Algérie en phase
avec le mouvement du monde
Amalgame Antisionisme Antisémitisme :
les « Justes » musulmans oubliés
Chems Eddine Chitour
Le Pr
Chems Eddine Chitour
Jeudi 3 août 2017
« Il faut tout
refuser aux Juifs comme nation et tout
accorder aux Juifs comme individus. Il
faut qu'ils ne fassent dans l'Etat ni un
corps politique ni un ordre. Il faut
qu'ils soient individuellement citoyens
».
Discours du
comte de Clermont-Tonnerre devant
l’Assemblée
"Nous ne
cèderons rien à l'antisionisme",:
"L'antisionisme est la forme réinventée
de l'antisémitisme"
Emmanuel Macron
Deux
affirmations antagoniques qu’il nous
faut expliciter en traçant l’évolution
de la communauté juive qui graduellement
a pris ses distances du corps social
pour une hypothétique communauté prise
en charge non pas uniquement sur le plan
religieux mais aussi sur le plan
politique car il n’est un secret pour
personne que le CRIF qui revendique- à
tort d’après notamment les juifs
non pratiquants - le monopole de parler
au nom de tous les Juifs de France
est de fait au fil des ans la caisse de
résonnance d’un Etat étranger (
Israël) en France. On comprend de ce
fait l’évolution du discours depuis le
marquis de Clermont Tonnerre et bien
plus tard le général de
Gaulle puis François Mitterrand pour qui
la France n’a rien à vois dans sa
responsabilité dans la rafle du
veld’hiv. Ce ne sont plus uniquement que
des citoyens français Changement de
décor avec Jacques Chirac qui ouvrit la
voie à la repentance en 1995
Emmanuel Macron va plus
loin, il invite le premier ministre d’un
Etat étranger à commémorer ensemble le
souvenir de la rafle du vel dhiv.
Jusqu’à François Mitterrand, les
présidents qui se sont succédé avaient
tous nié la responsabilité de la France
et «Je ne ferai pas d’excuses au nom
de la France. La République n’a rien à
voir avec ça. J’estime que la France
n’est pas responsable», avait
déclaré le président socialiste en 1994.
« En
juillet 1995 lit-on sur le journal
l’Express , Jacques Chirac est le
premier président français à avoir
reconnu la responsabilité française dans
la déportation des juifs. Une position
depuis reprise par ses successeurs. "Ce
sont bien des policiers français qui
sont alors allés chercher des Juifs.
Vichy c'était le gouvernement de la
France" "Je récuse les accommodements et
subtilités de ceux qui prétendent que
vichy n'était pas la France", .
"Vichy, ce n'était certes pas tous les
Français mais c'était le gouvernement de
la France et l'administration de la
France", a martelé le chef de l'État.
"Ce fut l'oeuvre de la police française
sous les ordres de Pierre Laval et du
préfet René Bousquet." C'est la
réalité et c'est un crime contre
l'humanité. Je suis pour regarder notre
passé en face, y compris dans les pages
les plus sombres, pour dire la vérité
que nous devons à nos concitoyens",
avait-il martelé. C’est la culpabilité
collective de toute la France et de tous
les Français que professe ainsi Emmanuel
Macron » (1).
Entre les 16 et 17 juillet 1942 plus de
13000 personnes, dont près d’un tiers
étaient des enfants, ont été arrêtées à
Paris et en banlieue pour être
déportées Effectuées à la demande du
Troisième Reich, (…) les
Juifs de nationalité française ont été
exclus temporairement de cette rafle qui
concerna essentiellement les Juifs,
étrangers ou apatrides, réfugiés en
France dont plus de quatre mille enfants
souvent français nés de parents
étrangers. (…) Où était la
souveraineté nationale française en
1942 ? À Berlin. Le
gouvernement fantoche de Vichy n’avait
en réalité aucune souveraineté, aucun
pouvoir, et à ce titre, la personnalité
juridique de la France (qui lui est
consubstantielle) était, de facto,
suspendue ». (2)
L’historien
israélien Shlomo Sand Professeur
d’histoire à l’université de Tel-Aviv,
agacé par l’invitation de Benjamin
Netanyahou à la commémoration de la
rafle du Vel d’Hiv, mais plus encore par
l’affirmation d’Emmanuel Macron lui
écrit: « Reprenant les mots d’Emmanuel
Macron, selon qui «l’antisionisme est la
forme réinventée de l’antisémitisme»,
Shlomo Sand se demande si ces propos
avaient pour but de «complaire» au chef
du gouvernement israélien, ou si ceux-ci
relèvent «purement et simplement une
marque d’inculture politique». L’ancien
étudiant en philosophie, l’assistant de
Paul Ricœur a-t-il si peu lu de livres
d’histoire, au point d’ignorer que
nombre de juifs, ou de descendants de
filiation juive se sont toujours opposés
au sionisme sans, pour autant, être
antisémites ? Je fais ici référence à
presque tous les anciens grands rabbins,
mais aussi aux prises de position d’une
partie du judaïsme orthodoxe
contemporain», Tout d’abord, le sionisme
n’est pas le judaïsme, contre lequel il
constitue même une révolte radicale»,
explique l’historien. (…) La
colonisation des territoires
palestiniens a pourtant pu nourrir une
opposition au sionisme jusque dans les
rangs de la société israélienne, dont
Shlomo Sand fait partie. «Je ne peux
pas être sioniste. Je suis un citoyen
désireux que l’Etat dans lequel il vit
soit une république israélienne, et non
pas un Etat communautaire juif. A votre
avis, monsieur le Président : cela
fait-il de moi un antisémite ?», conclu
l’historien israélien ? » (3).
