Accueil Actualité IRIB Dossiers Auteurs Communiqués Agenda Invitation à lire Liens Ressources
Dernières mises à jour Les rapports du CPI Le Hamas Les vidéos BDS Ziad Medoukh Centre de la Paix Gaza Université al-Aqsa Gaza Qui? Pourquoi?

Google
sur le web sur Palestine Solidarité


 
Centre Palestinien
d'Information



 
Invitation à lire





BDS



Solidarité



Produits palestiniens



Eurasie-Afrique


 
En direct d'Iran




Agence syrienne



Agence Russe


 
Radio Chine

Internationale
 
Palestine Solidarité
sur Facebook



 


   


Arrêt sur Info

Terreur planétaire et compassion sélective

Bruno Guigue


21 février 2016 – Triple attentat terroriste dans un quartier chiite à Damas –
83 morts, 180 blessés. 

Jeudi 24 mars 2016

Les attentats de Bruxelles, à nouveau, jettent la lumière sur cette violence aveugle déchaînée par l’idéologie sectaire du djihad global. Ce meurtre collectif a provoqué à juste titre l’indignation devant sa cruauté, la compassion pour ses victimes, le désir légitime de s’attaquer à la racine du mal. Et pourtant, il faut bien l’admettre, ce nouveau crime odieux n’est que l’arbre qui cache la forêt. Car, depuis une décennie, les attentats meurtriers contre des civils s’enchaînent dans un déferlement de terreur sans précédent. Cette violence dévastatrice a frappé en Syrie, au Liban, en Irak, au Pakistan, en France, au Yémen, au Nigéria, au Kenya, au Mali, en Turquie, et la liste n’est pas exhaustive. Elle représente une nouvelle forme de guerre dont les victimes, dans leur immense majorité, appartiennent à des pays pauvres et sont de confession musulmane.

Peut-on dire, pourtant, que les innombrables victimes du terrorisme bénéficient du même traitement ? L’émotion saisit l’opinion des pays riches au spectacle des attentats qui endeuillent l’Occident. Mais ceux qui, appartenant au reste de l’humanité, ne participent pas de cette dignité originaire, ne sauraient toucher le même dividende compassionnel. Certes, ils font aussi figure de victimes innocentes, mais on oublie le plus souvent cette réalité qui saute aux yeux : les populations d’Asie et d’Afrique, elles, font massivement les frais d’un terrorisme djihadiste dont la politique occidentale a fourni le carburant. En minimisant le préjudice subi par ces populations lointaines, on se donne ainsi doublement bonne conscience. Au fond, pense-t-on, ces victimes n’existent pas vraiment, et si elles existent, nous n’y sommes pour rien. Elles sont la menue monnaie du nouveau péril planétaire.

C’est pourquoi la perception occidentale du terrorisme se coule toujours dans un moule dualiste. Elle scinde docilement la planète en deux hémisphères : celui où les attentats méritent qu’on en parle et celui où ils ne sont que du menu fretin. Sur le marché mondial de la mort en direct, la valeur de la vie humaine connaît des fluctuations. Le temps d’antenne dévolu aux victimes accuse des variations significatives selon leur nationalité. Mais surtout, la causalité supposée de ces morts violentes ne se voit appliquer le coefficient terroriste que si les victimes relèvent à coup sûr du monde civilisé. La mort administrée par attentat ne s’extrait de la banalité planétaire que si les suppliciés en valent la peine. Ainsi, les 180 victimes du triple attentat-suicide perpétré par Daech à Damas, le 22 février 2016, ont fini aux oubliettes du monde occidental. Elles n’ont pas eu droit à la qualification de victimes du terrorisme, ni même à un message de solidarité de la part de gouvernements habituellement prodigues en larmes de crocodile.

C’est que l’ombre de la terreur, en effet, ne plane sur nos têtes que parce que la médiasphère lui prête une existence cathodique. Sa réalité est toujours une réalité d’emprunt, octroyée par la représentation qu’en forgent les médias, prisonnière de sa reproduction audiovisuelle. Elle est captive de cet effet-miroir, et seule sa visibilité planétaire, au fond, lui communique une véritable portée. Après tout, un attentat dont on ne parle pas n’est pas un attentat, mais un accident qui ne touche que ses victimes dans l’indifférence du monde. Le traitement médiatique dominant du phénomène terroriste, par conséquent, ne s’embarrasse guère de nuances. Hors d’Occident, la sélectivité des médias frappe le terrorisme d’irréalité, elle le réduit à un furtif alignement de chiffres. Privé de résonance affective (on s’en moque), coupé de toute causalité politique (on aurait des comptes à rendre), la relation des faits se colore d’une froideur statistique qui les condamne à l’oubli.

A l’intérieur des frontières occidentales, au contraire, le traitement médiatique élève l’événement au rang de drame sans précédent, elle lui confère une mystérieuse surréalité. La médiatisation de la terreur, en somme, varie selon un axe qui épouse la division de la planète entre le monde d’en haut et le monde d’en bas. Dans un cas, elle le condamne à l’insignifiance, dans l’autre elle le voue à l’hyperbole. Car les médias ne sont jamais extérieurs à ce qu’ils relatent, ils ne sont jamais étrangers aux images qu’ils diffusent. L’Occident a beau se réclamer de valeurs universelles, la sollicitude de ses médias pour la souffrance humaine est toujours proportionnelle au PIB par habitant, en sorte qu’elle épouse aveuglement ses intérêts et reflète son indifférence criante au reste du monde.

Bruno Guigue | 24 mars 2016

guigue

Bruno Guigue est un haut fonctionnaire, essayiste et politologue français né à Toulouse en 1962. Ancien élève de l’École Normale Supérieure et de l’ENA. Professeur de philosophie dans l’enseignement secondaire et chargé de cours en relations internationales dans l’enseignement supérieur. Il est l’auteur de cinq ouvrages et d’une soixantaine d’articles. Aujourd’hui professeur de philosophie, Bruno Guigue est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont « Aux origines du conflit israélo-arabe, l’invisible remords de l’Occident » (L’Harmattan, 2002).

 

 

   

Le sommaire de Bruno Guigue
Le dossier Monde
Les dernières mises à jour



Source: Arrêt sur Info
http://arretsurinfo.ch/...

Abonnement newsletter: Quotidienne - Hebdomadaire
Les avis reproduits dans les textes contenus sur le site n'engagent que leurs auteurs. 
Si un passage hors la loi à échappé à la vigilance du webmaster merci de le lui signaler.
webmaster@palestine-solidarite.org

Parrainage :

Rentabilisez efficacement votre site

 


Ziad Medoukh

Analyses et poèmes
 
Silvia Cattori

Analyses

René Naba

Analyses
 
Manuel de Diéguez

Analyses

Fadwa Nassar

Analyses et traductions

Alexandre Latsa

Un autre regard sur la Russie

Chems Eddine Chitour

Analyses

Mikhaïl
Gamandiy-Egorov

Afrique-Russie
 
Luc Michel

Analyses

Robert Bibeau

Analyses
 
Salim Lamrani

Analyses
 
Manlio Dinucci

Analyses
 
Mohsen Abdelmoumen

Analyses