Algérie en phase
avec le mouvement du monde
L'« œuvre positive » de la
colonisation
Que du bonheur!
Chems Eddine Chitour
© Chems
Eddine Chitour
Samedi 17 février 2018
«Notre système
de colonisation consistant à ruiner
l'Arabe, à le dépouiller sans repos, à
le poursuivre sans merci et à le faire
crever de misère, nous verrons encore
d'autres insurrections.»
Guy de
Maupassant Au Soleil (1884)
Mon attention a été
attirée par une contribution d'un auteur
français qui sévit depuis quelque temps
et s'est fait une réputation de
négationniste s'agissant des horreurs de
la colonisation. Pour lui et pour ceux
qui sont encore nostalgériques
dans leur fuite en avant, la
colonisation y a bon. Ce qui m'a fait
bondir outre mesure c'est le nouveau
concept de la colonisation, outre sa
«positivité», celui du bonheur, l'auteur
parle de colonisation heureuse!!
Par honnêteté intellectuelle je rapporte
les propos essentiels d'une contribution
de Bernard Lugan colonialiste engagé.
« Les bienfaits
des invasions » et l’encouragement à ne pas en rougir
Lisons cette
logorrhée: «Lorsque, à la fin du XIXe
siècle, l'Europe entreprend la
colonisation de l'Afrique noire, la
situation de ce continent est
catastrophique. (...) Or, en quelques
années, administrateurs, officiers et
missionnaires apportent aux Africains la
notion jusque-là inconnue de sécurité
quotidienne. Comment ils ont apporté, et
pourquoi sont-ils venus Médecins et
infirmiers font reculer le paludisme, la
tuberculose, la bilharziose, la maladie
du sommeil, le trachome et les diverses
parasitoses qui achevaient de tuer des
millions de malheureux sous-alimentés.
Outre les soins, les Africains mangent
alors partout à leur faim et l'essor
démographique devient considérable
(...).» (1)
«Pourtant,
l'Europe a appris à avoir honte de cette
oeuvre humanitaire, tant les esprits ont
été imprégnés par les slogans
culpabilisateurs. (...) Durant trente
années au moins, l'idée sans cesse
répétée, pour ne pas dire martelée,
selon laquelle le Nord s'était enrichi
en exploitant le Sud a acquis force de
loi.» (1)
«De la boucle du
Niger à la mer Rouge et du Soudan au
Mozambique, les musulmans esclavagistes
s'employaient à vider l'Afrique de ses
habitants quand la colonisation y mit un
terme. Ne perdons jamais de vue -
contrairement à ce que veulent faire
croire les culpabilisateurs - que
l'Europe n'a pas eu l'initiative de la
traite des Noirs, puisque, du VIIIe au
XXe siècle, les Arabes n'ont cessé de la
pratiquer. Si durant trois siècles, les
Européens transplantèrent environ 8
millions d'hommes d'Afrique en Amérique,
en 12 siècles, les Musulmans en
puisèrent environ 15 millions dans le
véritable vivier humain qu'était pour
eux l'Afrique noire (...)» (1)
Parlant de
l'esclavage arabe pour minimiser celui
des Blancs il écrit:
«En 1890, il y a encore 78 marchands
d'esclaves au Caire et 73 à Alexandrie,
qui reçoivent des captifs
clandestinement, puisque la traite est
officiellement interdite. En Afrique
orientale, les musulmans de Zanzibar
sont les organisateurs d'un vaste trafic
dont ils tirent d'énormes bénéfices(...)
Une fois encore, l'Europe intervient et
il faudra un demi-siècle d'efforts aux
pères du Saint-Esprit, aux Pères blancs,
aux pasteurs de la Church Missionary
Society pour combattre les esclavagistes
sur leur propre terrain. Mais leurs
efforts seraient demeurés vains sans
l'implantation militaire de la
Grande-Bretagne, de l'Allemagne, de la
France, du Portugal et de la
Belgique»(1)
Ensuite l'auteur
fait appel à un autre auteur aussi
« convaincu que lui des bienfaits de la
colonisation en l’occurrence
l’universitaire Jacques Marseille et qui
part du principe que les Européens ne se
sont pas enrichis Il compare des pays
entre eux . Nous lions : « Et pourtant,
déclare-t-il parmi les pays du Nord,
les plus riches ne sont ni l'Espagne, ni
le Portugal, ni la France, ni la
Grande-Bretagne, qui furent les
principales puissances impériales, mais
la Suisse, la Suède, l'Allemagne, les
États-Unis et le Japon.»
