Algérie
Saïd Saadi, l’ami de BHL :
« Cachiriste* » et « Hirakiste* »
Par Boualem SNAOUI
Lundi 16 septembre 2019
Il est pressé, stressé, nerveux,
agité, multiplie les sorties
médiatiques, il a le vent en poupe
notamment depuis son invitation en
France par le mouvement politique « la
France Insoumise » à son université
d’été (2019), Said Saadi, ce libéral
étiqueté « social démocrate ». Cet
acteur qui ne rate jamais les
rendez-vous bouillonnants des grandes
manœuvres politiques cycliques (d’une
durée d’une dizaine d’année) engagées
contre le peuple algérien, depuis son
intronisation dans la série de
« protestation-flagellation » du
printemps appelé « berbère » en 1980,
auquel j’ai été associé et manipulé en
tant que jeune lycéen. Il vient de se
faire porte parole de ceux qui veulent
effacer la mémoire en appelant à un
congrès de la Soumam2 en proposant « Un
coup d’état démocratique », pour noyer
la révolution algérienne, la vraie,
celle qui a débarrassé les algériens du
colonialisme.
Faudrait-il
réécrire, dans son congrès de la
Soumam2, la
lettre du 20 août 1956 (http://kabyles.net/abane-ramdane-et-krim-belkacem-ordonnent-lassassinat-des-berberistes/)
, signée par Abane R. et Krim B. ? Pour
les observateurs avertis, il n y a pas
de doute, il s’agit là d’une
embuscade « reptilienne » pour rééditer,
comme un peu au Venezuela, un
autre scénario à la Guaido. Drôle de
rôle pour celui qui en 40 ans de vie
politique nous a fait découvrir la
« politique low coast » avant l’heure.
Il veut nous convaincre qu’il représente
la solution à la crise politique
algérienne, au moment où l’on sait que
c’est le problème. Le hasard n’a pas de
place en politique, et Said Saadi
pourrait peut être nous éclairer sur le
procès du « racket au nom de la cause
Kabyle » qui a eu lieu à Paris en
juillet 1980, au moment où il nous
faisait danser à l’université de Tizi
Ouzou sous la musique et les couleurs du
« printemps berbère ».
Est-ce une
découverte ? Pas du tout, ce grand
démocrate, lorsqu’il a été doublé sur sa
droite par les islamistes, n’a pas
hésité à apporter sa caution à
l’interruption du processus électoral en
Algérie durant la décennie noire des
années 1990. Aujourd’hui,
courageusement, il a oublié ses
partenaires « éradicateurs » d’il y a 30
ans, et fait un bond en arrière pour
retrouver ses fondamentaux politiques
des années 1980 : « berbériser » des
berbères, au même titre que les
islamistes qui veulent islamiser des
musulmans. Elle est dure la loi des
urnes, surtout pour celui qui est
commercialisé sous une « burka »
démocratique comme un militant des
« Droits de l’Homme ». C’est de la
triche et « la menace sur la
nation est violente, concrète et
immédiate ».
Surnommé
« Saïd samedi » par les algériens, suite
à ses sorties folkloriques
« orchestrées » durant des samedis en
2011, il voudrait bien se convertir en
« Saïd vendredi », si les manifestants
ne l’avaient pas chassé de rassemblement
de protestation
le 5 avril 2019 à Béjaïa. Pour
« Saïd samedi », cet événement est une
manœuvre des services de renseignements
algériens, et non de sa proximité avec
le clan « Bouteflika ».
Faudrait-il lui rappeler qu’il avait
bien appelé à voter pour A. Bouteflika
en 2004, et que le parti politique RCD
(Rassemblement pour la Culture et la
Démocratie) qu’il présidait avait bel et
bien participé au gouvernement de
ce qu’il appelle « système « ? « Cachiriste *»
hier, il veut s’introniser « Hirakiste *»
aujourd’hui. Girouette ou
anémomètre, il fait bien partie de la
fin de cycle politique en Algérie et
l’assainissement de la vie publique
concerne aussi le candidat aux 1,9% des
voies aux élections présidentielles de
2004 en Algérie.
