Algérie en phase
avec le mouvement du monde
De l'Islam en France à l'Islam de France
:
Le vrai défi à relever
Chems Eddine Chitour
Le Pr
Chems Eddine Chitour
Vendredi 23 décembre 2016
Encore une fois les Musulmans à leur
corps défendant sont invités dans le
débat qui fait rage partout dans le
monde: que faire de ces musulmans pris
dans leur globalité et qui posent
problème à l’Occident? Manipulés en tout
sens, ils sont victimes de manoeuvres
des puissances des ténèbres, qui les
font représenter par un islam
sanguinaire qui leur donne toutes les
légitimités au nom de la responsabilité
collective de faire des musulmans des
parias. Au lieu de construire un vivre
ensemble et donner les mêmes chances à
tous les jeunes de France, on délibère
sur les conséquences regrettables
certes, sans s’interroger sur les
causes.
Les attentats djihadistes au
nom de l’Islam
Cette semaine sera à marquer d’une
pierre noire. En dehors du brasier
d’Alep, il y a eu la mort de
l’ambassadeur de la Russie pays qui
tente d’arrêter la spirale de la
violence, il y a eu les attaques
terroristes devenues rituelles en
Turquie. Il y a eu aussi l’attaque en
Jordanie qui fit plus d’une douzaine de
morts – musulmans- que les médias
occidentaux ont rapidement zappé
préférant zoomer sur l’attaque
terroriste en Allemagne. Curieusement ce
n’est pas un langage de vengeance qui
sera donné par la chancelière qui en
appelle à l’unité, mais aussi au devoir
de ne pas s’écarter de la noblesse de sa
politique d’accueil de l’étranger. Elle
déclare: «Les raisons de cet acte atroce
seront éclaircies, a assuré la
chancelière. Nous n’en savons pas
beaucoup sur cet acte, mais nous pouvons
déjà dire qu’il s’agit d’un acte
terroriste. Je sais que cela serait pour
nous particulièrement difficile à
supporter s’il se confirme que cet acte
a été commis par une personne qui a
demandé à l’Allemagne protection et
asile. Ce serait particulièrement odieux
pour tous ces Allemands qui sont engagés
jour après jour pour aider les réfugiés
et pour tous ces gens qui ont besoin de
notre protection chaque jour et
s’efforcent de s’intégrer. Nous ne
voulons pas vivre avec la peur qui nous
est imposée par le mal. Nous allons
trouver la force de continuer à vivre
libres, ensemble et dans un esprit
d’ouverture?» (1)
Le langage guerrier des
politiques
«Nous sommes en guerre» des
responsables en France toutes
tendances confondues et qui adoptent
des lois de plus en plus
contraignantes et liberticides sauf
que pour le moment, le maître mot
est que c’est un mal nécessaire. Le
danger est de voir de plus en plus
le corps social travaillé par ces
appels à la haine de Français
musulmans pratiquant l’amalgame en
omettant de dire que les musulmans
sont les premiers à en souffrir. Le
New York Times a compilé plus de
mille témoignages recensant la
souffrance quotidienne des femmes
musulmanes en Europe, plus
particulièrement en Belgique et en
France. Plus d’un millier de femmes
ont répondu, «de France, de Belgique
et d’ailleurs», faisant part de leur
détresse et des discriminations
quotidiennes dont elles font l’objet
parce qu’elles sont musulmanes –
voilées ou non.: «Peur un jour de
porter une lune jaune sur mes
habits.» Charlotte étudiante de 23
ans à Toulouse explique ainsi: «On
m’insulte, me crache dessus
(littéralement) tous les jours dans
le métro, le bus, mon école.
Pourtant, je n’ai jamais insulté,
frappé quelqu’un. Non, je suis juste
musulmane. Je pense sérieusement
partir vivre ailleurs, où le regard
des autres ne me fera plus pleurer
chaque soir dans mon lit. J’ai peur
un jour de porter une lune jaune sur
mes habits, comme l’étoile de David
pour les juifs (…)» Pour Assia
Boukhelifa, 22 ans, étudiante en
sciences politiques à Lille. «Je
trouve fou que les Français ont
l’air de découvrir l’islam et nous
parlent encore d’intégration alors
qu’on en est aujourd’hui à la 3e,
voire 4e génération de Maghrébins
musulmans en France.» [1]
Quelle place pour
l’Islam en France ?