Non, l’antisionisme
n’est pas un antisémitisme réinventé,
C’est
par ces mots que sylvain Cypel réagit à
la déclaration d’Emmanuel Macron :
« Nous ne céderons rien aux messages de
haine, à l’antisionisme parce qu’il est
la forme réinventée de
l’antisémitisme ». On ne sait si, par
ces mots, le président Emmanuel Macron a
simplement espéré gagner opportunément
les faveurs de Benyamin Nétanyahou,
ou s’il a énoncé une conviction plus
profonde. Mais dans les deux cas, il a
eu tort. Quant au fond,
l’assimilation de l’antisionisme à une
nouvelle mouture de l’antisémitisme est
une erreur funeste. Cette assertion est
l’une des clefs de voûte depuis des
décennies de la hasbara, la
communication israélienne.
(…) Il en va de même de l’idée selon
laquelle l’antisionisme serait la
version moderne de l’antisémitisme.
D’abord parce que l’antisionisme n’est
pas une idéologie très définie.
Historiquement, il a consisté à récuser
l’idée d’une solution nationaliste à la
question juive. Aujourd’hui, il y a en
Israël des gens qui se disent
antisionistes par simple hostilité à une
occupation des Palestiniens menée au nom
même du sionisme » (4)
« D’autres se
disent « post-sionistes » parce qu’à
leurs yeux, l’ambition du sionisme étant
la constitution d’un État juif, son
existence annule d’autorité la nécessité
du sionisme. Je connais enfin des
Israéliens tout à fait sionistes qui
sont si révulsés par la politique de
Nétanyahou qu’ils se disent honorés
d’être traités d’« antisionistes » par un
gouvernement d’extrême droite raciste
et colonialiste. Ces derniers
remplissent par exemple les rangs
d’une ONG comme Breaking the Silence,
qui regroupe des
soldats dénonçant les crimes commis par
leur armée contre des Palestiniens et
dont plusieurs des dirigeants sont des
officiers et aussi des juifs pieux. Ils
ne sont pas antisémites. Ils sont même
l’honneur d’Israël. (…) si le sionisme,
comme le prône Nétanyahou, consiste à
exiger la reconnaissance d’Israël pour
mieux empêcher le droit des Palestiniens
à l’autodétermination, alors je suis
antisioniste. Serais-je donc
antisémite ?» (4)
Une vérité à
marteler : L’antisionisme n’est pas de
l’antisémitisme
Pour Théodore Herzl, fondateur du
sionisme cité par Hannah Arendt
« Sionisme et judaïsme ne sont pas la
même chose, mais deux idées différentes
et sûrement contradictoires.