«Le cas français
étudié par Jacques Marseille constitue
la seule analyse scientifique de la
question. Ses conclusions permettent
d'affirmer que, depuis 1930 environ,
l'empire entravait plus qu'il ne
stimulait la croissance économique de la
France et que la décolonisation fut un
délestage voulu par une certaine
fraction du patronat français pour
stimuler la croissance de ses
activités''. Mais il y a plus important
encore. Non seulement les productions
coloniales coûtent très cher à
l'économie française, puisqu'elles sont
achetées largement au-dessus de leur
cours mondial, mais encore, en entrant
en concurrence directe avec des
productions métropolitaines (...) Après
la décolonisation, dégagée des
subventions indirectes et allégée des
secteurs moribonds, l'économie française
a pu se lancer dans la bataille de la
compétitivité.» (1)
La colonisation
heureuse : nouveau concept
Bernard
Lugan conclut: «La colonisation fut une
parenthèse brève mais positive - et
pourquoi pas heureuse? - pour les
populations d'Afrique: le gendarme
assurait la paix; le médecin soignait
les corps; l'instituteur transmettait
son savoir; le colon fournissait du
travail; le juge protégeait de
l'arbitraire.». «Certains penseront
peut-être que ce tableau est trop
résolument favorable à la colonisation.
Qu'ils lui opposent alors la situation
qui prévaut actuellement dans des pays
comme l'Ethiopie, l'Angola, le
Mozambique, le Zimbabwe, l'Uganda, l
Tanzanie, le Nigéria, le Ghana, le
Tchad, Madagascar, etc., où famines,
épidémies, massacres inter-ethniques,
gabegie, concussion, arbitraire sont le
lot quotidien des malheureuses
populations.» (1)
Après la lecture
de ce plaidoyer pro-colonisation, nous
allons répondre à monsieur Bernard Lugan
point par point. D'abord, l'auteur tente
de nous expliquer pédagogiquement - en
fait il s'adresse à ses concitoyens -
qu'il ne faut pas rougir, qu'il ne faut
pas culpabiliser que c'était çà la
civilisation, il n'apporte aucun
argument sauf que c'est la méthode Coué,
croyez que vous êtes irréprochables et
vous serez irréprochables à force
d'incanter cela.
Les races
supérieures et le devoir de
civilisation
Son postulat de
base est que les races blanches ont reçu
d'une façon immanente le droit de
civiliser les races inférieures et tout
doit être fait pour les présenter aux
concitoyens comme des peuplades
préhistoriques s'exterminant les unes
les autres; sans unité - oubliant à
titre d'exemple que quand l'Europe était
« gouvernée- le mot est fort, de «rois
fainéants», de « seigneurs, en fait
d'Astérix plus frustes les uns que les
autres il y avait à titre d'exemple un
empire au Mali et même une charte des
droits de l'homme vers 1200 bien avant
l'Habéas corpus anglais, qui fut copiée
par les révolutionnaires en France et
par la suite l'Occident qui les codifie
sous le vocable de déclaration des
droits de l'homme que naturellement la
France s'attribue au point de vouloir,
d'une façon incantatoire en se souvenant
que pour Jules Ferry déjà, la fin du
XIXe siècle les droits de l'homme ne
sont pas valables dans les colonies.
Pire encore il
martèle il y a un devoir pour les races
supérieures de civiliser les races
inférieures. Ce concept de droit sera
mis au gout du jour un siècle par
Bernard Kouchner avec son fameux et
triste devoir d’ingérence, avec des
conséquences qui sont passées à la
trappe, à savoir le million de morts
au Burundi,, et quelques années
plus tard, ce même devoir d’ingérence
sera invoqué par Bush en
Afghanistan en Irak en Libye et
en Syrie, se permettant même en
commandeur de tracer des lignes rouges
que les peuples barbares ne doivent pas
dépasser….
