Analyse
Le flop iranien de Macron
Bruno Guigue
Mercredi 25 avril 2018
Au moins, l’ambiance glamour de cette
visite d’État aux USA n’aura pas éclipsé
les dossiers sensibles. Trump veut
dénoncer unilatéralement le traité sur
le nucléaire iranien, signé en juillet
2015 par les 5 membres permanents du
Conseil de sécurité, l’Union européenne,
l’Allemagne et l’Iran. Il le fera à
l’échéance du 12 mai prochain, car la
pression du courant belliciste
pro-israélien, puissamment représenté au
Congrès, ne lui laisse pas le choix,
surtout à l’approche des élections
législatives de mi-mandat (novembre).
Cette focalisation de la politique
américaine sur la pseudo-menace
iranienne pollue les relations
internationales, et seule la
détermination des six autres signataires
a quelque chance de neutraliser les
velléités guerrières de la
Maison-Blanche.
Mais c’était sans
compter avec notre Jupiter national. En
proposant de négocier un “nouveau
traité”, Macron a fait une concession de
taille, même si elle est purement
symbolique, au président américain.
Après avoir plaidé pour le traité en
vigueur, l’ex-“Young Leader” formé par
la “French-American Federation” a
manifestement viré sa cuti pour coller,
une fois de plus, aux standards
diplomatiques américains. Mais
qu’attendait-il au juste du locataire de
la Maison-Blanche ? Dans ses relations
avec la France, ce dernier n’est pas
demandeur. Il sait que la collaboration
de son alliée lui est acquise, et c’est
suffisant. C’est pourquoi Trump a laissé
planer le suspense sur sa décision,
quitte à se déterminer à la dernière
minute en fonction du rapport de forces
au Congrès.
L’initiative
élyséenne est d’autant plus déconnectée
du réel que l’Iran, la Russie et l’Union
européenne, en réponse, ont aussitôt
réitéré leur attachement au traité en
vigueur. En clair, les autres
signataires du texte de 2015 viennent
d’envoyer Macron dans les cordes. Décidé
à faire un coup politique, une fois de
plus, le président français n’a
convaincu personne. Il a fait à Trump
une concession qui le laisse froid, il a
irrité les autres Européens, et il a
suscité la franche opposition de Moscou
et Téhéran. Du grand art ! Certes, une
rencontre au sommet à “White House” ne
risquait pas de refaire le monde. Macron
devait s’en douter, mais si l’on admet
qu’il cherchait surtout à faire parler
de lui, c’est réussi.
Le problème de
Macron, c’est qu’il veut être le premier
de la classe tout en jouant au dur dans
la cour des grands. Il veut être l’allié
préféré de l’Oncle Sam, et “en même
temps”, il prétend incarner une France
indépendante. Il a cru qu’un sommet
bling-bling à Washington lui permettrait
de réaliser la quadrature du cercle.
C’est loupé. Expert en
politique-spectacle, ce bonimenteur est
rattrapé par la politique, la vraie.
Pour passer à la postérité, Macron a
tenté d’exploiter le filon iranien, et
cette tentative qui devait être un coup
magistral se transforme en coup d’épée
dans l’eau. Macron, c’est
l’insignifiance bavarde d’une présidence
française qui s’imagine qu’on gagne le
respect des puissants en leur faisant
des courbettes.
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