Monde
Lettre ouverte à François Hollande,
le Frankenstein de la République
Bruno Guigue
Photo:
D.R.
Vendredi 14 juillet 2016
Après ce nouvel attentat
terroriste qui frappe cruellement notre
pays, vous avez exprimé au nom de la
nation tout entière, avec émotion et
dignité, votre compassion pour ses
victimes. Désignant aussitôt le
coupable, et nous vous supposons bien
informé, vous avez appelé les Français à
faire preuve d'unité et de solidarité
face au "terrorisme islamiste". Vous
nous avez conviés à serrer les rangs et
à faire face, en mobilisant toutes nos
énergies contre cette terrible menace.
Mais
cet appel légitime à la cohésion
nationale en ce moment où le pays entier
se sent meurtri ne saurait interdire aux
citoyens d'interroger la politique qui
est la vôtre. Depuis votre élection,
vous prétendez lutter sans ménagement
contre les organisations terroristes.
Mais, en réalité, tout donne à penser
que vous avez fait exactement le
contraire. Car au lieu de combattre le
mal, vous avez concentré vos efforts
contre ceux qui tentaient de le
terrasser. Vous nous disiez que vous
combattiez le terrorisme, mais vous
n'aviez de cesse de diaboliser et de
combattre la Syrie de Bachar Al-Assad.
Cet
Etat souverain, détesté de vos amis
américano-sionistes parce qu'il refuse
de se plier à leur diktat, vous l'avez
sciemment désigné à la vindicte des
mêmes criminels que ceux qui mitraillent
les terrasses de nos cafés. Les
mercenaires du djihad cherchaient une
cible, et vous avez cyniquement désigné
Damas. Oui, des milliers de jeunes ont
été encouragés, par votre propagande de
guerre, à aller se battre contre cet
Etat honni que vous rêviez d'anéantir
sous les bombes. Et c'est votre ministre
des affaires étrangères, Laurent Fabius,
qui donna le signal de cette curée,
lorsqu'il déclara que Bachar Al-Assad
"ne méritait pas de vivre" et que la
branche syrienne d'Al-Qaida faisait du
"bon boulot" en Syrie.
Vous
aurez beau tenter d'occulter vos
responsabilités, chacun voit que les
attentats commis en France sont le
résultat de votre politique. Pourquoi
n'y a-t-il aucun attentat en Italie, en
Argentine, au Japon ? Les Français
ont-ils pris la mesure de votre refus de
coopérer avec les services syriens afin
d'identifier les djihadistes français
susceptibles de revenir en France ? Nos
compatriotes savent-ils que vous
interdisez tout transfert de fonds au
profit de cette majorité de Syriens
vivant dans les régions sous contrôle
gouvernemental ? Réalisent-ils que vous
n'avez jamais eu un mot de compassion
pour les nombreuses victimes syriennes
des attentats d'Al-Qaida, et que vous
persistez à infliger des sanctions
économiques à ce peuple victime du
terrorisme de masse ?
Vous
étiez décidé à prendre parti dans le
conflit syrien, et vous l'avez fait sous
des prétextes humanitaires qui se sont
effondrés comme un château de cartes,
exhalant surtout un âcre parfum
d'hydrocarbures. Vous embourbant, et
nous avec, dans cette ornière qu'il eût
fallu éviter avec prudence, vous avez
exposé les Français à un effet boomerang
dont on mesure à peine le potentiel
destructeur. Cette violence que vous
avez déchaînée chez les autres par votre
politique néo-coloniale, vous l'avez
ramenée à domicile !
Je
doute que les Français vous en
remercient, surtout lorsqu'ils auront
renoué les fils de cette dramatique
affaire. Au lendemain de ce drame, M.
Hollande, passé le moment de la
compassion devant les caméras et de la
célébration de l'unanimité patriotique,
allez-vous remettre de nouvelles
médailles aux banquiers de la terreur ?
Condamnant le crime terroriste côté
cour, irez-vous encore dîner, côté
jardin, avec ses sponsors saoudiens ?
Avec George W. Bush, les USA ont eu leur
Dr Frankenstein, l'apprenti-sorcier de
la géopolitique du chaos. Avec vous,
c'est match nul. Les Français ont
désormais le leur.
En
rangeant la France du côté d'une
rébellion sectaire, mafieuse et
manipulée, en vous croyant habile alors
que vous n'êtes qu'un semi-habile, vous
avez nourri le monstre qui nous frappe
aujourd'hui de ses tentacules. Allié
objectif de Daech tant qu'il combattait
Assad, vous avez juré sa perte après les
premiers assassinats d'Occidentaux en
Irak, nourrissant alors le ressentiment
de cette mouvance criminelle dont vous
attendiez sans doute davantage de
compréhension !
Conseillé par de pseudo-experts dont
l'indépendance intellectuelle est
proportionnelle au chèque que vous leur
versez, vous êtes désormais condamné à
persévérer dans l'erreur faute de
pouvoir vous déjuger. Vous allez
continuer à nous jeter de la poudre aux
yeux avec l'état d'urgence et à faire
des moulins avec vos petits bras. Mais,
à neuf mois d'une élection
présidentielle où vous allez faire de la
figuration, vous nous léguez surtout les
fruits pourris de votre politique de
gribouille, les manifestations
d'incompétence d'un ministre qui confond
Saddam Hussein et Bachar Al-Assad ne
parvenant même plus à nous faire rire en
ce jour de malheur.
Bruno Guigue (15/07/2016)
Le sommaire de Bruno Guigue
Le dossier politique française
Les dernières mises à jour
|