Algérie en phase
avec le mouvement du monde
100 ans après la der des ders :
le
monde de plus en plus incertain
Chems Eddine Chitour
© Chems
Eddine Chitour
Lundi 19 novembre 2018
« Quand les riches
se font la guerre ce sont les pauvres
qui meurent »
Jean Paul Sartre
A l'occasion des
cérémonies du centenaire de la guerre de
1914, le président de la République
française Emmanuel Macron a délivré un
discours fort devant les chefs d'Etat du
monde entier en cette journée de
commémoration du 11-Novembre.
L'itinérance mémorielle du président de
la République voulue pour commémorer le
centenaire de l'armistice du 11 novembre
1918 a pris fin par un discours devant
les chefs d'Etat rassemblés à l'Arc de
triomphe devant la tombe du soldat
inconnu. Emmanuel Macron a d'abord
rappelé «le sacrifice et les
souffrances» des soldats et du peuple
français, «une seule France rurale et
urbaine, bourgeoise, aristocratique et
populaire.» «Durant ses quatre années,
l'Europe manqua de se suicider, dans un
enfer qui engloutit tous les
combattants. Dès le lendemain de
l'armistice, commença le funèbre
décompte des morts, des blessés, des
mutilés, les disparus. (), a-t-il
expliqué. Dix millions de morts, six
millions de blessés, trois millions de
veuves, six millions d'orphelins, un
milliard d'obus tiré sur le seul sol de
France. Aux larmes des mourants
succédèrent celles des survivants. ().
Le président de la République espère que
«le rassemblement de la fraternité
retrouvée», ne soit pas seulement celui
d'un jour. «Nous devons mener le combat
de la paix, le combat d'un monde
meilleur ». (1)
« Additionnons nos espoirs au lieu
d'opposer nos peurs» a déclaré Emmanuel
Macron lors de son discours devant les
dirigeants étrangers. Il a exhorté au
«combat pour la paix» en refusant «le
repli, la violence et la domination». Et
a pointé que «le patriotisme est l'exact
contraire du nationalisme». »Ensemble,
nous pouvons conjurer ces menaces que
sont le spectre du réchauffement
climatique et de la dégradation de notre
nature, la pauvreté, la faim, la
maladie, les inégalités, l'ignorance»,
a-t-il espéré.
Comment Macron
veut faire du forum de Paris un «Davos
de la paix»
Le président veut
faire de Paris la capitale de la paix :
« Un siècle après la fin de la Première
Guerre mondiale, les dirigeants de la
planète ont rendez-vous à Paris. Donald
Trump, Vladimir Poutine ainsi que de
très nombreux dirigeants européens et
africains étaient présents sur la place
de l'Étoile pour écouter le discours de
commémoration du président français et
son plaidoyer pour une paix durable Le
président a voulu ancrer cette journée
dans le présent en organisant un forum
international pour défendre le
multilatéralisme qui encadre les
relations internationales depuis la fin
de la Seconde Guerre mondiale. C'est
d'ailleurs assez logiquement que le
milliardaire populiste a décidé de
bouder ce grand raout organisé à partir
de ce dimanche après-midi et durant
trois jours dans le nord de Paris, à la
grande halle de la Villette et qui a
vocation à devenir un rendez-vous
annuel. Une défection qui montre
toutefois à elle seule -ou presque- les
difficultés auxquelles Emmanuel Macron
sera confronté pour faire de cet
exceptionnel forum de Paris un «Davos de
la paix.» Voilà pour la promesse. En
réalité, ce grand raout sera surtout
l'occasion pour le président français de
mettre une nouvelle fois l'accent sur
l'impérieuse nécessité pour les nations
de se réunir et de trouver des solutions
ensemble pour parvenir à une «paix
durable.» Une obligation imposée par le
«climat d'entre-deux guerres» qui pèse
aujourd'hui sur l'Europe » selon lui(2)
Les paroles du Forum
pour la paix démenties par les actes
L’appel à la paix
est une constante du président Macron
dans ses discours, malheureusement la
réalité dément cette vision généreuse.
Pourtant lors de son discours aux
Nations Unies le président Macron avait
invité à la paix, il a exposé sa vision
du monde : « Si j'ai aujourd'hui le
privilège de m'exprimer devant vous, je
sais à qui je le dois. Je le dois à tous
ceux qui, voici un peu plus de
soixante-dix ans, se sont levés contre
un régime barbare qui s'était emparé de
mon pays, la France. () Je le dois à
ceux qui, la guerre finie, ont osé la
réconciliation et ont reconstruit un
nouvel ordre international. La
protection des réfugiés est un devoir
moral et politique dans lequel la France
a décidé de jouer son rôle. () Mais si,
face au terrorisme, aux migrations, les
réponses de court terme s'imposent afin
de gérer les crises, c'est notre volonté
politique de traiter les causes
profondes de toutes ces instabilités qui
est aujourd'hui en jeu. Ces migrations,
ce terrorisme, ce sont des défis
politiques avant tout, profonds, pour
nous tous et toutes. Car les causes
profondes, morales, civilisationnelles,
si nous voulons les relever, c'est par
une véritable politique de développement
que nous pouvons le faire » (3).