Durant sa
période de « Cachir *», l’ex premier
ministre, Belaïd Abdeslem, rapporte les
passes droits d’un des plus riches
patrons algérien, Issad Bebrab,
aujourd’hui en prison, « obtenus
notamment grâce au zèle
interventionniste dans les ministères
tenus par Saïd Saadi ».
L’ami de BHL,
dans un post en date du 10 avril 2018,
intitulé « l’histoire
et les courtisans », considère que
« les rencontre avec Shimon Perez à
Formentor ( Baléares ) et même, suprême
audace, chaleureuse poignée de main avec
le premier ministre israélien Ehud
Barak, croisé à Rabat à l’occasion des
funérailles de Hassan II, du Président
déchu A. Bouteflika en 1999,
« sont symboliquement fortes et donnent
à penser qu’il est déterminé à casser
les codes du conservatisme politique
ambiant ». Tout est dit, tout est écrit,
que voulez-vous rajouter ? Une pensée
claire : « Tu es un conservateur si tu
ne sers pas la main des généraux
israéliens ». Une belle façon de balayer
l’histoire de ces algériens –Kabyles- de
Palestine, pourchassés par les
colonialismes français et israéliens. Il
est « hirakiste » Saïd Saadi, celui qui
constitue la preuve vivante que le
combat anticolonial est plus que
d’actualité.
Sans espérer
qu’il nous déroule la pelote de son
message sur la « démilitarisation de
l’Algérie », le peuple algérien attend
juste l’inauguration du prochain « Mercato »
politique, pour mettre à disposition
« Saïd Samedi » gracieusement à la
vie publique israélienne.
Même en
versant dans le « tribalisme » le plus
obscurantiste de l’extrême droite
algérienne « Kabyle », on découvre que
celui qui nous est commercialisé avec le
label « Kabyle », au fond de
l’encyclopédie Wikipedea, en réalité il
ne le serait pas. En effet sa famille
est originaire de Biskra, cette ville
plurielle, qui a été Numide, Romaine,
Byzantine, Fatimide, Omeyyade, Hafside,
Et même Hilalienne. Sans doute que
« Saïd Samedi » ne supporte pas la
diversité de son ascendance qui peut
être en lien avec Oqba Ibn Nafi, le
gouverneur du califat des « Omeyyades ».
Les identitaires berbéristes devraient
lui exiger le test génétique qu’ils
diffusent au pauvre peuple d’en bas,
pour s’assurer de la pureté de sa
« race ». Le « Kabyle ne fait pas le
moine ».
Le peuple
algérien n’est pas « atteint
psychologiquement» pour confier son
destin à un psychiatre à la retraite,
qui aurait
déchiré son passeport en 2011 à paris,
et qui veut lui faire porter le drapeau
de
Jacques Bénet. Son ex parti
politique (RCD) aussi exhibe
fièrement cet emblème de l’identité
coloniale. C’est vrai que les
berbères, peuple millénaire, ont attendu
patiemment 1970 pour se voir
tricoter un drapeau d’identité coloniale
que les algériens surnomment la « fourchetta »
(la fourchette).
Raté, si
c’est pour nous faire oublier Frantz
Fanon, l’autre psychiatre, le vrai, le
révolutionnaire où encore le « trauma
colonial » décrit par la brillante
psychanalyste Karima LAZALI (Ed.
Jughurta sciences humaines).
Il est drôle
de voir « Saïd Samedi » voyager sur le
même bateau de croisière idéologique que
le « berbériste » d’extrême droite
Bernard Lugan, celui que l’on retrouve
(par hasard ?) associé au génocide
ethnique au Rwanda, ce « professeur
d'histoire, qui se déguisait, en cours,
en officier du 6e régiment des lanciers
du Bengale, pour faire chanter l'hymne
de l'armée coloniale à ses étudiants »,
comme le rapporte le journal Libération
du 18 juin 2004. Un petit tour sur la
toile, et vous découvrirez peut être le
CV de celui qui expose que :
« la colonisation fut une chance
historique pour l’Afrique noire qui n’a
pas toujours su la saisir ».