L’esclavage
arabe en première ligne
Là où on sent la
jouissance de l'auteur c'est d'avoir
trouvé le maillon faible, à savoir celui
de l'esclavage des Arabes qui, certes,
avait lieu mais n'avait rien à voir
quantitativement avec le commerce
triangulaire et la règle des trois C:
Christianisation commerce, colonisation.
«Naturellement, les chiffres qu'il donne
ne reposent sur aucune donnée. Il va
jusqu'à repérer des marchands d'esclaves
à l'unité oubliant d'une façon pudique
désintéressée pour tout simplement, par
crainte de représailles, le commerce non
moins tragique des juifs esclavagistes.»
Ensuite, il nous dit que la métropole
n'a rien pris, elle n'a fait que donner.
Il n'est que de voir comment les Suds
épuisés ont vu leurs matières premières
partir de ces pays africains qui
n'avaient pas de développement endogène,
les matières premières servaient
l'industrie française.
Nous conseillons à
M. Lugan apparemment ignare en ce qui
concerne par exemple l'oeuvre positive
au Congo de lire un excellent texte
d’Aimé Césaire, sur le chemin de fer
Congo Océan. Et sur le verdict sans
concession d’André Gide : « Le chemin de
fer Congo-Océan est un effroyable
consommateur de vies humaines »
S'agissant de ce
qu'a « donné » l'Algérie à la France,
C’est un fait, que la « Métropole » a
aspiré tout ce qui pouvait l’être en
terme de métaux ( fer, Nickel, cuivre,
plomb, mercure…) de charbon et bien
plus tard de pétrole Un document nous
apprend, à titre d'exemple, que toute
la métallurgie française de qualité doit
beaucoup à l'acier algérien; On peut
dire sans se tromper que l'essentiel de
la fabrication de qualité est du au fer
algérien. On avance que la tour Eiffel
a été construite avec le fer algérien.
La contribution suivante en
témoigne : «Les Algériens visitant ce
monument, ne se doutent certainement pas
que cette dame de fer'' symbole et
fierté des Français, est en fait du
minerai extrait de la terre algérienne.
Et pour cause, tout le fer utilisé pour
sa construction, 8000 tonnes pour la
charpente métallique, a été extrait des
mines algériennes, de Rouina (Aïn Defla)
et de Zaccar (Miliana). «D'ailleurs, en
guise de reconnaissance, Gustave Eiffel
avait remercié les mineurs de Rouina, en
offrant une horloge (montée sur une tour
métallique) à l'école du village de
Carnot (l'actuel El Abadia, wilaya de
Aïn Defla). Il faut souligner que Rouina
était l'une des premières mines
exploitées en Algérie par les Français.
Gustave Eiffel fut ébloui par la pureté
de son fer qui est un minerai à haute
valeur ajoutée, ayant des propriétés
mécaniques idéales et convenables à ses
projets, titrant une teneur moyenne de
56-60%, ce qui permettait l'obtention de
fer «puddlé» (brassé), très indiqué pour
ce genre de structure, contrairement au
minerai de fer extrait des «minettes de
Lorraine» et autres mines européennes,
pauvre et inadapté aux structures
nécessitant une résistance et une
flexibilité mécanique aux aléas
naturels »
« Le journal
français l'Echo des mines avait
rapporté en 1896 que «le fer qui a servi
à la construction de la tour n'est pas
n'importe lequel. Il a fait l'objet d'un
choix minutieux. Il vient de mines
algériennes et a été fabriqué dans les
forges et usines de Pompey Fould-Dupont'
en Lorraine, Gustave Eiffel l'a choisi
notamment en raison de ses propriétés
mécaniques. Pour illustrer l'intensité
de l'activité minière, à cette époque,
il y a lieu de noter que la production
du minerais de fer a enregistré en
Algérie une moyenne de 400 000 tonnes
par an depuis 1875 pour culminer en 1928
à 2 006 092 tonnes, Le prix de la tour
Eiffel, avec l'ornementation et les
nécessités architecturales, a atteint
les 5 millions de francs, tandis que la
tour métallique a coûté à elle seule
3,405 millions de francs de l'époque. Le
minerai provenant d'Algérie représente
plus de 68% du prix de la tour! (...)»