Eloge vain du
multilatéralisme devant l'obstination
américaine
Par contre , on
peut faire crédit au président
Macron d’avoir appelé au
multilatéralisme . Il avait déclaré déjà
en septembre à la tribune des Nations
Unies : « Mais notre défi contemporain,
poursuit le président Macron celui de
notre génération, c'est de savoir le
refonder. C'est d'expliquer
qu'aujourd'hui, dans le monde tel qu'il
va, il n'ya rien de plus efficace que le
multilatéralisme. Pourquoi ? Parce que
tous nos défis sont mondiaux : le
terrorisme, les migrations, le
réchauffement climatique, la régulation
du numérique, tout cela, nous ne les
règlerons qu'à l'échelle de la planète,
de manière multilatérale. A chaque fois
que nous acceptons que ce ne soit pas le
multilatéralisme, alors nous laissons la
loi du plus fort l'emporter. Parce que,
oui, mes amis, consacrer notre vision du
monde, c'est par le multilatéralisme que
nous pourrons le faire. Parce que cette
vision est universelle. Elle n'est pas
régionale. Parce qu'à chaque fois que
nous avons cédé à certains qui disaient
que la place de la femme, c'était
l'affaire de quelques-uns, à un certain
bout de la planète, mais pas des autres,
que l'égalité entre les citoyens,
c'était l'affaire d'une civilisation,
mais pas d'une autre, nous avons
abandonné ce qui nous a rassemblés ici,
dans ce lieu, l'universalité de ces
valeurs. Là aussi, nous avons cédé, dans
certains pays, à la loi du plus fort ».
(3)
« Parce que le multilatéralisme,
poursuit il , c'est la règle du droit,
c'est l'échange entre les peuples, c'est
l'égalité de chacune et chacun d'entre
nous, c'est ce qui permet de construire
la paix et de relever chacun de nos
défis. () les voix oubliées que j'ai
voulu porter ce jour ne peuvent résonner
que dans une enceinte comme celle-ci.
Une enceinte où chacun a sa place, où
chacun peut se faire entendre de ceux
qui ne veulent pas écouter. A ceux-ci,
je dirai : ne pas écouter la voix des
opprimés et des victimes, c'est laisser
leur malheur grandir, prospérer,
jusqu'au jour où il nous frappera tous.
() Ne pas écouter ceux qui nous
appellent à l'aide, c'est croire que les
murs et les frontières nous protègent.
Mais ce ne sont pas les murs qui nous
protègent. C'est notre volonté d'agir,
c'est notre volonté d'influencer le
cours de l'Histoire. () Ne pas écouter
ces voix, c'est croire que leur misère
n'est pas la nôtre. Que nous posséderons
pour toujours les biens dont ils ne
pourront que rêver. Mais lorsque ce
bien, c'est la planète, lorsque ce bien,
c'est la paix, la justice, la liberté,
pensez-vous que nous puissions en jouir
seuls, dans un coin ? Si nous ne prenons
pas la défense de ces biens communs,
nous serons tous balayés » (3)
La dette
"insolvable" de la France pour le sang
versé
On croit à tort
qu'il suffit d'une cérémonie de quelques
médailles et d'un rituel bien rodé pour
les commémorations pour qu'il y ait un
solde de tout compte ! Quand on pense
que les pensions des anciens combattants
indigènes étaient cristallisées à leur
valeur des années cinquante ! Il a fallu
que le film « Indigène» soit vu par le
président Chirac pour qu'il ordonne de
décristalliser les pensions et rattraper
en partie celle de leurs frères de
combat européens. Que fut le sacrifice
de ces bougnouls venus du fond de leur
village ?
Un beau texte de
Jean Bauberot sous forme d'une lettre à
Sarkozy permet de voir en creux le
sacrifice des bougnouls et la tolérance
qui avait prévalu lors de la création
pour services rendus par la construction
de la Mosquée de Paris. S'adressant à
Sarkozy du temps où il était président,
il écrit « () je vais te raconter
l'histoire de France en la reliant à ma
propre histoire d'ancien Français, du
temps où toi, tu ne l'étais pas encore.