le sionisme n'est pas une oeuvre de
bienfaisance. Nous avons besoin de juifs
de « qualité supérieure ». Cependant, je
crois que l'antisémitisme, qui
représente parmi les masses un courant
puissant et inconscient, ne portera pas
tort aux juifs. « Les
antisémites seront nos amis les plus
dévoués et les pays antisémites nos
alliés. » Les paroles de
Theodor Herzl, fondateur de l'Etat juif
en puissance, sont pour nous une
révélation car on peut comprendre que le
moteur de la politique israélienne a
comme carburant l'antisémitisme des
autres, cela rend les Israéliens plus
forts tout en faisant condamner les
contrevenants par la police de la pensée
occidentale. Le terme antisémite
fut utilisé pour la première fois en
1860 par l'intellectuel juif Moritz
Steinschneider dans l'expression
« préjugés antisémites »
(« antisemitische Vorurteile »), afin de
railler les idées d'Ernest Renan qui
affuble les 'peuples sémites''. de tares
culturelles et spirituelles » (5)
L’amalgame entre
antisionisme et antisémitisme
Le glissement qui s'est opéré a permis
de passer de l'aspect ethnique à
l'aspect religieux et partant d'arriver
à l'antijudaïsme excluant du même coup
les Arabes. Manuel Valls lié à
Israël d’une façon éternelle
n’hésita pas lors d’un diner du Crif
(Conseil Représentatif des Juifs de
France) à insister sur l’équivalence :
il y a l'antisionisme, c'est-à-dire tout
simplement le synonyme de
l'antisémitisme et de la haine
d'Israël. » L'amalgame, écrit Eric
Hazan, avec l'anti-sionisme c'est-à-dire
le refus de la politique actuelle
d'Israël de quitter les territoires
occupés depuis 1967, n'est pas
l'antisémitisme. Les Palestiniens qui
sont eux aussi des Sémites ne peuvent
pas être contre eux-mêmes. D'un côté il
y a ceux qui défendent un Etat juif tout
puissant ; de l'autre, des partisans
d'un Etat commun où juifs et Arabes
vivraient en égaux. Entre les deux, la
question de la souveraineté d'Israël.
Mais sérieusement, qu'est-ce au juste
que « l'antisionisme ? ». La réponse des
dîners du Crif, repose sur deux
assertions successives : l'Etat d'Israël
parle au nom des juifs du monde entier ;
par conséquent, être « antisioniste »,
critiquer la politique israélienne,
c'est dénigrer non seulement le
gouvernement israélien, mais la
population du pays et l'ensemble de tous
les juifs - c'est de l'antisémitisme.
(…) Non, condamner la politique
coloniale d'Israël n'a rien à voir avec
l'antisémitisme (…) ».(6)
Enfin, signe d’une gangrène des
mentalités, l’amalgame antisionisme
–antisémitisme a été acté par le
Parlement Européen Le 1er juin, le
Parlement européen a adopté une
résolution « sur la lutte contre
l’antisémitisme »appelant les États
membres et les institutions bruxelloises
à prendre des mesures supplémentaires
pour combattre « les discours de
haine et toutes les formes de violence à
l’égard des citoyens juifs européens ».
(…) « les cas d’antisémitisme «
pourraient inclure le fait de prendre
pour cible l’État d’Israël, conçu comme
une collectivité juive ». (…)».
(7)
On comprend que le
dans un communiqué, le Crif s’est
félicité de l’adoption de la résolution
approuvant le fait qu’elle «
identifie […] l’antisionisme à
une nouvelle forme d’antisémitisme
Les musulmans
qui ont sauvé les juifs : Des « justes »
oubliés
Ces Juifs déportés
étaient bien seuls ! A part
les « sauveurs » peu nombreux , Le
Français était en général
passif lors de la déportation des juifs
cependant il faut avoir à l’esprit
l’ambiance de l’époque, l’extrême droite
de Doriot le régime de Vichy tout
concourt à désigner les juifs les boucs
émissaires et les rares personnes
françaises qui sauvèrent les juifs ont
leur nom au mémorial israélien de Yad
Vashem les « Justes
parmi les nations ». ont sauvé des Juifs pendant
la guerre, souvent au risque de leur
vie. 3 550 personnes ont été
formellement identifiées
comme Justes par Yad
Vashem Le Mémorial de la
Shoah, auquel la Fondation
pour la Mémoire de la Shoah apporte
un soutien financier, a réalisé, à
proximité du Mur des Noms où sont gravés
les noms des 76 000 Juifs déportés de
France, sur le mur extérieur du
mémorial, en hommage aux 2 693
personnes reconnues « Justes parmi les
nations » en France (8)
Même en France Un monument des « Justes
parmi les nations » de France a été
inauguré par le Président
de la République française, Jacques
Chirac le 2 novembre 1997 dans
la clairière des Justes de la forêt
domaniale du Château
de Ripaille, sur le territoire de la
commune de Thonon-les-Bains en Haute-Savoie.
