Russie
La France du présent face à la
Russie du futur
Antoine Charpentier
© Antoine-Noura
Charpentier
Dimanche 20 novembre 2016
La Droite, comme la Gauche
française, demeure fondamentalement
divisée sur la forme et la nature des
relations à entretenir avec la Russie et
son président Vladimir Poutine. Il est
irrécusable que la Russie impose son
retour sur la scène internationale avec
une vision différente du Monde que celle
ordonnée jusque-là par le camp
occidental, avec à sa tête les
Etats-Unis. Multiples sont les discours
des politiques français à propos de la
Russie. Cependant, ces discours
politiques dénotent davantage de
politiquement correct, et ce dans un but
strictement électoral.
François Fillon, candidat à la
présidence de la République Française,
participant à la primaire de droite,
souhaite mettre la Russie face à ses
responsabilités, mais ne définit pas
clairement de quelles responsabilités il
s’agit. M. Fillon s’exprime ainsi : « La
Russie est le plus grand pays au monde
en superficie, mais c’est un pays
dangereux et instable puisqu’il n’a
jamais connu la démocratie. »1 La
question qui mérite d’être posée sans
pour autant vouloir défendre la Russie
est la suivante : les pays qui ont connu
la démocratie tels que les Etats-Unis ou
encore la France sont-ils moins
dangereux ? N’est-ce pas à cause de
certaines démocraties occidentales que
le monde est actuellement à feu et à
sang ? Peut-être que le temps est venu
de redéfinir le concept de la
Démocratie.
Quant à Jean-Frédéric Poisson,
candidat du Parti Centre à l’élection
présidentielle française et participant
également à la primaire de droite, il a
pris le contre-pied de tous les
candidats en allant en Russie à la
rencontre du président Poutine et du
peuple russe.
Tandis que M. Bruno Lemaire
n’hésite pas à affirmer que la France
est devenue la supplétive des
Américains, ce qui signifie précisément
que la France a perdu son indépendance
face aux États-Unis, voire sa
souveraineté dans l’état actuel.
L’ancien président de la
république, Nicolas Sarkozy, semble
clairement devenir russophile, notamment
depuis son retour sur la scène publique
et suite à sa rencontre avec le
Président russe en octobre 2015 à
Moscou.
Pour Jean-François Copé,
participant également à la primaire de
droite en vue des élections
présidentielles, le pacte de confiance
avec la Russie a été détruit à cause de
l’intervention française en Libye,
aggravé par la suite par la présidence
de François Hollande et sa gestion des
relations avec la Russie. Il convient
aussi de préciser que le déroulement des
événements en Libye a quelque part durci
la position russe en Syrie.
Alain Juppé n’hésite pas à
critiquer une certaine russophilie
française. Sa compréhension des
relations avec la Russie se réduit à
châtier la Russie pour son action
mondiale par plus de sanctions
économiques. Ce qui semble être
actuellement une forme dépassée et
nullement efficace. D’autant plus que
les sanctions économiques n’entravent en
rien l’ascension de la Russie.
La position d’Alain Juppé est
en quelque sorte similaire à celle de
l’actuel président français François
Hollande et une partie de la gauche
socialiste. Le président Hollande
s’oppose farouchement au président
Poutine, son excès de zèle dépasse
largement l’action des vrais ennemis de
la Russie tels que les Etats-Unis, au
point de refuser récemment de recevoir
son homologue russe en France. Cela
reste dans les annales diplomatiques
comme une première dans les relations
franco-russes. Cependant, cette
politique antirusse n’est ni dans
l’intérêt de la France ni dans celui du
peuple français, mais qui est
apparemment une préoccupation majeure de
tous les candidats de gauche ou de
droite. Enfin, le président Hollande
semble plonger la France, au moins pour
le temps qui lui reste à gouverner, dans
un type de guerre froide avec la Russie.
La gauche française n’est pas
épargnée par les divisions au sujet des
relations à entretenir avec la Russie.
Certaines personnalités politiques de
gauche telles que Jean-Luc Mélenchon ont
de la sympathie pour la Russie, en
opposition à l’hégémonie américaine sur
la France et l’Europe. D’autres comme
Hubert Védrine, ancien ministre des
affaires étrangères, ou Jean-Pierre
Chevènement, ancien ministre de la
défense, ont d’autres conceptions des
relations internationales réfutant
toutes formes d’opposition et de rupture
totale avec la Russie.
Dans l’ensemble la classe
politique française paraît favorable à
un dialogue avec la Russie, mais dans
les faits cela manque de sincérité. Les
différents candidats à l’élection
présidentielle française motivent leur
idée d’un dialogue ou d’un rapprochement
avec la Russie à travers la notion de
l’intérêt de la France et des Français,
mais l’idée réelle est davantage
électoraliste. Cependant, les candidats
à l’élection présidentielle de droite ou
de gauche semblent beaucoup évoquer la
Russie pour éviter d’être obligés de
s’exprimer sur l’alignement total de la
France sur la politique étrangère
étatsunienne.
Quant à l’extrême-droite
française, elle adule le président
Poutine voyant en lui une incarnation de
l’autorité, ainsi qu’un chef politique
capable d’éradiquer l’Islam radical qui
sévit de nos jours dans le monde. De
surcroît, les Gaullistes français sont
séduits par le concept de la Nation
développée par le Président Vladimir
Poutine.
Enfin, le constat est
indéniable, la France est alignée sans
condition, dans une posture quasi
vassalique sur la politique étrangère
américaine, au détriment de ses
relations avec la Russie. La défaillance
chronique de la politique française a
poussé les deux pays à s’éloigner l’un
de l’autre, ce qui n’est pas bénéfique
ni pour la France ni pour les intérêts
du peuple français que chérissent tant
les politiciens.
Antoine Charpentier
20-
novembre-2016
Le
sommaire d'Antoine Charpentier
Le
dossier Russie
Les dernières mises à jour
|