Pendant la guerre 1914-1918, mon arrière
grand-père est mort au front, comme,
malheureusement, beaucoup de Français,
Mais si je te raconte cela, ce n'est pas
pour me cantonner dans la petite
histoire, celle de ma famille, c'est
pour rappeler l'Histoire tout court. Car
nous avons été environ 100 000, oui cent
mille, musulmans à mourir au combat pour
la France. Nous étions déjà tellement «
arrivés » en France, que nous y sommes
morts ! Ces combats avaient lieu dans
cette partie de la France appelée «
métropole ». Comme nous commencions à
être assez nombreux, et provenant, outre
la France, de différents pays, la
République laïque a eu une très bonne
idée : construire une mosquée, avec un
beau minaret bien sûr. () » (4)
« Pourquoi
passes-tu tant de temps- poursuit le
professeur Jean Bauberot s’adressant à
Nicolas Sarkozy, , dans ton texte, à
nous parler des minarets ? Cela n'a
vraiment pas été un problème. Bien au
contraire. Et pourtant, ils étaient très
laïques, les Edouard Herriot, ou Léon
Bourgeois (un des « pères » de la morale
laïque) qui ont pris la décision de
consacrer des fonds publics à la
construction de cette mosquée, de ce
minaret.() . D'ailleurs le père de la
loi de 1905, Aristide Briand, avait dit
à son propos : « En cas de silence des
textes ou de doute sur leur portée,
c'est la solution libérale qui sera la
plus conforme à la pensée du
législateur.» De plus, et je vais
t'étonner Nicolas, les laïques, ils
aimaient bien les minarets. Quand on a
posé la 1ère pierre de la mosquée, le
maréchal Lyautey a fait un très beau
discours. Il a déclaré : « Quand
s'érigera le minaret que vous allez
construire, il montera vers le beau ciel
de l'Ile de France qu'une prière de plus
dont les tours catholiques de Notre-Dame
ne seront point jalouses. » (4)
C’est dire que le
temps n’a pas profité à l’apaisement. La
mosquée est vue comme la manifestation
du diable et elle est combattue partout
en Europe. En Suisse on a même fait une
votation pour supprimé les minaret .
Cette interdiction fut un plébiscite.
Bref rappel de
la consistance de l'engagement des
Africains pour la France
Pour situer la réalité des faits et
ce que fut cette grande guerre pour des
colonisés qui n’avaient rien à y faire !
A la veille du premier conflit mondial,
la France compte beaucoup sur la « force
noire » : c'est le titre même d'un
ouvrage publié en 1910 par le colonel
Mangin, qui, devant une métropole en
plein déclin démographique, ne voit de
salut que dans « les trois Afriques,
provinces de la plus grande France,
celle qui va de la mer du Nord aux
bouches du Congo », en clair le Maghreb,
l'AOF et l'AEF. Selon les sources, les
colonies fournirent de 535 000 à 607 000
soldats, auxquels s'ajoutaient les 4000
Français des colonies et les 73 000
Français d'Algérie recrutés. Dans
l'effort de guerre, il convient
d'ajouter quelque 300 000 « travailleurs
coloniaux », dont un bon tiers venant
d'Algérie au total, c'est près d'un
million d'hommes que la « mère-patrie »
a prélevés outre-mer. Dès septembre
1917, dans les colonnes de L'Indépendant
sénégalais, Galandou Diouf futur député
du Sénégal, revendiquait « l'égalité
dans la société, comme dans les
tranchées devant la mort ». (5)
« En 1939,
poursuit Benyamin Stora, il y a 28
régiments de Tirailleurs (16 Algériens,
4 Tunisiens et 8 Marocains). Ils
représentent 38,6 %de l'infanterie
française. La proportion d'Indigènes aux
Français est 73,4 %. De 1942 et 1945,
après le réarmement des troupes
françaises en Afrique du Nord, 233 000
Maghrébins et européens furent mobilisés
et affectés essentiellement dans les
régiments de tirailleurs notamment au
sein de la 2e DIM, de la 3e DIA et de la
4e DMM En mai 1944, le CEF en Italie
comportait 112 000 hommes dont 67 000
Maghrébins (60 %) . 6 500 soldats, dont
4 000 Maghrébins, surtout des
tirailleurs algériens et tunisiens, sont
tués de novembre 1943 à juin 1944
écrivant cette campagne, Pierre
Montagnon écrit « Les tirailleurs de la
3e DIA, la division des trois
croissants, écriront sur les pentes des
Apennins quelques-unes des plus belles
pages d'héroïsme de l'histoire de
l'armée française. Ces enfants de la
vieille Numidie que leur chef, le
général de Montsabert, qualifie de par
leur origine d'héritiers de la IIIe
Augusta enlèveront le Monna Casale (1395
mètres), le Monna Acqua Fondata (1325
mètres), s'accrochent au Belvédère avant
de forcer la ligne Gustav et de marcher
sur Rome. » (5)
« Sur les 267 000
hommes que comptaient la 1re armée lors
du Débarquement de Provence en août
1944, les Maghrébins, majoritairement
tirailleurs algériens et tunisiens,
représentaient environ 50 % des
effectifs soit plus de 130 000 hommes .