On dit qu’il y a près de 5 millions
de personnes nées musulmanes
pratiquantes à des degrés divers ou non
pratiquantes, pour la majorité nées en
France et à ce titre qui devraient être
des Français à part entière au nom du
droit du sol. Gilles Devers écrit à ce
propos que l’on invente rien: «´´Islam
de France´´, c’est un concept
sarkozyste, que l’on retrouve
logiquement dans les bagages de ce
soldeur de la gauche qu’est Hollande,
comme c’était écrit dès 2012. (…) Ah oui
un Islam Bleu-Blanc-Rouge? Avec un
gouvernement qui organise un culte dans
un pays qui professe la séparation de
l’État et des cultes, faites-moi rire…
Dans le bazar actuel, où l’excité du
burkini veut changer la Constitution de
1958 pour régler la vie des plages, le
discours d’un Cazeneuve devient presque
un bienfait. (…) c’est la même logique,
la même volonté de domination: à coups
de bâton ou avec de gentilles lois, il
faut mater le muslim.» Gilles Devers
pointe le vrai problème, peut-on être
citoyen français et avoir sa propre
religion sans que cela ne pose problème:
«C’est la vraie ligne de fracture:
êtes-vous capable de considérer ou non
une personne parce qu’elle est musulmane
et qu’elle a donc une vie spirituelle
autonome? De droite ou de gauche, Juppé
compris – qui nous fait le coup de la
charte – incapables de comprendre le
monde tel qu’il est. Sur ce point, je ne
peux que déplorer de voir le staff
dirigeant français de l’islam courir
comme une dernière bouée de secours au
service de ce colonialisme sans fin…»
(2)
Les tentatives de dociliser
l’islam échouent: «Le chantier d’un
‘islam de France” connaît un nouvel
écueil: la Grande mosquée de Paris
menace de ne pas participer à la
prochaine réunion de l’ ‘instance de
dialogue” des musulmans avec l’Etat, sur
fond de rivalités incessantes et
paralysantes entre institutions. «Dans
sa ‘nouvelle étape” en vue d’un ‘islam
de France”, «le gouvernement a besoin
d’aller vite pour faire une
démonstration, en particulier parce que
les échéances électorales approchent.»,
Cette instance a été lancée au printemps
2015 par Bernard Cazeneuve. Le ministre
de l’Intérieur était désireux d’élargir
le cadre du dialogue avec la deuxième
religion de France actuellement
représentée par des gestionnaires de
mosquées en mal d’image et d’efficacité,
Mais la GMP, dirigée par Dalil
Boubakeur, estime que le gouvernement
«cherche à entériner (ses) initiatives
dans la précipitation et la confusion,
sans une large et longue consultation
consensuelle, comme ce fut le cas pour
l’édification sereine du Conseil
français du culte musulman (Cfcm)» (3)
Une histoire apaisée de
l’islam
A contrario, l’histoire suivante est
là pour nous rappeler qu’il peut exister
un islam serein accepté, non imposé.
C’est le cas de Marine, convertie à
l’islam qui déclare: «Je suis toujours
la même, en mieux.»
