Les enjeux
de la vie internationale
Vers l'embrasement ?
Charles Enderlin
© Charles
Enderlin
Lundi 16 juin 2014
Selon Benjamin Netanyahu, l’enlèvement
des trois jeunes israéliens a été commis
par le Hamas. Le Shin Beth a fait savoir
que c’était la direction prise par
l’enquête. Des dizaines de militants de
l’organisation islamiste sont arrêtés en
compagnie de membres du Jihad, du Fatah
et d’organisations salafistes. A l’heure
actuelle la ville d’Hébron et les
localités avoisinantes sont bouclées par
l’armée. Personne n’y rentre ou en sort.
Ce nouveau drame a débuté jeudi soir.
Vers 22 heures, Naftali Frenkel, 16 ans,
de Nof Ayalon en Israël et Gilad Shaer,
16 ans de la colonie de Talmon, quittent
la Yeshiva de la colonie, Kfar Etzion. A
la station d‘autostop ils retrouvent
Eyal Yifrah, 19 ans, originaire d'Elad,
une localité israélienne, lui est
étudiant d’une école talmudique
d’Hébron. Selon les médias israéliens,
25 minutes plus tard, les standardistes
de « Police secours » reçoivent un appel
téléphonique. Quelqu’un chuchote : « On
est kidnappés ! ». Les policiers croient
qu’il s’agit d’une mauvaise plaisanterie
et ne font rien. L’alerte n’est donnée
que vers trois heures du matin, lorsque
les familles, inquiètes, contactent le
commissariat. L’armée et le Shin Beth
sont informés. A six heures, vendredi
matin, commence une gigantesque
opération militaire.
Que veut le Hamas?
Deux questions fondamentales se posent :
la branche militaire du Hamas a-t-elle
décidé de torpiller l’accord conclu par
la branche politique avec Mahmoud Abbas
? Depuis Gaza, les chefs de
l’organisation démentent tout lien avec
l’enlèvement. Étaient-ils informés de
l’opération ? Ont-ils donné le feu vert
? Mais, pour le gouvernement israélien,
cela ne fait pas de doute et il envisage
de nouvelles mesures à l’encontre du
Hamas en Cisjordanie. Il est question
notamment d’expulser des responsables …
à Gaza. Là aussi, la tension monte et
l’armée a déployé des batteries
anti-missiles dans les localités du sud
d’Israël en prévision d’une nouvelle
escalade qui paraît inévitable, avec
tous les dangers que cela comporte pour
la région. A cela, il faut ajouter
l’autre crise, gravissime, peut être
indirectement à l’origine des derniers
événements. La grève de la faim de 150
prisonniers palestiniens détenus par
décret administratif, sans procès.
Plusieurs dizaines sont hospitalisés et
le pronostic vital de certains d’entre
eux serait engagé. Le gouvernement
israélien envisage de les faire
alimenter de force, mais les
associations de médecins s’y opposent.
Le décès de ces détenus embraserait les
territoires palestiniens.
Abbas-Netanyahu
Et puis, que fera Mahmoud Abbas, face à
l’effondrement de sa stratégie de
réconciliation nationale ? Après un long
silence, en dépit des accusations que
lui lance Benjamin Netanyahu et la
droite israélienne, il a appelé Benjamin
Netanyahu. Que ce sont-ils dit? On n'en
connaitra probablement pas le contenu
réel car, selon les communiqués publiés
à Jérusalem et à Ramallah, ce fut un
dialogue de sourd. Le Premier ministre
israélien aurait demandé la coopération
de l'Autorité autonome dans les
recherches pour retrouver les disparus
(ce qu'elle fait plutôt bien selon
Tsahal). Il a répété que le Hamas étant
une organisation terroriste ne devait
participer au gouvernement palestinien.
Abbas a condamné le kidnapping et la
violence d'où qu'elle vienne et les
violations aux accords commises par
Israël. Fatigué, à 79 ans, il vit
également un drame familial. Son épouse,
gravement malade, vient de subir une
importante opération dans un grand
hôpital israélien. Il veut quitter la
scène politique, et, considérant que le
processus de paix a échoué, organiser
des élections générales en Palestine
d’ici six mois, et passer le témoin à un
autre dirigeant.
La communauté internationale – et les
médias – occidentaux suivent tout cela
de loin, occupés par les autres conflits
qui paraissent autrement plus
importants. Les échecs monumentaux de la
politique américaine en Iraq et en
Afghanistan. L’affaire ukrainienne, pour
ne pas parler des autres centres
d’intérêts. La crise économique et
sociale en France.. Et il y a le
Mondial… Mais, rien n’y fait, le
Proche-Orient revient à l’avant-scène de
l’actualité.
PS: L'université d'Ariel en Cisjordanie
vient de publier un sondage
significatif. Conséquence des
affrontements qui, régulièrement
opposent des jeunes colons à l'armée,
52% des israéliens interrogés sont en
faveur d'un retrait partiel ou total de
Cisjordanie. 59% considèrent que
l'attitude des colons porte atteinte aux
relations entre Israël et les États
Unis. Mais, aussi, 52% pensent que les
Palestiniens ne sont pas des partenaires
pour la paix.
Publié le 18 juin 2014
Le sommaire de Charles Enderlin
Les dernières mises à jour
|