interlocuteurs.» (3)
«Vendredi, à Genève, dans les salons
d'un hôtel de luxe, le silence sera
pesant. Et Brahimi sera seul au milieu.
La délégation de l'opposition syrienne
d'un côté et la délégation du régime
envoyée par Bachar el-Assad de l'autre.
Neuf d'un côté, neuf de l'autre. Entre
eux, un abîme de haine. Brahimi n'a
sûrement pas la réponse, mais il sera
là. Et ses petits-enfants, de loin, le
regarderont en se disant sûrement que
papy est un sacré bonhomme...» (3).
Il est vrai que connaissant la
susceptibilité des uns et des autres,
l'ancien chef de la diplomatie
algérienne, lit-on dans le journal
Liberté, aura toutes les peines du monde
à rapprocher les positions (...)
Demeurant toutefois optimiste, Lakhdar
Brahimi a, de son côté, qualifié les
réunions d'hier à Genève de
´´semi-pas´´. ´´Demain il y aura un pas
complet´´, a-t-il ajouté. (...) Ainsi,
régime et opposition divergent sur
l'interprétation du contenu de Genève I,
signé entre les grandes puissances en
2012 et prévoyant une période de
transition. Les opposants à Bachar al-Assad
réclament que celle-ci implique
nécessairement un départ du président,
tandis que Damas rejette ce scénario et
parle d'un gouvernement d'union. ´´Nous
parlons d'un gouvernement d'union élargi
mais pour y arriver, il faut voir qui
représente cette opposition´´, a indiqué
le vice-ministre syrien des Affaires
étrangères Fayçal Moqdad.» (4)
Le bon début des négociations
Comment l'envoyé de l'ONU a-t-il fait
pour réconcilier les deux parties, chose
impensable à peine quelques heures
auparavant. C'est que ce diplomate
algérien chevronné s'est livré à un tour
de passe-passe diplomatique des plus
habiles. Afin de contourner le refus du
régime de signer tout document écrit
attestant de la mise en place d'une
autorité de transition, il a en réalité
obtenu des deux parties qu'elles se
contentent d'une déclaration orale de
l'envoyé de l'ONU prononcée l'après-midi
en conférence de presse. «Si le régime
ne le contredisait pas dans la foulée,
alors cela équivalait implicitement à
une acceptation des termes de Genève
I»,(...) Un exercice diplomatique de
haut vol permettant de contourner,
certes provisoirement, cette épineuse
question, sans mettre aucune délégation
en porte-à-faux».
Grâce à un tour de passe-passe
diplomatique de haut vol, l'envoyé de
l'ONU Lakhdar Brahimi devrait permettre
aux deux camps de véritablement
négocier. Tout avait fort mal commencé à
Genève. Jeudi soir, veille de la
rencontre historique annoncée entre le
régime de Bachar el-Assad et ses
opposants, pour la première fois en
trois ans de guerre, l'opposition
recule, et indique qu'elle ne s'asseoira
pas en face de responsables syriens. En
cause, le refus de ces derniers
d'accepter les termes de Genève I,
première conférence internationale sur
la Syrie, organisée sans Damas, qui
avait conclu, résolution de l'ONU à
l'appui, à la formation par
«consentement mutuel» d'une autorité de
transition ayant les «pleins pouvoirs
exécutifs». (5)
L'infatigable Lakhdar Brahimi, a
pourtant tout fait pour réunir les deux
camps dans la même salle, sans pour
autant qu'ils s'adressent la parole.
Rien n'y fait. Des positions
irréconciliables Pourtant, en fin de
journée, c'est avec une excellente
nouvelle que Lakhdar Brahimi revient de
son marathon diplomatique. «Nous allons
nous retrouver demain dans une même
salle», annonce-t-il, soulagé, aux
journalistes.
Autre bonne nouvelle: à en croire les
diplomates présents dans les coulisses
du palais des Nations, les deux
délégations se seraient mises d'accord
pour travailler jusqu'à dimanche sur un
accès humanitaire aux populations
syriennes, tout d'abord dans la ville de
Homs, avant de se pencher à nouveau sur
les questions politiques. «Homs est
vraiment dans une situation
d'encerclement terrifiante»,
soulignent-ils. «Elle possède, de
surcroît, une dimension symbolique et
politique forte. Si le régime ne fait
pas obstacle, l'aide peut s'acheminer
très vite», préviennent-ils.
On s'acheminerait a minima vers une aide
humanitaire multiforme notamment des
couloirs humanitaires. Les médias
occidentaux qui reprennent les positions
des Occidentaux martèlent que la
solution n'est pas militaire, les mêmes
qui ont armé la coalition tant qu'ils
ont pu, ils s'aperçoivent que cette
coalition est affaiblie par l'apparition
des milices islamiques qui commencent à
faire réfléchir l'Occident qui pense que
la solution Bachar El Assad «laïc» n'est
plus définitivement à rejeter en tout
cas dans une période de transition, le
temps d'éliminer les factions
islamistes. Bachar Al Assad qui ne
méritait pas de vivre selon le ministre
français Fabius, est en train de
renaître de ses cendres. Il reste que
l'alternance au pouvoir est inéluctable
12 ans de pouvoir, c'est trop. Il faut
laisser la place mais dans des
«élections propres et honnêtes» pas de
celles que nous avons connues en Algérie
en 1991.
Par qui se ferait alors l'alternance?
Certainement pas par l'opposition off
shore des Burhan Ghalioun le
Franco-Syrien, plus inspiré en tant que
chercheur, et les Kodmani qui se
découvrent à 3000 km du Quartier Latin,
une âme de révolutionnaire après avoir
profité du système Assad père par leur
père ancien ambassadeur du régime.
Est-ce par l'opposition interne qui elle
est restée à demeure, est nationaliste
et qui n'accepte pas de vendre la Syrie
à la première offre venue? La question
reste posée.
1. A Genève 2, la promesse d'un dialogue
entre Syriens Le Monde.fr | 22.01.2014
2.Nahed Hattar23/01/2014 Nahed Hattar
http://www.mondialisation.ca/ bye-bye-geneve-bonjour-damas-1/5366177,
3.Olivier Ravanello
http://fr.news.yahoo.com/blogs/ravanello/geneve-lakdhar-brahimi-seul-face-a-la-haine-syrienne-104657083.html
4.http://www.liberte-algerie.com/international/du-pain-sur-la-planche-pour-lakhdar-brahimi-les-negociations-syriennes-entre-regime-et-opposition-ont-failli-s-arreter-214487
5.http://www.lepoint.fr/monde/syrie-geneve-ii-comment-regime-et-opposition-se-sont-secretement-entendus-25-01-2014-1784203_24.php
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Ecole Polytechnique enp-edu.dz
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