«Ma conversion est une sorte
d’émancipation» (…) Son cheminement,
les étapes qui l’ont amenée à se
convertir, a été progressif. En
2011, elle commence à se renseigner
dans son coin – elle ne compte pas
de musulmans parmi ses proches -,
sur l’histoire et la pratique de
cette religion. «Je voulais me faire
ma propre idée d’une religion mal
représentée, notamment dans les
médias.» Elle lit le Coran en
français et passe beaucoup de temps
sur Internet, à consulter des
forums. Petit à petit, elle arrête
de sortir, de boire de l’alcool et
de manger du porc. (…) »
« En janvier 2012, Marine
prend sa décision. Elle a décidé
depuis quelque temps, mais, sans
personne pour la guider dans son
entourage, elle ne sait pas comment
procéder. Une rencontre va l’aider à
sauter le pas. Ce jour-là, elle est
en charge des cabines d’essayages
d’une boutique de prêt-à-porter pour
laquelle elle travaille en
alternance. Elle approche une femme
voilée, Alya, à peine plus âgée
qu’elle (…) Elle lui demande de lui
indiquer une mosquée où se
convertir. Les deux femmes
sympathisent et finissent par
devenir amies. (…) Un mois après
leur première rencontre, Alya
accompagne Marine se convertir à la
mosquée de l’Argonne, dans le nord
d’Orléans. Avec son amie à ses
côtés, elle récite la shahada –
l’attestation de foi – un soir, dans
une mosquée déserte. «J’ai pleuré,
évidemment, car je me suis sentie en
quelque sorte bénie et comblée, et
surtout plus légère», se
souvient-elle avec émotion. «Au
fond, il n’y a pas grand-chose
d’interdit.» (…) Pauline a-t-elle
songé à suivre le chemin emprunté
par sa grande soeur? «Ah non, pas du
tout. Je n’arrive pas à avoir le
feeling avec la religion, parce que
je n’aimerais pas être limitée par
un texte. On respecte nos choix»,
répète Pauline. Marine abonde: «Je
ne vais pas l’empêcher de s’habiller
comme elle veut ou la juger si elle
porte une mini-jupe.» Elle regarde
sa soeur en lui souriant: «Bon, par
contre, je ne vais pas lui offrir un
saucisson!» Et elles éclatent de
rire.» (4)
Un Islam de France est
possible: le credo de ceux qui savent
tout
S’intéresser à l’islam et donner son
avis est devenu un filon dans lequel se
sont engouffrés tous les spécialistes
autoproclamés à l’instar de Gilles Kepel
– qui arrive à publier un ouvrage par
an, sur l’Islam, le dernier en deux mois
entre novembre 2015 et janvier 2016 !
c’est dire si diaboliser l’Islam … c’est
porteur – sur la nécessité de combattre
les conséquences terroristes et qui
dictent ce faisant aux Français comment
ils doivent traiter l’Islam en France.
Certains Thinks Tanks proposent
des études avec un titre racoleur: «Un
islam français est possible?» Ainsi,
dans l’étude de l’Institut Montaigne
nous trouvons un catalogue à la Prévert
de ce qu’il faut faire en jetant
l’anathème sur le financement externe
des mosquées, sur le Cfcm, sur la
nouvelle équipe dirigée par Jean-Pierre
Chevènement chargée de réfléchir à un
islam de France. Hakim El Karoui préposé
justement à défendre ce brûlot en
rajoute dans la plus pure tradition de
la haine de soi. Morceaux choisis:
«Pourquoi travailler sur l’islam en
2016? Parce que la violence qui s’est
déchaînée en son nom en France, contre
des Français, ne peut rester sans
réponse. Il faut engager des changements
profonds dans l’organisation de cette
religion pour lui. Il encense ensuite
une frange en diabolisant l’autre. Deux
réalités très différentes donc: une
majorité silencieuse, très souvent
pratiquante, mais sans conflit majeur
avec les normes de la société française,
d’une part; une minorité, attirée par le
fondamentalisme, qui utilise l’islam
pour dire sa révolte, d’autre part.
Pour Hakim El Karaoui cinq mutations
majeures doivent pourtant être engagées:
«Sortir l’islam de France de la
minorité mettre fin à la tutelle
d’États étrangers, qui ne
tolèreraient en aucune manière sur
leur sol ce qu’ils pratiquent en
France: faire émerger de nouveaux
cadres, religieux et laïcs, nés en
France. Assurer à l’islam de France
des ressources financières
transparentes, travailler de façon
efficace à la formulation et à la
diffusion d’interprétations de
l’islam alternatives aux discours de
fermeture, de séparation et de
soumission. Construire un islam
français est donc possible mais, ô
combien difficile! C’est pourquoi
l’État devra s’investir au plus haut
niveau pour faire émerger cette
nouvelle organisation de l’islam
français car il a encore un rôle à
jouer pour faciliter les changements
avant de se retirer ensuite,
conformément au principe de laïcité.