Le 18 janvier 2007,
Jacques Chirac et Simone
Veil, présidente de la Fondation
pour la Mémoire de la Shoah et
ancienne déportée,
ont inauguré une inscription dans la
crypte du Panthéon
de Paris en présence de nombreuses
personnalités dont le prix
Nobel de la paix Elie
Wiesel. Il s’agit de l'« hommage de
la Nation aux Justes de France »,
« Justes parmi les nations » ou héros
anonymes qui ont sauvé des milliers de Juifs
pendant la Seconde
Guerre mondiale. Le titre de
« Justes parmi les nations » a été
décerné à cette date à 2 725 Français.
Nous allons dans ce
qui suit relever le travail remarquable
de « justes algériens » qui ont au péril
de leur vie sauvé des juifs et même des
combattants alliés comme FTP
Francs-tireurs partisans . Ceci nous
est révélé par un document exceptionnel
naturellement ignoré à la fois par les
autorités israéliennes mais aussi
françaises qui ont exclus ces Algériens
de l’hommage qui leur ait du. Nous
lisons un tract lancé par les émigrés
algériens demandant de s’occuper des
enfants juifs : «Hier à l’aube, les
juifs de Paris ont été arrêtés. Les
vieux, les femmes et les enfants. En
exil comme nous, travailleurs comme
nous. Ils sont nos frères. Leurs enfants
sont comme nos propres enfants.-
ammarach nagh. Celui qui
rencontre un de ses enfants doit lui
donner un abri et la protection des
enfants aussi longtemps que le malheur -
ou le chagrin - durera. Oh, l’homme de
mon pays, votre coeur est généreux. » -
Tract rédigé en tamazigh circulant parmi
les émigrés algériens kabyles lors de la
rafle des juifs le 16 juillet 1942 à
Paris.
Les émigrés
algériens –sous prolétariat français-
pendant la colonisation , avaient décidé
d’aider les Juifs à s’enfuir et les ont
caché. Ce mot « Ammarache nagh » , « Ce
sont comme nos enfants » traduisant par
là le sacrifice à faire pour sauver des
enfants juifs …qui sont comme nos
enfants Pour montrer comment 100.000
Algériens de Paris ont traversé la
Seconde Guerre mondiale. Aurélie
Champagne du site « Rue 89 »
écrit : « Les temps sont durs. Younès,
le héros, vit du marché noir et nourrit
sa famille, restée en Algérie. Quand il
se fait arrêter, il est contraint de
passer un marché avec la police
vichyssoise : il doit espionner la
communauté maghrébine qui fréquente la
Mosquée de Paris et son recteur, Si
Kaddour Benghabrit. Le jeune homme
découvre rapidement que le recteur
protège des syndicalistes et délivre de
fausses attestations de foi musulmanes à
des familles juives. Il rencontre aussi
Salim Halali, étoile des cabarets
arabes, qui animent la vie festive de
l’époque ».(9)
En parlant
du recteur Si Kaddour Benghabrit,
l’historien Benjamin Stora déclare :
« Ah ! Que dire de ce personnage... Il
est très proche de la cour du sultan du
Maroc. Il est recteur, c’est un homme de
foi, mais c’est surtout un homme
politique. Dans Les Hommes libres,
Benghabrit ne protège pas seulement les
membres de sa communauté - alors que
« tout le monde de gauche et l’univers
syndical n’existent plus, que plus rien
n’existe ». A part le préfet Jean Moulin
qui a refusé d’obéir, tous les préfets
et toutes les institutions ont accepté
de collaborer. » Si Kaddour Ben Ghabrit,
le fondateur de la Mosquée de Paris,
aura dirigé ce lieu religieux durant la
période d’Occupation. . (9)
Dans le film
La Mosquée de Paris, une résistance
oubliée, réalisé en
1991, Derri Berkani rapporte que durant
la Seconde Guerre mondiale et
l’occupation de la France par
l’Allemagne nazie, la Mosquée de Paris
sert de lieu de résistance pour les
musulmans vivant en France. Les