Le nombre de Maghrébins tués d'août 1944
à mai 1945, essentiellement des
tirailleurs, s'élève à 3 716.
Entre 1947 et 1954, 122 900 Maghrébins
débarquèrent en Indochine. Le 1er
février 1954, les Maghrébins,
majoritairement des tirailleurs
algériens, engagés dans le Corps
expéditionnaire français en
Extrême-Orient étaient environ 37 000
sur un total de 127 785 hommes des
Forces terrestres (autochtones non
compris) (5)
« Les régiments de
tirailleurs de l'Afrique du Nord
défoncèrent, au prix de pertes très
lourdes, les lignes allemandes le 22 mai
1944. Par la suite, sous le commandement
du général de Lattre de Tassigny,
260.000 soldats, majoritairement
nord-africains, débarquent en Provence
et libèrent Toulon et Marseille le 15
août 1944. Il y eut 140.000 soldats
algériens. Il y eut 14.000 morts et
42.000 blessés. Ces soldats qui
revinrent ensuite au pays, pour voir
leurs familles massacrées un jour de mai
1945... Qu'on en juge! Partout en Europe
le 8 mai était fêté comme la fin de la
guerre, l'avènement de la paix pour les
peuples d'Europe, Pas un mot des
tirailleurs algériens, marocains qui ont
été déterminants dans la victoire sur le
nazisme. N'est-ce pas en effet le
général de Lattre de Tassigny qui
écrivait dans son ordre du jour numéro 9
du 9 mai 1945 adressé à ses soldats: «De
toute mon âme, je vous dis ma gratitude.
Vous avez droit à la fierté de
vous-mêmes comme celles de vos
exploits.» Le général de Montsabert ne
fut pas en reste en s'adressant à ses
soldats de la 3e DIA, il écrit: «C'est
grâce à l'Armée d'Afrique que la France
a retrouvé non seulement le chemin de la
victoire et la foi en son armée, mais
aussi et surtout l'honneur et la
Liberté.» Ce sont ces tirailleurs qui,
revenant au pays, se feront raconter les
massacres. Ce 8 mai qui devait marquer
le début de l'horreur pendant plus de
deux mois de terreur avec des dizaines
de milliers de morts innocents dont le
seul crime était d'avoir demandé à
s'émanciper » (5).
« Quelque 100 000
soldats musulmans sont morts sous le
drapeau français durant la Première et
la Seconde Guerre mondiale. 70 000 ont
péri à Verdun. Plus de 16 600 sont morts
entre 1940 et 1945. Ils sont restés à la
marge de l'Histoire de France Une
cérémonie sous une pluie battante, qui
en a, cependant, ému plus d'un. « Je
suis ravi qu'on ait enfin rendu hommage
à nos soldats », témoigne M. Henry,
général de corps d'armée président de
l'Association des anciens combattants du
corps expéditionnaire en Italie «La
campagne qui m'a le plus marqué est
celle d'Italie ; 60 % du corps
expéditionnaire français en Italie était
composé de soldats musulmans. C'est bien
l'armée d'Afrique qui a ouvert la route
de Rome !» (6)
Le centenaire d'un conflit de portée
immense
Les vainqueurs de
la guerre ( France et Angleterre) grâce
à l'engagement décisif des Etats unis
pris d'hubris voulaient humilier les
vaincus dont l'Allemagne. Clemenceau
disait à qui voulait l'entendre :
«L'Allemagne paiera» Oui elle a payé.
Oui elle a été humilié son industrie
démontée. C'est dans le même fourgon de
l'armistice qu'Hitler le caporal vaincu
fera signer aux généraux français l'acte
de reddition à Rotondes . Les puissances
sur le déclin continuaient à se croire
qu'elles étaient là pour l'éternité
comme elles le firent avec le dépeçage
de l'empire ottoman et la main mise sur
le Moyen Orient. La Grande Guerre, qui
marque le recul du libéralisme, est
notamment à l'origine des régimes
totalitaires et des problèmes actuels du
Moyen-Orient.