L’enjeu est essentiel: c’est notre
cohésion nationale qu’il faut
préserver, et, c’est aussi, pour les
musulmans, l’occasion d’inventer une
nouvelle modernité religieuse ». (5)
«Face au danger terroriste, écrit
il en préface du rapport , l’État
se doit d’apporter une réponse
sécuritaire. Vient ensuite
l’injonction: «L’islam de France
doit devenir français. Il ne l’est
pas aujourd’hui. Les personnes qui
le gèrent et celles qui représentent
les musulmans français sont encore
étroitement liées aux États
d’origine. Elles ont importé les
tensions qui existent entre certains
États du Maghreb. Elles ne savent
pas proposer des solutions
susceptibles d’accélérer la sereine
insertion de la majorité
silencieuse, mais aussi des mesures
destinées à combattre le
fondamentalisme, tout en ramenant le
plus grand nombre possible de
musulmans, souvent des jeunes tentés
par l’intégrisme vers des croyances
et des idées en phase avec les
valeurs républicaines.» (5)
On peut se demander à qui est destiné
ce rapport? Venant d’un Français qui se
veut plus français et qui diabolise les
pays qui ont peut-être vu naître ses
parents.
La réalité: soigner les
causes plutôt que les conséquences
On peut s’interroger à juste titre,
pourquoi il n’y a pas eu de curée
verbale telle que celle qui a eu lieu en
France, où les Français
d’espérance musulmane sont sommés chaque
fois de se disculper par l’itératif
« Pas en mon nom » . Les Français de
souche ou assimilés s’ils sont
d’espérance chrétienne ou juive croyant
ou pas- ne considèrent pas les
Français de culture musulmane
croyants ou pas comme des Français à
part entière. Ils n’ont pas cette
empathie qui fait que ce pays qui a
accueilli en en une année cinq
fois que tous les autres pays d’Europe
réunis ne jette pas l’anathème sur
les émigrés. Au contraire à
l’instar de la chancelière , ils croient
en la force des institutions et à la
forte volonté d’intégration du peuple
allemand malgré ce tragique attentat. Il
n’est pas question de déclarer la guerre
à la mode Valls qui n’a pas cessé
d’attiser les tensions montrant par là
qu’il le fait par conviction ,il s’en
est d’ailleurs expliqué longuement sur
l’islam, au traditionnel tribunal
dinatoire du Crif, pour reprendre
l’expression d’Alain Finkielkraut, en
février 2016
De fait dans l’attentat de Berlin à
titre d’exemple, il n’y a pas cette
curée des politiques pour des visées
électoralistes et ils dressent des
Français contre des Français. Nous
lisons:
«Les Allemands vont-ils réussir à
conserver leur sang-froid? Ou bien,
neuf mois avant les élections
générales, le pays risque-t-il de
basculer dans une surenchère
sécuritaire? «Ce que je ressens? Une
profonde tristesse, une sorte
d’épuisement, mais de la peur, je ne
sais pas. Peut-être parce que l’on
nous a tellement prévenus qu’il
finirait par se passer quelque
chose…», déclare Uwe, un Berlinois
qui vit à dix minutes à vol d’oiseau
du lieu de l’attaque. Jusqu’à
aujourd’hui, la police allemande
reconnaît une vingtaine d’attentats
déjoués depuis 2002 et deux
attentats perpétrés au nom de l’État
islamique cet été, un bilan
infiniment plus clément que le bilan
français. Pourquoi? Il est difficile
de trouver des arguments
convaincants. Mais il est clair que
l’Allemagne a une autre histoire
migratoire que la France. Par
ailleurs, malgré les différences de
succès notoires en fonction des
milieux d’origine, le très efficace
système d’apprentissage dual a
peut-être contribué à mieux intégrer
qu’en France les enfants allemands
issus de l’immigration. Enfin, autre
explication, la position
diplomatique traditionnellement
prudente de l’Allemagne en fait
peut-être une cible moins évidente.»