Algériens du FTP (Francs-tireurs
partisans) avaient pour mission de
secourir et de protéger les
parachutistes britanniques et de leur
trouver un abri. Les FTP ont par la
suite, porté assistance à des familles
juives, des familles qu’ils
connaissaient, ou à la demande d’amis,
en les hébergeant dans la mosquée, en
attente que des papiers leur soient
fournis pour se rendre en zone libre ou
franchir la Méditerranée pour rejoindre
le Maghreb. Le docteur Assouline a
comptabilisé 1600 cartes alimentaires
(une par personne) qu’il avait fournies
à la Mosquée de Paris pour les juifs qui
y avaient trouvé refuge. A la mosquée,
écrit Albert Assouline, il n’y avait pas
de limite à l’hébergement (1732
personnes au total de 40 à 44, les
adultes dans les sous-sol, les enfants
au-dessus). Des employés de la Mosquée
de Paris établirent une série de faux
documents, rédigés en graphie turque
ancienne, et sauvèrent ainsi une
centaine de personnes. Ces faits sont
relevés dans l’ouvrage d’Annie
Benveniste : « Le Bosphore à la
Roquette » .(10)
Voici
le témoignage Annette Herskovits,
elle-même « enfant cachée », lors de la
seconde guerre mondiale. : « La
mosquée était le lieu de résistance
composé de personnes issues de la
régions montagneuse de l’Algérie la
Kabylie. Le réseau Kabyle communique
dans leur langue, le berbère, le
tamazight, ce qui rendait presque
impossible l’infiltration. L’accès aux
égouts de Paris était situé directement
sous la mosquée, ce qui a fourni une
voie pour s’échapper. (…) Une femme a
témoigné être sortie de Paris sur une
péniche, un kabyle à tenant la barre a
pris des fugitifs cachés dans sa
cargaison pour le sud de la France,
Ainsi de là, les fugitifs, pouvaient
être introduits clandestinement en
Algérie ou en Espagne. Le 16
Juillet 1942, la police de Paris, a
entrepris d’arrêter 28 000 juifs sur les
ordres du gouvernement français
collaborationniste de Vichy. Plus de
4.000 enfants âgés de 2 à 16 ans ont été
parmi les personnes arrêtées. Le
deuxième jour, un tract a été distribué
à travers les hôtels misérables où
vivaient les travailleurs algériens
immigrés. Le tract, en tamazight, a été
lu à voix haute pour les hommes pour la
plupart analphabètes « Amm arrac nnagh »
« Comme nos enfants » » (11)
La piété
musulmane pour l’humanité
On remarquera au
passage, outre le sauvetage des juifs,
ces « invisibles » faisaient partie de
la Résistance. Voilà encore un fait de
bravoure à mettre à l’actif de
« l’oeuvre positive des colonisés pour
la France. » Ces Invisibles n’ont que
faire de la reconnaissance en tant que
« justes ; tsadikin » de la part de Yad
Vashem. Ils ont fait leur travail
dignement en accord avec leur honneur et
leur religion. Il ne faut pas
croire que ces faits de la part des
musulmans est un fait isolé. Pour
comprendre cette empathie naturelle des
musulmans envers le genre humain et
montrer que ce qui est arrivé en 39-45
n’est pas une singularité,
rappelons-nous l’exemple de l’Emir
Abdelkader. Et sa célèbre phrase quand
il sauva plusieurs centaines de
chrétiens lors des émeutes de Damas
« Mes frères, votre conduite est impie !
Les chrétiens, tant qu’un seul de ces
vaillants soldats qui m’entourent sera
debout, vous ne les aurez pas, ils sont
mes hôtes. » (12)
On sait que la
Turquie fut sommée de livrer les juifs
étrangers. Nous voulons rapporter le
dévouement admirable d’un consul turc en
France qui prit tous les risques.
C’était en mars 1942. Son père Beli
Arbel exerçait alors les fonctions de
Consul général de Turquie à Marseille.