Gérard-Michel
Thermeau nous explique comment la der
des der eut une portée immense. : « ()
Ce centième anniversaire est l'occasion
de se souvenir d'une guerre, absurde par
bien de ses aspects, et dont les
conséquences furent tragiques. Mais
aussi d'une guerre qui a engendré la
plupart des guerres qui ont suivi. () Le
fascisme et le nazisme, au-delà de leurs
divergences idéologiques, partageaient
quelques points communs et notamment le
rejet du libéralisme sous toutes ses
formes. () Clemenceau porte sa
responsabilité, parmi d'autres, dans
l'échec de la paix manifesté par les
divers traités signés suite à la
Conférence de paix de Paris. Si
l'éclatement de l'Autriche-Hongrie se
révéla catastrophique en Europe
centrale, la chute d'un autre empire
affectait le Moyen-Orient. Les
circonstances de l'effondrement final de
l'Empire Ottoman, déjà fort affaibli,
vont faire du Moyen-Orient une nouvelle
poudrière. Pendant la guerre,
politiciens britanniques et français
s'étaient cru fort habiles dans leurs
manœuvres au Moyen-Orient. Ils avaient
incité les Arabes à se soulever contre
les Turcs en agitant, aux yeux des
Hachémites, le rêve du grand royaume
arabe. Dans le même temps, ils se
partageaient les dépouilles de l'empire
ottoman en établissant leur zone
d'influence() » (7)
La grande
duperie contre les Arabes
« Loin d'obtenir
leur indépendance, les Arabes se
voyaient ainsi tomber sous la coupe des
deux anciens rivaux impérialistes. ()
Pendant le conflit, les Alliés puisèrent
dans leurs empires ressources, main
d'œuvre et troupes. Des Indiens, des
Africains, des Maghrébins se trouvèrent
à se battre, bien loin de chez eux, dans
des tranchées boueuses. () Mais en
engageant les troupes coloniales en
métropole, les colonisateurs sciaient la
branche sur laquelle reposait leur
domination. L'artillerie ennemie tuait,
par exemple, sans distinction «
dominants » et « dominés ». Le discours
inégalitaire allait devenir de plus en
plus difficile à tenir. À la conférence
de paix, en dépit des 14 points de
Wilson, les vainqueurs restèrent
aveugles et sourds aux timides demandes
de réformes dans les colonies. () Le 11
novembre 1918 à 11 heures, sur la ligne
de front les clairons sonnaient le «
cessez le feu ». Ce n'était pas la paix,
certes, c'était l'arrêt des combats.
Cette guerre atroce et absurde était
enfin terminée. Ce devait être la « der
des der », seule justification de tant
de souffrances et de tant de vies
sacrifiées jusqu'à la dernière heure.
Mais ce n'était pas la paix, oh non !
C'était un armistice de vingt ans. La «
der des der » était la préfiguration des
tragédies à venir ». (7)
231 millions de
morts en 100 ans de guerres
Les hommes ont été
naïfs de croire que c'était la der des
der ! La réalité a démenti ce vœu pieux
! L'institut néerlandais de relations
internationales Clingendael Institute
a publié une étude consacrée au nombre
de morts provoquées par les guerres et
les conflits tout au long du XXème
siècle. Selon les chercheurs qui ont
procédé à cette comptabilité macabre,
environ 231 millions de personnes ont
été «tuées à la suite d'une décision
d'origine humaine» entre 1900 et 2000.
La première guerre mondiale a provoqué
entre 13 et 15 millions de morts, la
guerre civile en Russie (1918-1922) plus
de 12,5 millions, la révolution
mexicaine (1909-1916) 1 million, la
seconde guerre mondiale entre 65 et 75
millions de morts... Les conflits
postérieurs à 1945 ont, pour leur part,
entraîné le décès de 41 millions de
personnes. Cette étude analyse également
les réponses et les atermoiements de la
«communauté internationale» face à ces
tueries, et pose le problème de
l'intervention humanitaire dans les
guerres » (8).
Le business de la
mort se porte bien
«A Beastly Century
», un surnom, utilisé par la romancière
britannique Margaret Drabble, qui sonne
parfaitement à l'oreille pour décrire le
XXe siècle. Dans cette époque décadente
de marchandisation du monde où la guerre
est un marché bien trop juteux pour que
le lobby des armes se remémore « A
Beastly Century ». Le marché des armes
est florissant ( près de 1600 milliards
de $ , il faut 50 milliards de dollars
pour éradiquer la faim). Le Sirpi un
organisme suédois fait la comptabilité
des marchands d'armes qui sont
moralistes répétant d'une façon
compulsive les droits de l'homme, le
slogan élimé de la paix coté façade et
marchands d'arme retors pour se partager
les dizaines de milliards de dollars que
les pays du Sud consacrent à se doter
pour se faire la guerre mutuellement au
lieu de consacrer les argents au
développement de leur pays. L'Arabie
Saoudite qui consacre 100 milliards de
pétrodollars aux armes vendues par les
Etats Unis ,la France , l'Allemagne des
nations vertueuses qui parlent de paix.
Il faut reconnaitre cependant que le
président Trump est conséquent avec
lui-même il n'a pas participé au Forum
sur la paix qui n'a débouché sur rien de
tangible ;
Pourquoi les
guerres et qui meurt ?