(1)
A lire le rapport, l’Institut
Montaigne et Hakim El Karoui sont les
seuls à détenir la solution pour un
islam qui était toléré tant qu’il
n’avait pas de visibilité due à la
mal-vie des jeunes en errance et sans
perspective réelle d’intégration. Pour
rappel, l’Institut Montaigne a pour
ambition entre autres de proposer des
études, la cohésion sociale, l’Ecole
primaire (le dernier Rapport Pisa pointe
du doigt les inégalités en France selon
les territoires), emploi des jeunes,
diversité et égalité des chances). Rien
de tout cela ne transparaît dans ce
rapport contrairement. On peut parier
que ce document laudateur ne sera lu par
personne parce qu’il n’aborde pas les
questions qui fâchent. Pour avoir une
chance d’être crédible il eut fallu
interroger les gens de cités où le
chômage est surreprésenté près de 40%,
il eut fallu interroger ces Français
entièrement à part qui ont la priorité
pour être arrêtés pour délit de faciès.
Cet énième rapport ne tiendra pas la
route car il occulte une donnée
fondamentale, les causes qui ont amené
ces jeunes à investir le champ religieux
quand toutes les portes du temporel
leurs sont fermées. Hakim El Karaoui
propose à la République un Islam
light, sans aspérité, sans le feu
sacré porteur de liberté bien comprise.
Il dénie à ceux qui sont nés hors de
France de toucher à l’islam. Son échec
est inscrit dans ses positions pour le
moins discutables. (5)
Pour un Islam gallican
On se rappelle la belle phrase
de l’humaniste, Jacques Berque,
traducteur du Coran et fin connaisseur
de l’Islam et qui parlait – à juste
titre- d’un Islam gallican
apaisé en symbiose avec le vécu français
dont le fond rocheux chrétien est une
donnée structurelle, mais qui protège
par une interprétation généreuse de la
République la laïcité qui garantit le
libre exercice des cultes à l’ombre de
ses lois. Écoutons ses mots :
« Supposez qu’il se crée en
France non pas un islam français,
mais un islam de France, disons pour
simplifier, un islam gallican, c’est-à-dire
un islam qui soit au fait des
préoccupations d’une société
moderne, qui résolve les problèmes
qu’il n’a jamais eu à résoudre dans
ses sociétés d’origine qui, pour des
raisons historiques, ne sont pas des
sociétés du niveau du Nord de la
Méditerranée. Figurez-vous le
retentissement qu’aurait cet islam
de progrès sur le reste de la zone
islamique » .
Ainsi rêve-t-il écrit
Adel Taamalli, d’un Islam
de France, d’un Islam gallican,
à la pointe du progrès dans le monde
musulman. (…) Même si l’Islam se
caractérise par rapport au
christianisme par une absence de
clergé (…) sa situation
d’installation durable en France
invite à se poser la question de
savoir si sa propre organisation,
ainsi que ses travaux canoniques et
théologiques, ne doit pas se décider
de manière indépendante face aux
pays étrangers majoritairement
musulmans. Car en effet, un islam
gallican chercherait d’abord à
établir un agenda en rapport avec
les préoccupations directes et
prioritaires des musulmans de
France, sans que cela soit un appel
à ce que les ponts soient coupés sur
le plan spirituel avec le monde
musulman lui-même, lieu depuis
toujours, notamment à Al-Azhar, de
la transmission de génération en
génération de la phénoménale somme
théologique et jurisprudentielle de
l’Islam. (…) Une réflexion engagée
ouvertement sur les liens entre
gallicanisme et islam de France peut
aider à la construction du
vivre-ensemble, bien que celle-ci
doive se faire par des musulmans, et
selon un prisme islamique, tout en
prenant en compte l’environnement
social, culturel et politique. Car
elle doit œuvrer avant tout pour le
bien commun. (6)
On l’aura compris, le vœu de Jacques
Berque risque de rester « pieux » si on
amont les Français musulmans ne sont pas
considérés des Français à part entière,
au lieu d’être tolérés à la périphérie
de la République, avec moins de droits
réels, avec toujours l’insulte et le
délit de facies à tout bout de champ
avec la sur représentation dans le
chômage, les prisons bref tout ce
qui n’appelle pas à la sérénité de
l’exercice ou pas d’une religion apaisée
vécue d’une façon sereine sans m’as-tu
vu, par des Français à l’ombre des
lois de la République qui , en
l’occurrence doit constamment témoigner
dans les faits sa forte volonté
d’intégration et devenir ce faisant
un plébiscite de tout les jours
dont parlait si bien Ernest Renan dans
sa belle conférence : Qu’est ce qu’une
Nation ?