« Un jour, quelqu’un que je ne
connaissais pas est venu voir mon père
et lui a dit qu’il fallait qu’il se
rende en Corse. » Beli Arbel part sans
hésiter et traverse la mer avec sa femme
et son fils. (..) Alors qu’il vient
d’arriver en Corse en ce printemps 1942,
le petit Niel ignore tout des activités
de son père, il a bien d’autres jeux en
tête. Son père, lui, disparaît le matin
en voiture et rentre le soir. Sa tournée
doit rester discrète. Dans sa serviette,
des passeports vierges à l’intention des
Juifs de Corse qui devront faire l’objet
d’une mesure de comptage par les
autorités de Vichy. Sinistre besogne qui
présage un départ sans retour pour
l’Allemagne. Or, du fait que la Turquie
reste neutre dans le conflit, les Juifs
devenus citoyens turcs par
naturalisation se retrouvent de facto
« immunisés » par ce passeport dûment
délivré par le consulat général de
Marseille dont dépend la Corse, et par
voie de conséquence, sauvés de la
déportation qui s’intensifie depuis
1941. Les deux représentants de la
République, le préfet de la Corse Paul
Balley à Ajaccio et à Bastia le
sous-préfet Pierre-Henry Rix, prêtent
leur concours attentif. (13)
Pïerre-Henry Rix
confirme la naturalisation des Juifs de
Corse au cours d’entretiens qu’il a eus
en 1947 avec le Général de Gaulle à La
Boisserie. Il écrit : « Je lui ai
raconté comment, grâce au chargé
d’affaires permanent de Turquie à Vichy,
M. Bedi-Arbel, dans l’après-midi du 21
mars 1942, tous les Juifs de mon
arrondissement furent dotés de la
nationalité turque… Ainsi, quelques
semaines plus tard, l’envoyé de Vichy
pour les affaires juives repartait
bredouille. » Dans son journal,
Pïerre-Henry Rix le sous-préfet de
Bastia indique qu’il avait fait part au
Consul de Turquie de « certaines
menaces » pesant sur les Israélites de
son arrondissement. Tous les Juifs de la
région de Bastia deviennent ottomans
« (…) je lui ai cédé tous les Israélites
de mon département, qui vont être
déclarés sujets ottomans et qui
échapperont à ce titre aux mesures
vexatoires dictées par Vichy. » (12)
Dans la seule
région de Marseille, le chiffre de 20
000 passeports est avancé. Le consul
Beli Arbel disposait également de
laissez-passer turcs pour traiter les
cas les plus urgents. (…) Pour autant,
grâce à ces vrais- faux passeports
portant le sceau officiel de la Turquie
et avec l’aide de l’administration
française, la Corse n’a pas livré ses
Juifs, contournant ainsi d’habile façon
les lois de Vichy. Niel Arbel, le fils
du Consul se dit fier de l’attitude de
son père durant la guerre. Car « celui
qui sauve une vie sauve l’humanité tout
entière. » (13)
On sait qu’en 1943,
l’Allemagne occupe l’Albanie. Les
Albanais refusent aussi de donner les
listes de Juifs albanais et étrangers.
Ils les cachent, les intègrent à la
population, leur apprennent les travaux
des fermes ou les emploient dans leur
petit commerce. « Nous étions des
musulmans très pratiquants. C’était
évident qu’il fallait aider les gens en
difficulté et inconcevable de dénoncer
de juifs. « Dans notre foi musulmane,
sauver une vie c’est gagner le paradis.
BESA est un fruit de Coran ». « Tous
ceux qui frappent à ma porte sont une
bénédiction de Dieu. » On estime de 600
à 1800 juifs réfugiés dans ce pays,
souvent en route pour la Palestine. (14)
Le devoir des
dirigeants maghrébins envers les Juifs
Malgré les
pressions de Vichy, Le Maghreb a fait
son devoir vis-à-vis des juifs, il n’y
eut pas de la part des Maghrébins des
attaques ou des représailles contre la
communauté juive maghrébine . On dit
que : « Mohammed V était consterné par
les lois raciales de Vichy. Les sujets
juifs de Sa Majesté sont définis par
leur foi et non par la race. Le roi
entre publiquement en dissidence selon
une note du Quai d’Orsay lorsqu’il
déclare aux notables juifs invités à la
fête du Trône « Je n’approuve nullement
les nouvelles lois anti-juives et je
refuse de m’associer à une mesure que je
désapprouve. Il n’y a pas de juifs il
n’y a que des sujets marocains », avait
répondu le roi au représentant de la
France de Vichy avant de l’inviter à
prévoir 150 étoiles jaunes pour la
famille royale si cette disposition
venait à être adoptée. Refusant tout
contact avec l’administration, il invita
ostensiblement tous les rabbins du Maroc
à la fête du Trône en 1941 », rappelle
Serge Berdugo. (15)
Un autre Juste
méconnu :
Le professeur algérien Ali El Okbi
médecin En 1941, rejoint en 1941
l’Hôpital franco musulman de Bobigny
(…) Dès 1941, pendant l’occupation
allemande, l'hôpital devient un centre
de soins pour les résistants malades,
organisé autour du docteur Ali El Okby
et d’Ahmed Somia qui hospitalise les cas
médicaux dans le service de pneumologie.
André Meunier, interne en chirurgie,
Alice Rollen, la pharmacienne,
Abdelhafid Haffa le concierge et
Georgette son épouse participent à cette
activité avec la complicité active
ou passive du personnel paramédical.