(2)
Un autre site
confirme s’il en était besoin la pureté
et la provenance du fer nécessaire à la
construction de la Tour Eiffel. Nous
lisons : « Le fer qui a servi à la
construction de la tour n'est pas
n'importe lequel, bien sûr. Il a fait
l'objet d'un choix minutieux. Il a été
acheté à une usine de Meurthe-et-Moselle
et vient de mines algériennes. La
question de l'origine du fer de la tour
Eiffel nous amène donc en voyage...
Lorsque Gustave
Eiffel passe commande pour 8 000
tonnes de fer puddlé, ce dernier se
tourne vers des fournisseurs de minerai.
La qualité demandée par Eiffel est à
récupérer en Algérie, dans les mines de
Zaccar et de Rouïna, deux sites
distincts. Les mines du Zaccar sont en
Algérie, à Miliana. La mine est
surprenante, son entrée n'est qu'un
simple trou de deux mètres de diamètre,
à flanc de coteaux de la montagne.
L'étaiement laisse à désirer, la galerie
finit par arriver à un puits de plus de
10m de profondeur. C'est au fond de ce
puits que commencent les galeries
d'extraction. Ces galeries sont équipées
de chemin de fer et de wagonnets dans
lesquels sont versées les roches. Tirés
à main d'hommes, ils sont ensuite vidés
dans une fosse qui tombe sur des
terrasses à ciel ouverts. C'est de ces
terrasses que l'on récupérait les
pierres avant chargement et envoi en
Lorraine. Il faut signaler que ce site
n'est pas un site industriel, c'est la
raison pour laquelle il n'y a aucun
équipement comme des hauts-fourneaux.
C'est juste un site d'extraction.
Rouïna est une ville d'Algérie, assez
proche de Miliana. Durant l'occupation
française la mine de Rouïna était
équipée d'infrastructure sidérurgique de
pointe, avec entre autre un
haut-fourneau à moyenne température. Le
minerai qui en était extrait était broyé
et acheminé dans ces fonderies d'Algérie
ou de France » (3).
L'auteur nous
explique ensuite que la civilisation a
pacifié (trois pages) les escarmouches
intertribales (en prenant un cas sur la
multitude) c'est comme si on rapportait
les escarmouches de lorrains de Bretons
entre eux comme connaissent tous les
peuples, à l'instar des guerres dites de
trente ans, de cent ans en Europe où les
serfs en nombre veillaient au confort
des nobles.
Pour lui, Dieu
fait alors appel aux Européens pour
sauver les Africains. Ce qu’il
firent avec un sabre dans un main et un
goupillon de l’autre si on en réchappe
pour donner l’extrême onction ou être
converti en étant sauvé par
l’église Pour lui c'est une bénédiction
qu'il y ait eu ce sabre et ce goupillon
et la guerre d'épouvante pour sauver
ceux qui restent des génocides européens
pour les faire rentrer à tout prix dans
le giron de la vraie religion tout en
faisant des sous –hommes taillables et
corvéables.
La colonisation
n'est donc apparemment pas plus à
l'origine de la puissance industrielle
de l'Occident qu'elle n'est la cause du
sous-développement de l'Afrique. En
clair, malgré toute la rapine les pays
européens du Sud, l'auteur avoue que les
pays du Nord sont plus développés.
Naturellement, il n'attribue pas ce
retard économique à une déficience
scientifique économique, la cause
– fausse au demeurant- est le boulet
colonial.
