Syrie
Syrie. Voyage au cœur du pays de Bachar
(5) :
sur le front...
Rédaction de Breizh-info
Crédit
photo : Breizh-info.com
Lundi 18 avril 2016
Depuis 5 ans le
conflit syrien est au cœur de
l’actualité. Pour relater l’actualité
syrienne, la plupart des médias se
contentent de reprendre les dépêches de
l’Agence France presse, qui s’appuient
sur les communiqués de l’Observatoire
syrien des droits de l’homme (OSDH), une
officine très controversée.
Alors pour
tenter de comprendre la réalité, trois
membres de la rédaction de Breizh-info
viennent de séjourner en Syrie, où ils
se sont rendus avec le concours de
l’association de solidarité France-Syrie
(contact : syrianafrance@gmail.com). Ce
voyage d’une semaine s’est entièrement
déroulé dans la partie du pays sous
contrôle du gouvernement légal du pays.
De Damas à Lattaquié, notre équipe est
allée à la rencontre de la population :
combattants, victimes de guerre,
déplacés, chrétiens, musulmans,
religieux, mères de famille,
enfants, universitaires, industriels,
artisans, commerçants, agriculteurs…
Sans préjugés ni tabous, récit d’un
voyage dans un pays en guerre.
La rédaction
Sur le front
Au retour de la
visite de Hama dans la matinée, nous
retournons dans le village où notre
groupe est hébergé. Nous chargeons les
repas et prenons la route pour nous
rendre dans un hôpital de campagne, à
Nabr El Khatib. Un colonel venu discuter
avec notre groupe la veille au soir
propose aux trois collaborateurs
de Breizh info de monter dans sa
voiture avec un interprète.
Durant le trajet,
sous une pluie battante, l’officier
reprend son argumentation sur le conflit
syrien. Selon lui, c’est à l’origine une
guerre étrangère. Elle se préparait
depuis l’assassinat du politicien
libanais Rafiq Hariri lié à la France et
à l’Arabie saoudite, assassinat imputé à
tort à la Syrie. En 2011, des
djihadistes vont s’introduire sur le sol
syrien, par la Turquie (venant de l’ex
Sandjak d’Alexandrette) et le
Liban, puis par la frontière irakienne.
Ils bénéficient du soutien des
gouvernementaux occidentaux, USA,
France, Grande Bretagne. Ils vont
permettre l’installation de l’ ASL
– Armée Syrienne Libre – et d’Al Nosra,
la filiale locale d’Al Qaida, dans
l’ouest et de Daesh dans l’est de la
Syrie. Devenu Etat islamique, il
sera aussi soutenu par les monarchies du
golfe et la Turquie. Il affirme que les
prisonniers ont souvent des papiers des
trois organisations. Il pense que sans
les interventions extérieures il n’y
aurait pas de conflit armé entre les
syriens qui aspirent à la paix.
Véhicule
du Croissant rouge
Le groupe rejoint
l’hôpital militaire de campagne installé
dans une grande villa
réquisitionnée. Celle-ci sert de premier
accueil pour les blessés du front avec
lits médicaux et appareils de
radiologie. Dans le parc nous visitons
un camion semi-remorque transformé
en bloc opératoire à côté d’une
ambulance blindée destinée à recueillir
les blessés, d’autres véhicules
appartiennent au Croissant rouge. Les
blessés, après les premiers soins, sont
installés dans de vastes tentes.
C’est sous l’une d’entre elles que
nous serons reçus pour partager le
déjeuner avec le médecin général qui
dirige l’établissement, un responsable
régional – sorte de gouverneur d’
une communauté de communes – le maire
de Jounine et plusieurs autres
personnalités. Quelques soldats
participent au déjeuner, on remarque
parmi eux un membre du Hezbollah.
Bloc
opératoire mobile
Ensuite nous
partons en convoi vers le village d’El
Baussa distant de 30 km. Celui-ci n’est
qu’à 3 km des positions tenues par les
islamistes. Il a été repris il y a peu
aux djihadistes d’Al Nosra par un groupe
de jeunes miliciens volontaires
issus de toutes les régions de la Syrie.
Sur les murs on peut lire des
inscriptions, reste de l’occupation
djihadiste, comme : « nous sommes
venus pour vous égorger ».
Avertissement des terroristes : « nous
sommes venus pour vous égorger ».
Nous sommes
accueillis par de très jeunes gens armés
de kalachnikovs qui lèvent le
poing ou font le signe V de la victoire.
Ils scandent en choeur « avec mon âme
et mon sang je m’offre à la Syrie ».
Le colonel va les féliciter
chaleureusement.
Nous reprenons
ensuite la route vers un autre village
Tahounet Alhawa où nous rencontrons un
groupe d’une trentaine de réfugiés avec
de nombreux enfants. Ils sont
originaires de l’est de la Syrie et ont
du tout abandonner. Ils sont
hébergés par le maire de la commune dans
une grande maison lui appartenant. L’un
d’eux (photo) nous racontera qu’il était
ouvrier dans la banlieue de Damas. Il a
fui avec sa famille quand les islamistes
ont tué son père et ses deux frères.
Leur crime ? Ils avaient refusé de
manifester contre Bachar…
Précédemment :
Un pays en guerre
De Seydnaya à Maaloula, aux sources des
chrétiens d’Orient
Homs, ville martyre
A Hama, ville sunnite, le calme règne
(à
suivre)
Crédit
photos : Breizh-info.com ( mention
obligatoire)
[cc]
Breizh-info.com, 2016, dépêches libres
de copie et diffusion sous réserve de
mention de la source d’origine
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|