Cette activité clandestine finit par se
transformer en un groupe, la «
Résistance hospitalière », lié d’abord
puis intégré à la « Résistance de
Bobigny et des communes voisines». De
plus Ali El Okbi faisait parti du réseau
« Etienne ». Ainsi de nombreux
résistants, des soldats alliés, des
évadés, des juifs et des réfractaires au
service du travail obligatoire (STO),
décrété en 1943 par Vichy, menaçant des
milliers de Français de partir en
Allemagne, ont trouvé refuge et
protection à l'hôpital Bobigny et
échappé à la milice de Vichy et à la
Gestapo, grâce à l’action responsable et
courageuse des médecins de Bobigny. Ces
derniers ont mis également leurs
compétences médicales au service de la
population locale durement touchée par
les privations de l’occupation et ont
ainsi permis l’ouverture de l’hôpital à
tous sans distinction d’origine ou de
religion. Au lendemain de la
libération de Paris, en 1945, en
reconnaissance de sa qualité de
Résistant et de son assistance aux
soldats alliés, Si Ali reçoit deux
attestations décernées l’une par le
général Dwight Eisenhower, commandant en
chef des forces alliées en Europe,
l’autre par son adjoint le britannique
Arthur William Tedder..Pour les
mêmes raisons, la médaille de chevalier
de la Légion d’Honneur lui est attribuée
, le 27 aout 1954 » (16) ,
La
reconnaissance en tant que
« justes » : Une injustice pour une non
revendication
On peut s’étonner
du fait que ces bons points soient
distribués généreusement pour
certains et totalement interdits pour
des motifs divers dont le plus décisif :
« cela ne présente pas un danger
pour le sauveur » ? Il est important
pour ceux qui sont en charge de ne
jamais présenter ces actes de bravoure
de la part des musulmans par contre
parler ad nauseam de l’entrevue
d’Hitler avec l’imam de la mosquée de
Jérusalem est donné pour diaboliser
toute une religion
Dans ce cadre
comme nous lisons la
contribution suivante qui revient sur le
personnage du recteur de la mosquée de
Paris : « Kaddour Ben
Ghabrit, un Juste musulman oublié
Le livre de Mohammed Aïssaoui
permettra-t-il de faire avancer la
reconnaissance de Kaddour Ben Ghabrit
comme Juste des Nations ? L'auteur de "
L'étoile jaune et le croissant
" apporte quant à lui de nouveaux
éclairages sur la personnalité du
fondateur de la Grande Mosquée de Paris.
Ben Ghabrit, avec l'aide de son imam Si
Mohamed Benzouaou, aurait aidé des
Juifs. Il aurait notamment fourni
une fausse attestation au chanteur Salim
Halali.. Un dossier est ouvert à la
commission des Justes de Yad Vashem mais
il manque de témoignages probants. Il
cite notamment celui de Serge Klarsfeld,
dont la mère a pu obtenir de faux
papiers faisant d'elle une musulmane,
celui du fils d'une infirmière juive (Oro
Tardieu-Boganim), et surtout celui
de Philippe Bouvard. Le
journaliste-humoriste, qui jusqu'alors
n'avait guère rappelé ses origines
juives, évoque comment sa mère Andrée
Gensburger, juive alsacienne, fit appel
à Ben Ghabrit pour faire libérer son
père adoptif, Jules Luzzato, arrêté par
les Allemands ». (17)
« S'il n'existe
aucun Juste musulman en France, Yad
Vashem, dont la procédure de
reconnaissance est particulièrement
stricte, en a reconnu soixante
(Bosniaques et Albanais), dont un Turc.
Il s'agit du diplomate Selahattin
Ülkümen (1914-2003), consul général
à Rhodes en 1943 et 1944, Juste depuis
1989. D'autres musulmans, s'ils ne sont
pas Justes, ont incontestablement sauvé
des Juifs. Citons Necdet
Kent, vice-consul à Marseille entre
1942 et 1945. L'action de Namik
Kemal Yolga, ambassadeur de Turquie
à Rome, Paris, Caracas, Téhéran, Moscou,
est par contre contestée par certains
historiens (notamment Esther Benbassa).