« On croit mourir
pour la Patrie, on meurt pour des
industriels disait Anatole France. Paul
Valéry abonde dans le même sens : « La
guerre :Un massacre de gens qui ne se
connaissent pas au profit de gens qui se
connaissent mais ne se massacrent pas »
Deux petites contributions mieux que
mille discours nous permettent de
comprendre comment le bon sens du peuple
celui qui meurt pour une cause qui est
celle des grands.
D'abord le beau
poème Le dormeur du Val de Rimbaud
l'illustre poète du poème Jugurtha, il
parle de la mort scandaleuse d'un jeune
soldat :
« C'est un trou de
verdure où chante une rivière,
c'est un petit val
qui mousse de rayons.
Un soldat jeune,
bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque
baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ;
il est étendu dans
l'herbe, sous la nue,
Les pieds dans les
glaïeuls, il dort.
Souriant comme
sourirait un enfant malade, il fait un
somme :
Nature, berce-le
chaudement : il a froid.
Les parfums ne
font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le
soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille.
Il a deux trous
rouges au côté droit ».
Ensuite le beau
poème : Le déserteur de Boris Vian
chanté magistralement par Mouloudji
« Messieurs qu'on
nomme Grands
Je vous fais une
lettre
Je viens de
recevoir Mes papiers militaires Pour
partir à la guerre
Je ne veux pas la
faire
Je ne suis pas sur
terre Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous
fâcher Il faut que je vous dise
Les guerres sont
des bêtises Le monde en a assez
Depuis que je suis
né J'ai vu mourir des pères J
J'ai vu partir des
frères Et pleurer des enfants Les mères
ont tant souffert
Et d'autres se
gobergent Et vivent à leur aise Malgré
la boue de sang
Il y a des
prisonniers On a vole leur âme
On a vole leur
femme Et tout leur cher passé
Demain de bon matin
Je vagabonderai
Et je dirai aux
gens: Profitez de la vie Eloignez la
misère
Vous êtes tous des
frères Pauvres de tous les pays
S'il faut verser le
sang Allez verser le vôtre Messieurs les
bon apôtres »
Pourquoi le
monde musulman est devenu l'épicentre
des conflits mondiaux
Le vingtième siècle
aura été un siècle de morts de misères
de détresse pour les faibles quelques
soient leurs latitudes et notamment les
Arabes musulmans. Nous avons vu comment
ils ont été trompés par l’Angleterre et
Lawrence d’Arabie.. Nafeez Ahmed, un
politologue britannique directeur de
l'Institute for Policy Research and
Development de Brighton, a écrit
cette contribution suivante décrivant
les nombre de morts musulmans dans les
guerres occidentales. Pour lui les
victimes musulmanes seraient sans
valeur. Il interroge : « « « Pourquoi
nous détestent-ils autant ? » Eh bien
pour ça, 4 millions de morts environ. Il
détaille un catalogue mortifère :1ere
Guerre du golfe (1991) : 200 000 morts
en Irak Sanctions brutales contre l'Irak
(1993-2001) : 1 700 000 morts en Irak
«Guerre contre le terrorisme»
(2001-2014) : 1 300 000 morts : 1 000
000 de morts en Irak , 220 000 en
Afghanistan (estimation basse, d'autres
sont bien plus importantes), 80 000 au
Pakistan ; Yémen et autres pays non
étudiés ». On rappellera aussi que la
majorité des morts du terrorisme
islamiste sont musulmanes. Selon les
chiffres explorés ici, le nombre total
de victimes des interventions
occidentales en Irak et en Afghanistan
depuis les années 1990 s'élève
probablement aux environs de 4 millions
(2 millions en Irak de 1991 à 2003, puis
2 millions lors de la « guerre contre le
terrorisme ») et pourrait atteindre 6 à
8 millions en prenant en compte les
estimations plus élevées du nombre de
morts évitables en Afghanistan » (9) .
Ceci sans compter
les guerres civiles qui sont en cours
fomentées de l'extérieur comme la
décennie noire en Algérie qui aurait
fait 200.000 morts et les guerres comme
en Syrie, au Yemen, et en Libye.
Il est donc admis que la plupart des
morts sont des « musulmans » .
Smail Goumeziane en
parle dans une belle contribution que
nous résumons : Après la chute du mur de
Berlin, le 9 novembre 1989, et
l'acceptation quelques mois plus tard de
la réunification de l'Allemagne par
l'URSS finissante, on pensait que la fin
de la guerre froide allait advenir et
avec elle la fin de tous les conflits.
Ce fut une erreur. Ce qu'il est convenu
d'appeler le monde musulman allait, dans
la douleur, l'apprendre à ses dépens »
(10).
« Depuis près de quarante ans
maintenant, le monde musulman est devenu
le foyer de plusieurs conflits
particulièrement dévastateurs, mêlant
rivalités nationalistes, convoitises
néocoloniales ou impérialistes et
terrorismes : guerre du Liban
(1975-1990) ; guerre Iran-Irak
(1980-1988) ; première guerre d'Irak
(Opération « Tempête du Désert » 1990) ;
guerre « civile » en Algérie (1991-2000)
; guerre d'Afghanistan (depuis 2001) ;
seconde guerre d'Irak (depuis 2003).