Il ne peut y avoir paix
entre les religions que s’il n’y a pas
d’interférences pour faire voler un
fragile équilibre qui à titre d’exemple
existe en Syrie et au Liban ,fruit d’un
modus vivendi millénaire entre les
différentes spiritualités . Un bel
exemple nous est donné par une chorale
musulmane qui chante dans une Eglise à
Beyrouth au Liban nous lisons :
« Alors qu’au Liban, malgré les
nombreuses guerres qui l’ont déchiré
et les différentes occupations
étrangères qu’il a subies, la
coexistence s’est accommodée d’une
relative démocratie et d’une liberté
qui n’existe dans aucun autre pays
arabe. La diversité et la tolérance
interreligieuses n’y sont pas
factices, elles sont existentielles.
Sans ses chrétiens, sans ses
musulmans, sans ses dix-huit
communautés religieuses, le Liban ne
serait tout simplement pas le
Liban ».(7)
La chorale des orphelines de la
Fondation de l’Imam Moussa al-Sadr venue
chanter Noël à l’église Saint-Elie de
Beyrouth en est la parfaite
illustration. Ce spectacle, a priori
anodin, peut représenter un exemple à
suivre pour les autres pays, notamment
en Europe, où malgré les vaines
tentatives de formatage artificiel des
esprits, les uns et les autres vivent
dans une méfiance réciproque sans cesse
grandissante. Abolir les fêtes
religieuses, comme certains rêvent de le
faire, en France ou ailleurs, est une
aberration. Ces fêtes, il faut les
célébrer toutes, et il faut les célébrer
tous ensemble. Pour que les uns et les
autres apprennent les croyances et les
traditions des uns et des autres. En
n’oubliant jamais les règles premières
de l’hospitalité : l’hôte ne demande
jamais à son invité de renier qui il
est, et l’invité respecte en tous points
les règles et les particularités de son
hôte ».(7)
L’hospitalité, voilà encore une chose
que Le Liban aurait à apprendre au reste
du monde. Si seulement les Libanais
comprenaient qu’au lieu de toujours
importer les artifices venus d’ailleurs,
ils pourraient exporter les fondamentaux
de leur culture et de leur expérience,
et ce faisant aider à construire le
vivre ensemble universel » (7) (8)
8.vidéo du chant :
https://youtu.be/Fk6HxRgbkXM
Ce n’est pas une certain plaisir que
nous rapportons cette autre empathie
« Chapeau aux libanais! écrit un
internaute commentant cette admirable
tolérance Une petite info venant de
Damas: Depuis le début de la guerre
contre la Syrie et le sabotage et
sabordage des générateurs d électricité
par « les combattants de la Liberté
(sans blague!!) dont l ASL et entre
autres à Damas, des Mosquées et des
Eglises étaient aussi touchées. Alors,
les cloches des Eglises si fournies d
électricité sonnaient pour l appel à la
prière de vendredi. De même, que le
Dimanche, le mouazzen d une mosquée la
plus proche d une Eglise privée d
électricité, appelé à la prière de
Dimanche. C’est ça le Liban et la Syrie
et non pas autrement comme depuis
toujours! » (9)
Dans le même ordre un autre
internaute écrit : « Tant que les
musulmans et les chrétiens au
Moyen-Orient et ailleurs dans le monde
restent unis, l’Empire
Anglo-judéo-sioniste n’arrivera à rien.