Les bienfaits de la colonisation
passent par le « berbérisme » ?
Pour revenir
à cette partie de la gauche française
qui a abandonnée depuis longtemps
la lutte des classes, je constate
qu’elle n’a rien d’autre à proposer pour
résister au tsunami libéral qui s’abat
sur nous, sauf nous inviter à adopter
le tribalisme et la lutte des races en
Algérie. N’a-t-elle pas osé brandir le
drapeau de l’extrême droite algérienne
–kabyle- du MAK, qualifié de « vent de
fascisme » par le chanteur Idir, lors
du meeting de Jean Luc Mélenchon du 18
mars 2017 ??? Alors que des consignes
strictes avaient été données pour ne
tolérer aucun drapeau de partis
politiques, associations, ou autres, en
dehors du drapeau français. Aujourd’hui,
cette gauche, et je ne vise aucunement
JLM, qui nous arrose d’un
discours de façade sur la
« liberté, l’égalité et la fraternité »,
ne montre aucune retenue pour signer
des appels à rassemblement avec les
identitaires algériens, les berbéristes,
les islamistes, les tribalistes et tout
les danseurs néolibéraux de l’autre
rive. Cette gauche qui a osé nous
censurer, un camarade de lutte et
moi-même, sur les ondes d’une radio dite
« plurielle » car nous avions affiché
notre opposition aux rassemblements avec
l’extrême droite algérienne
« islamiste » et « tribaliste ».
En Kabyle, on
dit « Hamlane maa senchouffen a kandour »
- « Ils adorent quand on leur gonfle la
gandoura », ils sont plus léger pour
danser.
A mes
camarades de lutte, aux militants, qui
m’interrogent sur la neutralité
que j’observe concernant la crise
politique algérienne, je voudrais
simplement dire, préciser, et même
écrire que je n’ai jamais été « Cachiriste »,
donc aucunement proche des anciens
comme des nouveaux décideurs algériens,
et je ne suis pas « hirakiste », à
l’image de « Saïd Samedi » et de toute
cette galaxie de pseudo-opposants de
circonstance inquiets suite à la mise en
détention de « voyous en col blanc ».
J’ai toujours
porté les valeurs de droit et de justice
pour toutes et tous avec fierté, Je n’ai
pas l’intention de changer, y compris si
« Saïd Samedi » adopte un autre jour de
la semaine pour ses sorties
folkloriques.
*Cachir : saucisson
algérien- Cachiriste : se dit des gens
proches du cercle des dirigeants déchues
depuis.
*Hirakiste :
se dit des manifestants du
mouvement de protestation en Algérie.
Boualem
SNAOUI,
Militant
syndical, associatif et politique
https://www.lemonde.fr/archives/article/1980/07/14/a-la-cour-d-appel-de-paris-un-racket-au-nom-de-la-cause-kabyle_3069695_1819218.html
https://www.facebook.com/55428143386/posts/10155911742358387/
https://www.liberation.fr/societe/2004/06/18/cette-faculte-de-dispenser-des-lecons-d-extreme-droite_483532
http://ffs1963.unblog.fr/2010/08/01/mensonge-grossier-de-said-sadi/
https://www.alterinfo.net/notes/Saadi-dechire-son-passeport-algerien-a-Paris-_b2709599.html
https://www.liberation.fr/planete/1998/10/07/said-saadi-perd-son-proces-contre-le-monde_250177
https://mondafrique.com/alger-les-berberistes-au-secours-de-issad-rebrab/
https://www.youtube.com/watch?time_continue=59&v=bvZ5_nSKhX0
http://www.bernard-henri-levy.com/said-sadi-lami-algerien-16563.html
https://www.huffpostmaghreb.com/fawzi-sadallah/les-exiles-algeriens-de-t_b_10475572.html
https://jugurthascienceshumaines.noblogs.org/post/2018/09/29/le-trauma-colonial-une-enquete-sur-les-effets-psychiques-et-politiques-contemporains-de-loppression-coloniale-en-algerie-karima-lazali/
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