Plus près de nous, avec l'organisation
de l'État islamique (OEI) en Irak puis
en Syrie, un terrorisme à visée mondiale
est désormais à l'œuvre. Enfin, depuis
2011, l'éruption des « printemps arabes
» a généré divers conflits dans la
région, notamment en Tunisie, en Libye,
en Égypte et en Syrie, dont les impacts
dévastateurs sur la région du Maghreb,
le Proche-Orient et les pays limitrophes
de l'Afrique subsaharienne (Mali, Niger,
Tchad, Nigeria) sont loin d'être
identifiés et encore moins maitrisés ».
(10)
« Pour ces
raisons, poursuit Smaïl Goumeziane
le monde musulman est devenu l'épicentre
des conflits mondiaux. Mais alors,
quelles sont les causes fondamentales
des conflits qui ont embrasé le monde
musulman au cours de ces différentes
périodes ? À l'examen, la cause purement
religieuse, celle qui sous-tend le «
choc des civilisations » n'est guère
crédible. Il n'y a pas d'un côté un
monde musulman homogène et de l'autre un
monde « judéo-chrétien » homogène. Plus
objectivement, trois causes principales
expliquent cette concentration des
conflits dans le monde musulman. La
première, et probablement la plus
importante, est constituée par le fait
que depuis la première guerre mondiale
et jusqu'à nos jours, le monde musulman
est devenu le principal bassin
énergétique de la planète » (10)
« Les pays
musulmans possèdent à eux seuls plus de
50 % des réserves mondiales prouvées de
pétrole On comprend mieux les
implications divergentes des Russes, des
Américains, des Européens, mais aussi
des Turcs, des Iraniens, des Saoudiens
et des Israéliens dans les conflits. La
seconde cause est liée à l'évolution de
la production et de l'utilisation des
matériels à usage militaire depuis la
fin de la guerre froide. Les pays
occidentaux vendent une quantité d'armes
croissante aux différents pays
musulmans. Pis, lorsque certains pays de
la région, comme l'Égypte, n'ont pas les
moyens de payer leurs achats, l'Arabie
saoudite n'hésite pas à en assurer le
financement (..) ».(10)
« La troisième
cause conclut Smaïl Goumeziane ,des
conflits provient de l'évolution
politique des pays musulmans eux-mêmes.
Au lendemain des indépendances, au lieu
de promouvoir des politiques soucieuses
de démocratie interne, de
complémentarité économique et de bon
voisinage régional, ils se sont enfermés
dans des régimes autoritaires. Ces
régimes, en instrumentalisant la
religion commune, ont promu des
politiques économiques rentières et
concurrentielles, générant des
rivalités, plus ou moins attisées par
les partenaires extérieurs au gré de
leurs intérêts Dans ces conditions, ces
conflits récurrents ne pouvaient être
autrement que tragiques et destructeurs.
Au-delà des immenses dépenses de guerre
(plus de 6 000 milliards de dollars pour
les deux guerres d'Afghanistan et
d'Irak), et du gonflement conséquent des
budgets militaires lors de chacun des
conflits, des destructions humaines et
la dévastation de villes et de régions
entières, voire de sociétés, en ont
résulté pour le plus grand bénéfice des
complexes militaro-industriels. () »
(10)
« Cela s'est
aggravé dès 2011 avec l'éruption des «
printemps arabes ». Comme une lame de
fond, les mouvements de contestation
populaire ont conduit au départ de Zine
El-Abidine Ben Ali le Tunisien, de Hosni
Moubarak l'Égyptien et à la mort, pour
le moins suspecte, de Mouammar Kadhafi
le Libyen. En Égypte, après la
destitution et la condamnation du
président islamiste élu Mohamed Morsi,
on est revenu, après un simulacre
d'élection, à un régime autoritaire avec
le général Abdel Fattah Al-Sissi. Depuis
les années 1980, les différents conflits
se sont soldés par plus de trois
millions de morts, en très grande
majorité musulmans. Des villes entières
ont été rayées de la carte dans
plusieurs pays, notamment en Syrie et en
Irak, et leurs populations anéanties,
déplacées ou parties par millions dans
des conditions extrêmes se réfugier dans
les pays voisins et jusqu'en Europe.