L'auteur martèle à
la suite de son renfort Jacques
Marseille, que les colonies était un
poids mort pour la métropole - chiffres
discutables à l'appui- et que quand elle
s'en est débarrassée la France s'est
développée La question que nous lui
posons est la suivante : Pourquoi
la France est restée dans un pays qui
lui coutait cher ? Pourquoi fallait il
ensuite une guerre -évènements
d'Algérie pendant longtemps- qui a duré
huit ans, une guerre qui a laissé des
cicatrices dans l'imaginaire algérien
qui ne s'est pas remis d'un tsunami qui
a eu lieu un matin de juillet 1830,qui
s'est perpétué pendant 132 ans de
malheur et de désolation et terminé avec
l'extermination d'un million des
meilleurs enfants Pourquoi a-t-il fallu
huit ans de guerre pour qu'il y ait
délestage, qu'il y ait 30000 soldats
français morts pour une cause perdue
d’avance malgré toutes les tentatives de
« troisième force du MNA, des Bellounis,
.. » , de Sahara mer intérieure »…
On est en droit de
s'interroger pourquoi la propagande
coloniale a-t-elle donné l'illusion aux
Français nés en Algérie, qu'ils
étaient là pour l'éternité en tant
que colons ne faisant rien pour
considérer les Algériens comme des
citoyens à part entière qui avaient
droit à la dignité au lieu et place du
Code de l'indigénat qui leur a été
infligé ?
La détresse réelle
des rapatriés européens et des harkis –
considérés bien plus tard comme des sous
hommes par un ténor du parti socialiste
n’avaient pas vocation à rester en
France parce que pour de Gaulle ,ce
n’était pas la patrie de leur père » ,
cette détresse , ils la doivent au
pouvoir colonial et pour certains à leur
certitude qu'ils appartenaient à une
race supérieure, ne pouvant concevoir
d'avoir des concitoyens algériens comme
eux dans une République algérienne libre
et équidistantes des espérances
religieuses. L'OAS n’a fait qu’ élargir
le fossé entre les communautés, et les
200.000 Français d’Algérie qui sont
restés, en définitive, sur le million
ont compris qu’ils n’avaient à
craindre que leur avenir était en
Algérie. Certains même reviennent d’une
façon discrète et sont étonnés de voir
comment les Algériens sont avenants dans
leur accueil au point que certains
regrettent d’être partis..
Certains parmi ces
français d’Algérie eux se sont battus
côte à côte avec les autres Algériens
pour la liberté et l'indépendance de
l'Algérie. Il eut été plus sage pour la
France de n'être jamais venue en Algérie
ou au mieux partir à partir du moment où
les dépenses de la colonie étaient
insupportables pour la colonie et
l'empêchaient d'avoir le niveau de la
Suède si elle n'avait pas perdu 132 ans
à supporter une colonie qui n'a fait que
prendre!!
Ce que fut
« l’œuvre positive » de l’Algérie pour
la France
Sans rentrer dans
le détail de tout ce qu’a fait l’Algérie
pour la France durant un compagnonnage
de 132 ans , nous en avons rendu compte
dans plusieurs de nos écrits il nous
plait de nos ressouvenir de quelques
« moments’ » par exemple ce que l'auteur
« oublie pieusement » d'écrire que -la
France fut accompagnée dans toutes les
querelles qu'elle a faites au monde- par
les Algériens qui payèrent le prix du
sang en vain. Non content de prendre les
matières premières, le pouvoir colonial
«s'empare de la force vive pour
guerroyer de par le monde et offrir de
la chair à canon algérienne. Mieux
encore, en période de paix ce sont les
tirailleurs béton qui ont participé à la
reconstruction de la France, les trente
glorieuses, les constructions des
autoroutes, des bâtiments, des usines et
tous les métiers indignes des Français
ont été le lot des émigrés sans
reconnaissance aucune. Dans son texte,
l'auteur va jusqu'à s'apitoyer sur le
sort des peuples africains, il oublie
que c'est grâce à la colonisation que
ces peuples sont clochardisés pour
reprendre l'expression de Germaine
Tillon. Qui sait s'ils n'auraient pas
évolué différemment s'ils n'avaient pas
été tenus soigneusement en marge du
progrès et de la connaissance? Quand on
pense qu'en 132 ans la colonisation a
formé en Algérie moins d'un millier de
personnes aucune pratiquement dans les
sciences et la technologie. (4)
Le président Ferhat
Abbas a déclaré lors d'une réunion avec
les cadres formés alors que la guerre
d'épouvante battait son plein, «nous
avons formé en cinq ans plus que le
système éducatif colonial en 132 ans en
cadres techniques et scientifiques».