Mentionnons également le rôle éminent d'Abdol
Hussein Sardari, consul iranien de
Paris en 1940, qui sauva 1200 juifs
d'Europe en leur donnant la nationalité
iranienne. Yad Vashem l'avait interrogé
en 1978, trois ans avant sa mort,
interrompant l'enquête initiée pour sa
reconnaissance comme Juste ». (17)
Est-ce par
empathie que l’Etat d’Israël
demande justice ou exploite-t-il
le filon de la culpabilité ad vitam
aeternam de l’Occident se voulant
seul attributaire des millions de
dollars de « réparation » à l’endroit
des rescapés des camps de la mort ?
La réalité est tragique : « En Israël
des dizaines de milliers de survivants
de l'Holocauste vivent sous le seuil de
pauvreté. C'est ce que révèle le
quotidien Haaretz daté du 24 avril
dernier. Selon ce journal, 66 % des
survivants de l'Holocauste vivraient
avec moins de 3 000 shekels par mois
(soit environ 600 euros) Un tiers
d'entre eux vivent seuls, ne disposant
par conséquent d'aucune compagnie.
Yediot Aharonot ajoute que sur les
193 000 survivants de la Shoah vivant en
Israël, 50 000 vivent dans la pauvreté
et 1 000 meurent chaque mois » (17)
On peut admettre
que les Israéliens et non les Juifs
reconnaissant, ont intérêt à minimiser
l’apport des musulmans qui ont sauvé les
juifs d’une mort certaine,
Cependant, on ne peut pas comprendre que
personne parmi les historiens n’ait
essayé de comprendre pourquoi les
musulmans des trois continents (Europe,
Asie, Afrique), ont été amenés certaines
fois au péril de leur vie à sauver des
juifs abandonnés à la machine de mort
allemande. Les « Justes »
musulmans oubliés ? Pourquoi ces
indigènes n’ont pas vu leur nom dans le
mémorial Français de la mémoire de la
shoah Ces musulmans qui ont aidé à
alléger les souffrances des Juifs au
moment de leur détresse n’attendent pas
de médaille. Ils ont fait ce que leur
conscience, leur tradition de secours
aux malheureux, et leur religion leur
ont dicté » (18).
1.http://www.lexpress.fr/actualite/politique/rafle-du-vel-d-hiv-emmanuel-macron-dans-les-pas-de-jacques-chirac_1927718.html
2.Ph. Huysmans
http://www.levilainpetitcanard.be/articles/edito/responsabilite-de-la-france-rafle-du-veldhiv_1506532087
(2)
3.https://francais.rt.com/international/41231-antisionisme-antisemitisme-shlomo-sand-macron
4.Sylvain Cypel Orient
XXI, Sylvain Cypel, 19-07-2017
5. C.E. Chitourhttp://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/une-verite-a-marteler-l-182110
6..Eric Hazan http://www.liberation.fr/debats/2016/05/04/le-boycott-d-israel-n-est-pas-de-l-antisemitisme_1450552
7.http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=TA&language=FR&reference=P8-TA-2017-0243
8.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Juste_parmi_les_nations
9.Aurélie
Champagne:
http://www.rue89.com/2011/09/27/les-hommes-libres-lhistoire-oubliee-des-arabes-occupes-22366527/09/2011
10..http://mosquee-de-geispolsheim.over-blog.org/article-la-mosquee-de-paris-une-resistance-oubliee-1940-44-54521608.html
27 juillet 2010
11.http://kabylemag.com/2011/09/25/ces-kabyles-qui-ont-sauve-des-juifs-des-nazis/24.10.2006
12.Pierre-Henry Rix :Par le portillon de
La Boisserie . Nouvelles Editions
Latines. 1974
13.http://www.corsematin.com/article/papier/mars-1942-les-juifs-de-corse-sauves-par-un-passeport-turc
10 septembre 2011
14
http://www.un-echo-israel.net/Des-Musulmans-sauvent-des-Juifs
le 24 janvier 08
15.http://dafina.net/forums/read.php?48,95361,95478.
16.http://www.leaders.com.tn/article/2496-professeur-ali-el-okbi-15-juillet-1916-29-mai-1984
17.http://fr.sott.net/article/20938-50-000-survivants-de-la-Shoah-meurent-de-faim-en-Israel
18. :http://etoilejaune-anniversaire.blogspot.ca/2012/10/kaddour-benghabrit-juste-oublie.html
19http://www.legrandsoir.info/an-nom-des-valeurs-humanitaires-de-l-islam-les-musulmans-qui-ont-sauve-les-juifs-des-massacres-d-hitler.html
Professeur Chitour
Chems Eddine
Ecole Polytechnique
Alger
Publié le 3 août 2017 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
Le sommaire du Pr Chems Eddine Chitour
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