L'actualité témoigne, au quotidien, via
les médias et autres réseaux
satellitaires, de ces tragédies vécues
par les hommes, les femmes et les
enfants, qui tentent par tous les moyens
de fuir cet enfer ».(10)
En conclusion
S’agissant de la
grande guerre ou de la guerre de
1939-45, Il est connu qu'il n'y pas une
famille algérienne qui n'ait pas dans
ces ascendants un poilu ou un
tirailleur ,un de ces soldats de la
force noire. La consommation
en hommes était effrayante
L'auteur de ces lignes a eu un
grand oncle qui a laissé un bras au
Chemin des dames, et de retour au pays
et ayant souffert en plus du gaz
ypérite, il lui arrivait les soirs de
grande déprime de sortir et crier dans
un état second: "En avant! " Revivant
tragiquement le cauchemar de Verdun..
Les poilus même musulmans étaient gavés
de gnole. Justement l'expression
aboule la gnole est passée dans le
langage elle donnera le sobriquet du
bougnoule une façon de nommer celui qui
a donné son sang Cette guerre ne fut pas
la der des der. Elle sera suivie de
dizaines de guerres qui virent
l'humanité se détruire pour deux raisons
l'une réelle, la guerre pour les
matières premières et notamment
l'énergie, l'autre idéologique et
religieuse comme le choc des
civilisations-mise en avant pour
continuer à asservir les faibles.
Dans toute cette
mascarade hypocrite des
commémorations froides, une certitude,
le monde est rentré définitivement dans
une spirale de violence . Cet
ensauvagement du monde est parti pour
durer au fur à mesure que la pénurie
s'installe que le néo libéralisme
continue à extraire de la valeur
en pillant, en vendant des armes en
flattant les pulsions mortifères du choc
des religions...avec son cortège de
morts. Il me vient à l’esprit de texte
d’Etienne de la Boetie sur la servitude
volontaire ce que l’on pourrait
appeler de nos jours les victimes
consentantes de l’Ordre : « Ce maître
n’a pourtant que deux yeux, deux mains,
un corps, et rien de plus que n’a le
dernier des habitants du nombre infini
de nos villes. Ce qu’il a de plus, ce
sont les moyens que vous lui fournissez
pour vous détruire. D’où tire-t-il tous
ces yeux qui vous épient, si ce n’est de
vous ? Comment a-t-il tant de mains pour
vous frapper, s’il ne vous les emprunte
? Les pieds dont il foule vos cités ne
sont-ils pas les vôtres ? A-t-il pouvoir
sur vous, qui ne soit de vous-mêmes ?
Comment oserait-il vous assaillir, s’il
n’était d’intelligence avec vous ? Quel
mal pourrait-il vous faire, si vous
n’étiez les receleurs du larron qui vous
pille, les complices du meurtrier qui
vous tue et les traîtres de vous-mêmes
? »
Dans toute cette
mascarade hypocrite des
commémorations froides, une certitude,
le monde est rentré définitivement dans
une spirale de violence . Cet
ensauvagement du monde est parti pour
durer au fur à mesure que la pénurie
s'installe que le néo libéralisme
continue à extraire de la valeur
en pillant, en vendant des armes en
flattant les pulsions mortifères du choc
des religions...avec son cortège de
morts. Pour le moment cette tragédie
ne concerne que les pays faibles
notamment arabes installés dans les
temps morts par la grâce de leurs tyrans
de gouvernants plus obséquieux avec les
dirigeants occidentaux et qui mènent une
guerre à leurs peuples au lieu de la
mener contre l'ignorance et
l'irrationalité . Ainsi va le monde .
1.https://www.parismatch.com/Actu/Politique/Emmanuel-Macron-vive-la-paix-vive-l-amitie-entre-les-peuples-vive-la-France-1587253
2.
https://www.huffingtonpost.fr/2018/11/10/comment-macron-veut-faire-du-forum-de-paris-un-davos-de-la-paix_a_23585776/
3.Discours du Président Macron aux
Nations Unies septembre 2018
4. https://oumma.com/lettre-de-mouloud-bauberot-a-nicolas-sarkozy/
5.
http://histoirecoloniale.net/c-est-eux-les-Africains-qui-venaient-de-loin-par-Benjamin-Stora.html
6.
https://www.saphirnews.com/Hommage-rendu-aux-soldats-musulmans-morts-pour-la-France-durant-les-deux-guerres_a11963.html
7.https://www.contrepoints.org/2018/11/11/329042-11-novembre-2018-le-centenaire-dun-conflit-de-portee-immense?
8.http://meridien.canalblog.com/archives/2006/10/05/2837833.html
9.https://www.les-crises.fr/quatre-millions-de-musulmans-tues-dans-les-guerres-occidentales-depuis-1990/
10. Smaïl Goumeziane
https://orientxxi.info/magazine/pourquoi-le-monde-musulman-est-devenu-l-epicentre-des-conflits-mondiaux,1611
5 décembre 2016
Article de référence :
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5269188
Professeur Chems
Eddine Chitour
Ecole Polytechnique
Alger
Le sommaire du Pr Chems Eddine Chitour
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