La reconnaisse des Algériens pour les
"Justes"
Cependant,
le peuple algérien de par sa culture,
son identité et son espérance religieuse
n'est pas ingrat, il n'oublie pas les "
Justes", toutes celles et ceux qui
l'on accompagné pendant ces 132 ans
d'épreuve. Dans ce cadre, si l'éducation
ne fut permise aux Algériens qu'à dose
homéopathique,-nous fûmes des voleurs de
feu pour reprendre l'élégante formule de
Jean El Mouhouv Amrouche nous ne pouvons
pas être reconnaissants à nos maîtres,
ces hussards de la République qui
prirent beaucoup de risques pour venir
devant nous et nous éduquer. Je veux
associer dans le même hommage le
dévouement de beaucoup de médecins qui
comprirent leur mission en soignant la
détresse des Algériennes et des
Algériens. Je veux enfin ajouter le
dévouement de tous les Européens
d'Algérie qui ont cru en la nécessité de
l'indépendance de l'Algérie qu'ils
considèrent à juste titre comme leur
pays pour s'y être battus, je pense
notamment à Claudine et Pierre Chaulet,
à Daniel Timsit, à Fernand Yveton, à
Maurice Audin, à Henri Maillot à Maurice
Leban, l'abbé Berenguer et tant d'autres
qui se dévouèrent à en mourir pour
l'Algérie.
Pour ma part, je
n'oublie pas d'ajouter que dans ce long
et douloureux compagnonnage il y eut des
Français qui défendirent la cause
algérienne, je veux citer là aussi
Frantz Fanon, Francis Jeanson, Jean-Paul
Sartre. Ils se dévouèrent sans retenue.
Notre pays grandirait en affirmant qu'à
côté de Saint Arnaud qui avait «les
états de service d'un chacal» à en
croire Victor Hugo,, des Berthezène, des
Bugeaud, il y eut des justes à qui nous
témoigneront de notre reconnaissance. La
nostalgérie n'a pas d'avenir
devant la réalité de la colonisation qui
fut globalement négative et malheureuse
pour les indigènes que nous étions.
En terminant cette
analyse, je retiens le nouveau concept
de colonisation heureuse voilà qui nous
perturbe quant à la définition du
bonheur! Les 6 millions d'Algériens qui
sont passés de vie à trépas, victimes de
l'oeuvre d'épouvante, de
l'évangélisation forcée d'un autre
enragé, le cardinal Lavigerie, des
famines organisées et par-dessus tout de
la torture tout au long de ces cent
trente deux ans témoignent de cette
colonisation heureuse; Non, la
réconciliation n'est pas pour demain
avec ces envahisseurs imbus de la
certitude d'appartenir à la race des
élus qui veulent notre bonheur à tout
prix, même à celui de nous exterminer...
1.Bernard Lugan: Le vrai bilan de la
colonisation en Afrique (L'Occident sans
complexes)
https://henrydelesquen.fr/2016/03/15/le-bilan-positif-de-la-colonisation-en-afrique/
2.
https://salimsellami.wordpress.com/2017/10/03/en-fait-saviez-vous-que-la-tour-eiffel-est-algerienne.
3.
https://www.merveilles-du-monde.com/Tour-Eiffel/Fer-de-la-tour-Eiffel.php
4. Chems Eddine Chitour :
https://www.legrandsoir.info/ce-que-fut-la-colonisation-l-oeuvre-positive-de-l-algerie-envers-la-france.html
Article de
référence
http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/286569-que-du-bonheur.html
Prof. Chems Eddine
Chitour
Ecole Polytechnique
Alger
Le sommaire du Pr Chems Eddine Chitour
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