Ses vampires se nourrissent des
divisions . Je recommande l’écoute de
Tania Kassis (Libanaise) qui chante Ave
Maria accompagné par le Adhan (l’appel à
la prière) Allah O Akbar. (10) Vidéo de
l’Adhan et de l’Ave Maria .https://youtu.be/IhwJpac61Dg
Bel exemple de tolérance et de vivre
ensemble. Le Liban faisait partie de
Bilad ECham ( la Grande Syrie) comme
creuset des religions. Pour l’histoire
c’est la perfide Albion ( la grande
Bretagne) et son âme damnée la France
qui créèrent des problème à l’Empire
Ottoman pour attiser les tensions
interconfessionnelles et de ce fait
imposer à l’homme malade de l’Europe (
l’Empire Ottoman) un gouverneur
« Moutassarif » chrétien . C’est à
cette époque que l’Emir Abdelkader
s’était illustré par un fait
exceptionnel il sauva les Chrétiens de
Damas des émeutes fomentées par les
puissances citées plus haut. L’Emir
sauva plusieurs milliers de personnes ,
les hébergea, les nourrit pendant
plusieurs semaines jusqu’à la fin des
émeutes;
Plus près de nous et dans la même
tradition Le Docteur Bachar Al Assad est
allé rendre visite aux religieuses de
Ma’alloula après les avoir libéré des
griffes de Daesch.
Les Occidentaux devraient s’inspirer
de cet exemple libanais et syrien »
A n’en point douter s’agissant de
l’Islam en France, une telle empathie
jointe à une justice sociale qui ne
laisse personne sur le bord de la route
est de notre point de vue un gage de
succès.
Joyeux Noël à nos frères en
espérance Paix sur Terre aux hommes de
bonne volonté !
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole
Polytechnique Alger
1.https://www.mediapart.fr/journal/international/191216/attaque-de-berlin-nous-ne-voulons-pas-vivre-avec-la-peur-dit-angela-merkel
2.http://www.mondialisation.ca/islam-de-france-ou-islam-en-france-un-debat-recurrent/5546273
3.
http://www.islamenfrance.fr/2016/11/26/le-dialogue-sur-lislam-de-france-va-etre-difficile-la-mosquee-de-paris-se-rebiffe/
4.Elvire
Camus
http://www.lemonde.fr/religions/article/2016/03/19/marine-convertie-a-l-islam-je-suis-toujours-la-meme-en-mieux_4886379_1653130.html#a9WRtMYHDDzR5V3V.99
5.
https://fr.scribd.com/document/324528632/Un-islam-francais-est-possible#from_embed
http://www.lemonde.fr/religions/article/2016/09/19/rapport-de-l-institut-montaigne-des-informations-precieuses-sur-les-valeurs-des-musulmans-vivant-en-france_5000249_1653130.html
– 2sdimrYqBMYJSDqp.99
6.https://www.contrepoints.org/2014/04/01/161506-pour-lemergence-dun-islam-gallican
7. http://claudeelkhal.blogspot.fr/2016/12/le-liban-cest-ca-aussi-une-chorale.html
8.vidéo
du chant :
https://youtu.be/Fk6HxRgbkXM
9.http://reseauinternational.net/le-liban-cest-ca-aussi-une-chorale-musulmane-qui-chante-noel-dans-une-eglise/#QLRG575IiuYTjfOw.99
10 Vidéo
de l’Adhan et de l’Ave Maria .https://youtu.be/IhwJpac61Dg
Article
de référence :
http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_
chitour/256752-le-vrai-defi-a-relever.html
Publié le 25 décembre
2016 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
Le sommaire du Pr Chems Eddine Chitour
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